Cancers attribuables aux expositions environnementales : ce que l’on sait
Sans qu’il soit possible, en l’état actuel des connaissances, d’estimer avec précision la part de l’augmentation liée aux expositions environnementales, le lien entre l’apparition de plusieurs cancers et des expositions environnementales est clairement établi (InVS; Hill, 2008 ; Imbernon, 2002).
Selon la source des données et les facteurs pris en considération, les fourchettes d’estimation des cancers attribuables aux expositions environnementales sont très variables allant de 5 % pour le CIRC (Hill, 2008) à 19 % pour l’OMS.
Pour l’Institut National de Veille Sanitaire (INVS), 5 à 10 % des cancers seraient liés à des facteurs environnementaux, soit 15 000 à 30 000, 4 et 8,5 % des cancers seraient liés aux expositions professionnelles (Imbernon, 2002) et 25 à 30 % des cancers seraient imputables aux comportements individuels (tabagisme, alcool, obésité).
Selon la source des données et la pathologie, la part attribuable aux facteurs de risque environnementaux (risque attribuable) varie de façon considérable, on estime par exemple à 4 % la part des expositions environnementales et professionnelles dans les leucémies, tandis qu’elle est de 83 % pour les mésothéliomes (AFSSET, 2008).
Tandis que l’incidence de certains cancers augmente (par exemple les cancers du poumon, de l’ovaire, des testicules, les tumeurs cérébrales et les hémopathies malignes), il y a des cancers dont l’incidence diminue, notamment les cancers du col de l’utérus, des voies aéro-digestives supérieures (VADS), de l’œsophage et de l’estomac.
Cette augmentation constatée de l’incidence de plusieurs cancers a amené les chercheurs à développer des études sur les liens entre l’exposition à des facteurs physiques, chimiques ou biologiques présents dans l’atmosphère, l’eau, les sols ou l’alimentation et certains cancers.
Ces liens entre expositions environnementales ou professionnelles et risque de cancer sont également une source d’interrogation croissante de la population et un sujet émergent de la relation médecin-patient.
La perception des risques de cancer, présentés par Thierry Philip (Département Cancer Environnement)
Source : Institut National du Cancer
Les maladies cancéreuses sont caractérisées par une prolifération incontrôlée de cellules anormales.
Le développement d’une cellule cancéreuse, processus qu’on appelle cancérogénèse, est un processus multifactoriel, c’est-à-dire lié à une association de plusieurs facteurs, dont le rôle et l’importance dans le développement de la maladie sont variables. Ces facteurs correspondent aux :
- caractéristiques de l’individu : l’âge, le sexe ou les caractéristiques héréditaires,
- comportements individuels et modes de vie : tabac, alcool, alimentation, activité physique…
- substances et situations à risque auxquelles un individu peut être exposé en milieu professionnel ou dans son environnement général.
Ces différents facteurs peuvent interagir entre eux. Une personne qui possède un ou plusieurs facteurs de risque peut ne jamais développer un cancer. Inversement, il est possible qu'une personne n'ayant aucun facteur de risque soit atteinte d'un cancer au cours de sa vie.
La cancérogénèse résulte d’une accumulation de plusieurs altérations irréversibles et se déroule en trois phases : initiation, promotion et prolifération. [lien vers schéma développement cellules cancéreuses ou vidéo]
Bien que les chercheurs aient aujourd’hui une meilleure compréhension du développement et de la progression des cellules cancéreuses, le rôle et le mode d’action de nombreux facteurs restent largement méconnus.
Les cancers peuvent apparaître à tout âge, mais ils sont néanmoins beaucoup plus fréquents à partir de 60 ans. Cela est dû à l’accumulation des altérations subies par les cellules tout au long de la vie et, probablement à la moindre efficacité des mécanismes de réparation des altérations au niveau de la cellule chez les personnes âgées.
Gènes et oncogènes, La Sept/Inserm/CPI 1990
Vidéo mise à disposition sur ce site avec l'aimable autorisation de l'INSERM.
Les études épidémiologiques menées dans ce domaine concernent à la fois des mesures d’exposition des populations à des substances cancérogènes avérés ou probables, et la recherche de l’existence et la nature d’un lien de causalité entre une exposition et un risque de cancer. Elles ont également comme objectifs de comprendre les mécanismes d’action des facteurs suspectés.
De nombreux rapports et travaux scientifiques étudient les associations entre l’apparition de cancers et l’exposition environnementale ou professionnelle à de nombreuses substances et situations à risque. Des cancers prioritaires à surveiller et à étudier en lien avec l’environnement ont été identifiés (InVS, 2006) et l’expertise collective de l’AFSSET et de l’INSERM a permis de fournir une synthèse des connaissances sur les liens entre l’environnement et neuf types de cancers en augmentation au cours des 25 dernières années :
- les cancers du poumon,
- les mésothéliomes
- les hémopathies malignes,
- les tumeurs cérébrales,
- les cancers du sein,
- les cancers de l’ovaire,
- les cancers du testicule,
- les cancers de la prostate
- les cancers de la thyroïde.
Ces travaux ont notamment permis d’examiner les facteurs environnementaux, avérés ou suspectés, associés à ces neuf localisations cancéreuses. Des recommandations ont également été formulées en matière de surveillance épidémiologique, de prévention et de précaution, de renforcement de la recherche épidémiologique, toxicologique et moléculaire, ainsi qu'en termes d'expositions spécifiques (à l’amiante, au radon, aux pesticides, aux particules fines et ultrafines, aux rayonnements X et gamma) (AFSSET INSERM, 2008).
Ces études constituent des sources de référence utilisées pour l’élaboration des fiches thématiques que vous retrouverez dans la rubrique Les cancers de ce site internet.
Le rôle de certains facteurs, tels que le tabac, l’alcool, l’alimentation, la pratique d’une activité physique, est aujourd’hui bien mis en évidence dans la prévention primaire des cancers ainsi qu’en lien avec le développement de certains cancers.
L’OMS en 2009 a estimé que 30 % des cancers pourraient être évités en agissant notamment sur les comportements individuels :
- la consommation de tabac : le tabac est le facteur de risque de cancer le plus important,
- l’exposition au soleil,
- la consommation d'alcool,
- de mauvaises habitudes alimentaires et le manque d'activité physique.
Sources rédactionnelles : AFSSET, INCa, InVS, OMS.
Auteur : Unité Cancer et Environnement