Nutrition et activité physique - vue d'ensemble

Présentation

Les répercussions des modifications de l’environnement et des habitudes alimentaires sur l’homme et plus particulièrement sur l’augmentation constatée de l’incidence de certains cancers sont devenues une préoccupation majeure de santé publique et un enjeu important pour la recherche scientifique.

Le terme de « nutrition » est considéré dans une acception qui comprend tant les apports nutritionnels et donc l’alimentation, que les dépenses énergétiques via l’activité physique, dont l’augmentation est un objectif à part entière du Programme National Nutrition Santé (PNNS). Comme le définit l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), la nutrition correspond à « l’apport alimentaire qui répond aux besoins de l’organisme. Une bonne nutrition, c’est-à-dire un régime adapté et équilibré, et la pratique régulière d’exercice physique, sont autant de gages de bonne santé ». La nutrition est un facteur comportemental sur lequel il est possible d’agir pour la prévention des cancers.

Une alimentation inadéquate associée à une activité physique insuffisante est un déterminant majeur des principales maladies chroniques telles que les maladies cardio-vasculaires, le diabète de type 2, l’obésité, l’hypertension artérielle et certains types de cancer.

De nombreux facteurs génétiques, hormonaux et environnementaux (tabac, rayonnement solaire, expositions professionnelles…) peuvent concourir au développement d’un cancer.
25 à 30 % des cancers seraient imputables aux comportements individuels tels que le tabagisme et la consommation d’alcool (OMS). Environ un tiers des cancers pourraient être évités par les populations en modifiant l’alimentation, en augmentant le niveau d’activité physique et en maintenant un poids optimal (WCRF/AICR). Prévenir le cancer relève entre autres d’un équilibre entre alimentation et mode de vie.

    Le point sur nutrition et cancers, présentés par Pr Thierry Philip (Département Prévention Cancer Environnement)

    Source : Institut National du Cancer

  • Les données actuelles

    Novembre 2007 est marqué par la publication de la deuxième édition d’un rapport scientifique de référence, fruit de l’analyse des études scientifiques disponibles sur les liens entre certaines habitudes de vie et le risque de différents types de cancer : le rapport Food, Nutrition, Physical Activity, and the Prevention of Cancer: a Global Perspective, « Alimentation, Nutrition, Activité Physique et Prévention du Cancer : une perspective mondiale ».

    Ce rapport d’experts a impliqué plus de 200 scientifiques à travers le monde et a été supervisé par un panel de 21 scientifiques de renommée mondiale dans le domaine alimentation et cancer. Il est publié conjointement par le Fonds mondial de recherche contre le cancer (FMRC) / World Cancer Research Fund (WCRF) et l’American Institute for Cancer Research (AICR). Ce document, qui a nécessité 5 ans de travail, passe en revue de façon systématique plus de 7000 études scientifiques sur le lien entre l’alimentation, la composition corporelle, l’activité physique et cancers de différentes localisations.

    Les relations entre la nutrition et le risque de cancers ont été étudiées : certains facteurs comme l’activité physique, la consommation de fruits et légumes et l’allaitement peuvent réduire le risque de cancers. D’autres facteurs, en revanche, peuvent augmenter leur risque de survenue : c’est le cas du surpoids et de l’obésité, de la consommation de boissons alcoolisées et de la consommation excessive de viandes rouges et de charcuteries ou de sel.

    C’est sur la base de ce rapport que des recommandations ont été émises en France et reprises dans la brochure « Nutrition & prévention des cancers : des connaissances scientifiques aux recommandations » (INCaRéseau NACRe, 2009). Retrouvez sur le site internet du réseau Nutrition Alimentation Activité physique Cancer Recherche (NACRe) une présentation de ces recommandations pour la prévention primaire des cancers pour la population française et de la démarche qui a permis d’y aboutir à partir des connaissances scientifiques.

    Les dernières données issues du rapport d’actualisation WCRF/AICR concernant le cancer du sein confirment une nouvelle fois l’importance d’une alimentation équilibrée et diversifiée, la pratique d’une activité physique régulière afin d’éviter la surcharge pondérale et la prise de poids à l’âge adulte, ainsi que de la diminution de la consommation de boissons alcoolisées (WCRF/AICR, 2018).

    Synthèse de ce que l’on sait

    Facteurs nutritionnels qui augmentent le risque de cancers : un niveau de preuve « convaincant »

    – Surpoids et obésité :

    • L’augmentation du risque est jugée convaincante pour les cancers de l’œsophage, du pancréas, du côlon-rectum, du rein, de l’endomètre et du sein (chez les femmes ménopausées).
    • Le risque de cancers est minimal lorsque Indice de Masse Corporelle (IMC) est maintenu entre 18,5 et 25 kg/m². L’IMC correspond au poids, exprimé en kilogrammes, divisé par le carré de la taille, exprimée en mètre.

    Le surpoids et l’obésité augmentent le risque de plusieurs cancers (de 8 à 55% selon les localisations pour chaque augmentation de l’IMC de 5 kg/m²) (INCa, NACRe, 2009).

    – Boissons alcoolisées :

    • L’augmentation du risque est jugée convaincante pour le cancer de la bouche, de la gorge, de l’œsophage, du côlon-rectum (chez l’homme) et du sein (chez la femme).

    La consommation de boissons alcoolisées augmente le risque de plusieurs cancers (de 9 à 168% par verre consommé par jour, selon les localisations). Le risque augmente avec la quantité totale d’alcool consommée, quel que soit le type de boisson alcoolisée. L’augmentation est significative dès une consommation moyenne d’un verre par jour, qu’elle soit quotidienne ou concentrée sur certains jours de la semaine.

    – Viandes rouges et charcuteries :

    • La consommation excessive de viandes rouges (bœuf, porc, mouton, chèvre) et charcuteries augmente le risque de cancer du côlon et du rectum. L’augmentation pour le risque de cancer colorectal est estimée à 29 % pour chaque portion de 100 g de viandes rouges consommée par jour et à 21% pour chaque portion de 50 g de charcuteries consommée par jour.

    – Compléments alimentaires à base de bêta-carotène :

    • Des études d’intervention ont montré que chez les sujets exposés à des cancérogènes tels que les fumeurs, la consommation au long cours de compléments en béta-carotène à des doses non nutritionnelles (20 à 30 mg/j) augmente significativement le risque de cancer du poumon (Omenn, 1996 ; Albanes, 1996).
      L’augmentation du risque de cancer du poumon par la consommation de compléments en bêta-carotène à doses élevées est donc jugée convaincante.
      La supplémentation en bêta-carotène est associée à un risque plus élevé de mortalité, toutes causes confondues. Sauf cas particuliers de déficiences et sous le contrôle d’un médecin, la consommation de compléments alimentaires n’est pas recommandée. Il est conseillé de satisfaire les besoins nutritionnels par une alimentation équilibrée et diversifiée sans recourir aux compléments alimentaires (INCa, NACRe, 2009).

    Une étude menée au sein de la cohorte E3N a testé l’hypothèse d’un mécanisme général d’interaction entre tabac et bêta-carotène (aliments et compléments) pour l’ensemble des cancers liés au tabac chez la femme (Clavel-Chapelon, 1997). Les résultats de cette étude suggèrent que le bêta-carotène est inversement associé au risque de certains cancers chez les femmes n’ayant jamais fumé régulièrement au cours de leur vie, vraisemblablement en raison de son effet anti-oxydant. Chez ces femmes, la consommation de bêta-carotène devrait donc être encouragée, en particulier sous forme de fruits et légumes riches en bêta-carotène comme les carottes et les épinards, qui pourraient également apporter d’autres anti-oxydants. En revanche, chez les femmes ayant déjà fumé régulièrement, il paraît important de décourager la supplémentation en bêta-carotène. Ces résultats sont cohérents avec certaines données épidémiologiques et expérimentales chez l’animal ou sur des lignées cellulaires. Ils doivent encourager des travaux à plus large échelle afin de mieux comprendre pour chaque site de cancer lié au tabac l’effet cocarcinogène éventuel du bêta-carotène (Touvier, 2006).

    Facteurs nutritionnels qui augmentent le risque de cancers : un niveau de preuve « probable »

    – Surpoids et obésité :

    • L’augmentation du risque est jugée probable pour le cancer de la vésicule biliaire.

    – Boissons alcoolisées :

    • L’augmentation du risque est jugée probable pour le cancer du foie et du côlon-rectum (chez la femme).

    – Sel et aliments salés :

    • La consommation de sel augmente de manière probable le risque de cancer de l’estomac.

    Facteurs nutritionnels qui diminuent le risque de cancers :

    Les facteurs suivants ont un niveau de preuve jugé convaincant ou probable concernant leur rôle dans la diminution du risque de cancers.

    – L’activité physique :

    • quelle qu’elle soit, l’activité physique a un effet protecteur contre certains cancers : cancer du côlon, cancer du sein après la ménopause, cancer de l’endomètre.
    • elle a également un effet protecteur contre la prise de poids, le surpoids et l’obésité, eux-mêmes facteurs de risque de plusieurs cancers.

    – L’allaitement :

    • l’allaitement diminue de manière convaincante le risque de cancer du sein chez la mère et peut contribuer à protéger ultérieurement l’enfant contre un poids excessif.

    – La consommation de fruits et de légumes :

    • elle diminue probablement le risque de plusieurs cancers. La consommation de légumes, qui sont faibles en calories, contribue également de manière probable à diminuer le risque de prise de poids, de surpoids et d’obésité.
  • Les actions de santé publique

    Les pouvoirs publics français ont mis en place le Programme National Nutrition Santé, connu également sous son acronyme PNNS, qui a permis depuis 2001, d’établir entre autres des repères de nutrition et d’activité physique et de les promouvoir auprès des populations.

    D’une manière plus globale, les principaux objectifs à atteindre sont de réduire la consommation de boissons alcoolisées et de favoriser une alimentation équilibrée et diversifiée, éviter de recourir à des compléments alimentaires, et pratiquer une activité physique régulière. D’après les estimations récentes réalisées aux USA et Royaume-Uni, la mise en œuvre de telles recommandations pourrait permettre d’éviter environ un tiers des cancers les plus communs.

    Dans le cadre du PNNS, la nutrition concerne aussi bien les apports (l’alimentation) que les dépenses énergétiques (l’activité physique). Des objectifs nutritionnels prioritaires ont été définis, complétés par des objectifs dits « spécifiques ». Ces objectifs précis et quantifiés permettent aux professionnels de santé publique d’évaluer l’évolution de la situation au moyen d’indicateurs élaborés par les spécialistes. Voir les recommandations sur l’alimentation, l’activité physique et la sédentarité sur le site Manger Bouger.

Auteur : Département Prévention Cancer Environnement, Centre Léon Bérard

Sources rédactionnelles : WCRF/AICR ; INCa ; Réseau NACRe ; PNNS ; Santé Publique France

Mise à jour le 19 juil. 2022

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