Cancer de la vessie

Le saviez-vous ?

Le tabagisme actif est le premier facteur de risque de cancer de la vessie : il est classé cancérogène certain (Groupe 1) par le CIRC. En France, le tabagisme serait responsable de 53% des cas de cancers de la vessie chez les hommes, et de 39% chez les femmes.

L’arsenic est classé cancérogène certain (Groupe 1) pour le cancer de la vessie. Il se trouve naturellement dans l’eau de boisson dans certaines régions où il est présent dans le sol rocheux (risque localisé et en régression).

Les trihalométhanes, groupe important de sous-produits de désinfection de l’eau potable, sont des facteurs de risque de cancer de la vessie (risque localisé et en régression).

Deux ensembles de substances chimiques sont à l’origine de l’essentiel des cancers de la vessie reconnus d’origine professionnelle : les amines aromatiques et les hydrocarbures aromatiques polycycliques.

Au moyen Orient et en Afrique, une variété de bilharziose (liée au parasite Schistosoma haematobium) a été identifiée comme facteur de risque de la forme épidermoïde de cancer de la vessie.

L'Anses recommande la poursuite des études pour consolider les connaissances sur l’exposition et les effets sur la santé des sous-produits de désinfection de l’eau destinée à la consommation humaine.

Présentation

La vessie est un organe creux dont la fonction principale est de servir de réservoir et de permettre l’évacuation de l’urine produite au niveau des reins. Ce rôle de réservoir peut expliquer certains facteurs de risque. En effet, l’urine peut contenir des substances toxiques qui vont rester en contact avec la muqueuse vésicale.

La paroi de la vessie (paroi vésicale) est constituée de plusieurs couches de tissus à partir desquels le cancer peut se développer.

Dans 90% des cas de cancer de la vessie, il s’agit de tumeurs urothéliales qui prennent naissance au niveau de l’urothélium qui est une des composantes de la muqueuse vésicale. Parmi les tumeurs urothéliales, on distingue les tumeurs qui n’infiltrent pas le muscle de la vessie (TVNIM), et celles qui l’envahissent, dites infiltrantes.

  • Epidémiologie

    En France, le nombre de nouveaux cas de cancer de la vessie est de 10 626 cas chez l’homme et de 2448 cas chez la femme avec un taux d’incidence de 14,3 et de 2,4 respectivement. Les cancers de la vessie sont quatre fois plus fréquents chez les hommes et sont, le plus souvent diagnostiqués autour de l’âge de 70 ans. Le nombre de décès est estimé à 4 112 cas chez l’homme et de 1223 cas chez la femme (INCa, 2019).

    Au niveau mondial, le nombre de cas de cancers de la vessie est de 573 278 cas (11ème rang) avec un nombre de décès équivalent à 212 536 (14ème rang) tous âges et tous sexes confondus (Globocan, 2020).

    Le nombre de cancers de la vessie diminue progressivement, probablement du fait de la baisse de la consommation de tabac et d’un meilleur contrôle de l’exposition professionnelle aux substances chimiques qui en favorisent sa survenue. Néanmoins il semble être de plus en plus fréquent chez les femmes, en lien avec l’augmentation croissante de leur tabagisme.

  • Facteurs de risques avérés

    Age

    Il existe un net accroissement du nombre de cas de cancer de la vessie avec l’âge. Respectivement 85% des hommes atteints de tumeurs de vessie ont plus de 60 ans et 43% plus de75 ans (ces chiffres sont 89% et 61% pour les femmes).

    Tabac

    Aujourd’hui en France, le tabac est le premier facteur de risque du cancer de vessie.

    Le tabac est classé cancérogène certain pour l’homme par le CIRC (groupe 1), la relation de causalité entre sa consommation et le cancer de la vessie ayant été reconnue par ses experts en 1985. La fumée de tabac contient plus de 4000 produits chimiques sous forme de particules ou à l’état gazeux, certains d’entre eux étant identifiés comme favorisant spécifiquement le cancer de la vessie, tels le benzo(a)pyrène (BaP) ou l’arsenic. Il a été estimé qu’en France, en 2000, 53% des cas de cancers de la vessie étaient attribuables au tabagisme chez les hommes et 39% chez les femmes (CIRC, 2007). L’augmentation du tabagisme chez les femmes conduit à penser que cette proportion pourrait s’accroitre.

    Une enquête américaine a démontré que le tabagisme aurait un impact de plus en plus délétère sur le risque de cancer de la vessie, les fumeurs ayant 5,5 fois plus de risques de cancers de la vessie que les non-fumeurs en 2002-2004 contre 4,2 fois plus en 1998-2001 et 2,9 fois plus en 1994-1998. L’évolution du conditionnement des cigarettes et l’introduction d’additifs de plus en plus toxiques pourraient expliquer cette hausse importante (INCa, 2009).

    En revanche, le tabagisme passif n’a pas fait la preuve d’un risque plus important de cancer de la vessie.

    Facteurs génétiques et antécédents familiaux

    Les personnes dont plusieurs membres de leur famille ont eu des cancers de la vessie présentent un risque supérieur de présenter eux même un cancer de vessie. La cause est que toute la famille est exposée aux mêmes cancérogènes, par exemple chimiques ou à l’exposition au tabac.

    Il peut également y avoir des mutations génétiques, par exemple du gène GST (Gluthatione-N-transférase) ou du gène NAT (N-acetyltransferase) qui rendent leur organisme plus vulnérable à certains toxiques.

    Des variations acquises de certains gènes, comme le gène TP53 ou le gène suppresseur de tumeurs RB1 ainsi que les oncogènes FGFR et RAS semblent avoir un rôle important dans le développement de certains cancers de la vessie.

    Certaines personnes héritent des gènes de leurs parents qui accroissent leur risque à développer un cancer de la vessie. Le cancer de la vessie n’est cependant habituellement pas une maladie familiale et les mutations géniques héritées ne sont pas une cause majeure d’apparition de cette maladie.

    Agents infectieux

    Des facteurs infectieux ont également été identifiés. Il s’agit de l’une des variétés de bilharziose liée au parasite Schistosoma haematobium, qui favorise une forme particulière (épidermoïde) de tumeurs de vessie, dans les régions où elle est endémique (Moyen Orient, Afrique) du fait d’une inflammation chronique de la vessie.

    Certains médicaments

    La radiothérapie pelvienne, et des médicaments qui contiennent de la phénacétine (médicaments antidouleurs), du cyclophosphamide (par exemple utilisée pour les chimiothérapies des lymphomes) et de la chlornaphazine, sont associés à des cancers de la vessie. A noter que la commercialisation de la chlornaphazine a été précocement arrêtée pour cette raison. Ces substances sont classées cancérogènes certains pour la vessie par le CIRC (groupe 1).

  • Facteurs de risques suspectés

    Facteurs nutritionnels

    La consommation de légumes en relation avec le risque de cancer de la vessie a été examinée dans une étude récente qui regroupe les données individuelles de 13 études de cohorte, comprenant 3203 cas parmi un total de 555 685 participants. Après ajustement de l’âge, du sexe, du tabagisme, de l’apport énergétique et de l’origine ethnique, ces chercheurs ont observé qu’une consommation plus importante de légumes totaux et de légumes non amylacés (ne contenant pas d’amidon) était associée à une réduction du risque de cancer de la vessie chez les femmes. Aucune association n’a été observée chez les hommes (Yi-Wen Yu, 2021).

    Au vu de la littérature, il semble donc que la consommation de végétaux, de fruits et de légumes ait plutôt un rôle protecteur dans le développement des tumeurs vésicales et, tout du moins, il n’a jamais été rapporté que la consommation de ces aliments soit un facteur de risque de développement de ce type de tumeur.

    Pollution de l’air

    En 2013, l’évaluation du CIRC a conclu à l’existence de preuve suffisantes entre l’exposition à la pollution de l’air extérieur et la survenue de risque de cancer du poumon (groupe 1) ; il a également été noté une association positive avec un risque accru de cancer de la vessie avec la pollution de l’air extérieur. Le cancer de la vessie partage plusieurs facteurs de risque avec le cancer du poumon.

    Les études ont suggéré des associations positives (même si la plupart du temps elles sont non significatives) entre l’exposition à la pollution atmosphérique et la mortalité par cancer de la vessie.

    Les associations positives, faibles à modérées, trouvées pour plusieurs indices de pollution atmosphérique et le cancer de la vessie, bien que suggérant un excès de risque, nécessitent une évaluation plus approfondie (Turner, 2020 ; Sakhvidi, 2020).

    Exposition à l’arsenic et aux sous-produits de désinfection de l’eau

    En France l’arsenic et les sous-produits de désinfection représentent les deux sources de risque de cancer de la vessie dans l’eau potable. L’arsenic inorganique a été classé cancérogène certain par le CIRC en 2012 (groupe 1) pour le cancer de la vessie et du poumon.

    II s’agit d’une substance règlementée du contrôle sanitaire de l’eau destinée à la consommation humaine. L’arsenic est recherché dans les ressources, et en sortie des stations de traitement de l’eau de boisson. Le seuil de quantification des méthodes analytiques utilisées pour le contrôle sanitaire se situe généralement entre 1 et 10μg.L-1. La limite de qualité de l’arsenic dans l’eau est de 10 μg.L-1.

    Les trihalométhanes (4 composés réglementés : bromoforme, chloroforme, ibromochlorométhane et bromodichlorométhane) sont des composés chimiques toxiques qui représentent un groupe important et prédominant de sous-produits chlorés de désinfection de l’eau potable (Santé Publique France, 2017).

  • Facteurs de risques professionnels

    La part des cancers de la vessie d’origine professionnelle est estimée entre 2% et 14%. Des estimations plus précises ont été données pour la France pour l’année 2000 : autour de 5,1% pour les hommes, et de 0,6% pour les femmes.

    En milieu professionnel, deux ensembles de substances chimiques sont à l’origine de l’essentiel des cancers de la vessie reconnus d’origine professionnelle : des amines aromatiques et des hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP).

    Les seuls facteurs de risque professionnels de cancer de la vessie reconnus à ce jour en France sont :

    • Les amines aromatiques : ce sont des composés chimiques utilisés dans la fabrication des cosmétiques, des produits pharmaceutiques, des pesticides, des matières plastiques, dans l’industrie du caoutchouc et que l’on retrouve dans le tabac ; Le tableau 15 ter des maladies professionnelles du régime général concerne les tumeurs primitives de l’épithélium urinaire (vessie et voies excrétrices supérieures) provoquées par les amines aromatiques. Le délai de prise en charge est de 30 ans. La durée d’exposition prise en considération de 5 ans, quelle que soit le type d’exposition (depuis le décret n°2012-936 d’août 2012).
    • les hydrocarbures aromatiques polycycliques : ce sont des substances employées dans l’industrie du goudron, des pneumatiques ou du textile. La production et l’utilisation de ces substances sont aujourd’hui sévèrement règlementées.
      Fumer tout en étant été exposé à ces produits chimiques augmente le risque de développer un cancer de la vessie.

    Le tableau 16 bis du régime général de maladies professionnelles se rapporte à des produits incluant des HAP. Mis à jour en 2009, il désigne des travaux à l’origine de 3 cancers dont les tumeurs de l’épithélium urinaire (vessie, voies excrétrices supérieures). Une maladie professionnelle peut être reconnue sous réserve d’une exposition de 10 ans et dans le cadre d’une liste limitative de travaux : cokerie (fours), fabrication d’aluminium, travaux sur chaudières et foyers à charbon etc. Le délai de prise en charge est de 30 ans.

    Depuis novembre 2012, le tableau 35 bis du régime agricole, qui se rapporte aux goudrons, huiles, braies de houille, et suies de combustion du charbon, reconnaît les tumeurs primitives de l’épithélium urinaire (vessie et voies excrétrices supérieures). Le délai de prise en charge est de 30 ans, sous réserve d’une durée d’exposition de 10 ans.

  • Evolutions récentes

    En 2020, des chercheurs du Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) ont annoncé dans la revue The Lancet , avoir mise au point un test de détection précoce du cancer de la vessie. Ce test urinaire, rapide et sans douleur, détecte les mutations du promoteur de la transcriptase inverse de la télomérase (TERT) détectables dans l’urine. Ces mutations sont apparues comme des biomarqueurs prometteurs du cancer de la vessie. Le diagnostic pourrait ainsi être posé jusqu’à 10 ans avant le diagnostic clinique (Hosen, 2020). Il n’est cependant pas utilisé actuellement en routine.

Auteur : Département Prévention Cancer Environnement, Centre Léon Bérard

Relecture : Dr Helen Jane Boyle, Oncologue médicale, Centre Léon Bérard, Lyon.

Mise à jour le 16 mai. 2023

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