Cancer du rein

Le saviez-vous ?

Le tabagisme, l’exposition aux rayonnements ionisants, et l’obésité ou le surpoids sont des facteurs de risque de cancer du rein.

Le nombre de cas de cancers du rein chaque année est estimé à 15 000 en France. Il est deux fois plus fréquent chez l’homme que chez la femme.

Certaines maladies héréditaires familiales prédisposent aux tumeurs rénales : la plus connue est la maladie de von Hippel-Lindau qui s'accompagne de carcinomes à cellules claires multiples, précoces et récidivants qui font toute la gravité de la maladie.

L’exposition professionnelle au trichloroéthylène est suspectée depuis de nombreuses années d’être un facteur de risque de cancer du rein. Il s’agit d’un solvant très utilisé dans le dégraissage des métaux et comme additif chimique. Il est classé cancérogène avéré pour l’homme (groupe 1du CIRC).

D’autres substances présentes en milieu professionnel sont suspectées d’être des facteurs de risque de cancer du rein : le cadmium, l’arsenic (cancérogènes avérés pour d’autres localisations de cancer), les procédés d’imprimerie (groupe 2B), les dérivés pétroliers, les fluides de coupes, les huiles pétrolières, etc.

Présentation

Les reins ont pour fonction principale de filtrer le sel et l’eau en excès, les déchets produits par l’organisme ainsi que les produits chimiques (médicaments, par exemple). Chaque rein est constitué du parenchyme rénal, qui assure sa fonction de filtration, et d’une voie excrétrice qui conduit l’urine jusqu’à la vessie à travers l’uretère.

La tumeur rénale la plus fréquente est celle du parenchyme rénal, ou encore carcinome à cellules rénales, qui représente 85% des tumeurs rénales. Sont présentés dans cette fiche les facteurs de risque des tumeurs du parenchyme, et non ceux des voies excrétrices. 65% des cancers du rein sont diagnostiqués à un stade localisé et le plus souvent de façon fortuite.

Les cellules cancéreuses peuvent ensuite migrer par voie sanguine (dans la veine rénale, puis dans la veine cave inférieure), pour  se disséminer dans d’autres organes (poumons, foie, os, cerveau, surrénales…) et y constituer des métastases. Plus rarement, les cellules cancéreuses migrent dans l’organisme par le biais des ganglions lymphatiques. On parle alors de cancer du rein métastatique.

Les cancers du rein se développent le plus souvent chez l’adulte. Il n’existe qu’une forme rare de cancer du rein qui touche l’enfant : le néphroblastome ou tumeur de Wilms (environ 120 nouveaux cas chaque année en France).

  • Epidémiologie

    Le nombre de cas incidents de cancers du rein a été estimé à 15 000 en France en 2018. Le sex‐ratio Homme/Femme est de 2. Ce cancer se situe au 9ème rang des cancers chez la femme (taux d’incidence standardisé monde ou TSM de 6,7/100 000) et au 6ème rang chez l’homme (TSM de 16,6/100 000).

    L’évolution du nombre des cas depuis 1990 montre une tendance à l’augmentation de l’incidence chez l’homme et la femme. L’âge moyen au diagnostic est de 65 ans (INCa, 2019).

    Concernant la mortalité par cancer du rein, l’incidence annuelle est estimée à 3 182 décès chez l’homme (TSM de 4,4 pour 100 000) et 1 486 décès chez la femme (TSM de 1,4 pour 100 000).

    Au niveau mondial, en 2020 le nombre de nouveaux cas de cancer du rein est estimé à 431 288 tous âges et sexes confondus. Le nombre de décès est estimé à 79 368 cas par an dans le monde (Globocan, 2020).

  • Facteurs de risque avérés

    Age et antécédents personnels

    Outre l’âge, d’autres facteurs sont également reconnus pour augmenter le risque de cancer du rein. Les personnes atteintes d’insuffisance rénale et traitées par dialyse ont un risque de cancer du rein multiplié par dix par rapport à la population générale.

    Bien que le cancer du rein puisse causer de l’hypertension artérielle chez les personnes atteintes, celle-ci est aussi un facteur de risque de ce cancer (Hunt, 2005).

    Tabac

    La consommation de tabac est un facteur de risque avéré de cancer du rein (CIRC, 2004). Une personne qui fume multiplie par deux son risque de développer la maladie par rapport au risque encouru par un non-fumeur. Ce risque augmente avec la durée et le nombre de cigarettes fumées (Hunt, 2005).

    En 2006, 21% des décès par cancer du rein étaient dus au tabagisme (Hill, 2009). En ce qui concerne les personnes qui ont arrêté de fumer, plusieurs études ont montré que le risque de cancer du rein pour les anciens fumeurs est moins élevé que celui des fumeurs ; il diminuerait d’environ 25 à 30 % après 10 à 15 ans d’arrêt (INCa, 2019).

    Surpoids et obésité

    L’obésité ou le surpoids sont des facteurs de risque reconnus de cancer du rein (WCRF/AICR, 2006). Ils seraient responsables de 30% des cancers du rein en Europe (Calle, 2004) : d’après une importante revue de la littérature, une augmentation de l’indice de masse corporelle (IMC) de 5 kg/m² augmenterait le risque de cancer du rein de 24% chez les hommes et de 34% chez les femmes (Renehan, 2008).

    La prise de poids entrainerait des perturbations hormonales (insuline, œstrogènes, facteurs de croissance) qui pourraient être la cause de l’augmentation du risque. Le surpoids ou l’obésité seraient responsables de 13% des décès par cancer du rein (Hill, 2009).

    Des données cliniques sur des patients atteints de cancer du rein métastatique ayant un IMC élevé et traités par des thérapies ciblées ont montré de bons résultats de survie, des études complémentaires sont nécessaires pour confirmer ces résultats (Aurillio, 2019).

    Trichloroéthylène (TCE)

    L’exposition professionnelle au trichloroéthylène est suspectée depuis de nombreuses années d’être un facteur de risque de cancer du rein. Il a été classé en 2012 cancérogène avéré pour l’homme (groupe 1) par le CIRC.

    Il s’agit d’un solvant très utilisé dans le dégraissage des métaux et comme additif chimique.

    Des études épidémiologiques récentes en milieu professionnel tendent à confirmer de manière convergente l’augmentation du risque de cancer du rein avec l’augmentation de l’exposition au trichloroéthylène (Scott, 2006 ; Charbotel, 2006). Cette tendance à l’augmentation du risque a été confirmée dans une méta-analyse récente (Karami, 2012).

    Prédispositions génétiques

    Dans quelques familles, le risque de cancer du rein est supérieur à celui observé dans le reste de la population. On estime que 1 à 2 % des cas de carcinomes rénaux à cellules claires sont d’origine familiale. Ces derniers sont causés par la transmission de gènes mutés qui augmentent les risques de développer des tumeurs.

    Dans la majorité des cas, il s’agit de la mutation génétique du gène VHL : elle prédispose au syndrome de von Hippel-Lindau qui est associé à l’apparition de tumeurs bénignes ou malignes, comme les cancers rénaux.

    Plus rarement, il a été mis en évidence que d’autres maladies héréditaires très rares comme la sclérose tubéreuse de Bourneville ou le syndrome de Birt- Hogg-Dubé prédisposaient aux cancers rénaux.

    La mutation du gène WT-1 est responsable de cancers du rein (tumeur de Wilms). Un locus de prédisposition a été identifié en 7q31-q34. Il s’est révélé être le siège du proto-oncogène c-MET (7q31.1-q34) pour lequel des mutations constitutionnelles ont été observées chez les sujets atteints dans 80% des familles étudiées.

    Dans certaines familles, le gène MET n’est pas muté. Ce qui suggère au moins un autre gène de prédisposition. Le locus 1q21 pourrait ainsi être le siège d’un gène encore inconnu impliqué dans les familles où existent à la fois des carcinomes papillaires de la thyroïde et des carcinomes papillaires rénaux.

    Rayonnements ionisants

    Concernant les radiations ionisantes, un excès de risque de cancer du rein a été démontré chez les survivants d’accidents nucléaires et chez les patients (CIRC, 2012).

  • Facteurs de risque suspectés

    Facteurs de risques professionnels

    L’état des connaissances scientifiques actuelles montre une surreprésentation de cancer du rein concernent l’exposition au plomb, au cadmium, aux solvants. Les données sont toutefois encore incertaines.

    Le cadmium et ses composés sont des substances toxiques pour le rein. Elles sont utilisées dans les milieux de la métallurgie du zinc, du découpage de métaux au chalumeau, de la soudure de cadmium, etc. Les particules de cadmium peuvent alors être projetées dans l’air et inhalées ; elles peuvent aussi être ingérées. Le cadmium et ses composés sont des cancérogènes avérés pour l’homme (groupe 1 du CIRC) pour le cancer du poumon (CIRC, 2012). Pour le cancer du rein, des associations positives entre l’exposition au cadmium et le risque de cancer du rein ont été identifiées, mais la relation de causalité n’a pas encore été démontrée (Il’yasova, 2005 ; Song, JK, 2015).

    L’arsenic et ses composés inorganiques sont classés cancérogènes avérés pour l’homme par le CIRC (groupe 1) depuis 1980. L’exposition à l’arsenic peut être environnementale (via l’ingestion d’eau ou d’aliments contaminés) ou d’origine professionnelle (par inhalation lors de la fabrication d’insecticides, de raticides, d’herbicides, de fongicides, dans l’industrie des colorants, en métallurgie…). D’après le CIRC, bien que des études épidémiologiques suggèrent l’existence d’une association entre l’exposition à l’arsenic et le développement de cancers du rein, les données actuellement disponibles ne permettent pas de conclure définitivement sur cette association (CIRC, 2012).

    Quelques études suggèrent un excès de risque de cancers du rein dans le secteur de l’imprimerie, mais les résultats sont souvent non significatifs statistiquement. Les preuves en faveur d’une association avec le risque de cancer du rein sont considérées limitées : les procédés d’imprimerie sont classés cancérogènes possibles (groupe 2B) par le CIRC (CIRC, 1996).

    D’autres substances présentes en milieu professionnel ont été suspectées en lien avec le risque de cancer du rein : dérivés pétroliers, solvants, fluides de coupe, autres huiles pétrolières, fumées de soudage, amiante… Les données disponibles ne permettent pas de conclure à l’existence d’une association entre une exposition à ces substances et le risque de cancer du rein (Charbotel, 2006).

    En France, il n’existe pas à ce jour de tableau de maladies professionnelles (MP) dans le régime général ou régime agricole (RG ou RA) permettant l’indemnisation du cancer du rein au titre de maladie professionnelle, mais des discussions sont en cours pour l’élaboration d’un tableau dans le régime général relatif à l’exposition au trichloroéthylène.

    En l’absence de tableau de MP, les demandes de reconnaissance sont soumises au Comité Régional de Reconnaissance des Maladies Professionnelles (CRRMP).

  • Evolutions récentes

    Environ 2 à 3 % des cancers du rein, plus exactement des carcinomes à cellules rénales, sont en rapport avec une prédisposition génétique ; on parle de forme héréditaire ou de forme familiale de cancer du rein.

    Dans ce contexte, le Réseau PREDIR est l’un des 15 Réseaux labellisés par l’Institut National du Cancer (INCa) et financés par la Direction Générale de l’Offre de Soins (DGOS) du Ministère de la Santé pour la prise en charge des patients atteints de cancers rares (Mesure 23.1 du Plan Cancer). Son objectif est d’établir un diagnostic et d’optimiser le suivi et le traitement des patients et des membres à risque de leur famille en mettant à leur disposition des équipes expérimentées aux compétences spécifiques et des thérapeutiques innovantes. Il a également vocation d’être un centre de recours, disposant d’une attraction interrégionale, nationale et internationale, du fait de la rareté des affections en cause. Il comporte un Centre de Référence coordonné depuis l’Hôpital de Bicêtre et 11 Centres de Compétence répartis sur l’ensemble du territoire (Bordeaux, Clermont-Ferrand, Grenoble, Lille, Lyon, Marseille, Montpellier, Nancy, Nantes, Rouen et Toulouse) et travaille en relation étroite avec l’Association de patients VHL-France (INCa, 2019).

    En 2020 lors du Symposium de l’ASCO (American Society of Clinical Oncology) sur les cancers génito-urinaires – un résumé des messages à retenir sur le cancer du rein a été publié :

    https://www.cancerdurein.ca/news/symposium-2020-de-lasco-sur-les-cancers-genito-urinaires-resume-des-messages-a-retenir-sur-le-cancer-du-rein/

    Depuis les dernières recommandations du Comité de cancérologie de l’Association Française d’Urologie(AFU) des études récentes sur l’efficacité des combinaisons d’immunosuppresseurs et d’anti-angiogéniques modifiant la prise en charge du cancer du rein métastatique ont été publiées. De nouvelles recommandations françaises ont été publiées (AFU, 2020).

Auteur : Département Prévention Cancer Environnement, Centre Léon Bérard

Relecture : Dr FLECHON Aude, Oncologie Urologique, Cancérologie médicale, Centre Léon Bérard, Lyon.

Mise à jour le 19 juil. 2022

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