Analyse exhaustive des facteurs responsables de l'obésité

Présentation

Lyon, France, 27 septembre 2017 – Un nouveau rapport d’un groupe de travail publié par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), l’agence spécialisée sur le cancer de l’Organisation Mondiale de la Santé examine les facteurs responsables de l’obésité, incluant les rôles de l’excès d’apport énergétique et d’aliments et nutriments spécifiques dans l’épidémie globale d’obésité.

Le rapport, intitulé Energy Balance and Obesity, (Balance énergétique et Obésité)1  est le résultat d’un travail collaboratif de 17 experts internationaux et repose sur les dernières données scientifiques.

Les chapitres du rapport traitent de l’apport et des dépenses énergétiques, de la composition nutritionnelle des aliments et des habitudes alimentaires, de l’activité physique et des comportements sédentaires, ainsi que de leur rôle en tant que causes de l’obésité. Le rapport comprend également un aperçu des tendances mondiales en matière d’obésité, une analyse de l’impact des facteurs génétiques et des facteurs liés au mode de vie, une discussion des mécanismes potentiels de l’obésité, et des options disponibles pour prévenir et contrôler l’épidémie d’obésité. Un résumé du rapport du Groupe de Travail a été publié dans la revue Cancer Causes & Control.2

Obésité et cancer

Une évaluation récente de la charge mondiale de cancer liée à l’obésité a estimé que 481 000 ou 3,6% de tous les nouveaux cas de cancer chez les adultes en 2012 étaient attribuables à un indice de masse corporelle (IMC) élevé.3,4,5

Selon l’Observatoire Global du cancer (Global Cancer Observatory) du CIRC, en 2012 le nombre de cas de cancer attribués à l’obésité était le plus élevé en Amérique du Nord, avec environ 110 000 nouveaux cas attribuables,6 suivis par les pays européens où 3,7 à 8,5% des nouveaux cas de tous les cancers diagnostiqués  étaient attribués à l’obésité.7

Les personnes en surpoids ou obèses ont un risque augmenté de développer différents types de cancer, y compris les cancers du sein (chez la femme post ménopausée), de l’ovaire, du côlon et du rectum, du foie, du rein, du pancréas, du cardia gastrique, de l’œsophage et de l’endomètre de l’utérus, ainsi que le cancer avancé de la prostate, les cancers de la vésicule biliaire et de la thyroïde, et le myélome multiple et le méningiome.8

Il est intéressant de noter que globalement les femmes sont concernées de manière inégale par le cancer attribuable à l’obésité globalement.

Ce nouveau rapport analyse les multiples mécanismes qui sous-tendent le risque de cancer associé à l’obésité, comme la façon dont l’obésité peut influencer le développement et la progression du cancer, y compris au travers de perturbations métaboliques impliquant le système hormonal, facteur de croissance et des altérations inflammatoires.

Géographie et démographie de l’obésité

L’épidémie d’obésité est devenue un problème majeur de santé publique dans le monde entier, y compris dans les pays à revenu faible et intermédiaire (PRFI), qui présentent des risques accrus de maladies cardiovasculaires, de diabète et de cancer. À l’échelle mondiale, en 2014, plus de 1,9 milliard d’adultes étaient en surpoids (sur environ 4,7 milliards d’adultes9), dont 600 millions étaient obèses. Le problème chez les enfants est particulièrement frappant; le nombre d’enfants en surpoids dans les PRFI a plus que doublé depuis 1990, passant de 7,5 millions à 15,5 millions.

Les taux de prévalence de l’obésité ont tendance à être plus élevés dans les pays développés, mais les taux dans de nombreux pays en développement sont en train de rattraper ceux des pays développés. La croissance économique rapide et l’urbanisation dans les PRFI ont entraîné des changements dans les habitudes alimentaires et les modes de vie : les habitudes alimentaires traditionnelles sont remplacées par une consommation accrue d’aliments hautement transformés, tandis que les comportements sédentaires s’accompagnent souvent de diminution de l’activité physique. Par conséquent, dans certaines parties de l’Afrique subsaharienne, de l’Asie du Sud et de l’Asie du Sud-Est, l’obésité (surnutrition) coexiste avec la sous-nutrition. Ce « double fardeau de la malnutrition » est lié à une mauvaise qualité de l’alimentation et à un apport énergétique déséquilibré.

L’apport énergétique: un facteur clé

L’excès d’apport énergétique par rapport à la dépense énergétique est le principal moteur de la prise de poids. À l’âge adulte, le maintien d’un poids corporel stable dépend de la quantité d’énergie dérivée des aliments et des boissons (apport énergétique) égale à la dépense énergétique totale dans le temps.

«Il y a eu beaucoup d’idées fausses et de débats sur les facteurs responsables de l’épidémie d’obésité», explique le Dr Isabelle Romieu, chercheur sénior à la Section  Nutrition et Métabolisme du CIRC et l’un des rédacteurs du rapport. « Ce rapport montre que l’apport énergétique excédentaire est le principal facteur responsable. Bien que les facteurs génétiques jouent un rôle, ceux-ci ne peuvent pas expliquer les tendances ascendantes des taux d’obésité, et à son tour le rapport montre qu’une augmentation de l’activité physique seule ne peut pas résoudre le problème.  »

Qualité de l’alimentation

La qualité de l’alimentation a un effet important sur la balance énergétique impliquant des voies hormonales et neurologiques complexes qui influencent la satiété. Les régimes alimentaires qui comprennent des apports plus élevés en fruits, légumes, légumineuses, grains entiers, noix, graines et graisses insaturées, ainsi que des apports plus faibles en amidon raffiné, viande rouge, graisses trans et saturées, et aliments et boissons sucrés peuvent contribuer au contrôle du poids à long terme.

« La plupart des facteurs responsables de l’obésité sont liés à l’environnement alimentaire, et la publicité et la commercialisation des aliments et des boissons ont un rôle important dans l’augmentation des taux d’obésité dans le monde », explique le professeur Walter C. Willett de l’école Harvard Chan, un rédacteur  du rapport.

Prendre conscience des facteurs responsables de l’obésité est essentiel, et une action mondiale est nécessaire pour créer un environnement qui favorise une meilleure qualité de l’alimentation et une activité physique régulière.  »

La prévention à toutes les étapes de la vie

Le surpoids se développe progressivement, de sorte qu’un excès relativement faible d’apport énergétique peut facilement produire des changements de poids importants au fil du temps. Par conséquent, il est important de surveiller régulièrement l’apport énergétique.

«La prévalence de l’obésité chez les enfants et les adultes atteint des proportions alarmantes dans de nombreux pays, avec des conséquences majeures sur la santé, notamment le cancer, les maladies cardiovasculaires et le diabète», déclare le Dr Christopher Wild, directeur du CIRC. «La prévention de l’obésité à tous les stades de la vie est l’un des plus grands défis de santé publique du XXIe siècle. Ce rapport constitue une base précieuse pour la communauté des décideurs politiques. Les preuves scientifiques présentées dans ce rapport permettront d’élaborer les meilleures  réponses  pour faire face à la crise de l’obésité au niveau national et mondial dans les secteurs de la santé et d’autres secteurs concernés.

Pour plus d’information veuillez contacter

Véronique Terrasse, du groupe de la Communication, at +33 (0)4 72 73 83 66 or terrassev@iarc.fr  or IARC Communications, at com@iarc.fr.

Le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) fait partie de l’Organisation Mondiale de la Santé. Sa mission est de coordonner et mener des recherches sur les causes du cancer chez l’homme et les mécanismes de la cancérogenèse, et de développer des stratégies scientifiques de lutte contre le cancer. L’Agence participe à la recherche épidémiologique et à la recherche en laboratoire et diffuse des informations scientifiques par le biais de publications, de réunions, de cours et de bourses d’étudiant. Si vous souhaitez que votre nom soit retiré de notre liste de diffusion, veuillez écrire à com@iarc.fr.

    Références

    1. Romieu I, Dossus L, Willett WC, editors (2017). Energy Balance and Obesity. Lyon, France: International Agency for Research on Cancer (IARC Working Group Reports, No. 10). Available from: http://publications.iarc.fr/553.

    2. Romieu I, Dossus L, Barquera S, Blottière HM, Franks PW, Gunter M, et al.; IARC Working Group on Energy Balance and Obesity (2017). Energy balance and obesity: what are the main drivers? Cancer Causes Control. 28(3):247–58. https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/28210884/

    3. Arnold M, Pandeya N, Byrnes G, Renehan AG, Stevens GA, Ezzati M, et al. (2015). Global burden of cancer attributable to high body-mass index in 2012: a population-based study. Lancet Oncol. 16(1):36–46. https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/25467404/

    4. BMI is a measure of body fatness, calculated by dividing the weight in kilograms by the square of the height in metres. The World Health Organization defines overweight as BMI ≥ 25 kg/m2 and obesity as BMI ≥ 30 kg/m2.

    5. In the paper of Arnold et al. (2015), “excess BMI” refers to BMI ≥ 25 kg/m2, corresponding to overweight and obesity.

    6. https://gco.iarc.fr/causes/obesity/home

    7. https://gco.iarc.fr/causes/obesity/home

    8. http://www.iarc.fr/en/media-centre/iarcnews/2016/handbook16_iarc2016.php

    9.  https://www.prb.org/

    IARC, 150 Cours Albert Thomas, 69372 Lyon CEDEX 08, France – Tel: +33 (0)4 72 73 84 85 – Fax: +33 (0)4 72 73 85 75 © IARC 2017 – All Rights Reserved.

Auteur : Département Prévention Cancer Environnement, Centre Léon Bérard

Mise à jour le 08 août. 2022

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