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Définitions du surpoids et de l’obésité
Pathologies de la nutrition les plus fréquentes, le surpoids et l’obésité sont définis par l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé) comme une « accumulation anormale ou excessive de graisse corporelle qui peut nuire à la santé ».
Cette graisse peut-être due, entre autres facteurs, à un déséquilibre entre les apports et les dépenses énergétiques. Des apports supérieurs aux besoins de l’organisme sont stockés sous forme de cellules adipeuses, servant par la suite de réserves énergétiques.
L’OMS définit la santé comme « un état de complet bien-être physique, mental et social, et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d'infirmité », or en raison de sa progression rapide au niveau mondial, l’OMS a classé en 1997 l’obésité parmi les maladies mettant en cause le bien-être physique, psychologique et social de l’individu.
L’obésité reste un des défis majeurs de santé publique du XXIe siècle avec le développement de mesures de prévention et une prise en charge du surpoids et de l’obésité.
Indice de masse corporelle (IMC)
La surcharge pondérale est estimée par l’Indice de Masse Corporelle (IMC) ou en anglais le Body Mass Index BMI. C’est un indicateur calculé par le rapport : poids (kg)/[taille (m)]², et exprimé en kg/m².
Cette mesure s’applique aux deux sexes et à toutes les tranches d’âge adulte.
Selon l’OMS, le surpoids est défini par un IMC compris entre 25 et 30 kg/m² et l’obésité par un IMC supérieur ou égal à 30 kg/m².
Source : Organisation Mondiale de la Santé - Infographie réalisée par nos soins, 2020
Un facteur autre que l’IMC intervient dans le diagnostic d’un excès de masse grasse : la répartition du tissu adipeux. Deux types d’obésité sont alors définis :
- l’obésité gynoïde : graisses reparties dans la partie basse du corps
- l’obésité androïde : graisses au niveau de l’abdomen.
Adiposité abdominale et risque de complications métaboliques
Pour un IMC supérieur à 25 kg/m2 et inférieur à 35 kg/m2, l’examen clinique doit être complété par la mesure du tour de taille, réalisée à mi-distance entre la dernière côte et le sommet de la crête iliaque.
Un tour de taille élevé est un indicateur de l’excès de graisse au niveau abdominal. Cet excès est associé, indépendamment de l’IMC, au développement de complications métaboliques et vasculaires (diabète de type 2, hypertension, maladies respiratoires, rénales,…) liées à l’obésité. Le tour de hanches, mesuré juste au-dessus des muscles fessiers, permet le calcul du rapport tour de taille/tour de hanche, marqueur lui aussi d’une adiposité abdominale.
Epidémiologie
Le nombre d’hommes en surpoids est plus important que celui des femmes alors que l’obésité touche les deux sexes de manière équivalente. En France, en 2015, environ la moitié des adultes sont en surcharge pondérale avec la répartition suivante : 49 % en surpoids et 17 % obèses (soit plus de 8 millions de personnes). L’obésité augmente avec l’âge, mais décroit à partir de 65 ans. (Santé Publique France - Enquête Esteban 2015).
La prévalence de l’obésité a été multipliée par 6 entre 1975 et 2014. A taille égale, les hommes ont augmenté leur poids de 7 kg et les femmes de 6 kg en 39 ans. (Handbook volume 16).
Le surpoids et l’obésité sont inversement proportionnels au niveau des revenus des foyers, le nord et l’est de la France étant les régions où la prévalence de l’obésité est la plus élevée, avec respectivement 25,6% et 22,9% de personnes atteintes d’obésité (Inserm, 2016). L’Ile-de France est la région la moins touchée par l’obésité. Il existe de nombreuses inégalités sociales liées à la prévalence de ces pathologies : 9,8 % d’enfants de cadre présentent une surcharge pondérale, contre 18,2 % des enfants d’ouvriers (Hercberg, 2016).
Selon l’OMS, le nombre de cas d’obésité a triplé entre 1975 et 2016 dans le monde.
Alors que la proportion d’adultes obèses a plus que doublé en France entre 1980 et 2015, les origines de cette « épidémie » sont multifactorielles. Le bouleversement récent des habitudes alimentaires contribue de façon significative à ce problème mais, au-delà de la nutrition et de facteurs génétiques, des facteurs environnementaux ont été impliqués dans le développement et l’installation de cette maladie chronique.
En 2014, le CIRC (Centre International de Recherche sur le Cancer) a montré que près d'un demi-million de nouveaux cas de cancer par an peuvent être attribués à la surcharge pondérale. Le surpoids et l’obésité sont devenus un facteur majeur de risque, responsable d'environ 3,6% (481 000) des nouveaux cas de cancer en 2012 dans le monde. La proportion de cancers liés à l'obésité est plus élevée chez les femmes (5,4 %) que chez les hommes (1,9 %), en raison surtout du nombre élevé de cancers spécifiquement féminins (sein après la ménopause, utérus) qui ont une origine hormonale importante en lien avec la surcharge pondérale (CIRC/IARC, 2014)
Les déterminants du surpoids et de l’obésité
La santé d’un individu est dépendante de multiples facteurs appelés déterminants de santé. On recense quatre types de facteurs ayant un impact positif ou négatif sur la santé :
Les causes de l’obésité peuvent être multiples et dépendre de plusieurs facteurs. L’obésité n’est pas uni-factorielle, elle est bien souvent liée au mode de vie, à l’environnement, mais également à d’autres déterminants qui peuvent être biologiques ou sociaux.
Source : Exemple de facteurs positifs ou négatifs ayant un impact sur la survenue d’un surpoids ou d’une obésité, classés par déterminants. Infographie réalisée par nos soins, 2020.
D’autres facteurs mis en cause dans l’apparition d’un surpoids ou d’une obésité peuvent être classés en grands déterminants de santé :
Mécanismes impliqués dans l’obésité
L’obésité favorise un état inflammatoire chronique qui se traduit par une augmentation des taux sanguins de facteurs pro-inflammatoires (composant le mécanisme de réponse inflammatoire) tels que le Tumor-Necrosis Factor-α (ou TNFα), l’interleukine 6 (IL-6), et la protéine C-réactive. La présence de ces facteurs a pour conséquence de favoriser la prolifération cellulaire et le processus d’initiation de la cancérogenèse (INCa, 2013).
Chez les sujets ayant un IMC élevé, on observe également une augmentation des taux endogènes (produit par l’organisme lui-même) de plusieurs hormones, facteurs de croissance et cytokines : insuline, leptine, hormones sexuelles. Certains mécanismes sont communs à toutes les localisations de cancers, tels que l’augmentation de la résistance à l’insuline due à l’excès de tissus adipeux.
D’autres mécanismes semblent plus spécifiques de certaines localisations de cancer. C’est le cas des modifications hormonales en cause dans certaines localisations, par exemple pour les cancers du sein et de l’endomètre.
En effet, certaines études ont montré que des taux élevés d'hormones sexuelles (œstrogènes et androgènes) étaient corrélés à une augmentation du risque de cancer du sein en post-ménopause, et de cancer de l'endomètre.
Le surpoids et l'obésité avant la ménopause causent souvent une anovulation chronique et donc des taux circulants de progestérone plus bas que la normale. Après la ménopause, les ovaires ne produisent plus d'œstrogènes, le tissu adipeux prend alors la relève en convertissant des androgènes en œstrogènes dans le tissu adipeux. Les femmes ménopausées en surpoids ou obèses ont donc des taux d'œstrogènes biodisponibles plus élevés, qui pourraient être à l’origine de l’augmentation du risque de cancer du sein après la ménopause en cas de surcharge pondérale.
Par ailleurs, des taux d'androgènes élevés ont été associés à une augmentation du risque de cancer de l'ovaire (variable selon le sous-type histologique de cancer de l'ovaire).
Chez les hommes, l'obésité est en général associée à une diminution des taux circulants d'androgènes. Dans le cas du cancer de la prostate, la relation entre taux circulants d'androgènes et risque de cancer est complexe. (Lauby-Secretan et al. 2019). Il semblerait que des taux bas de testostérone soient associés à :
De nombreuses études, dont certaines publiées par le CIRC (Handbook 16), décrivent l’existence d’une relation démontrée entre obésité (et dans certains cas le surpoids) et augmentation de risque de cancers. Dans le monde, 3.6% des nouveaux cas de cancers chez les adultes de 30 ans et plus sont attribuables à l’obésité ou au surpoids, soit 481 000 nouveaux cas en 2012.
En 2015 en France, le CIRC estimait que 5,4% des cancers (18 600 nouveaux cas) étaient dus à une surcharge pondérale.
Source : Nombre de cancers attribuables au surpoids et à l'obésité en France en 2015 chez les hommes et les femmes (Lauby-Secretan et al., 2019)
Les femmes sont la population la plus touchée par les cancers liés à l’obésité. Dans le Handbook 16, le CIRC estimait en 2016 que 9% des cancers dans la population féminine d’Amérique du Nord, de Europe et du Moyen-Orient été liés à l’obésité.
Une augmentation de cinq points de l'IMC au-dessus de 25 kg/m2 a été associée à un risque accru de certains types de cancer, comme celui de l'utérus, la vésicule biliaire, le foie, le col de l'utérus, la thyroïde et la leucémie. Des valeurs d’IMC trop élevées augmentaient également le risque global de cancer du foie, du côlon et de l’ovaire. A titre d’exemple, l’obésité augmente de 8 % le risque de cancer du sein après la ménopause et de 55 % le risque de développer un adénocarcinome de l’œsophage. Le surpoids et l’obésité sont responsables de 37,1 % des adénocarcinomes de l’œsophage et de 34,1 % des cancers de l’endomètre (CIRC, 2018).
Un état des connaissances a été publié par l’INCa (Institut National du Cancer) et le réseau NACRe (Réseau National Alimentation Cancer Recherche) en juin 2015 (INCa, Nacre, 2015). Après analyse de la littérature scientifique, les experts de ce rapport ont évalué les niveaux de preuve de l’augmentation du risque de certains cancers en relation avec le surpoids et l’obésité (tableau 1). Ces niveaux de preuve sont qualifiés de « convaincant » ou de « probable » par le fond mondial de recherche contre le cancer (WCRF) et de « suffisant » ou de « limité » pour le Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC ou IARC).
Source : Localisations de cancers associées au surpoids et à l'obésité et niveaux de preuve correspondants, selon les évaluations du CIRC et du WCRF
Des études menées notamment par la Norvège, le Danemark, Israël et le Royaume-Uni, ont montré que le surpoids ou l’obésité au cours de l’enfance et/ou l’adolescence augmentaient le risque de développer un cancer à l’âge adulte. Chez les jeunes garçons, une surcharge pondérale est associée à une augmentation du risque de cancer du côlon, de l'œsophage (adénocarcinome), du foie (carcinome hépatocellulaire), du pancréas, du rein et urothélial à l'âge adulte. Pour les jeunes filles, la surcharge pondérale est corrélée à une augmentation du risque de cancer du côlon, de l'œsophage, du foie et des ovaires à l'âge adulte.
Néanmoins, les études n’ont pas montré d’association entre surcharge pondérale dans l’enfance et cancer de la prostate chez l’homme ou du sein chez la femme (y compris après la ménopause).
Pendant et après le traitement du cancer
Le surpoids ou l’obésité au moment du diagnostic notamment du cancer du sein et la prise de poids durant la maladie sont associés à un risque accru de récidive, de développement d’un second cancer et de mortalité liée au cancer initial. Afin de prévenir ces risques, il est important de maintenir une activité physique régulière et de privilégier une alimentation équilibrée et diversifiée (Cf : fiches recommandations nutritionnelles et activité physique). Les traitements du cancer demandent une énergie plus importante que la normale au corps humain, notamment en protéines.
Des recommandations existent pour les patients atteints de cancer, cependant la Société francophone nutrition clinique et métabolisme préconise de tenir compte des spécificités de l'état nutritionnel de chaque patient. Il est vivement conseillé d’avoir recours à un suivi avec des professionnels de la nutrition (diététicien.ne ou médecin nutritionniste).
Au cours du traitement du cancer du sein, la prise de poids concerne près d'une patiente sur deux avec une prise de poids variable de 3 à 5 kg. Le réseau NaCre, conseille d’éviter la prise de poids après les traitements et d’adapter son alimentation en privilégiant les fruits et légumes et en réduisant les denrées riches en acides gras (lipides) et en glucides simples. Une consultation diététique peut être recommandée aux patientes. Le réseau NaCre recommande, également de reprendre ou bien d’augmenter progressivement l’activité physique après traitement.
En cas d’obésité, il est conseillé de suivre un plan alimentaire prescrit par un professionnel.
Recommandations pour prévenir le surpoids et l’obésité
Source : Santé Publique France, 2019
Un suivi diététique peut être mis en place afin de rééquilibrer son alimentation.
En accord avec le PNNS (Plan National Nutrition Santé), le réseau Nacre et la Ligue contre le cancer ont établi 4 objectifs prioritaires pour la prévention nutritionnelle des cancers. Ces derniers recommandent d’avoir une alimentation équilibrée et diversifiée et de pratiquer une activité physique, tout en réduisant la consommation de boissons alcoolisées et en favorisant l’allaitement des femmes enceintes lorsque cela est possible. L’objectif principal étant de maintenir un poids « santé ». Ces conseils sont valables en prévention des seconds cancers.
Source : Objectifs prioritaires en nutrition et prévention des cancers (Lauby-Secretan et al., 2019)
La France a mis en place depuis plusieurs années des plans et programmes de santé publique soit par déterminants de santé, soit par pathologies. Le premier Plan Obésité 2010-2013 a permis la mise en place de Centres Spécialisés de prise en charge de l’Obésité (CSO). Au nombre de 37, ces CSO sont répartis dans toutes les régions de France. Ils disposent d’équipes multidisciplinaires (médicales et paramédicales) et de l’équipement adapté à la prise en charge des patients atteints d’obésité sévère. Même si l’offre de soin demeure encore insuffisante dans les CSO en raison de moyens insuffisants, ce maillage territorial a largement amélioré la prise en charge des obésités sévères (IMC ≥ 35 kg/m2) en France.
En octobre 2019, la ministre de la Santé Agnès Buzyn présente la feuille de route « Prise en charge de l’obésité 2019-2022 ». L’objectif de cette dernière est d’assurer un suivi partant du repérage et de l’orientation des personnes en surpoids ou obésité, en passant par un parcours de soins personnalisé et de proximité, ainsi qu’un accès à des soins spécialisés, tout en bénéficiant d’un suivi médical régulier.
Source : Ministère des Solidarités et la Santé. (2019). Prise en charge de l’obésité : Agnès Buzyn présente la feuille de route 2019-2022. Ministère des Solidarités et de la Santé.
Parallèlement et depuis 2001, les différents programmes nationaux nutrition santé (PNNS) ont pour objectif d’améliorer l’état de santé de la population en agissant sur les facteurs nutritionnels.
Le plan national de lutte contre le cancer 2014-2019 vise à réduire l’incidence des cancers, avec pour axe majeur la prévention primaire, en particulier par la réduction des expositions aux facteurs de risque reconnus, tels que l’alimentation déséquilibrée, l’activité physique insuffisante et l’alcool.
La nutrition est avec la lutte contre le tabac et l’alcool un domaine dans lequel des progrès essentiels peuvent être réalisés et peuvent participer à la baisse de l’incidence des cancers.
Auteur : Département Prévention Cancer Environnement
Relecteurs : Dr Muriel Coupaye, Service des Explorations Fonctionnelles, Centre Intégré Nord Francilien de l'Obésité (CINFO), Hôpital Louis Mourier (AP-HP), 92700 Colombes et Université de Paris, Centre de Recherche sur l’Inflammation, Inserm UMRS 1149, 75018 Paris ; Marina Colombani, Diététicienne, Centre Léon Bérard.
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