Poussières de bois

expositions professionnelles

Le saviez-vous ?

Les poussières de bois sont émises lors d’opérations de transformation ou usinage du bois. Elles peuvent être inhalées et être à l’origine de maladies de l’appareil respiratoire, dont la plus grave est le cancer des fosses nasales et des sinus de la face.

Les poussières de bois sont classées cancérogènes avérés par le CIRC (Groupe 1) pour les cancers du nasopharynx, des fosses nasales et des sinus de la face.

En France, entre 310 000 et 360 000 salariés seraient exposés aux poussières de bois. Elles sont la deuxième cause de cancers liés au travail ; 45% des cancers des fosses nasales et des sinus de la face seraient attribuables à une exposition professionnelle aux poussières de bois.

Les tableaux 47 du régime général et 36 du régime agricole désignent le carcinome des fosses nasales, de l’ethmoïde et des autres sinus de la face comme maladies professionnelles.

La valeur limite d’exposition professionnelle (VLEP) sur 8 heures en atmosphère de travail pour les poussières de bois inhalables est de 1 mg/m3. Les plans nationaux de santé publique (plan National Santé Environnement PNSE 2 et plan Santé Travail) prévoient des mesures de réduction et de suivi des expositions professionnelles aux agents CMR, notamment pour les expositions aux poussières de bois.

Présentation

Les effets de l’inhalation des poussières de bois sur la santé sont une problématique importante de santé publique, compte tenu de ses usages étendus et de son importance dans le monde.

Les poussières de bois sont émises lors d’opérations de transformation du bois (abattage, sciage, broyage), de l’usinage de bois bruts ou de panneaux de bois reconstitué, du transport de copeaux et sciures issus de ces transformations, de la finition de meubles (égrenage). Les poussières de bois peuvent être inhalées, notamment par les personnes exposées dans le cadre de leur travail. Cette inhalation peut être à l’origine de nombreuses maladies de l’appareil respiratoire, des yeux et de la peau, l’affection la plus grave étant le cancer des fosses nasales ou des sinus de la face (cancer naso-sinusien).

  • Poussières de bois et cancer

    Les poussières de bois sont classées par le CIRC comme cancérogènes avérés (groupe 1) pour l’homme pour le nasopharynx, les fosses nasales et les sinus de la face (Volume 100C, 2012). Les travaux de charpenterie et de menuiserie sont classés comme cancérogènes possibles pour l’homme (Groupe 2B) (volume 25, 1987). Pour ces classements, le CIRC ne fait pas de distinction entre les différents types de bois ; ils sont valables quel que soit l’arbre d’origine. En dehors de l’exposition aux poussières de bois, le travail du bois peut aussi exposer les employés à certaines substances cancérogènes utilisées pour son traitement (arsenic…) ou son collage (formaldéhyde…).

    Au niveau européen, seuls les travaux exposant aux poussières de bois durs (bois durs identiques à ceux concernés par la monographie du CIRC) sont aussi classés cancérogènes (directive 2004/37/CE). Les poussières émanant des autres types de bois ne sont pas considérées cancérogènes au niveau européen.

    L’exposition aux poussières de bois augmente le risque de développer des cancers des cavités nasales et sinusiennes (cancers naso-sinusiens). Ce sont des cancers rares (incidence annuelle en France : 0,9 à 1,5 pour 100 000 personnes – IARC, 1997), mais de mauvais pronostic, en raison d’un diagnostic souvent tardif. Le cancer naso-sinusien le plus fréquent est l’adénocarcinome. Il est considéré comme quasi spécifique de l’exposition aux poussières de bois (SFMT, 2011). Le risque de développer un adénocarcinome naso-sinusien est d’autant plus important que la durée et l’intensité de l’exposition aux poussières de bois ont été importantes, et augmente avec le délai écoulé depuis le début de l’exposition (SFMT, 2011).

    Les poussières de bois peuvent aussi induire des pathologies cutanées (eczéma) et des voies respiratoires par dépôt de particules fines dans les bronches et alvéoles pulmonaires (rhinites, asthme).

  • Poussières de bois et cancers professionnels

    En France, les poussières de bois sont la deuxième cause de reconnaissance de cancer en tant que maladie professionnelle par le système de réparation de la sécurité sociale (INRS, 2011). Selon l’InVS, en France, 45% des cancers des fosses nasales et des sinus de la face seraient attribuables à une exposition professionnelle aux poussières de bois (Imbernon, 2003).

    Les cancers naso-sinusiens reconnus maladie professionnelle liée à l’inhalation des poussières de bois font l’objet des tableaux 47 du régime général (2004) et 36 du régime agricole (2007). Le tableau 47 du régime général désigne le carcinome des fosses nasales, de l’ethmoïde et des autres sinus de la face associés notamment aux travaux d’usinage des bois (sciage, perçage et ponçage…) et aux autres travaux effectués dans les locaux où sont usinés les bois. Le délai de prise en charge est de 40 ans, sous réserve d’une durée d’exposition de 5 ans. Dans le tableau 36 du régime agricole, il n’a pas de réserve de durée d’exposition (INRS). Chaque année, environ 80 cas de cancers naso-sinusiens dus aux poussières de bois sont reconnus comme maladies professionnelles (SFMT, 2011).

  • Secteurs et activités professionnelles émetteurs de poussières de bois

    Le bois est utilisé dans divers secteurs d’activités qui sont susceptibles d’émettre des poussières de bois : construction, fabrication de meubles, d’emballages, de jouets, de bateaux, etc. Les activités suivantes exposent particulièrement les travailleurs aux poussières de bois : sciage, usinage (tournage, perçage, ponçage), collage, placage, rebouchage, et opérations de finition (application de peintures, vernis, lasures, etc) (INRS, 2009).

    En Europe, 3,6 millions de travailleurs seraient exposés aux poussières de bois. En France, ce chiffre se situe entre 310 000 et 360 000 salariés, selon les sources (INRS, 2009-point de repère). Les secteurs qui comptent le plus grand nombre de personnes exposées sont ceux de la construction et de la fabrication de meubles (Vincent, 2007).

  • Réglementation relative à la prévention des risques liés aux poussières de bois

    La valeur limite d’exposition professionnelle (VLEP) sur 8 heures en atmosphère de travail pour les poussières de bois inhalables est de 1 mg/m3. L’employeur doit faire effectuer chaque année un contrôle de l’exposition par un organisme accrédité afin de vérifier le respect de cette valeur minimale de prévention (décret 2009-1570 relatif au contrôle du risque chimique sur les lieux de travail).

    La prévention des risques liés aux poussières de bois s’inscrit dans le cadre des dispositions du code du travail particulières aux agents chimiques cancérogènes mutagènes ou toxiques pour la reproduction (CMR). Elles concernent les agents CMR de catégorie 1 ou 2 (directive 2004/37/CE) et les procédés classés cancérogènes et impose des mesures renforcées pour les travailleurs exposés. La prévention des travailleurs exposés aux poussières de bois prévoit donc une surveillance médicale renforcée (visite médicale annuelle et visite préalable à l’embauche).
    Les recommandations pour la mise en place de mesures de prévention par l’employeur sont les suivantes (SFMT, 2011) :

    • Tout doit être mis en œuvre par l’employeur pour réduire au maximum les expositions aux poussières de bois, au-delà de la VLEP si cela est techniquement possible.
    • Les mesures de prévention collective doivent être prioritaires (par rapport aux mesures de prévention individuelles).
    • Les salariés doivent être informés sur les poussières de bois et leurs risques lors de la visite d’embauche avec le médecin du travail.
    • L’employeur doit mettre en place le repérage et la traçabilité des données individuelles d’exposition (fiche de prévention des expositions).
    • Des symptômes évoquant un processus tumoral naso-sinusien doivent systématiquement être recherchés chez les travailleurs exposés aux poussières de bois lors de l’examen médical périodique.
    • Au-delà de la 30e année après le début de l’exposition, un protocole de dépistage par nasofibroscopie est proposé tous les deux ans à tout travailleur exposé ou ayant été exposé aux poussières de bois pendant plus de 12 mois cumulés lors de tâches d’usinage ou d’une activité exposant à une concentration de poussières de bois supérieure à 1 mg/m3.

    Pour les personnes ayant été exposées dans le passé au poussières de bois, le suivi post-professionnel repose sur les même principes que le suivi des travailleurs exposés : il s’agit d’un dépistage ciblé de l’adénocarcinome par nasofibroscopie à pratiquer tous les deux ans. Les personnes concernées doivent effectuer une demande de prise en charge par leur caisse d’assurance maladie en produisant l’attestation d’exposition remplie par l’employeur et le médecin du travail.

    En 2008, les services de l’inspection du travail et les services de prévention des CRAM ont mené une campagne de contrôle et de sensibilisation sur le risque cancérogène lié à l’exposition aux poussières de bois dans plus de 3000 établissements du secteur bois. Les résultats montraient que les mesures de prévention n’étaient pas suffisamment appliquées dans les entreprises : absence d’évaluation du risque d’exposition aux poussières de bois dans le document unique, application minime de la réglementation relative aux contrôles d’empoussièrement et à la vérification des équipements d’aspiration, peu de machines fixes équipées d’un système de captage des poussières à la source raccordé à un dispositif d’aspiration, dépassement fréquent de la VLEP (au moins un dépassement dans 60% des établissements) (INRS, 2009).

    Néanmoins, la concentration des poussières de bois dans l’atmosphère des lieux de travail est soumise à une valeur limite d’exposition professionnelle (VLEP) mesurée par rapport à une période de référence de 8 heures. L’INRS vient de publie deux nouveaux documents, en février 2016, pour aider les entreprises (INRS, 2016) :

  • Evolutions récentes

    Le Plan National Santé Environnement 2009-2013 (PNSE 2) prévoit, dans la continuité du PNSE 1, de réduire les expositions professionnelles aux agents CMR et d’en renforcer le suivi, notamment pour les expositions professionnelles aux poussières de bois (actions 11 et 12). Le plan Santé Travail 2010-2014 prévoit lui aussi d’améliorer la prévention et le suivi des expositions professionnelles aux poussières de bois, notamment pour les saisonniers agricoles (action 21). Il préconise aussi de développer des plans pluriannuels de prévention des risques professionnels avec les branches professionnelles (action 30), notamment par le biais de la formation et de la négociation d’accord d’entreprises étendus aux TPE (PST, 2010).

Auteur : Département Prévention Cancer Environnement, Centre Léon Bérard

Sources rédactionnelles : CIRC, SFMT, HAS, INCa, INRS, Santé Publique France

Relecture : Bruno Courtois, INRS, département Expertise et Conseil Technique

Mise à jour le 25 août. 2022

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