Aspartame et risque pour la santé

Le saviez-vous ?

L’aspartame (ou E951) est utilisé en raison de son pouvoir sucrant, qui est environ 200 fois supérieur à celui du sucre classique, pour un nombre de calories équivalent.

L’aspartame est utilisé dans une grande variété de produits, notamment les boissons « light », desserts, plats préparés, confiseries, chewing-gums, glaces, produits laitiers, céréales pour le petit-déjeuner, dentifrices, ainsi que certains médicaments comme les pastilles pour la toux et les vitamines à croquer.

Depuis son autorisation en 1974, ses effets sur la santé ont fait l’objet de nombreuses études et de controverses.

Sa toxicité, régulièrement évaluée, a été réexaminée en profondeur en 2023, notamment par le CIRC, qui l’a classé comme potentiellement cancérogène pour l’homme.

La dose journalière admissible (DJA) de l’aspartame (quantité pouvant être consommée sans risque notable pour la santé) est fixée à 40 mg par kilogramme de poids corporel. Ainsi, un homme de 70 kg devrait boire quotidiennement 9 canettes de soda « light » contenant de l’aspartame pour dépasser cette limite.

Présentation

L’aspartame (codé E-951) est un additif utilisé pour remplacer le sucre dans de nombreux produits alimentaires, dentifrices et dans certains médicaments. Son pouvoir sucrant étant environ 200 fois plus important que celui du sucre ordinaire (le saccharose), il est présenté comme un composant faible en calorie.

Cet édulcorant intense blanchâtre et inodore est synthétisé par l’homme à partir de deux acides aminés naturels : l’acide L-aspartique et la L-phénylalanine. Ce dernier est ensuite modifié pour intégrer un groupe méthyle qui donne à l’aspartame son goût sucré.

Figure 1. Représentation de la molécule d’aspartame. Infographie réalisée par nos soins, Centre Léon Bérard.

Figure 1. Représentation de la molécule d’aspartame. Infographie réalisée par nos soins, Centre Léon Bérard.

Découvert en 1965 et rapidement adopté aux États-Unis, l’aspartame est aujourd’hui autorisé dans plus de 90 pays, dont la France depuis 1988. Depuis, son utilisation et sa toxicité font l’objet d’évaluations régulières. En effet, il est régulièrement le sujet de controverses quant à son risque pour la santé. La dose journalière admissible (DJA), définie comme la quantité pouvant être consommée sans risque notable pour la santé, est fixée à 40 mg par kilogramme de poids corporel.

  • Sources d’exposition à l’aspartame

    L’aspartame est un édulcorant intense couramment utilisé dans une grande variété de produits alimentaires et de boissons, en particulier ceux à faible teneur en calories qualifiés de « allégés », « light » ou « sans sucre ». On le trouve dans plus de 1400 produits alimentaires en France et plus de 6000 au niveau mondial. Parmi ces produits, on le retrouve dans les boissons, desserts et plats préparés, chewing-gums, sucrettes, confiseries, gélatines, glaces, produits laitiers, céréales du petit-déjeuner, ainsi que dans le dentifrice et certains médicaments, comme les pastilles pour la toux ou les vitamines à croquer.

    Figure 2. Exemples de sources d’exposition à l’aspartame. Infographie réalisée par nos soins, Centre Léon Bérard.

    Figure 2. Exemples de sources d’exposition à l’aspartame. Infographie réalisée par nos soins, Centre Léon Bérard.

    Exemples de quantité d’aspartame contenue dans certains produits :

    • 35-40 mg d’aspartame dans un sachet d’édulcorant
    • 18-20 mg d’aspartame dans un comprimé (format pastille)
    • 100 mg d’aspartame dans une cuillère à café d’édulcorant en poudre (équivalente à une dose de sucre)
    • 300 mg d’aspartame dans une canette de soda « light »

    Au cours de la digestion, l’aspartame est entièrement dégradé dans l’intestin en acide aspartique, en phénylalanine et en méthanol, si bien qu’il ne pénètre jamais dans la circulation sanguine. Ces trois composants, également présents dans de nombreux aliments courants, sont ensuite absorbés par l’organisme. Les deux acides aminés servent à produire de nouvelles protéines ou de l’énergie via les voies métaboliques des protéines, tandis que le méthanol est principalement utilisé pour générer de l’énergie.

    En raison de la présence de phénylalanine dans l’aspartame, cet édulcorant peut être dangereux pour les personnes devant suivre un régime pauvre en phénylalanine, notamment pour les patients atteints de phénylcétonurie, une maladie génétique qui affecte le métabolisme.

  • Évaluation de la toxicité de l’aspartame au cours du temps

    1965 : Découverte fortuite de l’aspartame par un chimiste du laboratoire américain Searle.

    1974 : Aux Etats-Unis, la Food and Drug Administration (FDA) autorise l’utilisation de l’aspartame dans les aliments solides.

    Certains chercheurs critiquent la méthodologie des études toxicologiques menées par le laboratoire Searle et suggèrent, entre autres, le rôle potentiel de l’aspartame dans le développement de tumeurs cérébrales chez le rat.

    1975-1980 : La FDA suspend l’autorisation de mise sur le marché de l’aspartame et rassemble un comité scientifique indépendant, le Public Board of Inquiry (PBOI), pour ré-évaluer la toxicité de l’édulcorant. Le PBOI conclut qu’il est nécessaire de mener des études supplémentaires et recommande d’interdire l’utilisation de l’aspartame.

    1981 : Un Comité mixte d’experts de l’organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et de l’Organisation Mondiale de la santé (OMS) sur les additifs alimentaires, appelé JECFA, estime que les données sont insuffisantes pour prouver la toxicité de l’aspartame. Une dose journalière admissible (DJA) de 40 mg/kg de poids corporel est tout de même fixée.

    1981 – 1996 : La FDA réautorise l’utilisation de l’aspartame en 1981, contournant ainsi la décision du PBOI. Aux Etats-Unis, l’aspartame est progressivement adopté dans plusieurs produits malgré les nombreuses objections.

    1994 : Après évaluation par l’European Food Safety Authority (EFSA), l’Union Européenne autorise l’aspartame (1988 en France). Il est alors codé E-951 dans la classification européenne des additifs alimentaires.

    Plusieurs études (Olney, 1996 ; Soffritti, 2005, 2006, 2007, 2010) suggèrent un lien possible entre l’aspartame et un risque accru de tumeurs cérébrales, de leucémies et de lymphomes. Une étude danoise (Halldorsson, 2010) met en évidence une association entre la consommation de boissons contenant des édulcorants et un risque d’accouchement prématuré chez les femmes enceintes. Toutefois, ces travaux sont critiqués pour leur manque de rigueur méthodologique, et leurs conclusions sont rejetées par la FDA et l’EFSA.

    2011 : L’Agence nationale française de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) évalue les risques et bénéfices nutritionnels de l’ensemble des édulcorants intenses. Aucun avantage significatif n’est démontré en matière de contrôle du poids, de réduction du risque de diabète de type 2, ou de régulation de la glycémie chez les personnes diabétiques.

    2013 : Sur une demande de la Commission européenne, l’EFSA entreprend une évaluation exhaustive de toutes les données disponibles sur l’aspartame. La conclusion reste inchangée : l’aspartame est défini comme sûr aux doses actuelles (DJA).

    De nouvelles études épidémiologiques de grande qualité font état d’une association entre la consommation de boissons édulcorées et l’incidence du cancer du foie ou la mortalité par cancer du foie (Stepien, 2016 ; Jones, 2022 ; McCullough, 2022). Une étude épidémiologique française met en évidence un lien entre la consommation d’édulcorants et un risque accru de cancer du sein, de cancer lié à l’obésité et de cancer en général (Debras, 2022). Des travaux expérimentaux menés sur des souris identifient également une activité cancérogène de l’aspartame (Gnudi, 2023).

    L’effet potentiel de l’aspartame sur le fonctionnement métabolique et notamment sur l’incidence du diabète de type 2 (Fagherazzi, 2016 ; Zhou, 2022) ou sur le microbiote intestinal (Nettleton, 2020) est aussi suggéré.

    2023 : Compte tenu de ces nouveaux résultats de recherche, l’effet de l’aspartame sur la santé est ré-évalué en priorité par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) et le JECFA.

    • Le CIRC classe l’aspartame comme potentiellement cancérogène pour l’humain (Groupe 2B des Monographies du CIRC), évoquant des « indications limitées » de cancérogénicité chez l’humain, tout en confirmant l’innocuité de l’aspartame aux doses recommandées.
    • Le JECFA évalue les expositions moyennes et maximales à l’aspartame dans la population générale, et conclut que l’exposition à l’aspartame ne pose pas de problème de santé en respectant la DJA existante (40 mg/kg de poids corporel).

    Quelques chiffres pour illustrer :

    • Pour un adulte de 70 kg, la limite maximale journalière est d’environ 2 800 mg d’aspartame (40 mg x 70 = 2800 mg). Le dépassement de cette DJA reviendrait donc à consommer tous les jours plus de 9 canettes de soda (contenant 300 mg d’aspartame chacune), en supposant le reste de l’alimentation exempt d’aspartame.
    • En 2014, la consommation moyenne d’aspartame en France a été estimée à 2 % de la DJA.
  • Ce qu’il faut retenir

    Bien que certaines études suggèrent une possible association entre la consommation d’aspartame et certains cancers, les preuves actuelles restent limitées et ne permettent pas d’établir un lien de causalité clair. Cet édulcorant représente toutefois un danger pour les personnes atteintes de phénylcétonurie.

    Des études complémentaires sont nécessaires pour mieux comprendre ses effets à long terme et les mécanismes sous-jacents. Les autorités sanitaires poursuivent leur surveillance afin d’évaluer les nouvelles données scientifiques et garantir la sécurité des consommateurs puisque les édulcorants sont omniprésents dans l’alimentation.

    Par ailleurs, l’Anses souligne qu’aucune donnée solide ne permet d’affirmer que la substitution du sucre par l’aspartame ou d’autres édulcorants intenses ait un réel bénéfice sur le contrôle du poids ou du diabète. C’est pourquoi l’OMS déconseille leur usage comme moyen de contrôle du poids ou de la glycémie et encourage la réduction de la consommation de sucres libres à moins de 10 %, voire 5 %, de l’apport énergétique total (soit moins de 50 g par jour pour un adulte).

  • Evolutions récentes

    Face aux incertitudes concernant l’aspartame, la Ligue contre le cancer, Foodwatch et Yuka, lancent, le 4 février 2025, une pétition visant à interdire son utilisation en Europe. Cette initiative s’appuie sur le principe de précaution européen et appelle à une action commune de la Commission européenne ainsi que des chefs de gouvernement de plusieurs pays : Allemagne, Belgique, Espagne, France, Italie, Irlande, Luxembourg, Pays-Bas, Royaume-Uni, Suisse et Autriche.

Auteur : Département Prévention Cancer Environnement, Centre Léon Bérard

Sources rédactionnelles : Anses ; CIRC ; JECFA

Relecture : Béatrice Fervers, Centre Léon Bérard

Mise à jour le 18 févr. 2025

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