Handbooks Prévention des cancers - Réduction ou arrêt de la consommation d’alcool et risque de cancer - Perspective du Groupe de travail du CIRC

Présentation

Auteurs : Susan M. Gapstur, Ph.D., Véronique Bouvard, Ph.D., Suzanne T. Nethan, M.D.S., Jo L. Freudenheim, Ph.D., Christian C. Abnet, Ph.D., Dallas R. English, Ph.D., Jürgen Rehm, Ph.D., Silvia Balbo, Ph.D., Penny Buykx, Ph.D., David Crabb, M.D., David I. Conway, F.D.S., Ph.D., Farhad Islami, M.D., Ph.D., Dirk W. Lachenmeier, Ph.D., Katherine A. McGlynn, Ph.D., Mikko Salaspuro, M.D., Ph.D., Norie Sawada, M.D., Ph.D., Mary B. Terry, Ph.D., Tatiana Toporcov, Ph.D., et Béatrice Lauby Secretan, Ph.D.

Au niveau mondial, l’éthanol – la principale forme d’alcool contenue dans les boissons alcoolisées – est la substance psychoactive la plus largement consommée1. En 2019, 44 % de la population mondiale âgée de 15 ans ou plus avait consommé de l’alcool au cours de l’année précédente. La prévalence de la consommation d’alcool varie considérablement selon la région géographique ; d’après l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), celle-ci s’échelonne de 4 % dans la Région de la Méditerranée orientale à plus de 60 % dans les pays d’Europe, d’Amérique et dans la Région du Pacifique occidental. Elle est également plus élevée chez les hommes que chez les femmes2.
Le Centre international de Recherche sur le Cancer (CIRC) a classé les boissons alcoolisées comme cancérogènes pour l’homme (Groupe 1) sur la base d’indications suffisantes de causalité pour les cancers de la cavité buccale, du pharynx, du larynx, de l’œsophage (épidermoïde), du foie (hépatocellulaire), du côlon-rectum et du sein35 (ci-après désignés comme « cancers liés à l’alcool »). L’éthanol contenu dans les boissons alcoolisées et l’acétaldéhyde associé à la consommation de boissons alcoolisées sont également classés comme cancérogènes pour l’Homme (Groupe 1)4,5. Au niveau mondial, on estime qu’en 2020, 741 300 nouveaux cas de cancer (4,1 % de tous les nouveaux cas de cancer) étaient attribuables à la consommation d’alcool (6,1 % chez les hommes et 2,0 % chez les femmes) (Tableau 1)6. Récemment, l’OMS a déclaré que « la consommation d’alcool n’est jamais sans danger pour la santé, quelle que soit la quantité consommée »7.
En 2010, la 63e Assemblée mondiale de la Santé a approuvé la « Stratégie mondiale visant à réduire l’usage nocif de l’alcool » (résolution WHA63.13)8. Renforcer les connaissances sur les avantages potentiels de la réduction ou de l’arrêt de la consommation d’alcool pour diminuer les risques de cancers liés à l’alcool est en parfaite adéquation avec les objectifs énoncés dans la Stratégie mondiale. De février à mai 2023, le programme des Handbooks du CIRC pour la prévention du cancer a réuni un Groupe de travail composé de 15 chercheurs (tous co-auteurs de cet article) de huit pays pour examiner les études publiées et évaluer qualitativement les données : données épidémiologiques sur les effets potentiels de la réduction ou de l’arrêt de la consommation d’alcool sur la réduction du risque de cancers liés à l’alcool, et données mécanistiques sur les effets potentiels de la réduction ou de l’arrêt de la consommation d’alcool pour réduire la cancérogenèse liée à l’alcool (aucune étude chez l’animal de laboratoire portant sur le cancer n’était disponible).
Nous présentons ici un résumé et l’évaluation de ces données. Les détails sur les objectifs et la portée du programme, ainsi que les principes directeurs et les procédures de recension et d’évaluation, sont décrits dans le « Préambule des Handbooks du CIRC pour la prévention primaire »9.

[Les documents issus de la réunion seront publiés comme Volume 20A de la série des Handbooks du CIRC.]

  • Etudes épidémiologiques

    Sélection des études et analyse des données

    Étaient éligibles pour inclusion les essais contrôlés randomisés, les études cas-témoins individuelles et les études de cohortes, les méta-analyses et les analyses groupées portant sur l’incidence des cancers liés à l’alcool ou sur les résultats en matière de mortalité.
    Aucun essai contrôlé randomisé portant sur la réduction ou l’arrêt de la consommation d’alcool n’a été identifié. Le Groupe de travail a examiné toutes les études pertinentes contenant des données permettant d’évaluer une réduction du risque de cancers liés à l’alcool suite à une réduction ou à l’arrêt de la consommation d’alcool par rapport à une consommation continue (c’est-à-dire actuelle) (Tableau 2).
    N’étaient pas éligibles pour inclusion les études individuelles incluses dans des méta-analyses ou des analyses groupées, les analyses groupées ou méta-analyses avec des études qui se chevauchent, les études avec moins de cinq cas de cancer chez des personnes ayant consommé des boissons alcoolisées, les études sur les lésions précurseurs ou les études sans information sur la consommation continue.

    Tableau 1. Fractions de risque attribuable dans la population mondiale et nouveaux cas de cancers attribuables à la consommation d'alcool en 2020, selon le sexe et la localisation de cancer *

    Tableau 1. Fractions de risque attribuable dans la population mondiale et nouveaux cas de cancers attribuables à la consommation d’alcool en 2020, selon le sexe et la localisation de cancer *

    La plupart des études ont comparé les risques de cancers liés à l’alcool en cas d’arrêt de la consommation par rapport à l’abstinence à vie. Cependant, pour évaluer si l’arrêt de la consommation d’alcool peut réduire le risque de cancer lié à l’alcool, il faut comparer les risques liés à l’arrêt de la consommation avec ceux liés à une consommation continue. Par conséquent, lorsque cela était nécessaire, les risques relatifs, les rapports de cotes (odds ratio) et les intervalles de confiance ont été recalculés afin de comparer les risques liés à l’arrêt de la consommation d’alcool avec ceux liés à la consommation continue (ci-après dénommés « recalculés »)10.

    Le tabagisme est aussi une cause établie pour la plupart des cancers liés à la consommation d’alcool (c’est-à-dire ceux de la cavité buccale, du pharynx, du larynx, de l’œsophage, du foie et du côlon-rectum), et des associations modestes ont été observées pour le cancer du sein chez la femme5. L’arrêt du tabac réduit le risque de cancers des voies aérodigestives supérieures liés au tabagisme (cavité buccale, pharynx, larynx et œsophage)11. Par conséquent, les risques de confusion liée au statut tabagique et à la durée du sevrage tabagique ont été soigneusement pris en compte et ont suscité une attention particulière pour l’analyse groupée des données de 13 études cas-témoins réalisée par l’International Head and Neck Cancer Epidemiology Consortium (Consortium international pour l’épidémiologie du cancer de la tête et du cou)12. Pour répondre à cette préoccupation, le Groupe de travail a procédé à deux séries de calculs. Tout d’abord, les rapports de cotes pour le statut alcoolique et tabagique et la durée du sevrage alcoolique et tabagique ont été recalculés10 par rapport à la catégorie de référence unique de la consommation actuelle d’alcool et du tabagisme actuel rapportée dans la publication12, de sorte que la consommation d’alcool « actuelle » (c’est-à-dire continue) soit la catégorie de référence dans chaque strate de tabagisme. Ensuite, une méta-analyse à effets aléatoires a été utilisée pour calculer les rapports de cotes en fonction de la durée de l’arrêt de la consommation d’alcool, ajustés en fonction du statut tabagique et de la durée de l’arrêt du tabagisme.

    Une relation de causalité inverse peut intervenir si les symptômes d’un cancer non diagnostiqué conduisent à l’arrêt de la consommation d’alcool, ce qui pourrait sembler indiquer un risque de cancer associé à l’arrêt de consommation plus élevé que celui associé à une consommation continue. Une stratégie pour atténuer l’effet d’une relation de causalité inverse consiste à privilégier les associations liées à la durée de l’abstinence. Par conséquent, les études dans lesquelles ces associations étaient disponibles ont été prises en compte prioritairement dans l’évaluation, et un poids plus important a été accordé aux associations liées à une abstinence prolongée.

    Tableau 2. Type et nombre d'études épidémiologiques examinées et force des indications que la réduction ou l'arrêt de la consommation d'alcool réduit le risque de cancer lié à l’alcool, selon la localisation de cancer.*

    Tableau 2. Type et nombre d’études épidémiologiques examinées et force des indications que la réduction ou l’arrêt de la consommation d’alcool réduit le risque de cancer lié à l’alcool, selon la localisation de cancer.*

     

    Indications et évaluation pour des localisations cancéreuses spécifiques

    En 2021, le Groupe de travail pour le volume 19 des Handbooks du CIRC avait conclu qu’il y avait des indications suffisantes que « l’arrêt de la consommation d’alcool diminue le risque de cancer de la cavité buccale »13. Pour la revue de littérature décrite ici, l’analyse groupée internationale12, qui comprenait 12 études sur le cancer de la cavité buccale, était la seule étude avec des données sur la durée de l’abstinence. Dans une analyse ajustée pour les paquets-années de tabagisme et le nombre de verres d’alcool par jour, la durée d’abstinence était inversement associée au risque ; les rapports de cotes étaient de 0,81 (intervalle de confiance [IC] à 95 %, de 0,61 à 1,07) pour un arrêt allant jusqu’à 4 ans, 0,77 (IC à 95 %, 0,52 à 1,15) pour un arrêt de 5 à 9 ans, 0,66 (IC à 95 %, 0,47 à 0,92) pour un arrêt de 10 à 19 ans et 0,45 (IC à 95 %, 0,26 à 0,78) pour un arrêt d’au moins 20 ans (long terme). Les rapports de cotes pour l’arrêt de la consommation d’alcool à long terme étaient nettement plus faibles dans les strates de un à deux verres par jour (rapport de cotes, 0,59 ; IC à 95 %, 0,22 à 1,57) et de trois verres ou plus par jour (rapport de cotes, 0,43 ; IC à 95 %, 0,28 à 0,67) que dans la strate de moins d’un verre par jour (rapport de cotes, 0,98 ; IC à 95 %, 0,54 à 1,77). Conformément au fait que le tabagisme modifie le risque associé à la consommation d’alcool, le rapport de cotes pour l’abstinence [d’alcool] à long terme par rapport à une consommation continue était le plus faible dans la strate des fumeurs actuels (rapport de cotes, 0,40 ; IC à 95 %, 0,18 à 0,88). Après ajustement en fonction des antécédents détaillés du tabagisme, les rapports de cotes recalculés étaient de 0,75 (IC à 95 %, 0,57 à 0,98) pour un arrêt de la consommation d’alcool pendant 5 à 19 ans et de 0,75 (IC à 95 %, 0,43 à 1,33) pour un arrêt à long terme. Dans la plupart des autres études examinées, l’arrêt de la consommation d’alcool était également associé à un risque de cancer de la cavité buccale plus faible qu’avec la poursuite de la consommation. Aucune étude sur la réduction de la consommation d’alcool n’a été identifiée. Étant donnée la cohérente des indications montrant une réduction du risque de cancer de la cavité buccale associée à l’arrêt de la consommation d’alcool à long terme dans l’analyse groupée influente, et en accord avec l’évaluation précédente, le Groupe de travail a conclu qu’il y a des indications suffisantes que la réduction ou l’arrêt de la consommation d’alcool réduit le risque de cancer de la cavité buccale.

    L’évaluation du risque de cancer de l’œsophage s’est également appuyée principalement sur les données épidémiologiques relatives à la durée de l’arrêt de la consommation d’alcool. Dans la méta-analyse de quatre études cas-témoins, ajustée pour le tabagisme14, dont deux d’entre elles ont également été ajustées pour l’alcool consommé, un risque plus élevé pour la période jusqu’à 5 ans d’abstinence, par rapport à une consommation continue, a été constaté. Toutefois, des risques plus faibles ont été observés après 5 à 10 ans d’arrêt (rapport de cotes, 0,85 ; IC à 95 %, 0,79 à 0,92), après 10 à 15 ans d’arrêt (rapport de cotes, 0,85 ; IC à 95 %, 0,79 à 0,92), et après au moins 15 ans d’arrêt (rapport de cotes, 0,35 ; IC à 95 %, 0,31 à 0,39).

    Une tendance similaire a été observée dans une étude cas-témoins multicentrique15, qui a également été ajustée pour la consommation cumulative d’alcool et de tabac, avec des rapports de cotes diminuant à 0,46 (IC à 95 %, 0,19 à 1,16) pour une durée d’arrêt d’au moins 20 ans. Dans la plupart des autres études qui incluaient des catégories d’au moins 10 ans d’arrêt de la consommation d’alcool, le risque était plus faible dans la catégorie d’arrêt le plus long. En outre, les associations liées à l’arrêt de l’alcool étaient inférieures à 1 dans la plupart des études. Dans une vaste étude de cohorte s’appuyant sur la base de données du Service national d’assurance maladie de Corée du Sud16, la réduction de la consommation d’alcool n’a pas été associée à une réduction du risque par rapport à une consommation stable. Dans cette étude, la durée médiane du suivi n’était que de 6,4 ans, ce qui n’est peut-être pas suffisant pour observer une réduction des risques de cancer. Dans l’ensemble, les nombreuses études qui montrent une association inverse entre la durée de l’arrêt de consommation d’alcool et le risque de cancer de l’œsophage, même après ajustement pour la consommation de tabac et d’alcool, ont permis d’exclure le hasard et les facteurs de confusion [comme étant responsables de l’association] avec un degré de confiance raisonnable. Par conséquent, le Groupe de travail a conclu qu’il y a des indications suffisantes que la réduction ou l’arrêt de la consommation d’alcool réduit le risque de cancer de l’œsophage.

    Pour le cancer du larynx, dans l’analyse groupée internationale12, l’arrêt de la consommation d’alcool à long terme (≥20 ans) a été associé à un risque relatif inférieur de 31 % par rapport à une consommation continue (rapport de cotes, 0,69 ; IC à 95 %, 0,52 à 0,91), mais aucune tendance d’association n’est apparue pour les durées d’arrêt plus courtes. Comme pour le cancer de la cavité buccale, le rapport de cotes pour l’arrêt de la consommation d’alcool à long terme était le plus faible dans la strate de consommation la plus élevée (≥3 verres par jour) (rapport de cotes, 0,28 ; IC à 95 %, 0,09 à 0,86), et aucune association n’a été observée dans la strate d’un verre par jour (rapport de cotes, 0,99 ; IC à 95 %, 0,56 à 1,74). Après ajustement en fonction des antécédents détaillés du tabagisme, le rapport de cotes recalculé pour l’arrêt de l’alcool à long terme était de 0,80 (IC à 95 %, 0,56 à 1,13). Dans toutes les études sur l’arrêt de la consommation d’alcool, les données suggèrent un risque plus faible (les associations varient de 0,31 à 0,95), mais dans presque toutes les études, les intervalles de confiance comprennent 1. Dans l’étude de cohorte décrite précédemment, une réduction de la consommation d’alcool sur une période de 2 ans n’a pas été associée à une réduction du risque dans la plupart des catégories de consommation16. Étant donné que l’association liée à l’abstinence sur le long terme était plus faible que pour le cancer de la cavité buccale dans l’analyse groupée12, et parce que le hasard et la confusion par le sevrage tabagique n’ont pas pu être exclus avec un degré de confiance raisonnable, le Groupe de travail a conclu qu’il y a des indications limitées que la réduction ou l’arrêt de la consommation d’alcool réduit le risque de cancer du larynx.

    L’effet de la réduction de la consommation d’alcool par rapport au risque de cancer colorectal a été évalué dans quatre études de cohorte. Dans une vaste étude de cohorte menée dans 10 pays européens, la réduction de la consommation d’alcool était inversement associée au risque (rapport de risque pour 12 g d’éthanol par jour, 0,86 ; IC à 95 %, 0,78 à 0,95)17. Dans l’étude norvégienne NOWAC [NOrwegian Women And Cancer Study] sur les femmes et le cancer, les résultats suggèrent également un risque plus faible de cancer colorectal associé à la réduction de la consommation d’alcool18. Dans les deux autres études, la réduction de la consommation d’alcool n’était pas associée à un risque plus faible16,19. Seules deux études ont évalué la durée de l’arrêt de la consommation d’alcool et le risque de cancer colorectal. Dans une étude cas-témoins réalisée en milieu hospitalier20, la durée de l’abstinence était inversement associée au risque (rapport de cotes, 1,37 [IC à 95 %, 0,91 à 2,06] pour <5,5 ans ; 0,66 [IC à 95 %, 0,42 à 1,06] pour 5,5 à 15 ans ; et 0,52 [IC à 95 %, 0,31 à 0,86] pour >15 ans) ; les résultats étaient similaires pour le cancer du côlon et le cancer du rectum. Dans une étude de cohorte sur la mortalité par cancer21, dans laquelle seuls 13 décès par cancer du côlon et 10 décès par cancer du rectum ont été constatés chez les hommes ayant déclaré avoir arrêté de boire de l’alcool, aucune tendance claire de réduction du risque n’a été observée. Les résultats des études sur l’arrêt de la consommation d’alcool sont contradictoires. Dans l’ensemble, même si une vaste étude prospective a fait état d’une réduction du risque de cancer colorectal associée à une réduction de la consommation d’alcool17, et une étude cas-témoins a observé une association inverse pour la durée de l’abstinence20, étant donné les incohérences entre les études et le faible nombre d’études sur la durée de l’abstinence, le Groupe de travail a conclu qu’il y a des indications insuffisantes que la réduction ou l’arrêt de la consommation d’alcool réduit le risque de cancer colorectal.

    Figure 1. Représentation schématique des concentrations salivaires d'acétaldéhyde après une dose d'alcool.

    Figure 1. Représentation schématique des concentrations salivaires d’acétaldéhyde
    après une dose d’alcool.

    Cette figure est adaptée de Salaspuro29. En l’absence de consommation d’alcool ou de tabagisme, les concentrations salivaires d’acétaldéhyde sont inférieures à 1 μmol par litre. Durant la phase instantanée après avoir bu une gorgée d’alcool à 40 % (5 ml gardés en bouche pendant 5 secondes), l’éthanol se distribue rapidement dans la phase aqueuse de la cavité buccale et y reste à des concentrations élevées pendant 20 minutes. Simultanément, il y a production microbienne élevée d’acétaldéhyde à partir de l’éthanol pendant 15 à 20 minutes, avec un pic à environ 260 μmol par litre. Le génotype ALDH2 n’a aucun effet sur cette phase30.

    Dans la phase à long terme, l’alcool est distribué uniformément dans la phase aqueuse de l’organisme, y compris la salive, dans les 30 minutes qui suivent son ingestion. Chez les personnes dont l’enzyme ALDH2 est active, cela se traduit par des concentrations d’acétaldéhyde en moyenne d’environ 25 μmol par litre, alors que chez les personnes porteuses de la variante ALDH2 à faible activité, les concentrations d’acétaldéhyde sont deux fois plus élevées (moyenne d’environ 53 μmol par litre). La phase à long terme dure aussi longtemps que l’éthanol est présent dans l’organisme et dépend de la quantité totale d’alcool ingérée.

     

    Le Groupe de travail a utilisé des techniques méta-analytiques pour évaluer l’association entre l’arrêt de la consommation d’alcool [par rapport à une consommation continue] et le risque de cancer du sein ; les risques relatifs groupés étaient de 0,89 (IC à 95 %, 0,75 à 1,05) pour 10 études cas-témoins, de 0,96 (IC à 95 %, 0,89 à 1,04) pour six études de cohorte sur l’incidence du cancer (une étude de cohorte sur la mortalité par cancer n’a pas été incluse), et de 0,95 (IC à 95 %, 0,88 à 1,01) pour toutes les études combinées. Le bénéfice de l’arrêt de la consommation d’alcool pourrait être limité au cancer du sein positif pour les récepteurs hormonaux, qui est plus fortement associé à la consommation d’alcool que le cancer du sein négatif pour les récepteurs hormonaux22.

    Dans une cohorte de femmes ménopausées, les rapports de risque recalculés pour l’arrêt de la consommation d’alcool étaient de 0,90 (IC à 95 %, 0,77 à 1,04) pour le cancer du sein exprimant les récepteurs à œstrogènes ou à progestérone et de 1,18 (IC à 95 %, 0,88 à 1,58) pour le cancer du sein n’exprimant pas les récepteurs à œstrogènes ou à progestérone23. En outre, dans une étude cas-témoins basée sur la population, les rapports de cotes recalculés étaient de 0,85 (IC à 95 %, 0,58 à 1,23) pour le cancer du sein exprimant les récepteurs à œstrogènes et de 1,00 (IC à 95 %, 0,44 à 2,28) pour le cancer du sein n’exprimant pas ces récepteurs24.

    En ce qui concerne la réduction de la consommation d’alcool, dans l’étude NOWAC, dont la durée de suivi était la plus longue (médiane, 14,2 ans), la réduction de la consommation d’alcool a été associée à un risque de cancer du sein plus faible18. Cependant, aucune tendance cohérente d’association pour la réduction de la consommation d’alcool n’a été observée dans trois autres études de cohortes16,25,26, dans lesquelles la durée de suivi était comprise entre 6,4 et 10,8 ans. Dans l’ensemble, une association inverse entre l’arrêt de la consommation d’alcool et le risque de cancer du sein est plausible, mais cette association pourrait être limitée aux tumeurs positives pour les récepteurs hormonaux. Compte tenu des associations inverses observées entre l’arrêt de la consommation d’alcool et le risque de cancer du sein, qui sont cohérentes mais néanmoins modestes et imprécises, et des quelques études rapportant des analyses stratifiées en fonction du statut des récepteurs hormonaux, le Groupe de travail a conclu qu’il y a des indications limitées que la réduction ou l’arrêt de la consommation d’alcool réduit le risque de cancer du sein.

    Pour le cancer du pharynx, il n’y eu aucune étude sur la réduction de la consommation d’alcool et deux études sur la durée de l’arrêt. Dans l’analyse groupée internationale12, le rapport de cotes pour l’arrêt à long terme (par rapport à une consommation continue) et le risque de cancer oropharyngé ou hypopharyngé était de 0,74 (IC à 95 %, 0,50 à 1,09) ; après ajustement en fonction des antécédents détaillés de tabagisme, le rapport de cotes recalculé était de 0,95 (IC à 95 %, 0,56 à 1,61). Dans la seule autre étude portant sur la durée de l’abstinence, les rapports de cotes recalculés pour les deux catégories de durée de l’abstinence étaient supérieurs à 127. Les associations pour l’arrêt de la consommation d’alcool n’étaient pas cohérentes. Dans l’ensemble, le Groupe de travail a conclu qu’il y a des indications insuffisantes que la réduction ou l’arrêt de la consommation d’alcool réduit le risque de cancer du pharynx.

    Pour le cancer du foie, une association inverse entre l’arrêt de la consommation d’alcool et le risque a été observée dans une étude de cohorte impliquant uniquement des personnes souffrant d’une maladie hépatique liée à l’alcool28. En revanche, les risques relatifs liés à l’arrêt ou à la durée de l’arrêt de la consommation d’alcool (ou les deux) étaient proches de 1 ou supérieurs dans toutes les études impliquant des personnes ne souffrant pas d’une maladie hépatique liée à l’alcool. Comme il n’a pas été possible d’exclure les biais dus à la rétrocausalité et aux risques concurrents, le Groupe de travail a conclu qu’il y a des indications insuffisantes que la réduction ou l’arrêt de la consommation d’alcool réduit le risque de cancer du foie.

  • Etudes mécanistiques

    Lors de l’ingestion [d’alcool], l’éthanol est oxydé en acétaldéhyde par l’alcool déshydrogénase (ADH), puis en acétate par l’aldéhyde déshydrogénase (ALDH)5. L’exposition à des niveaux élevés d’acétaldéhyde, un métabolite génotoxique puissant, est un déterminant majeur de la cancérogénèse liée à l’alcool, en particulier dans les voies aérodigestives supérieures5. L’oxydation locale de l’éthanol en acétaldéhyde est principalement catalysée par les enzymes ADH microbiennes. En revanche, la capacité du microbiote et de la muqueuse de la cavité buccale et de l’intestin, à éliminer l’acétaldéhyde est limitée en raison de la faible activité de l’ALDH, ce qui entraîne une accumulation d’acétaldéhyde à des concentrations génotoxiques dans la salive (Figure 1), le suc gastrique et le contenu colique31. Cette exposition à l’acétaldéhyde est fortement augmentée par deux autres facteurs majeurs de risque pour les cancers liés à l’alcool : le polymorphisme génétique des enzymes ADH et ALDH2 et le tabagisme. Chez les personnes ayant une ALDH2 à faible activité (hétérozygotes ALDH2*2), le métabolisme de l’éthanol conduit à une concentration d’acétaldéhyde salivaire deux fois plus élevée aussi longtemps que l’éthanol reste dans l’organisme (Figure 1)32. Le tabagisme continu associé à une forte consommation d’alcool induit des changements dans la flore microbienne buccale, en particulier dans les souches microbiennes fortement productrices d’acétaldéhyde33, ce qui peut contribuer à l’effet synergique observé de la consommation d’alcool et du tabagisme sur le risque de cancer de la cavité buccale5. En outre, après ingestion d’éthanol, les concentrations d’acétaldéhyde salivaire avec tabagisme concomitant étaient sept fois plus élevés chez les fumeurs que chez les participants non-fumeurs (Figure 2)34.
    La génotoxicité est le mécanisme le mieux décrit par lequel la consommation d’alcool provoque le cancer. L’acétaldéhyde – même à de faibles concentrations – réagit avec l’ADN, ce qui entraîne des lésions de l’ADN, notamment des aberrations chromosomiques et des adduits à l’ADN, qui peuvent à leur tour entraîner des mutations35. Les dommages à l’ADN peuvent également résulter d’autres voies génotoxiques produisant diverses espèces réactives de l’oxygène (ERO), par le biais de l’induction de l’enzyme CYP2E1 qui est induite par l’éthanol. Ces ERO peuvent entraîner la péroxydation lipidique, un stress oxydatif et des perturbations dans la réparation de l’ADN4,5.

    Figure 2. Effet synergique de la consommation d'alcool et du tabagisme sur la concentration salivaire d'acétaldéhyde.

    Figure 2. Effet synergique de la consommation d’alcool et du tabagisme
    sur la concentration salivaire d’acétaldéhyde.

    Cette figure est adaptée de Salaspuro et Salaspuro34. L’acétaldéhyde est présent dans la fumée de tabac ; sans consommation concomitante d’éthanol, la concentration salivaire d’acétaldéhyde augmente immédiatement en fumant du tabac, pour atteindre environ 260 μmol par litre, puis diminue rapidement dans les 10 minutes qui suivent. Le panneau A montre qu’après ingestion d’éthanol (0,8 g d’éthanol par kilogramme de poids corporel) sans tabagisme concomitant, les concentrations salivaires moyennes d’acétaldéhyde chez les personnes qui fument (fumeurs) étaient deux fois plus élevées que celles observées chez les personnes qui ne fument pas (non-fumeurs).

    Le panneau B montre l’effet de la consommation d’alcool avec tabagisme concomitant. Après un test à l’éthanol, chez les fumeurs, les concentrations d’acétaldéhyde salivaire (aire sous la courbe) lors d’un tabagisme concomitant (c’est-à-dire une cigarette toutes les 20 minutes) étaient sept fois plus élevées que chez les non-fumeurs. Chaque pic correspond à une cigarette fumée. Les différences de concentrations d’acétaldéhyde étaient significatives (P<0,05) à tous les points dans le panneau B. Dans les deux panneaux, le pic qui correspondrait à la phase instantanée de la consommation d’alcool seule n’apparaît pas car dans ces expériences, l’acétaldéhyde a été mesuré pour la première fois 40 minutes après ingestion d’éthanol.

     

    Tableau 3. Force des indications que la réduction ou l'arrêt de la consommation d'alcool inverse les mécanismes cancérogènes liés à l'alcool.

    Tableau 3. Force des indications que la réduction ou l’arrêt de la consommation d’alcool inverse les mécanismes cancérogènes liés à l’alcool.

     

    D’autres mécanismes de cancérogénèse liés à l’alcool ont été proposés, dont certains pourraient s’appliquer au sein ou au foie, où les concentrations locales d’acétaldéhyde sont probablement peu élevées36. La consommation d’alcool modifie la composition du microbiote intestinal et entraîne un dysfonctionnement de la barrière épithéliale et une augmentation de la perméabilité intestinale, ce qui se traduit par une translocation accrue des microbes et des produits microbiens à travers la muqueuse. La translocation microbienne et l’endotoxémie déclenchent une inflammation systémique susceptible d’accroître le risque de cancer via un stress oxydatif, des modifications des taux de cytokines et l’altération des réponses immunitaires. La consommation d’alcool diminue également l’absorption des folates et inhibe les enzymes essentielles au métabolisme des unités à un carbone et à la méthylation de l’ADN. Chez les femmes ménopausées, la consommation d’alcool augmente les concentrations circulantes d’estradiol, de testostérone et d’autres hormones sexuelles tout en réduisant les concentrations de globuline liant les hormones sexuelles37.

    Le Groupe de travail a examiné et évalué toutes les études disponibles rapportant les effets de l’arrêt de la consommation d’alcool sur les mécanismes potentiellement impliqués dans la cancérogénèse liée à l’alcool (aucune donnée n’était disponible sur la réduction de la consommation d’alcool). La plupart des études portaient sur des personnes souffrant de troubles liés à la consommation d’alcool et participant à des programmes de réadaptation. Ces études ont examiné différents biomarqueurs de génotoxicité, de stress oxydatif, de facteurs épigénétiques, de changements liés au système endocrinien, de changements dans le microenvironnement, de réponses inflammatoires et immunitaires, et de changements dans le microbiote oral et intestinal, mesurés après différentes périodes d’abstinence. Aucune donnée n’était disponible sur les effets de l’arrêt de l’alcool sur les hormones sexuelles chez les femmes.

    Dans l’ensemble, sur la base d’indications solides pour trois mécanismes (Tableau 3), le Groupe de travail a conclu qu’il y a des indications suffisantes provenant d’études mécanistiques que l’arrêt de la consommation d’alcool réduit la cancérogénèse liée à l’alcool. Les études sur le métabolisme de l’éthanol montrent clairement que l’arrêt de la consommation d’alcool entraîne une diminution rapide des concentrations salivaires d’acétaldéhyde (Figure 1), ce qui se traduit par l’élimination immédiate de l’exposition des voies aérodigestives supérieures et du côlon à l’acétaldéhyde lié à l’ingestion d’alcool ; ce phénomène est particulièrement important pour les personnes ayant une faible activité enzymatique ALDH2.

    Il existe des indications solides que, dans le contexte d’une forte consommation continue d’alcool, l’abstinence entraîne une diminution des aberrations chromosomiques de l’ADN et des micronoyaux dans les cellules mononucléaires du sang périphérique en l’espace de quelques mois à plusieurs années38, ainsi qu’une réduction de la formation d’adduits acétaldéhyde-ADN ou une élimination rapide de ceux-ci dans les cellules de la cavité buccale35. Enfin, il existe des indications solides que, chez les personnes souffrant de troubles liés à la consommation d’alcool, l’abstinence inverse l’augmentation de la perméabilité intestinale et de la translocation microbienne39,40.

  • Conclusion

    Nous présentons ici une revue exhaustive et une évaluation des indications disponibles sur la réduction ou l’arrêt de la consommation d’alcool et le risque de cancer. Sur la base des données épidémiologiques (en particulier, les grandes études sur l’arrêt de l’alcool de long durée), le Groupe de travail a conclu que la réduction ou l’arrêt de la consommation d’alcool diminue le risque de cancer de la cavité buccale et de l’œsophage. Cette recension a aussi révélé des lacunes scientifiques concernant certains ou tous les cancers liés à l’alcool, notamment sur la durée d’arrêt nécessaire pour observer une réduction du risque, la réduction de la consommation, les modes de consommation au cours de la vie, le risque de sous-types moléculaires ou anatomiques de cancer et les mécanismes biologiques qui interviennent dans les variations des associations de la durée d’abstinence. Combler ces lacunes permettrait de renforcer les données épidémiologiques et mécanistiques relatives aux avantages potentiels liés à la réduction ou l’arrêt de la consommation d’alcool dans la causalité du cancer ; et ainsi, indirectement, de soutenir d’avantage les mesures de contrôle de l’alcool visant à réduire la consommation.

    Les opinions exprimées dans cet article sont celles des auteurs et ne représentent pas nécessairement les décisions, la politique ou les points de vue de leurs institutions affiliées, y compris du Centre international de Recherche sur le Cancer (CIRC) ou de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS).

    Soutenu par l’Institut national du cancer français (INCa/IReSP 16650) et les Centres américains de contrôle et de prévention des maladies (numéro NOFO, CDC-RFA-DP22-2208). Avant et pendant leur participation, tous les membres du Groupe de travail ont été invités à fournir des déclarations d’intérêts. Après examen par le CIRC, aucun des intérêts déclarés par les membres du Groupe de travail n’a été considéré comme représentant un conflit d’intérêts potentiel ou important par rapport à leur activité dans le cadre de ce travail.

    Les formulaires de déclaration d’intérêts fournis par les auteurs sont disponibles sur le site NEJM.org.

    Nous remercions Nahid Ahmadi, Irena Duś-Ilnicka, Elmira Ebrahimi, Pietro Ferrari, Daniela Mariosa, Sabine Naudin, Harriet Rumgay, Richa Shah et Sabrina Wang, qui ont apporté une aide scientifique en révisant le texte et les tableaux, en vérifiant l’exactitude du contenu, le code et les résultats statistiques, et en participant aux réunions des sous-groupes et aux réunions plénières du Handbook 20A, ainsi que Maria Neufeld et Vladimir Poznyak pour leurs contributions lors des réunions plénières et des sous-groupes.

    From the International Agency for Research on Cancer, Lyon, France (S.M.G., V.B., S.T.N., B.L.-S.); the School of Public Health and Health Professions, University at Buffalo, Buffalo
    ( J.L.F.), and the Mailman School of Public Health and the Herbert Irving Comprehensive Cancer Center, Columbia University Irving Medical Center, Columbia University, New York (M.B.T.) — both in New York; the Division of Cancer Epidemiology and Genetics, National Cancer Institute, National Institutes of Health, Bethesda, MD (C.C.A., K.A.M.); Cancer Council Victoria and Melbourne School of Population and Global Health, University of Melbourne, Melbourne (D.R.E.), and the University of Newcastle, Callaghan, NSW (P.B.) — both in Australia; the Centre for Addiction and Mental Health, Toronto ( J.R.); the School of Public Health, University of Minnesota, Minneapolis (S.B.); Eskenazi Health and Indiana University School of Medicine, Indianapolis (D.C.); the School of Medicine, Dentistry, and Nursing, University of Glasgow, Glasgow, United Kingdom (D.I.C.); American Cancer Society, Atlanta (F.I.); Chemical and Veterinary Investigation Agency Karlsruhe, Karlsruhe, Germany (D.W.L.); University of Helsinki, Helsinki (M.S.); the Division of Cohort Research, National Cancer Center Institute for Cancer Control, Tokyo (N.S.); and the School of Public Health, Universidade de São Paulo, São Paulo (T.T.).
    La Dre Lauby-Secretan peut être contactée à secretanb@iarc.who.int ou au Centre international de Recherche sur le Cancer, Branche Synthèse des données et classification, Programme des Handbooks du CIRC, 25 avenue Tony Garnier, CS 90627, 69366 Lyon CEDEX 07, France.

  • Pour aller plus loin

    L’autorisation pour la traduction des documents pour le Handbook Prévention des cancers – La perspective du Groupe de travail du CIRC sur la réduction ou l’arrêt de la consommation d’alcool et le risque de cancer​ a été accordée en 2024 par le Centre international de Recherche sur le Cancer (CIRC), qui reste le détenteur des droits d’auteur de la version originale. L’autorisation de traduction en français a été accordée par le détenteur des droits d’auteur au Centre Léon Bérard, qui détient les droits de la traduction et est seul responsable de celle-ci. Les conditions d’utilisation des contenus produits par le CIRC sont disponibles ici.

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Mise à jour le 02 octo. 2024

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