Lien alimentation et cancer : survie, récidive et qualité de vie
La compréhension du rôle des facteurs nutritionnels chez les patients atteints de cancer, que ce soit pendant ou après les traitements, présente plusieurs spécificités par rapport à l’identification de facteurs en prévention primaire. A ce jour, moins d’études épidémiologiques ont évalué l’impact des facteurs nutritionnels sur la survie, la récidive ou la qualité de vie de patients atteints de cancer et ils sont plus complexes à analyser du fait de la diversité des situations rencontrées : stade, localisation des tumeurs, traitements, effets secondaires… (INCa, Réseau NACRe, 2020).
L’INCa, en partenariat avec le Réseau NACRe, a mis en place une expertise collective sur les facteurs nutritionnels pendant et après cancer pour mettre à jour l’état des lieux de l’American Cancer Society (ACS) publié en 2012 soulignant les bénéfices d’une alimentation riche en produits végétaux et céréales complètes, du maintien d’un poids de forme et de la pratique d’une activité physique (INCa, Réseau NACRe, 2020).
Les conclusions montrent notamment :
- L’impact négatif du surpoids/l’obésité dans les cancers du sein, côlon-rectum et rein (niveaux de preuve convaincant ou probable).
- L’impact négatif de la consommation d’alcool pour le risque de second cancer des voies aérodigestives supérieures (niveau de preuve probable).
- L’impact positif des facteurs alimentaires pour le cancer du sein, avec une association protectrice entre une alimentation riche en fibres ou pauvres en graisses et la survie (niveau de preuve probable).
Pour le cancer du sein, une évaluation plus récente du WCRF/AICR parue en 2022 n’a pas permis de mettre en évidence d’association avec un niveau de preuve probable ou convaincant pour les facteurs alimentaires ((Becerra-Tomas 2022), mais confirme l’impact de l’obésité (niveau de preuve probable).
Il est aussi important de souligner que selon le type de cancer concerné et le moment (pendant/après les traitements) de l’évaluation des facteurs étudiés, les associations entre certains facteurs (comme la surcharge pondérale) et le pronostic peuvent être très différents.
Aucun régime alimentaire n’a montré la preuve de son efficacité sur le traitement ou l’évolution du cancer (Ligibel, 2022).
Il n’y a pas de preuve d’efficacité du jeûne sur l’évolution du cancer (Réseau NACRe, 2017).
Les recommandations nutritionnelles
Selon l’INCA et le WCRF mais aussi l’American Cancer Society (ACS) et le National Comprehensive Cancer Network (NCCN), en cas de diagnostic de cancer, il est conseillé de suivre les mêmes recommandations nutritionnelles que pour la prévention des cancers (INCa, Réseau NACRe, 2020).
- Atteindre et maintenir un poids de forme.
- Avoir une alimentation riche en céréales complètes, légumes secs et fruits et légumes.
- Limiter la consommation d’aliments riches en matières grasses ou sucres.
- Limiter la consommation de viandes et charcuteries.
- Limiter la consommation d’alcool.
- Ne pas recourir aux compléments alimentaires en l’absence d’indication médicale.
- Promouvoir une activité physique adaptée régulière.
Le rapport conjoint INCa/Réseau NACRe précise qu’il est recommandé pendant les traitements de :
- Evaluer l’état nutritionnel des patients tout au long du parcours et déclencher la mise en place d’un accompagnement nutritionnel si nécessaire.
- Ne pas faire perdre du poids aux patients présentant une surcharge pondérale du fait du risque associé de perte de masse musculaire et de dénutrition. Le retour à un poids normal ne peut être envisagé que chez les patients après traitement.
- Ne pas pratiquer le jeûne thérapeutique ou un régime restrictif.
- Eviter la prise de compléments alimentaires en l’absence d’indication médicale.
- Ne pas recourir aux extraits et décoctions de champignons et plantes médicinaux chinois.
Pamplemousse et thé vert pendant les traitements d’un cancer
Le pamplemousse contient des substances appelées « furanocoumarines » situées dans la partie blanche sous l’écorce qui peuvent provoquer des interactions toxiques avec certains médicaments. En effet, les furanocoumarines augmentent les taux sanguins de certains médicaments pouvant provoquer parfois des surdosages toxiques (en neutralisant une enzyme qui dégrade les médicaments dans le corps).
Pour en savoir plus : https://www.sante.fr/decryptage/nos-reponses/faut-il-vraiment-eviter-le-pamplemousse-lorsquon-prend-des-medicaments
De même, il est recommandé d’éviter la consommation de thé vert le jour du traitement ainsi que les deux jours qui le précèdent et qui le suivent. En effet, le thé vert peut augmenter la toxicité des traitements de chimiothérapie et réduire l’efficacité de la chimiothérapie ou de la radiothérapie (Réseau NACRe, 2019). Il n’existe actuellement pas de preuve montrant l’effet bénéfique du thé vert pendant le traitement du cancer. Il est aussi important de rappeler que les boissons trop chaudes (>65°C) peuvent augmenter le risque de cancer de l’œsophage.
Pour en savoir plus : https://www6.inrae.fr/nacre/Zoom-sur/decrypter-comprendre-the-vert-cancer