Comme pour tous les cancers, le risque de développer un cancer de l’endomètre augmente avec l’âge.
Le cancer de l’endomètre est considéré comme un cancer hormono-dépendant, notamment lié à l’activité des œstrogènes, hormones ovariennes stimulant la multiplication de cellules spécifiques. L’endomètre, qui possède de nombreux récepteurs à ces hormones, est très sensible à la stimulation des œstrogènes. Ainsi, plus une femme est exposée à une quantité importante d’œstrogènes ou plus elle est exposée sur une longue période et plus la multiplication des cellules va être stimulée. Le risque de développer un cancer hormono-dépendant devient alors plus élevé, surtout pour le cancer du sein ou celui de l’endomètre.
Les facteurs métaboliques (obésité, diabète) peuvent être différenciés des facteurs hormonaux (endogènes ou liés à un traitement) même s’ils ont un effet sur le développement du cancer via une action sur les hormones.
Il existe aussi des facteurs de risques liés aux antécédents familiaux (syndrome de Lynch).
Corpulence à l’âge adulte
La WCRF (World Cancer Research Fund) et l’AICR (American Institute for Cancer Research) considèrent depuis 2007 (avec confirmation en 2013) que le niveau de preuve d’augmentation du risque de cancer de l’endomètre est convaincant pour l’indice de masse corporelle (IMC), ainsi que pour l’adiposité abdominale (tour de taille, rapport tour de taille sur tour de hanche) et la prise de poids.
Les données scientifiques actuelles permettent d’établir un lien de causalité entre surpoids et obésité et augmentation du risque de cancer de l’endomètre. L’Anses reprend ces conclusions dans son rapport de 2011 « Cancer et Nutrition », tout comme l’Institut National du Cancer (INCa) dans son rapport « Nutrition et prévention des cancers » qui souligne qu’une augmentation de 5 points de l’IMC entraine une augmentation de 52% du risque de développer un cancer de l’endomètre.
La relation « obésité – cancer de l’endomètre » s’explique par une augmentation du taux sanguin d’œstrogènes. Le tissu adipeux contient des enzymes, les aromatases, capables de dégrader les androgènes en œstrogènes. Ces dernières sont ensuite relâchées dans la circulation sanguine et vont stimuler la croissance cellulaire des organes récepteurs tels que l’endomètre. Même ménopausée, plus une femme possède un tissu adipeux important et plus la sécrétion d’œstrogènes sera importante, exposant alors l’endomètre à de plus grandes quantités d’œstrogènes (INCa, 2009).
Autres facteurs métaboliques : diabète et charge glycémique
Le diabète est un facteur de risque de cancer de l’endomètre. Le risque de développer ce cancer est deux fois plus élevé (risque relatif significatif) chez les patientes diabétiques que chez les personnes non diabétiques (Larsson, 2006).
C’est le fait de développer une résistance à l’insuline qui est responsable de l’augmentation du risque de cancer. L’insuline est alors en quantité importante dans le sang et va pouvoir stimuler des facteurs de croissance agissant sur l’endomètre. Les mécanismes précis ne sont pas bien connus. Ceci est confirmé dans le rapport de 2013 de la WCRF/AIRC. Ce même rapport international a également mis en évidence que l’augmentation de la charge glycémique (qui estime la capacité des aliments consommés à augmenter le glucose sanguin) est un facteur de risque de cancer de l’endomètre avec un niveau de preuve scientifique probable compte tenu des données scientifiques actuelles ; celles-ci n’étant pas aussi probantes que pour l’obésité. Le résultat à long terme est une augmentation du taux sanguin d’insuline avec les mêmes mécanismes d’action que pour le diabète.
Puberté précoce et ménopause tardive
L’âge à la puberté détermine le moment où les ovaires commencent à produire les œstrogènes et la ménopause le moment où elles arrêtent d’en produite. Une puberté plus précoce ou une ménopause tardive exposent donc une femme aux œstrogènes pendant une plus longue période de sa vie, donc représentent un facteur de risque.
Ne pas avoir eu d’enfant (nulliparité)
Le cycle menstruel des femmes connaît une période pendant laquelle la zone fonctionnelle de l’endomètre s’affaisse. Afin d’accueillir le futur ovule fécondé, l’endomètre doit se régénérer. Pour cela, les œstrogènes jouent un rôle de stimulation de la croissance cellulaire de l’endomètre.
Lors d’une grossesse, il n’y a plus d’ovulation pendant 9 mois. La stimulation d’œstrogènes ne s’arrête pas pour autant, mais est bien moins importante que s’il y avait eu 9 cycles ovariens. Ainsi, les femmes n’ayant pas d’enfant sont exposées à des quantités plus grandes d’œstrogènes : ceci est considéré comme un facteur de risque du développement du cancer de l’endomètre (Lochen, 1997).
Traitement hormonal substitutif (THS)
La ménopause est l’arrêt définitif de la fonction ovarienne chez la femme. La sécrétion d’hormones ovariennes (œstrogène, progestérone) est stoppée. Pour pallier aux symptômes que cela peut entrainer, il existe des traitements à base d’hormones ovariennes (THS). Le traitement par œstrogènes seuls est considéré comme un facteur de risque des cancers hormono-dépendants (sein, endomètre…). Des progestatifs y sont donc ajoutés (ex : progestérone) pour contrecarrer ce risque.
Depuis 2007, le CIRC considère que pour ces THS, lorsque des progestatifs sont administrés moins de 10 jours par mois, le risque de développer un cancer de l’endomètre est significativement plus élevé (Monographie du CIRC, Vol. 91). A noter que compte tenu d’une augmentation du risque de cancer du sein, la prescription des THS a considérablement diminué.
Traitement par tamoxifène
Lorsqu’une personne est atteinte d’un cancer du sein, il peut lui être proposé un traitement par tamoxifène ; c’est un anti-œstrogène. Nous pourrions nous attendre à une diminution du risque, mais le tamoxifène possède aussi un effet stimulant sur l’endomètre, qualifié de « paradoxal », qui peut favoriser le développement d’un cancer. Néanmoins, chez les femmes atteintes d’un cancer du sein pour lequel le tamoxifène est indiqué, les bénéfices de ce médicament sont plus importants que le risque de développer un cancer de l’endomètre. Aucune surveillance systématique de l’endomètre n’est recommandée lors de l’utilisation de ce traitement. En revanche, une échographie pelvienne est indispensable lors de l’apparition de saignements sous traitement.
Les antécédents familiaux
Les antécédents familiaux de cancer de l’endomètre (mère, sœur ou fille), des antécédents personnels de cancer du sein ou de l’ovaire ou de certaines maladies gynécologiques comme le syndrome des ovaires polykystiques (élévation du taux d’œstrogènes et diminution du taux de progestérone) et l’hyperplasie atypique de l’endomètre (prolifération des cellules de l’endomètre) sont des facteurs de risque reconnus pour le cancer de l’endomètre.
Le risque de cancer de l’endomètre est d’autant plus élevé qu’une personne regroupe d’autres facteurs de risques tels qu’une obésité, une ménopause tardive, l’absence de grossesse ou un diabète.
Le syndrome de Lynch (ou syndrome HNPCC) est reconnu comme un facteur de risque de cancer de l’endomètre. Cette anomalie concerne les gènes MLH1 et MSH2 contrôlant la réparation des erreurs lors de la duplication de l’ADN, au moment de la division cellulaire. La principale conséquence de cette anomalie est le développement d’un cancer colorectal précoce (entre 40 et 50 ans) et le développement d’un cancer de l’endomètre chez les femmes (30 à 40% de chances de développer un cancer avant 70 ans). Pour plus d’informations concernant le diagnostic de ce syndrome et le programme de surveillance correspondant, voir les liens Pour aller plus loin, « Dossiers et autres ressources » en fin de fiche.
Le gène suppresseur de tumeur PTEN est aussi impliqué dans le développement du cancer de l’endomètre (Amant, 2005 ; WCRF 2007).