Le Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC) s’est intéressé à l’identification des expositions environnementales, professionnelles ou comportementales cancérogènes. Cette classification n’inclut pas certains facteurs individuels tels que l’histoire familiale, la génétique, le statut hormonal et reproducteur qui ont souvent un rôle majeur.
Les facteurs de risques avérés sont ceux pour lesquels les données disponibles sont suffisantes pour conclure avec certitude à l’existence d’un lien avec le cancer de l’ovaire.
Facteurs de risque individuels
L’âge
Comme pour la plupart des cancers, l’âge est un facteur de risque important de cancer ovarien : plus une femme vieillit, plus son risque augmente. Le risque est maximal autour de 75-79 ans et l’âge médian au diagnostic est de 68 ans (INCa, 2019).
La génétique
L’histoire familiale de cancer du sein et/ou de l’ovaire représente le principal facteur de risque, par transmission de gènes de prédisposition. Les 2 gènes les plus fréquemment retrouvés sont les gènes BRCA1 [BReast CAncer 1] et BRCA2 [BReast CAncer 2] qui jouent un rôle important dans la réparation de l’ADN et dont la transmission est autosomique dominante (c’est-à-dire qui se transmet à 50 % de la descendance).
Environ 10 % des cancers de l’ovaire surviennent dans un contexte de prédisposition génétique (HAS, 2010). Il s’agit alors de formes familiales de tumeur de l’ovaire, qui apparaissent à un âge plus précoce (avant 60 ans). L’antécédent personnel de cancer du sein est également un facteur de risque.
Même si l’histoire familiale n’est pas toujours présente (notamment dans les familles peu nombreuses), toutes les patientes qui ont un diagnostic de cancer de l’ovaire sont adressées à un onco-généticien, qui peut éventuellement prescrire des analyses génétiques.
Si une mutation est mise en évidence, un test de dépistage peut être proposé à l’entourage. La détection de ces mutations peut aussi amener à la prescription d’un traitement spécifique et personnalisé. Les anomalies des gènes BRCA1 ou BRCA2 peuvent également être responsables de cancers du sein, du pancréas et de la prostate (BRCA-France).
L’exposition aux hormones naturelles au cours de la vie
La durée d’exposition aux hormones naturelles est définie par la période entre la ménarche (première fois qu’une femme a ses règles) et la ménopause. En allongeant cette durée et en augmentant le nombre d’ovulations au cours de la vie, la puberté précoce, la ménopause tardive et la nulliparité sont des facteurs de risque.
A contrario, la grossesse (même non menée à terme) et de surcroit la multiparité, l’allaitement, la prise d’une contraception orale sont protecteurs (Schüler, 2013).
Les études convergent aussi pour établir une association positive entre l’endométriose et le risque de tumeur épithéliale de l’ovaire, en particulier pour les formes endométrioïdes et à cellules claires (Wang, 2016).
Le traitement hormonal de la ménopause (THM)
Le CIRC a classé le traitement oestrogénique de la ménopause comme cancérogène avéré pour l’ovaire (CIRC, 1999). En France, en 2015, 31 nouveaux cas de cancer de l’ovaire (soit 0.7 %) seraient attribuables à l’utilisation d’un THM (CIRC, 2018). Il est important de noter que depuis les années 2000, la prescription du THM a évolué et est maintenant bien codifiée.
Une durée de prise limitée à 5 ans est recommandée, avec une réévaluation annuelle de son indication. Le surrisque est évalué à 1 cas supplémentaire pour 10 000 femmes par année de traitement et ce surrisque semble diminuer à l’arrêt du traitement (GEMVI, 2017 ; La Vecchia, 2017).
Facteurs de risque comportementaux
Le tabagisme
En 2009, le CIRC a conclu qu’il existait des indications suffisantes en faveur d’un lien causal entre le tabagisme actif et un type spécifique de cancer épithélial de l’ovaire : les tumeurs mucineuses (CIRC, 2012).
Les études récentes montrent que les femmes fumeuses auraient environ 1.5 fois plus de risque de développer une tumeur mucineuse que les femmes non fumeuses. Cependant, le tabagisme ne semble pas être un facteur de risque de cancer de l’ovaire en général, il serait même légèrement protecteur pour certains types rares de cancer ovarien (Collaborative Group on Epidemiological Studies of Ovarian Cancer, 2012 ; Santucci, 2019).
Facteurs de risque professionnels
L’amiante
Depuis 2009, l’amiante est reconnue comme cancérogène certain pour l’ovaire (CIRC, 2012). Nombreux sont les états dans le monde qui ont interdit l’utilisation de l’amiante. Mais même dans ces pays, le poids des pathologies liées à l’amiante est toujours en augmentation, du fait des longues périodes de latence entre l’exposition et la déclaration de ces maladies (OMS, 2014). Par ailleurs, l’amiante continue d’être exploitée dans certains pays d’Asie, du Moyen-Orient, d’Amérique du Sud et de l’ex-Union soviétique (USGS, 2003).
En France, l’usage de l’amiante est proscrit depuis 1997, mais peu de données sont disponibles pour les femmes sur la prévalence de leur exposition aux fibres d’amiante, les études concernant généralement les hommes retraités (SPF, 2010). Une étude est actuellement en cours pour évaluer la fréquence de l’exposition aux fibres d’amiante chez des femmes atteintes de cancer de l’ovaire (Vidican, 2022).
L’exposition professionnelle à l’amiante a changé à travers les années. A partir des années 1950, l’industrie a utilisé massivement des matériaux à base d’amiante exposant de plus en plus leurs ouvriers. A partir des années 1980, c’est le secteur de la construction et du bâtiment qui a été largement concerné. Outre l’extraction des mines d’amiante, les expositions les plus courantes surviennent lors de l’utilisation de l’amiante-ciment, des matériaux d’isolation (construction, maintenance ou destruction des bâtiments) ou des plaquettes de frein (Goldberg, 2000).
Chez les femmes, il est classique de distinguer trois formes d’exposition (Heller, 1996) :
- l’exposition professionnelle (essentiellement liée au fait qu’elles travaillent dans un environnement amianté),
- l’exposition environnementale,
- l’exposition indirecte par l’intermédiaire des membres de leur famille qui travaillent dans un environnement amianté et rapportent dans le foyer des vêtements contenant des fibres.
A noter que depuis les années 1980, le rôle de l’utilisation de talc sur les zones génitales est débattu dans l’augmentation du risque de cancer ovarien (Berge, 2018). Du fait de son association faible mais quasiment constante dans les études et de son mécanisme d’interaction encore que partiellement connu (mais probablement liée au fait que dans le passé le talc contenait de l’amiante), le CIRC a classé le talc comme possiblement cancérogène pour l’ovaire (CIRC, 2010).