Arsenic
L’arsenic a été considéré comme cancérogène à partir de séries de cas décrivant des cancers de la peau après ingestion de médicaments contenant des composés organo-arsenicaux. La présence d’arsenic dans les résidus de pesticides, dans le vin et l’eau de boisson ont également été rapportée et associée au risque de carcinome cutané dans plusieurs études épidémiologiques. Les tumeurs cutanées caractéristiques associées à l’arsenic comprennent les carcinomes épidermoïdes apparaissant chez les sujets avec des kératoses et les carcinomes basocellulaires multiples (CIRC, 2009).
Médicaments
L’azathioprine est un médicament immunosuppresseur administré chez les patients transplantés mais aussi chez les personnes souffrant de maladies auto-immunes. Il était souvent combiné avec des stéroïdes ou de la cyclosporine (CIRC, 2009).
Une grande étude de cohorte a montré une augmentation de risque de développer un CEC 60 fois plus importante chez des patients rénaux transplantés que chez des patients non transplantés mais ayant un traitement contenant de l’azathioprine (Kinlen, 1985). Des revues scientifiques ont reporté une augmentation des risques de cancers (gastro-intestinal, leucémies etc.) après l’administration d’azathioprine chez des patients transplantés (Kauffman et al, 2006 ; Dantal et al, 2007). Une autre étude de cohorte n’a pas trouvé d’association entre l’administration d’azathioprine chez ces patients et le développement de cancer cutané (Imao, 2007).
L’administration d’azathioprine entraine une accumulation de 6-thioguanine dans la peau. Or il s’avère que cette molécule est chromophore et mutagène sous l’effet des UVA par la production d’espèces réactives à l’oxygène, un des mécanismes de la cancérogénèse. Les peaux très blanches et celles ayant déjà pris des coups de soleil sont les plus à risque (Cosnes, 2007).
La cyclosporine est un médicament immunosuppresseur qui peut être administré chez les patients après transplantation et souffrant de maladies auto-immunes. Il est difficile d’évaluer les effets de la cyclosporine seule étant donné que d’autres médicaments immunosuppresseurs (comme l’azathioprine) sont administrés chez le patient. Néanmoins, de nombreuses études scientifiques montrent une augmentation de risque de cancers et notamment de CEC (CIRC, 2009).
- Méthoxsalène et exposition solaire
Le méthoxsalène est un dérivé du psoralène, substance végétale photosensibilisante. Le méthoxsalène est obtenu par voie de synthèse à des fins thérapeutiques, permettant une augmentation de la sensibilité de la peau aux rayonnements, notamment ultraviolets, utilisés au cours de certains traitements comme la puvathérapie.
Des études de cohortes multicentriques ont montré une augmentation significative du CEC chez les sujets traités par puvathérapie par rapport à la population générale (risque relatif de 5 à 10) et du CBC (risque relatif de 1,7) (CIRC, 2009).
Exposée aux rayons UVA, cette molécule forme avec l’acide nucléique des conjugués photochimiques qui inhibent la réplication de l’ADN, un des processus impliqués dans la cancérogénèse (OMS, 1999).
Brais et goudrons de houille
Le goudron de houille est un produit noir semi-fluide, provenant de la distillation de la houille et dont la composition complexe varie selon le mode de préparation et l’origine géographique de la houille. Des raffineries transforment les goudrons de houille en brai de houille et en d’autres produits chimiques d’usage industriel. Les brais et goudrons de houille sont aujourd’hui principalement utilisés pour la fabrication des électrodes, pour l’industrie de l’aluminium et dans l’électrométallurgie (INRS, 2000).
Certains médicaments contiennent du goudron de houille, sous la forme de shampooings traitants contre les pellicules et d’autres affections de la peau. Plusieurs études épidémiologiques mettent en évidence une augmentation de certains cancers dans les populations professionnelles. Les premières tumeurs ainsi découvertes se situent au niveau de la peau, principalement du visage et du scrotum (CIRC, 2009).
Suies de combustion
La suie, de couleur noire, est un sous-produit de combustions incomplètes provenant de combustibles d’origine fossile et biomassique.
La suie est un agent cancérogène de groupe 1 pour les professionnels du ramonage. La suie serait responsable de l’apparition du cancer de la peau (scrotum en particulier) et des poumons (CIRC, 2012).
Huiles minérales, peu ou non traitées
Les huiles minérales (huiles de base lubrifiantes et produits dérivés) sont essentiellement utilisées à des fins de lubrification. La composition de ces huiles varie en fonction de la source de pétrole brut, du processus de raffinage et des additifs présents.
L’exposition aux huiles minérales est généralement professionnelle (travailleurs du secteur de la métallurgie, les machinistes et les mécaniciens, l’industrie de l’imprimerie etc.).
L’exposition professionnelle à d’autres agents cancérogènes rend l’association entre cancer et huiles minérales difficile. Néanmoins, des études de cohortes ont montré une augmentation de risque pour le cancer de la peau, et spécifiquement du scrotum, la forme la plus fréquente étant un carcinome épidermoïde (CIRC, 2009).
Huile de schiste
L’huile de schiste est une huile extraite de la roche-mère, roche d’origine sédimentaire à forte teneur en matière organique. Cette huile était initialement utilisée pour la fabrication de cire de paraffine, l’éclairage à lampe et à des fins thérapeutiques.
Puis son utilisation s’est orientée vers la génération d’énergie pour l’industrie automobile par exemple. La plupart des études scientifiques ont été réalisées chez les professionnels. Leurs résultats montrent une augmentation du risque de cancer du scrotum en particulier (CIRC, 2009).
Rayonnements
- Rayonnements solaires
Le rayonnement solaire est la principale source d’exposition de la population au rayonnement ultraviolet (UV), qui est divisé en sous-groupes, les UVA, les UVB et les UVC. Le composant ultra-violet qui atteint la surface de la terre comprend environ 95 % d’UVA et 5 % d’UVB ; les UVC sont bloqués par l’ozone de la stratosphère. Les UVA et les UVB sont des génotoxiques sans effet de seuil c’est-à-dire qu’il n’y a pas un niveau d’exposition en dessous duquel ils n’auraient pas d’effets. Ils produisent des altérations de l’ADN, en inhibant le mécanisme de réparation de l’ADN, pour des doses inférieures à celles déclenchant le signal d’alerte qui est le coup de soleil.
- Rayonnements ionisants (X et gamma)
Les rayonnements ionisants sont un type d’énergie libéré par les atomes sous forme d’ondes ou de particules. Les individus sont exposés à des sources naturelles de rayonnements ionisants telles que le sol, l’eau, la végétation, ainsi qu’à des sources artificielles telles que les rayons X et certains dispositifs médicaux. Les rayonnements ionisants ont de nombreuses applications, notamment en médecine, en agriculture, dans l’industrie et dans la recherche biomédicale (OMS, 2016).
- Appareils de bronzage émettant des UV
Les installations de bronzage artificiel se sont développées depuis les années 1970-1980 et connaissent aujourd’hui un certain succès aussi bien chez les hommes que chez les femmes. Les UV artificiels n’entraînent aucun effet bénéfique pour la santé. La pratique du bronzage par ultraviolets artificiels est fortement déconseillée ; elle est notamment interdite aux mineurs en France.
Les effets de ses rayonnements sur la santé sont résumés dans le tableau suivant (CIRC, 2009).
Tableau 3 : Expositions aux rayonnements ionisants présentant des indications suffisantes chez l’homme
Type de rayonnements |
Principales populations étudiées |
Localisations cancéreuses (et types de tumeurs) sur la base d’indications suffisantes |
Rayons X ou rayons gamma |
Survivants des bombardements atomiques, malades, exposition in utero (descendance de malades enceintes et de survivants des bombardements atomiques) |
Glande salivaire, œsophage, estomac, côlon, poumon, os, peau (CBC), sein chez la femme, vessie, cerveau et SNC, leucémie (sauf LLC), thyroïde, rein (survivants des bombardements atomiques, malades) ; localisations multiples (exposition in utero) |
Rayonnement solaire |
Population générale |
Peau (CEC et CSC, mélanome) |
Appareils de bronzage émettant des UV2 |
Population générale |
Peau (mélanome), œil (mélanome, particulièrement choroïde et corps ciliaire) |
2. Par comparaison à l’exposition aux UV solaires, le lien entre l’exposition aux UV artificiels, le CBC et le CEC est mal bien établi.
Même si le CIRC a classé les appareils de bronzage émettant des UV au groupe 1 (cancérogènes pour l’homme), peu d’études bien conçues ont porté sur l’établissement du lien entre l’utilisation des appareils de bronzage et le cancer de la peau.