En plus de la minéralisation osseuse et du maintien de l’équilibre du calcium, la 25-dihydroxyvitamine D possède des fonctions physiologiques, dont la régulation de la croissance et la différenciation d’une grande partie des cellules normales et malignes (Spina, 2006).
On sait que les cellules cancéreuses possèdent des récepteurs à la vitamine D et que la vitamine D agit sur plus de 200 gènes dont certains sont impliqués dans le développement du cancer.
La vitamine D agirait sur 4 mécanismes permettant au cancer de se développer :
- la diminution de la multiplication des cellules cancéreuses,
- la réduction du risque prolifération de ces cellules en diminuant la vascularisation des cellules cancéreuses,
- l’inhibition de la transformation des cellules précancéreuses en cellules cancéreuses,
- l’induction de la mort de certaines cellules cancéreuses (apoptose).
Les propriétés anti-néoplasiques de la 25-dihydroxyvitamine D ont été mise en évidence dans des études in vitro sur des lignées de cellules malignes humaines de sein, prostate, pancréas, côlon, vessie, col de l’utérus, thyroïde, hypophyse, peau (carcinome épidermoïde, carcinome baso-cellulaire et mélanome, gliome, neuroblastome, leucémie et lymphome cellules). Les résultats de ces études indiquent que la 25-dihydroxyvitamine D et ses composés analogues sont capables de réduire la prolifération cellulaire (en influençant l’arrêt de la croissance en phase G0/G1 du cycle cellulaire) et de promouvoir la différenciation cellulaire.
La relation entre taux de vitamine D, concentration calcique et risque de cancer du sein demeure controversée bien qu’un certain nombre de résultats épidémiologiques aient mis en évidence une réduction du risque. De nombreuses études écologiques ont rapporté des associations inverses entre l’exposition aux UVB et le taux de mortalité par cancer du sein chez la femme (Boscoe, 2006). Deux études en Espagne et en Chine n’ont observé aucune association significative entre l’exposition solaire et la mortalité par cancer du sein (Grant, 2007).
A l’inverse, une équipe de chercheurs de l’Inserm à Gustave Roussy a effectué une étude sur des prélèvements sanguins recueillis chez 1 908 femmes issues de la cohorte E3N. Les résultats de cette étude ont montré que les femmes ayant un taux sanguin de vitamine D supérieur à 30ng/mL avaient un risque de développer un cancer du sein diminué de 27 % par rapport aux femmes dont le taux sanguin était inférieur à 20 ng/mL. Ils concluent à une association entre la vitamine D et le risque de cancer sein et recommandent aux femmes de veiller à maintenir un taux suffisant de vitamine D (Engel, 2010).
D’autres études écologiques ont trouvé une association positive entre les variations des doses d’UVB solaires et l’augmentation de l’incidence du cancer colorectal ou de sa mortalité (Boscoe, 2006). Une seule étude en Espagne n’a pas trouvé d’association entre l’augmentation de l’exposition solaire et la mortalité par cancer du côlon chez la femme, mais observe une association positive entre l’exposition aux rayons solaires et la mortalité par cancer du rectum pour les deux sexes confondus et pour le cancer du côlon chez les hommes (Grant, 2013).
Dans le cas du cancer de la prostate, plusieurs études démontrent l’absence d’association, et d’autres indiquent un risque accru chez les hommes ayant des taux sériques élevés de 25 (OH) D. Une association inverse a également été trouvée entre l’exposition solaire et l’incidence des cancers de la prostate (Ahn, 2008 ; Albanes, 2011).
L’existence d’une réduction du risque de cancer associée à l’exposition solaire reposant sur un effet de la vitamine D n’est pas encore établie. La vitamine D et le calcium ont été considérés comme des candidats potentiels d’agents thérapeutiques. Mais les données accumulées au cours de ces vingt dernières années sur la supplémentation en vitamine D et /ou en calcium montrent qu’aucun des deux composés ne peut être recommandé pour une prévention des cancers.
Néanmoins, des travaux sur des analogues de la Vitamine D avec des effets non hypercalcémiants mais avec une puissante activité anti-tumorale sont en cours d’étude (Giammanco, 2015). Ils seraient de nouveaux agents potentiels chimiopréventifs et anticancéreux (Matsumoto, 2015).