Aucun facteur de risque d’origine environnementale ou professionnelle n’est avéré cancérogène pour le cancer de la prostate (Multigner, 2010).
Plusieurs facteurs sont cependant débattus : l’exposition à l’arsenic, au cadmium et aux pesticides.
Des études complémentaires sont nécessaires pour pouvoir conclure à l’existence d’une association entre ces facteurs et le risque de cancer de la prostate.
Arsenic
L’arsenic est présent en France dans certains anciens sites miniers fermés, qui contaminent encore l’environnement (sols, rivières, etc.). De nombreuses industries utilisent encore couramment l’arsenic (alliages de métaux, traitements médicaux, verreries, etc.). L’exposition à l’arsenic peut donc être environnementale ou professionnelle.
Elle peut se faire par inhalation de poussières venues des sols contaminés, ou par ingestion (enfants qui portent leurs mains à la bouche ou consommation de produits cultivés sur des sols pollués ou venant de la mer). L’arsenic est également un composant du tabac. Selon l’InVS (aujourd’hui Santé Publique France), l’eau distribuée constituerait la principale source d’exposition à l’arsenic (InVS, 2008). Ce risque est toutefois local et en régression (Auvergne et Savoie).
L’arsenic et ses composés inorganiques sont classés cancérogènes avérés, groupe 1 du CIRC (CIRC, 2004), mais cet effet n’a pas été spécifiquement démontré pour le cancer de la prostate car les données disponibles étaient insuffisantes. Bien que plusieurs études montrent une association positive entre exposition à l’arsenic et cancer de la prostate, des études supplémentaires sont nécessaires pour déterminer le rôle de cet élément dans la survenue de la maladie (Benbrahim-Tallaa, 2008).
Cadmium
Le cadmium est un métal lourd présent dans certains minerais (notamment de zinc) sous forme d’impuretés. Sa présence dans l’environnement provient essentiellement de l’érosion des roches ou des émissions volcaniques, mais aussi d’activités industrielles.
Dans l’environnement général, les principales sources d’exposition sont le tabagisme et l’alimentation (produits céréaliers, pommes de terre, fruits et légumes secs, etc.). En milieu professionnel, l’exposition au cadmium existe dans les milieux de la métallurgie du zinc, du découpage de métaux au chalumeau, de la soudure de cadmium, etc. Les particules de cadmium peuvent alors être projetées dans l’air et inhalées ; elles peuvent aussi être ingérées.
Le cadmium et ses composés sont classés cancérogènes avérés, groupe 1 du CIRC pour le cancer du poumon. Au moment de la monographie du CIRC, les résultats des études n’étaient pas concordants quant à l’association entre l’exposition au cadmium chez les travailleurs et le risque de cancer de la prostate (CIRC, 1993) ; les études récentes ne permettent pas non plus de conclure sur cette association (Sahmoun, 2005).
Pesticides et perturbateurs endocriniens
Les sources d’exposition de la population générale aux pesticides sont multiples : les aliments (fruits et légumes), l’eau de boisson, l’air intérieur et extérieur, etc.
L’exposition professionnelle concerne quant à elle une population très nombreuse en France : la population agricole (utilisateurs ou applicateurs de pesticides), à laquelle s’ajoutent ses saisonniers, les ouvriers de l’industrie des pesticides, les employés de chemin de fer au contact d’herbicides, etc. C’est surtout l’exposition professionnelle aux pesticides qui a été étudiée dans les différentes études qui ont recherché un lien avec l’apparition de cancers.
Les expositions professionnelles aux pesticides suggèrent leur implication en tant que perturbateurs endocriniens dans les cancers hormonodépendants, dont celui de la prostate (voir aussi la fiche sur les perturbateurs endocriniens). Par exemple, l’exposition au chlordécone (insecticide longtemps utilisé aux Antilles dans les cultures de bananiers, et classé cancérogène possible par le CIRC) est associée à un risque augmenté de cancer de la prostate (Multigner, 2010).
Les résultats de l’expertise collective de l’Inserm de 2013 ont conclu sur la base des données existantes et au regard du risque de survenue du cancer de la prostate dans le secteur de l’agriculture, à un lien possible concernant les insecticides organophosphorés : coumaphos et fonofos, l’insecticide : carbamate carbofuran, l’herbicide : carbamate butylate ainsi qu’avec l’insecticide : pyréthrinoïde perméthrine. Pour ces substances actives, le risque de survenue de la maladie était soit plus élevé (butylate) soit exclusivement présent (coumaphos, fonofos, carbofuran, perméthrine) chez les sujets présentant des antécédents familiaux de cancer de la prostate parmi les apparentés au premier degré (Inserm, 2013).
En population générale, le rapport souligne une forte présomption de lien concernant l’exposition à un insecticide organochloré : le chlordécone, et à une présomption faible pour trois autres insecticides organochlorés : la dieldrine, l’isomère β du hexachlorocyclohexane (β HCH) et le chlordane (notamment son composé le plus persistant, le trans-nonachlore).
Pour le chlordécone, le risque de survenue de la maladie est également plus élevé chez les sujets déclarants des antécédents familiaux de cancer de la prostate parmi les apparentés au premier degré et plus élevé chez les patients présentant une forme agressive de la maladie au moment du diagnostic.