Le mélanome cutané est une maladie multifactorielle dont les facteurs de risque sont des facteurs liés à l’environnement, aux modes et conditions de vie, et des facteurs de risques individuels (origines ethnique, facteurs génétiques, pigmentation de la peau, des yeux, des cheveux, présence de grains de beauté…). L’interaction entre le type de peau et l’exposition au soleil est le facteur prédominant dans la survenue d’un mélanome.
Exposition aux rayons ultraviolets solaires et artificiels
Trois types de rayonnements UV d’origine solaire ou artificielle existent. Les UVA, UVB, et UVC se distinguent par leur énergie, leur longueur d’onde et leur capacité à pénétrer dans la peau.
Le risque cancérogène des UV naturels et artificiels se cumule. C’est la dose totale d’UV reçue qui détermine le risque cancérogène global. La relation entre mélanome cutané et dose d’exposition aux UV dépend de la période et de l’intensité de l’exposition aux UV, et interagit fortement avec les facteurs individuels. La relation entre exposition au soleil et risque de mélanome n’est pas directe, elle fait intervenir des interactions avec la sensibilité de l’hôte et son comportement, en particulier l’exposition intermittente dans l’enfance et l’exposition intentionnelle et chronique à l’âge adulte.
Les mélanomes chez les personnes de 40-65 ans sont situés à des endroits comme le tronc et les membres, reflétant une exposition volontaire et intermittente. Au contraire, chez les personnes plus âgées, les mélanomes se trouvent plus souvent sur le visage et le cou, traduisant une exposition chronique au soleil (Whiteman, 2006 ; Anderson, 2009).
L’enfance/adolescence est une période critique : une forte exposition au soleil tôt dans la vie augmente le risque de mélanome (Whiteman, 2001 ; Elwood, 1997) que ce soit des expositions répétées ou quelques expositions intenses. Outre leur rôle initiateur de cancers cutanés, les UV joueraient également un rôle promoteur de la croissance des tumeurs par affaiblissement du système immunitaire (Halliday 2005 ; Halliday and Lyons 2008).
Les coups de soleils intenses de la petite enfance sont reconnues comme un facteur de risque de survenue de mélanome. En juillet 2009, le Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC) a confirmé le classement de 1992 des radiations solaires en tant que cancérogènes certains pour l’homme (groupe 1) (CIRC, 1992) et a classé dans le groupe 1 l’ensemble des rayonnements UV incluant les rayonnements UV émis par les installations de bronzage (El Ghissassi, 2009).
Exposition solaire
On estime que 65 à 95 % des mélanomes cutanés sont causés par l’exposition au soleil. Les agressions par les rayons UV engendrent des altérations des cellules de la peau qui disposent de mécanismes de réparation leur permettant de réparer les dommages subis.
Mais cette capacité naturelle de réparation n’est pas inépuisable, en cas d’expositions répétées, la peau ne parvient plus à se défendre contre les dégâts causés. Ainsi, lorsque les cellules endommagées ne sont plus réparées correctement, des mutations peuvent se produire et entraîner la transformation cancéreuse de la cellule. On parle de capital solaire épuisé (Anses).
Expositions aux UV artificiels des cabines et lampes de bronzage
Des données récentes ont permis d’affirmer l’existence d’une relation entre risque de mélanome cutané et expositions aux UV artificiels (El Ghissassi, 2009 ; Gandini, 2011).
En effet, les données épidémiologiques montrent que le fait d’avoir été exposé au moins une fois dans sa vie à un appareil émettant des UV artificiels entraîne une augmentation de 15% du risque de développer un mélanome cutané. Par ailleurs, le risque de mélanome augmente de 75% quand l’utilisation d’appareils de bronzage artificiel débute avant l’âge de 35 ans, alors que l’interdiction de fréquenter des cabines de bronzage ne concerne que les mineurs (CIRC, 2007).
Depuis le classement par le CIRC, 3 études majeures, dont l’analyse d’une épidémie de mélanomes en Islande ont confirmé le lien entre mélanome et bronzage artificiel (Lazovich, 2010 ; Cust, 2011 ; Héry, 2010).
Si le risque apparait faible en population générale, il se concentre chez les individus qui ont commencé à s’exposer avant l’âge de 35 ans. En Australie, chez les malades de moins de 30 ans près des trois quarts des mélanomes peuvent être attribués à l’exposition aux UV artificiels (Cust, 2011). En France, une étude a estimé que 347 cas annuels de mélanome sont dus à l’utilisation du bronzage artificiel (Boniol, 2012).