Les expositions aux pesticides, aux solvants organiques et aux poussières de bois sont suspectés dans l’augmentation des risques de lymphome malin non Hodgkinien.
Pesticides
On parle de pesticides pour désigner les herbicides, les fongicides, les insecticides, les nématocides, les acaricides, les rodenticides, les molluscides et les algicides. Les quatre classes chimiques principales sont : les pesticides arsenicaux, les insecticides organochlorés, les insecticides organophosphorés et les herbicides acides phénoxyacétiques (Dich, 1997).
De nombreuses études épidémiologiques se sont intéressées au lien entre LNH et les expositions aux pesticides (Alavanja, 2005 ; Zahm, 1990 ; Hoar, 1986).
Ces études de cohortes et cas-témoins, menées sur le lymphome non-Hodgkinien dans plusieurs pays, ont fourni des indications suffisantes concernant la cancérogénicité du lindane chez l’homme qui a été classé en groupe 1 en juin 2015 par le CIRC , c’est-à-dire cancérogène avéré pour l’homme.
L’Agricultural Health Study, vaste étude de cohorte américaine, prospective évaluant de façon détaillée l’exposition, a rapporté une augmentation significative du risque de développer un lymphome non-Hodgkinien avec l’accroissement de l’exposition professionnelle au lindane (Loomis, 2015).
Le décret n° 2015-636 du 5 juin 2015 crée un nouveau tableau n°59 de maladies professionnelles pour le régime agricole, relatif aux hémopathies malignes provoquées par les pesticides permettant la prise en charge du lymphome malin non hodgkinien.
Les conclusions de l’enquête ENGELA, étude multicentrique cas-témoin, menée en France par l’équipe de J. Clavel (Inserm U 754), entre 2000 et 2004 sur 822 cas et 742 témoins, sur les facteurs de risques professionnels des hémopathies malignes lymphoïdes de l’adulte, a mis en évidence une relation modérée (Odds Ratios de l’ordre de 1,4) entre l’exercice du métier d’agriculteur et l’incidence des lymphomes.
Ce résultat est concordant avec d’autres données de la littérature (Orsi, 2007). Une étude plus récente de la même équipe confirme cette association (Odds Ratios de l’ordre de 2,0) entre l’utilisation professionnelle de pesticides et l’apparition de lymphomes non hodgkiniens et la maladie de Hodgkin (Orsi, 2009).
De plus, deux études épidémiologiques rapportent une association entre les propriétés génotoxiques et immunotoxiques des pesticides et le risque de cancers du système immunitaire.
Les agriculteurs exposés aux pesticides présenteraient un nombre élevé de cellules porteuses d’une anomalie génétique (translocation chromosomique t(18;14)) associée au développement de LNH (Agopian, 2009 ; Chiu, 2009). Enfin ces données sont validées par l’article de Hohenadel en 2011 confirmant l’existence d’une augmentation de risque de LNH associé au nombre de pesticides utilisé (Hohenadel, 2011).
Solvants organiques
Les solvants organiques sont des hydrocarbures, c’est-à-dire des molécules formées d’atomes de carbone et d’hydrogène. On en distingue 8 principaux groupes : les hydrocarbures aromatiques (benzène, toluène, xylènes….), les solvants pétroliers, les alcools, les cétones, les esters, les hydrocarbures halogénés, les éthers, les éthers de glycol.
Benzène
Une relation causale avec le risque de leucémie est établie depuis plusieurs décennies et a conduit à la classification du benzène en groupe 1 par le CIRC en 1987. De nombreuses revues montrent un lien causal avec les LNH (Steinmaus, 2008).
En 2009, les résultats de l’étude de l’équipe de Wang suggèrent une association entre une augmentation du risque de LNH et l’exposition professionnelle à des solvants organiques chez une population de femmes du Connecticut (Wang, 2009).
Solvants chlorés
En ce qui concerne les études sur les solvants chlorés, le niveau de preuve scientifique est actuellement insuffisant pour envisager une relation causale entre le risque de LNH et l’exposition à des solvants chlorés (Mandel, 2006 ; Orsi, 2010).
Teintures capillaires
Plusieurs études ont conduit à l’hypothèse selon laquelle l’apparition de lymphomes, chez les utilisateurs ou les personnes ayant travaillé dans la coiffure, serait associée à l’emploi de certaines substances présentes dans les teintures (Boffeta, 2004).
En 2005, une revue de l’ensemble des données vient contredire ces observations : il n’existe pas de preuve significative d’une augmentation des risques de cancers parmi les utilisateurs de ces produits (Takkouche, 2005).
Pourtant en 2006, une équipe européenne affirme l’existence d’une association entre l’incidence des lymphomes et l’utilisation des teintures pour cheveux. Le risque d’être atteint d’un lymphome folliculaire serait de 30 % plus élevé (Sanjosé, 2006).
Aujourd’hui, la Food and Drug Administration (FDA) estime que ce risque n’existe pas, et affirme que les produits sur le marché sont très contrôlés.
En 1993, le Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC) a classé l’exposition professionnelle des coiffeurs aux teintures capillaires dans le groupe 2A. En revanche, il n’a pas pu évaluer le caractère cancérogène de l’utilisation personnelle de colorants capillaires (classement en groupe 3, substance non classifiable) (CIRC, 1993).
Industries du bois
Le travail dans les industries du bois peut entraîner l’exposition à des cancérogènes connus ou présumés. La poussière de bois, source d’exposition la plus fréquente dans ce type d’activité, a été classée parmi les agents cancérogènes (groupe 1) pour l’homme par le CIRC.
Le surnombre de cas de lymphomes non hodgkiniens semble être associé à l’exposition des travailleurs aux poussières de bois dans les scieries. Jäppinen et Pukkala et al. ont étudié 1223 travailleurs de scieries en Finlande et ont observé un nombre excessif de cas de cancers de la peau de la bouche du pharynx mais aussi des lymphomes et de leucémies (Jäppinen, 1989).