Air extérieur
Plusieurs publications ont montré, depuis les années 90, dans plusieurs pays et de manière convergente, une association entre un risque accru de cancer du poumon et l’exposition à long terme aux particules atmosphériques urbaines (Pope, 2002 ; Beeson, 1998 ; Nafstad, 2003). L’étude américaine de Pope sur les PM2,5 montre notamment qu’une augmentation de 10µg/m3 de PM2,5 est associée à une augmentation de 8% de risque de décès par cancer du poumon. Cette exposition était aussi responsable d’une augmentation du risque de maladies cardio-vasculaires.
L’Afsset a effectué en 2002 une évaluation de l’impact sanitaire de la pollution atmosphérique urbaine en France, en estimant l’impact de l’exposition chronique aux particules fines sur la mortalité par cancer du poumon et par maladies cardio-respiratoires : chez les plus de 30 ans, la part attribuable aux particules fines (PM2,5) était de 6% pour les décès par cancer du poumon, et de 3% pour la mortalité globale.
En 2006, le programme européen Apheis (Pollution Atmosphérique et Santé) mené dans 23 villes européennes a montré qu’une réduction du niveau de PM2,5 de 15 µg/m3 dans chacune des villes éviterait au total 1900 décès par cancer du poumon (Boldo, 2006). Sur les bases de ce projet, l’Institut de veille sanitaire a coordonné entre 2008 et 2012 le programme de recherche européen Aphekom (Improving Knowledge and Communication for Decision Making on Air Pollution and Health in Europe). Ce programme avait pour but de fournir de nouvelles informations sur l’impact sanitaire et économique de la pollution de l’air dans les villes européennes. Vingt cinq d’entre elles étaient représentées, dont 9 en France.
Les résultats ont montré que si les niveaux moyens de particules fines PM2,5 étaient ramenés au seuil de 10 µg/m3, l’espérance de vie pourrait augmenter jusqu’à 22 mois pour les plus de 30 ans. Aucune donnée n’est pour l’instant disponible concernant l’impact sur le cancer du poumon.
A l’issue de l’ensemble de ces études, deux constats ont été faits quant à l’impact des particules en suspension sur la santé :
- aucun seuil n’a été constaté en deçà duquel aucun effet sanitaire ne serait attendu
- c’est dans le cas des effets à long terme que l’impact des particules en suspension sur la santé est le plus important. C’est donc l’exposition chronique aux particules qui doit être prise en compte en priorité dans les politiques de santé publique afin de réduire leur impact sur la santé, et non uniquement les pics de pollution.
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Les particules diesel, principales composantes des particules issues du trafic, sont classées cancérogènes avérés (groupe 1) par le CIRC depuis juin 2012. Cette évaluation a été faite sur la base d’indications suffisantes montrant que l’exposition aux particules diesel est associée à un risque accru de cancer du poumon, et d’indications limitées quant à leur association avecun risque de cancer de la vessie. Le Groupe de Travail a conclu également que les gaz d’échappement issus des moteurs à essence étaient classés cancérogènes possibles (Groupe 2B), résultat inchangé par rapport à la précédente évaluation de 1989.
Air intérieur
L’impact sur la santé des particules présentes dans l’air intérieur a très peu été étudié, comparé à celui des particules atmosphériques ; les études disponibles à ce jour ont été réalisées à partir de faibles populations et présentent des résultats contradictoires (Afsset, 2009). Il n’y a donc à ce jour aucun résultat clair concernant l’effet de la pollution particulaire de l’air intérieur sur le risque de cancer. On peut toutefois penser que les impacts de la pollution particulaire aujourd’hui démontrés dans les études épidémiologiques sur la pollution atmosphérique urbaine sont en partie liés à l’exposition dans les bâtiments.