Papillomavirus humain (HPV)
Le papillomavirus humain est la cause du cancer du col de l’utérus. L’infection par le HPV est nécessaire au processus de cancérogénèse du col de l’utérus.
Le HPV est un virus de petite taille et très résistant. Il existe plus d’une centaine de types de HPV dont une quinzaine sont classés cancérogènes.
L’infection au HPV est l’une des trois principales maladies sexuellement transmissibles (MST) après l’herpès génital et les Chlamydia (Sancho-Garnier, 2013).
Pour plus d’informations sur le papillomavirus humain (HPV) voir Infections à papillomavirus humain (HPV).
Facteurs liés au virus
Le type, la persistance et la charge virale des HPV sont des paramètres très importants conduisant ou non à une progression maligne des lésions (INCa, 2013 ; Rapillard, 2010).
Le CIRC a classé les différents types de HPV en fonction de leur cancérogénicité (CIRC, 2016). Plusieurs études transversales, incluant près de 2000 femmes atteintes du cancer du col de l’utérus ont montré que le HPV de type 16 est le plus fréquent, dans 50 à 60% des cas. Le HPV de type 18 est responsable dans 10 à 12% des cas. Ces chiffres varient en fonction des pays et des régions de la population étudiée (ACCP, 2004).
Tableau 1 : Classement des types de HPV par leur niveau de cancérogénicité établi par le CIRC
|
Agent cancérogène certain pour l’homme
Groupe 1 |
Agent probablement cancérogène pour l’homme
Groupe 2A |
Agent peut-être cancérogène pour l’homme
Groupe 2B |
Type de HPV |
16, 18, 31, 33, 35, 39, 45, 51, 52, 56, 58 et 59 |
68 |
26, 30, 34, 53, 66, 69, 67, 68, 70, 73, 82, 85 et 97 |
Les HPV, en particulier de type 16, sont également impliqués dans le développement d’autres cancers anogénitaux (anus, vulve, vagin, pénis) et des voies aérodigestives supérieures (Bouche et Oropharynx) chez la femme et l’homme (CIRC, 2007).
Co-facteurs de risque
On parle de co-facteur pour désigner un facteur qui contribue à amplifier l’effet d’un agent responsable d’une modification ou d’une maladie.
Le développement du cancer du col de l’utérus est très majoritairement causé par l’infection à HPV (99% des cas). Cependant, beaucoup de femmes infectées ne développeront pas de lésion pré-cancéreuse. C’est lorsque l’infection persiste (>1-2 ans) que des lésions se développent, leur transformation en cancer peut être facilitée par des cofacteurs.
Le CIRC a classé les différents agents associés à l’infection à HPV comme cancérogènes certains (groupe 1) pour l’homme (CIRC, 2016) :
- Le tabac
- Le virus de l’immunodéficience humaine (VIH)
- L’exposition au diesthylstilbestrol in utero
- Les contraceptifs oraux de type oestro-progestatifs séquentiels
Tabagisme
Fumer fait partie des co-facteurs environnementaux les plus identifiés comme pouvant augmenter le risque de cancer du col utérin. Des études montrent que les fumeurs ont un risque deux fois supérieur aux non-fumeurs (ACCP, 2004).
Depuis 2004, le CIRC a classé le tabagisme actif comme cancérogène certain pour les cancers du col de l’utérus (groupe 1) (CIRC, 2012).
Une relation dose-réponse a été démontrée dans plusieurs études épidémiologiques pour les carcinomes épidermoïdes. Autrement dit, plus une femme fume, plus elle aura de risques de développer un cancer du col de l’utérus, car le tabac entraine une persistance virale plus longue, donc un risque plus élevé de transformation (CIRC, 2012 ; CNGOF, 2008).
En ce qui concerne le tabagisme passif, les résultats des études disponibles sont limités et ne peuvent conduire à une conclusion sur la cancérogénicité de la fumée de tabac. Aucune association significative n’a été trouvée chez des personnes non fumeuses et ayant un cancer du col de l’utérus (CIRC, 2012).
Sexualité et immunodéficience
D’autres facteurs peuvent augmenter le risque et la persistance de l’infection au HPV : une expérience sexuelle précoce et une multiplicité des partenaires sexuels et un nombre élevé de grossesses.
L’immunodéficience entraine un risque élevé d’infection virale et notamment par les HPV. Des études réalisées chez des femmes transplantées rénales ou sous traitement entrainant une immunodéficience ont montré une augmentation de l’incidence des lésions cancéreuses (Sancho-Garnier, 2013).
Le Virus de l’Immunodéficience Humain (VIH) a été classé comme agent cancérogène associé au HPV dans les cancers du col de l’utérus (groupe 1) (CIRC, 2014). En effet, le risque de cancer du col de l’utérus est six fois supérieur pour les femmes atteintes du VIH par rapport à la population générale (Castellsagué, 2014).
L’utilisation des contraceptifs oraux de type oestro-progestatifs séquentiels a été classée comme cancérogène certain pour l’homme (groupe 1) (CIRC, 2014). Les femmes prenant un contraceptif oral (CO) sont plus sujettes à contracter une infection par un HPV. Des études menées par le CIRC ont conclu que le risque pour la prise de CO n’existait que pour des durées de prise supérieures à 5 ans (CIRC, 2002). Ce risque diminue à l’arrêt du CO pour devenir quasiment nul 10 ans après l’arrêt du traitement (CIRC, 2007).
En 2010, des études épidémiologiques réalisées au Royaume uni ont estimé que 10 % des cancers du col de l’utérus étaient associées à la prise de CO chez les femmes âgées de 25 à 45 ans (Parkin, 2011).
Diethylstilbestrol
Le diethylstilbestrol (DES) est un puissant œstrogène de synthèse, prescrit dans les années 1950 à 1970 pour réduire le risque de fausse couche. Néanmoins, ce médicament s’est révélé être toxique et cancérogène.
En effet, alors que les femmes traitées au DES ou « Mère DES – première génération » sont susceptibles de développer un cancer du sein, les filles exposées in utéro au DES ou « Filles DES – deuxième génération » ont plus de risque d’avoir des problèmes de fertilité et des complications obstétricales (DES-France). Une association positive a été observée entre l’exposition in utéro au DES avec l’adénocarcinome à cellules claires du col de l’utérus chez les « Filles DES – deuxième génération » (CIRC, 2012).
Plus d’informations sur la substance DES dans la fiche diethylstilbestrol (DES).