Les principaux facteurs environnementaux qui interviennent dans le risque de cancer du sein sont les radiations ionisantes classées facteurs cancérogènes avérés (groupe 1) et le travail posté avec perturbations des rythmes circadiens classés probablement cancérogènes (groupe 2A) par le CIRC .
Radiations ionisantes
Les résultats sur l’existence de plus de 25 grandes études et plusieurs méta analyses sont convergents (Preston, 2002) sur l’existence d’une relation dose-effet des radiations ionisantes, avec un effet cumulatif des doses reçues.
Il est observé une augmentation du risque de cancer liée aux radiations reçues à un âge jeune, en particulier avant l’âge de 40 ans (Key, 2001). Une augmentation du risque est mentionnée chez les femmes qui ont dû subir des examens diagnostiques thoraciques répétés durant l’enfance et l’adolescence même pour de faibles doses.
Le risque de cancer du sein secondaire est augmenté chez les patientes ayant été traitées par radiothérapie pour une maladie de hodgkin (Cutuli, 2011). Un risque à long terme semblerait également induit par le dépistage par mammographies chez les femmes de moins de 40 ans.
Ce risque est absent ou faible chez les femmes de plus de 40 ans. Par ailleurs, des données sont en faveur d’une radiosensibilité accrue chez les femmes porteuses de susceptibilité génétique au cancer du sein (cf. ci-dessus les facteurs génétiques).
Aucune étude n’a permis de mettre en évidence une augmentation significative du risque de cancer du sein avec la dose de radiation reçue par les femmes travaillant dans les installations nucléaires (Cardis, 2006). Concernant les personnels navigants, une augmentation non significative de décès par cancer du sein a été observée sans qu’une relation entre la durée de travail et le risque ait pu être mise en évidence.
Pour les personnels travaillant dans les cabinets de radiologie, il n’y a pas de données en faveur d’une augmentation de risque de cancer du sein (Doody, 2000). Enfin, à ce jour, les résultats de la littérature sont divergents sur un excès de risque de cancer du sein suite à l’accident nucléaire de Tchernobyl.
Travail de nuit
Le travail posté avec modifications des rythmes circadiens associé à la durée du travail de nuit semble augmenter le risque de cancer du sein. Le travail posté entraînerait des perturbations du rythme biologique à l’origine de la sécrétion d’une hormone la mélatonine qui favoriserait l’augmentation de la synthèse d’œstrogènes.
Le travail posté a récemment été classé comme facteur probablement cancérogène (groupe 2A) par le CIRC (Straif, 2011).
Tabac
La consommation de tabac est classé par le CIRC dans le groupe 1 (cancérogène pour l’homme). La littérature sur la relation entre risque de cancer du sein et tabagisme est hétérogène.
La consommation de tabac est souvent associée à celle de boissons alcoolisées, ce qui rend plus difficile la mesure de l’effet propre du tabac sur le risque de cancer du sein.
Néanmoins plus de 150 études épidémiologiques revues par le CIRC ont étudié l’association entre le tabagisme et le cancer du sein, elles suggèrent des « indications limitées » établissant que le tabagisme peut être associé au cancer du sein.
Les études de cohorte les plus récentes (Reynols, 2004 ; Cui, 2006) sont en faveur d’une augmentation du risque pour le tabagisme actif (RR : 1,1-1,4) en particulier lors d’expositions longues ou avant une première grossesse.
Les études récentes sur le tabagisme passif sont également en faveur d’un risque augmenté, surtout (voire seulement) en pré-ménopause. Par ailleurs, des arguments d’études expérimentales supportent la plausibilité biologique d’une association positive.
Expositions à certains produits chimiques
Des études in vitro ont identifié plus de 250 composés, appelés perturbateurs endocriniens, qui imitent ou interfèrent avec les estrogènes naturels et qui peuvent aussi stimuler la prolifération des cellules mammaires cancéreuses (Soto, 1995). Plus de 200 composés chimiques sont reconnus comme cancérogènes mammaires, chez l’animal (Rudel, 2007).
Chez l’homme, à ce jour, 127 substances actives autorisées en Europe sont soupçonnées d’être des perturbateurs endocriniens dont de nombreux pesticides. Les pesticides organochlorés type DDT et polychlorobiphényles (PCB) ont été les plus étudiés du fait de leur persistance dans l’environnement et les tissus biologiques. Les études comparant les concentrations dans le sang ou dans le tissu graisseux de patientes atteintes d’un cancer du sein et de femmes témoins non atteintes, n’ont en général pas mis en évidence d’association entre les niveaux mesurés et le risque de cancer (Fénichel, 2008). Les études restent insuffisantes avec des résultats discordants sur le plan méthodologique
Du fait de leurs propriétés oestrogénomimétiques, mises en évidence dans des études expérimentales, les dioxines sont des substances chimiques suspectées d’être des facteurs de risque du cancer du sein (Soto, 1995). Des travaux ont montré un mécanisme complexe d’interactions entre les dioxines et les estrogènes.
Chez l’animal il a été montré que ces interactions induisent des modifications de l’expression de certains gènes qui entrainent la mort des cellules (Baan, 2009). Les résultats d’une grande étude épidémiologique menée par l’InVS (aujourd’hui Santé Publique France) vont dans le même sens en suggérant une relation positive et significative de cancer du sein chez les femmes habitant les zones les plus exposées aux rejets d’incinérateurs de déchets (produisant des dioxines et d’autres nuisances).
Le lien entre le cancer du sein et l’exposition aux dioxines reste toutefois à établir (Goria, 2009).
D’autres perturbateurs endocriniens, tels que des composés utilisés dans l’industrie pour la fabrication de plastiques, de cosmétiques, de produits de nettoyage, ou de peintures, tels que phthalates, bisphenol A, alkylphénols ont des propriétés oestrogéniques (Brody, 2003 ; DeBruin, 2002). Cependant les données disponibles n’ont pas permis à ce jour de mettre en évidence une association avec le risque de cancer du sein.
Déodorants et anti transpirants
Des études épidémiologiques sur l’implication des déodorants ne présentent pas d’argument en faveur d’une association entre antiperspirants et déodorants et cancer du sein, même après avoir exposé des zones rasées (Namer, 2008).
Un état des connaissances sur la relation sels d’aluminium et cancer du sein a montré les limites et les forces des études in vitro, in vivo et épidémiologiques.
A l’heure actuelle, aucune imputabilité n’est encore certaine, mais les constatations in vitro et in vivo chez l’animal invitent à la précaution quant à l’utilisation massive, quotidienne voire pluriquotidienne, des anti-transpirants à base de sels d’aluminium.
Cependant, par principe de précaution, une diminution de la fréquence de leur utilisation parait raisonnable à la vue des effets dose-dépendants observés in vitro. Il advient notamment de prévenir la population noire africaine qu’elle est particulièrement à risque de développer un cancer du sein, probablement en raison d’une plus grande concentration de glandes sudoripares par centimètres cubes.
Enfin, il est important de rappeler que l’absorption des sels d’aluminium est augmentée sur peau lésée et que l’Union Européenne préconise donc d’éviter l’application de tout anti-transpirant après le rasage (Caroline Bertrand et Julie Delpuech, Mémoire pour l’obtention de l’UE Environnement et santé, Département de biologie humaine, Université Claude Bernard Lyon 1, Année universitaire 2016-2017, « Cancer du sein et sels d’aluminium contenus dans les anti-transpirants, actualisation d’une revue systématique de la littérature de 2008 à 2016 »).
Champs électromagnétiques
Les études disponibles sur les champs électromagnétiques d’extrêmement basse fréquence classées 2B par le CIRC ne montrent globalement aucun lien avec le cancer du sein. Les données sur l’oxyde d’éthylène classé groupe 1 par le CIRC en 2009, ne donnent que des « indications limitées » en faveur d’un lien avec le cancer du sein.