[Dossier thématique] Les pesticides

Présentation

Les pesticides, qu’est-ce que c’est ? 

Ce sont des substances (chimiques ou naturelles) utilisées pour prévenir, contrôler ou éliminer des organismes considérés comme « nuisibles » pour les activités humaines. Le terme « pesticide » vient du latin « caedere » (tuer) et « pestis » (fléau). Il regroupe plusieurs milliers de substances très hétérogènes tant du point de vue de leur structure chimique, de leurs propriétés que de leur mode d’action sur les organismes cibles.

Les trois principales familles

 Les pesticides peuvent être classés en fonction de l’espèce qu’ils combattent, en 3 principales familles :

  • Les insecticides permettent de lutter contre les insectes : ravageurs de récoltes (limaces, pucerons, charançons…), insectes volants ou rampants (cafards, fourmis, frelons, mouches, mites…), ou encore insectes « nuisibles » à l’homme et/ou aux animaux (tiques, poux, moustiques, puces…).
  • Les herbicides , plus communément appelés « désherbants », permettent de lutter contre les mauvaises herbes et les plantes indésirables. Ces produits sont majoritairement utilisés en agriculture pour accroître les récoltes. Ils sont également utilisés dans les jardins privés et espaces verts.
  • Les fongicides permettent de lutter contre les microorganismes parasites susceptibles de se développer sur les plantes, les fruits, les légumes et de nombreux matériaux, comme le bois : moisissures, champignons ou encore mildiou.

Les termes de produits « phytosanitaires » ou « phytopharmaceutiques » sont souvent utilisés pour désigner les pesticides visant à protéger les plantes cultivées.

Les pesticides du quotidien

Dans le cadre de l’étude Pesti’Home de l’ANSES (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) publiée en 2019, 1 507 ménages ont été interviewés dans toute la France métropolitaine au sujet de leur usage des pesticides à leur domicile. Plus de 5 400 produits disponibles à la vente pour les particuliers ont été identifiés dans leurs domiciles.

Résultats de l'étude Pesti'Home de l’ANSES (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) publiée en 2019

Résultats de l’étude Pesti’Home de l’ANSES (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) publiée en 2019

  • Quels risques pour la santé ?

    Un danger pour la santé ?

    Une expertise menée en 2021 par les chercheurs de l’INSERM (Institut national de la santé et de la recherche médicale) conclut à la présomption forte d’un lien entre l’exposition aux pesticides et certaines maladies : lymphomes non hodgkiniens (LNH), cancer de la prostate, maladie de Parkinson dans le cadre d’une exposition professionnelle, ainsi que des troubles du développement neuropsychologique et moteur de l’enfant, et certains cancers chez l’enfant (tumeurs cérébrales et leucémies) en lien avec les expositions prénatales.

    Des liens ont été également identifiés pour d’autres maladies avec une présomption moyenne : cancer du système nerveux central, maladie d’Alzheimer ou encore troubles anxiodépressifs. Les études sur les riverains de zone agricole étaient trop peu nombreuses et présentaient des limites importantes, ne permettant pas de conclure à l’existence d’un lien avec des maladies.

    À noter, une récente étude publiée par l’Inserm en octobre 2023 a constaté un lien entre la densité de parcelles viticoles à proximité des domiciles et le nombre de leucémies chez les enfants. Plus cette densité est importante, plus les cas de leucémies augmentent. D’autres études sont nécessaires pour confirmer ce résultat.

    Un danger pour la nature ?

    Une expertise réalisée en 2022 par l’INRAE et l’Ifremer montre que tous les milieux terrestres, aquatiques et marins sont contaminés par les produits phytopharmaceutiques. Ces substances ont des impacts directs et indirects avérés sur la biodiversité et fragilisent l’équilibre des écosystèmes. On note néanmoins une baisse de la contamination par certaines substances, interdites depuis plusieurs années.

    La contamination des écosystèmes par les produits phytopharmaceutiques est majoritairement d’origine agricole, et affecte ensuite les sols et les cours d’eau, jusqu’aux mers et océans. Ces substances sont une des causes principales du déclin des invertébrés terrestres (papillons, abeilles, bourdons, coccinelles, carabes…), des invertébrés aquatiques (larves d’insectes, vers, crustacés…) ainsi que de certains oiseaux (granivores, insectivores, rapaces). Indirectement, elles sont principalement associées à la diminution des ressources alimentaires (due à l’élimination de certains insectes et végétaux) et à la dégradation voire suppression d’habitats.

  • Quelles expositions ?

    Les sources d’exposition individuelle

    Nous utilisons souvent des pesticides, sans forcément en avoir conscience, pour entretenir nos habitations, soigner nos plantes d’intérieur, désherber nos jardins ou encore lutter contre certains parasites et insectes (puces, tiques, poux, moustiques, frelons, acariens…).

    Les sources d’exposition collective

    L’alimentation est la principale source d’exposition aux pesticides de la population générale. On retrouve aussi de faibles concentrations de pesticides dans les eaux potables distribuées en France (eau courante et eau en bouteille). Les organismes de surveillance, comme la Direction générale de l’Alimentation (DGAL) ou les agences régionales de santé (ARS), réalisent régulièrement des contrôles pour vérifier que les concentrations ne dépassent pas les seuils autorisés. Les riverains de zones agricoles peuvent également être exposés aux résidus des épandages.

    Les principales sources d'exposition aux pesticides du quotidien

    Les principales sources d’exposition aux pesticides du quotidien

  • Quelles règlementations ?

    Qui autorise la mise en vente des pesticides ?

    Les produits sont classés par type d’usage et leur évaluation est confiée à des agences réglementaires spécifiques.

    En France, c’est l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES) qui évalue les produits phytosanitaires ou phytopharmaceutiques ainsi que les produits biocides et délivre les Autorisations de Mise sur le Marché (AMM). Concernant les médicaments vétérinaires, c’est l’Agence nationale du médicament vétérinaire (ANMV) qui est en charge d’évaluer ces produits. Enfin, l’Agence française du médicament (ANSM) évalue certains produits antiparasitaires comme les anti-poux. Certains produits peuvent entrer dans plusieurs catégories d’usage et ne pas avoir la même réglementation selon l’usage.

    Des agences européennes équivalentes viennent compléter ce dispositif, comme l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) en charge d’évaluer les produits phytosanitaires.

    Quelles sont les mesures au niveau européen pour réduire l’usage de pesticides ?

    La directive 2009/128/CE demande aux Etats membres de mettre en place un plan d’actions afin de réduire l’utilisation de pesticides. En France, il s’agit du plan Ecophyto II+, dont l’enjeu est de réduire le recours aux produits phytopharmaceutiques de 50% d’ici 2025.

    Le 1er février 2024, suite aux manifestations de nombreux agriculteurs en France, le gouvernement a annoncé la mise en pause du nouveau plan Ecophyto (III) qui visait à réduire l’usage des pesticides de 50% d’ici 2030.

    Peut-on utiliser des produits phytosanitaires en dehors du traitement de cultures ?

    Depuis le 1er janvier 2017, les personnes publiques ne peuvent plus utiliser ou faire utiliser des phytosanitaires pour l’entretien des espaces verts, forêts et promenades accessibles ou ouverts au public. Depuis le 1er janvier 2019 (loi Labbé), les particuliers n’ont plus le droit d’utiliser et de détenir des produits phytosanitaires.

    Existe-t-il une réglementation pour l’épandage des produits sur les cultures ?

    En 2014, le code rural et de la pêche maritime impose la mise en place de protection adaptées lors de l’utilisation des produits à proximité des personnes vulnérables. Si cela n’est pas possible, les préfets peuvent imposer une distance minimale entre les résidences et les lieux d’épandage.

    En 2018, la loi dite « Egalim » , renforce la protection des riverains de zone agricole, en interdisant par exemple les épandages en cas de vent d’intensité supérieure à 19 km/h.

    L’arrêté du 27 décembre 2019 relatif aux mesures de protection des personnes lors de l’utilisation de produits phytopharmaceutiques a également instauré des distances de sécurité entre les zones traitées et les bâtiments habités (20 mètres si un produit contient une substance dont la nocivité est avérée (classée CMR1), pour les autres cas, 10 mètres pour l’arboriculture, viticulture, arbres, petits fruits et cultures ornementales, 5 mètres pour les autres cultures). Sur l’injonction du Conseil d’Etat, un arrêté du ministère de l’agriculture impose depuis mars 2023 une distance incompressible de 10 mètres autour des habitations pour les traitements de produits phytosanitaires suspectés d’être cancérogènes, mutagènes ou toxiques pour la reproduction (classée CMR2).

    Y-a-t-il des contrôles de concentrations de ces produits dans les aliments et l’eau ?

    Pour chaque produit, les agences établissent des limites maximales de résidus (LMR) pour chaque pesticide pour une denrée définie qui ne doivent pas être dépassées. Des directions de l’Etat contrôlent ensuite les résidus de pesticides dans les denrées et le respect des bonnes pratiques.

    L’eau du robinet est surveillée à la fois par la personne responsable de la production et de la distribution d’eau et les contrôles sanitaires sont mis en œuvre par les Agences Régionales de Santé. Les pesticides sont aussi contrôlés dans les eaux en bouteille.

  • Comment agir face à l’exposition aux pesticides ?

    Les recommandations

    Les personnes vulnérables doivent être protégées au maximum :

    • Femmes enceintes pendant toute la durée de la grossesse ;
    • Nourrissons et jeunes enfants, qui peuvent être particulièrement exposés par leurs jeux au sol et le port des mains à la bouche ;
    • Personnes souffrant d’asthme ou d’allergie.

    Avant d’utiliser un pesticide, il est nécessaire de se poser les questions suivantes :

    • L’organisme que je souhaite éliminer est-il dangereux ? Est-ce vraiment indispensable ?
    • Existe-t-il une autre solution pour se débarrasser du problème ?

    Lorsque l’utilisation des pesticides ne peut être évitée :

    • Respecter les consignes d’utilisation et de stockage mentionnées sur les emballages : lire attentivement le mode d’emploi, respecter les quantités et les consignes de sécurité (port de gants et/ou d’un masque si nécessaire) ;
    • A l’intérieur : aérer pendant et après utilisation et ne pas rester dans la pièce traitée ;
    • Bien se laver les mains après l’utilisation, voire prendre une douche si nécessaire ;
    • Ranger les produits hors de portée des enfants, dans des endroits éloignés des lieux de vie, bien ventilés et non chauffés ;
    • Ne pas jeter les produits à la poubelle et les vider dans l’évier, les déposer à la déchetterie.

    Il est possible de réduire considérablement notre exposition aux pesticides au quotidien, même s’ils sont présents dans notre environnement, en adoptant certaines habitudes.

    Alimentation : fruits et légumes

    Fruits et légumes

    • Laver ou peler les fruits et légumes (bio et non bio) avant de les consommer ;
    • Privilégier les fruits et légumes de saison ainsi que les produits locaux ;
    • Privilégier des produits issus de l’agriculture biologique qui limite l’usage de produits pesticides : produits avec le label français AB ou le label européen

    Jardinage : plantes et jardins privés

    • Utiliser des produits portant la mention « Emploi autorisé au jardin » (EAJ). Ils correspondent aux produits dits de « biocontrôle », aux produits qualifiés à faible risque comme le phosphate de fer pour lutter contre les limaces, et à ceux utilisables en agriculture.
    • Privilégier l’éco-jardinage :
      – Miser sur la biodiversité et les auxiliaires de culture (hérissons, lézards, œillets d’Inde…) ;
      – Utiliser des traitements physiques ou peu toxiques pour l’humain (binage, huile, alcool…) ;
      – Choisir des plantes adaptées aux conditions locales, qui seront plus résistantes…
      Un guide pratique de l’éco-jardinage est disponible sur le site du Grand Lyon.

    Lutte contre certains parasites, insectes et rongeurs

    • Mieux vaut prévenir que guérir ! Un ménage régulier couplé à un nettoyage des literies et une aération fréquente peuvent éviter la prolifération de moisissures, champignons, cafards, acariens…
    • Eviter tout contact avec les animaux après un traitement antiparasitaire externe
    • Tester certains produits répulsifs naturels : des alternatives existent pour les moustiques (huile essentielle de géranium), les poux (huile essentielle de lavande) ou encore les puces (vinaigre de cidre dilué) ;
    • Tester des moyens physiques pour contrer l’invasion de certains insectes ou rongeurs : moustiquaires, nasses, tapettes, ruban à glu, limiter les eaux stagnantes…

    Ménage : surfaces et produits ménagers

    • Avoir une bonne hygiène, avec une attention particulière pour les enfants : lavage fréquent des mains et des jouets, lavage des sols et élimination de la poussière ;
    • Opter pour des produits ménagers éco-labellisés ou faits maison pour votre ménage : vinaigre blanc, bicarbonate et cristaux de soude, savon noir… En plus d’être des produits plus sains pour votre intérieur et votre santé que les produits industriels, cela vous simplifiera la tâche !
    • Pour vous aider, l’IREPS (Instance Régionale d’Education et de Promotion Santé) de la région Auvergne- Rhône-Alpes propose sur son site un guide de recettes de produits d’entretiens écologiques !

    Riverains de zone agricole

    • Rester au domicile, portes et fenêtres fermées, aux heures de pulvérisation ;
    • Aérer en dehors des sessions d’épandage ;
    • Respecter un délai de 15 jours avant la consommation des fruits et légumes qui ont été pulvérisés puis les laver abondamment et les peler;
    • Ecarter les enfants du site traité ou si ce n’est pas possible veiller à ce qu’ils aient des activités qui limitent les contacts cutanés avec le sol traité et l’ingestion de poussière ;
    • Tout mettre en œuvre pour une bonne hygiène, avec une attention particulière pour les enfants : lavage fréquent des mains et des jouets ; lavage des sols et élimination de la poussière
  • Les fiches sur ce thème

Auteur : Département Prévention Cancer Environnement, Centre Léon Bérard

Sources rédactionnelles : Anses, Inrae, Inserm

Mise à jour le 16 avri. 2024

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