Expositions en population générale
Le TiO2 entre dans la composition d’une grande variété de produits finis tels que des peintures, des cosmétiques (crèmes solaires, dentifrices…), mais aussi des médicaments, des produits alimentaires ou des produits de construction (bâtiment et travaux publics). Sous forme micrométrique, les poussières de dioxyde de titane sont source d’irritations oculaires et d’irritations mécaniques des voies respiratoires. Sous forme nanométrique, le TiO2 ne semble pas allergène sur la couche supérieure de la peau, mais il peut potentialiser un autre allergène.
Cosmétiques
Sous forme micrométrique, les poussières de dioxyde de titane sont source d’irritations oculaires et d’irritations mécaniques des voies respiratoires. Sous forme nanométrique, le TiO2 ne semble pas allergène sur la couche supérieure de la peau, mais il peut potentialiser un autre allergène.
Dans les crèmes solaires et produits de beauté, les nanoparticules de TiO₂ (Cl 77891) ont été évaluées par le Comité scientifique pour la sécurité des consommateurs (CSSC) (cf rapport d’avril 2014 intitulé « Opinion on Titanium Dioxide (nano form) COLIPA n° S75 (SCCS /1516/13) », qui a approuvé leur utilisation comme anti-UV, avec une autorisation d’une concentration maximale de 25% (les applications sous forme de spray ne sont pas autorisées).
Depuis août 2016, la forme nano des particules de dioxyde de titane est inscrite à l’annexe VI du Règlement européen relatif aux cosmétiques. Elles sont autorisées sous formes micrométrique et nanométrique (concentration de 25% du total de la préparation prête à l’emploi, sauf pour les sprays pouvant donner lieu à une exposition des poumons par inhalation). Le plus souvent les produits solaires contiennent entre 2 et 10 % de TiO₂. Utilisées principalement sous forme rutile (ou mélange anatase/rutile), les nanoparticules de TiO₂ sont enrobées d’une couche protectrice faite d’alumine, d’hydroxyde d’aluminium ou de silice devant empêcher la formation de radicaux libres (qui provoquent le vieillissement cutané). Cet enrobage est lui-même enrobé par un agent tensioactif à base de silicium afin d’assurer la dispersion des nanoparticules dans le produit final. Il a été observé que le chlore des piscines peut dégrader ce revêtement, or au contact de l’eau et sous l’effet de la lumière, le nanoTiO2 pourrait alors libérer des radicaux libres, potentiellement néfastes pour les baigneurs (Sharifan, 2016). En 2010, des travaux de recherche sur le vieillissement d’un filtre nano-TiO2 SERENADE Projet Eco-SUN 2015-2018 – Document Scientifique Serenade ECO SUN, ont montré que cet enrobage pouvait être altéré, il convient donc de respecter les dates limites de consommation (en général 12M, pour 12 mois après ouverture) pour s’assurer d’une photo passivation efficace du TiO₂.
Le 18 février 2020 a été publié au Journal officiel que parmi six ingrédients utilisés dans les produits cosmétiques, le dioxyde de titane (Titanium dioxide) devient officiellement un cancérogène de catégorie 2 par inhalation. C’est la 14ème ATP (Adaptation au progrès technique et scientifique) du règlement CLP (Classification, étiquetage et emballage des substances).
https://eur-lex.europa.eu/legal-content/EN/TXT/PDF/?uri=CELEX:32020R0217&from=EN
Alimentation, le cas de l’additif alimentaire E171
L’additif alimentaire E171 est un colorant alimentaire sous forme de poudre, constitué de particules de dioxyde de titane (TiO2), utilisée pour sa couleur blanche et ses propriétés opacifiantes. Le E171 contient majoritairement des particules micrométriques de TiO2, cependant une partie se présente sous la forme nanométrique (<100 nm).
D’une étude à l’autre, la proportion de particules nanométriques varie, mais reflète plutôt une variabilité d’un échantillon à l’autre. Ainsi, l’étude américaine de Weir rapporte que des particules dites fines peuvent être présentes à hauteur de 36%, d’autres études rapportent plutôt une proportion de 10 à 15 % (Weir, 2012 ; Peters, 2014 ; Yang, 2014).
Le 17 avril 2019 un arrêté paru au Journal officiel a prévu la suspension de la mise sur le marché des denrées alimentaires contenant l’additif E171 (dioxyde de titane) à compter du 1er janvier 2020.
Cette nouvelle restriction fait partie de la loi pour l’équilibre des relations commerciales dans le secteur agricole et Alimentaire (EGalim). Cette mesure d’interdiction ne concerne pas les cosmétiques (dont le dentifrice) et les médicaments. Le bénéfice apporté par les médicaments est estimé supérieur aux risques liés au dioxyde de titane et ne justifie pas la mise en place d’un principe de précaution.
L’Anses a établi un état des lieux de l’utilisation des nanomatériaux dans l’alimentation sur le territoire national. En dépit des difficultés d’identification et de traçabilité des nanomatériaux dans le domaine de l’alimentation, ces travaux d’expertise ont permis d’identifier une liste de substances nanoparticulaires utilisées en tant qu’additifs ou ingrédients alimentaires parmi lesquels l’additif E171, mais aussi les catégories alimentaires les plus concernées par ces nanomatériaux (https://www.anses.fr/fr/system/files/ERCA2016SA0226Ra.pdf). Ce recensement a été effectué avant la suspension en France du E171. Ces données seront utilisées pour l’étape suivante consistant à étudier les risques sanitaires que pourraient représenter ces substances pour les consommateurs. En attendant, dans cet avis, l’Anses réitère les recommandations de ses précédentes expertises sur le sujet, notamment elle incite à limiter l’exposition des consommateurs en évitant les usages superflus de nanomatériaux dans l’alimentation.
En 2021, dans le cadre d’une mise à jour de l’évaluation du risque sur base de nouvelles données, l’EFSA estime que l’emploi du dioxyde de titane ne peux plus être considéré comme sûr en tant qu’additif alimentaire, notamment parce que des effets génotoxiques ne peuvent être exclus. https://www.efsa.europa.eu/en/news/titanium-dioxide-e171-no-longer-considered-safe-when-used-food-additive
Expositions professionnelles
Les travailleurs particulièrement exposés sont ceux qui exercent dans les secteurs de la chimie, du bâtiment, de l’automobile, de la formulation des encres, peintures et vernis, des cosmétiques, de la pharmacie ou de l’alimentaire (INRS, 2017).
Dans le secteur du BTP, la présence de TiO2 sous forme pigmentaire se retrouve principalement dans les formulations de peintures et d’enduits de signalisations de la route. La forme nanométrique a été introduite pour exploiter ses propriétés photocatalytiques transférables au produit dans lequel il est incorporé. Ainsi il est utilisé comme agent dépolluant de l’air ou d’auto-entretien de la structure considérée (verre, béton, bitume, céramique..). Les métiers associés à ce type d’activités sont par exemple les fabricants de colorants et de pigments, fabricants de peintures, vernis, chaux, plâtres, béton, verres, les peintres, enduiseurs, ravaleurs, maçons… L’exposition la plus forte au TiO2 nanométrique du salarié est celle liée à la manipulation de produits pulvérisés ou de suspension liquide lors de diverses activités professionnelles, comme des opérations de pulvérisations, de ponçages (vernis, peintures). La voie d’exposition est celle de l’inhalation d’aérosols.
Ces expositions ont été ou sont encore ignorées par les salariés concernés alors que ces professionnels devraient faire l’objet d’une sensibilisation et d’une surveillance ciblée. Des efforts se sont développés notamment en 2014, à travers les données recueillies dans le cadre de la déclaration obligatoire R-nano. Les données relatives aux nanoparticules de dioxyde de titane issues de cette déclaration ont été communiquées à l’Institut national de Veille Sanitaire (InVS, aujourd’hui Santé Publique France) dans le cadre du projet Epinano mis en place pour le suivi de cohortes de travailleurs exposés aux nanomatériaux.
L’Anses a été chargée de définir une VTR (Valeur de Toxicologie de Référence) chronique par inhalation pour le TiO2-NP (exposition par voie respiratoire). Suite à une analyse approfondie de l’ensemble des données de toxicité disponibles, l’Agence en avril 2019 recommande une VTR chronique par inhalation pour la forme P25 du TiO2-NP de 0,12 µg.m-3. Il s’agit par ailleurs, de la première VTR élaborée pour un nanomatériau en France.
Nouvelle recommandation de valeur limite d’exposition professionnelle de l’Anses 2021 :
Chez les personnes exposées par voie respiratoire, le dioxyde de titane sous forme nanoparticulaire (TiO2-NP ) peut engendrer une inflammation pulmonaire susceptible d’entraîner dans certains cas la cancérogénèse. L’Anses recommande des valeurs limites d’exposition professionnelle (VLEP) pour renforcer la prévention des risques pour les travailleurs et préconise une VLEP-8h de 0,80 microgramme par mètre cube sur une durée de 15 minutes. Le respect de cette valeur permet de prévenir l’inflammation pulmonaire, effet survenant aux concentrations d’exposition les plus faibles (Anses, 2021).