Cancer de la peau - Mélanome

Le saviez-vous ?

Le mélanome cutané est une tumeur maligne du système pigmentaire qui se développe à partir des mélanocytes (cellules qui fabriquent la mélanine, responsable de la pigmentation de la peau).

Le mélanome représente entre 2 et 3 % de l’ensemble des cancers. Le mélanome cutané se situe au 8ème rang des cancers chez l’homme et au 6ème rang chez la femme. C’est une tumeur potentiellement agressive surtout lorsqu’elle est prise à un stade tardif et qui peut donner des métastases mettant en jeu le pronostic vital.

65 à 95% des mélanomes cutanés sont causés par l’exposition aux rayonnements UV. Les radiations solaires et les rayonnements UV émis par des installations de bronzage sont tous deux des cancérogènes certains pour l’homme pour le mélanome cutané (groupe 1 du CIRC). Le risque cancérogène des UV naturels et artificiels se cumule : c’est la dose totale d’UV reçue qui détermine le risque cancérogène global.

Le mélanome cutané est une maladie multifactorielle qui dépend principalement de l’interaction entre le type de peau et l’exposition aux UV (période et intensité), et de facteurs individuels (origines ethniques, facteurs génétiques, pigmentation de la peau, comportement).

L’enfance/adolescence est une période critique : une forte exposition au soleil tôt dans la vie augmente le risque de mélanome.

Le fait d’avoir été exposé au moins une fois dans sa vie à un appareil émettant des UV artificiels entraîne une augmentation de 15% du risque de développer un mélanome cutané.

Présentation

Il existe deux types de cancers de la peau : les carcinomes cutanés et les mélanomes. Les carcinomes représentent 90% des cancers de la peau et ne se propagent que rarement. Le second type, les mélanomes, sont des tumeurs malignes du système pigmentaire qui se développent à partir des mélanocytes (cellules qui fabriquent la mélanine responsable de la pigmentation de la peau humaine.

Les mélanocytes sont normalement présents dans l’épiderme. Dans plus de 90 % des cas, un mélanome se situe au niveau de la peau. Dans de rares cas il peut se développer dans d’autres parties du corps où se trouvent aussi des mélanocytes (yeux, bouche, vagin, anus et dessous des ongles).

La survenue de ce cancer est tardive, près de trois quarts des nouveaux cas estimés sont diagnostiqués au-delà de 49 ans et seulement 27 % entre 15 et 49 ans. Le mélanome est un cancer exceptionnel chez l’enfant et rare avant 20 ans, sauf pour sa forme ophtalmologique. Il n’y a pas de mélanome « type » mais divers types de mélanomes caractérisés par des présentations cliniques, évolutives et biologiques différentes.

Pour en savoir plus sur la prise en charge du mélanome voir le site internet de l’INCa.

Le mélanome est une tumeur potentiellement agressive surtout lorsqu’elle est prise à un stade tardif et qui peut donner des métastases mettant en jeu le pronostic vital.

  • Epidémiologie

    Le mélanome représente entre 2 et 3 % de l’ensemble des cancers.
    Le mélanome cutané se situe au 8ème rang des cancers chez l’homme et au 6ème rang chez la femme. Les deux tiers de ces cancers sont liés à des expositions excessives au soleil, principalement des expositions intermittentes et intenses pendant l’enfance.

    Les derniers chiffres publiés par Santé publique en 2019, font état de 15 513 nouveaux cas de mélanome de la peau recensés en France.

    Le mélanome cutané est le premier des cancers en termes d’augmentation de fréquence. Chez l’homme, le nombre de cas incidents de mélanome cutané a été multiplié par 5 (+371 %) entre 1990 et 2018. Chez la femme, il a été multiplié par 3 (+189 %) entre 1990 et 2018. Le pic d’incidence se situe entre 40 et 50 ans. L’âge moyen au diagnostic est de 60 ans, chez la femme et de 66 ans chez l’homme. Le mélanome survient à tout âge et c’est le cancer le plus fréquent de l’adulte jeune entre 25 et 50 ans dans la zone occidentale. Il reste exceptionnel avant l’âge de 20 ans.

    Le nombre de décès en 2018 est estimé à 1 975 dont 57 % chez l’homme. Les taux de mortalité sont respectivement de 1,7 chez l’homme et 1,0 chez la femme. Les âges médians au diagnostic et au décès sont respectivement de 66 et 71 ans chez l’homme et de 60 et 73 ans chez la femme (Globocan, 2018).

    Le mélanome possède la plus forte augmentation d’incidence parmi tous les cancers. Dans les pays occidentaux, la fréquence des mélanomes est multipliée par deux tous les dix ans depuis 50 ans. Cette très forte augmentation a conduit à la mise en place d’importantes campagnes de prévention solaire dans la plupart des pays. Actuellement, ce cancer touche 15 personnes sur 100.000 par an. L’incidence de ce cancer est en forte augmentation pour les deux sexes depuis 1980 avec toutefois un petit ralentissement de cette croissance entre 2005 et 2012 (2,9 % et 1,7 % par an, respectivement, chez l’homme et chez la femme) (Globocan, 2018).

    Selon la latitude géographique et l‘origine ethnique des populations, l’incidence pour le mélanome est très variable (les données sont exprimées en nombre de cas pour 100 000 personnes):

    • 0,4 cas en Afrique Noire
    • 0,4 cas en Asie
    • 11 cas en Europe (19 Europe de l’Ouest ; 5 en Europe de l’Est et du Centre)
    • 13 cas en Amérique de Nord
    • 34 cas en Australie et Nouvelle Zélande

    Les pays avec le plus grand nombre de nouveaux cas sont de loin la Nouvelle-Zélande (35,1 nouveaux cas pour 100 000 personnes chez les hommes et 32.8 chez les femmes en 2000-2002), l’Australie et les États-Unis (Globocan, 2020).

  • Facteurs de risques environnementaux et comportementaux

    Le mélanome cutané est une maladie multifactorielle dont les facteurs de risque sont des facteurs liés à l’environnement, aux modes et conditions de vie, et des facteurs de risques individuels (origines ethnique, facteurs génétiques, pigmentation de la peau, des yeux, des cheveux, présence de grains de beauté…). L’interaction entre le type de peau et l’exposition au soleil est le facteur prédominant dans la survenue d’un mélanome.

    Exposition aux rayons ultraviolets solaires et artificiels

    Trois types de rayonnements UV d’origine solaire ou artificielle existent. Les UVA, UVB, et UVC se distinguent par leur énergie, leur longueur d’onde et leur capacité à pénétrer dans la peau.

    Le risque cancérogène des UV naturels et artificiels se cumule. C’est la dose totale d’UV reçue qui détermine le risque cancérogène global. La relation entre mélanome cutané et dose d’exposition aux UV dépend de la période et de l’intensité de l’exposition aux UV, et interagit fortement avec les facteurs individuels. La relation entre exposition au soleil et risque de mélanome n’est pas directe, elle fait intervenir des interactions avec la sensibilité de l’hôte et son comportement, en particulier l’exposition intermittente dans l’enfance et l’exposition intentionnelle et chronique à l’âge adulte.

    Les mélanomes chez les personnes de 40-65 ans sont situés à des endroits comme le tronc et les membres, reflétant une exposition volontaire et intermittente. Au contraire, chez les personnes plus âgées, les mélanomes se trouvent plus souvent sur le visage et le cou, traduisant une exposition chronique au soleil (Whiteman, 2006 ; Anderson, 2009).

    L’enfance/adolescence est une période critique : une forte exposition au soleil tôt dans la vie augmente le risque de mélanome (Whiteman, 2001 ; Elwood, 1997) que ce soit des expositions répétées ou quelques expositions intenses. Outre leur rôle initiateur de cancers cutanés, les UV joueraient également un rôle promoteur de la croissance des tumeurs par affaiblissement du système immunitaire (Halliday 2005 ; Halliday and Lyons 2008).

    Les coups de soleils intenses de la petite enfance sont reconnues comme un facteur de risque de survenue de mélanome. En juillet 2009, le Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC) a confirmé le classement de 1992  des radiations solaires en tant que cancérogènes certains pour l’homme (groupe 1) (CIRC, 1992) et a classé dans le groupe 1 l’ensemble des rayonnements UV incluant les rayonnements UV émis par les installations de bronzage (El Ghissassi, 2009).

    Exposition solaire

    On estime que 65 à 95 % des mélanomes cutanés sont causés par l’exposition au soleil. Les agressions par les rayons UV engendrent des altérations des cellules de la peau qui disposent de mécanismes de réparation leur permettant de réparer les dommages subis.

    Mais cette capacité naturelle de réparation n’est pas inépuisable, en cas d’expositions répétées, la peau ne parvient plus à se défendre contre les dégâts causés. Ainsi, lorsque les cellules endommagées ne sont plus réparées correctement, des mutations peuvent se produire et entraîner la transformation cancéreuse de la cellule. On parle de capital solaire épuisé (Anses).

    Expositions aux UV artificiels des cabines et lampes de bronzage

    Des données récentes ont permis d’affirmer l’existence d’une relation entre risque de mélanome cutané et expositions aux UV artificiels (El Ghissassi, 2009 ; Gandini, 2011).

    En effet, les données épidémiologiques montrent que le fait d’avoir été exposé au moins une fois dans sa vie à un appareil émettant des UV artificiels entraîne une augmentation de 15% du risque de développer un mélanome cutané. Par ailleurs, le risque de mélanome augmente de 75% quand l’utilisation d’appareils de bronzage artificiel débute avant l’âge de 35 ans, alors que l’interdiction de fréquenter des cabines de bronzage ne concerne que les mineurs (CIRC, 2007).

    Depuis le classement par le CIRC, 3 études majeures, dont l’analyse d’une épidémie de mélanomes en Islande ont confirmé le lien entre mélanome et bronzage artificiel (Lazovich, 2010 ; Cust, 2011 ; Héry, 2010).

    Si le risque apparait faible en population générale, il se concentre chez les individus qui ont commencé à s’exposer avant l’âge de 35 ans. En Australie, chez les malades de moins de 30 ans près des trois quarts des mélanomes peuvent être attribués à l’exposition aux UV artificiels (Cust, 2011). En France, une étude a estimé que 347 cas annuels de mélanome sont dus à l’utilisation du bronzage artificiel (Boniol, 2012).

  • Facteurs de risques individuels et facteurs professionnels

    Certaines personnes sont plus sensibles que d’autres aux rayons UV. Le type de peau (ou « phototype ») est un critère important. Il existe 5 types de phototypes pour lesquels les caractéristiques sont définies ainsi que les réactions au soleil cf. tableau ci-dessous.

    Tableau des phototypes (INCa)

    Caractéristiques Réactions au soleil
    Phototype I  Peau très blanche, cheveux roux ou blonds, yeux bleus/verts, tâches de rousseur Coups de soleil systématiques
    Phototype II Peau claire, cheveux blonds roux à châtains, yeux clairs à bruns, parfois apparitions de taches de rousseur Coups de soleil fréquents, bronze à peine ou très lentement
    Phototype III Peau intermédiaire, cheveux châtains à bruns, yeux bruns Coups de soleil occasionnels, bronze graduellement
    Phototype IV Peau mate, cheveux bruns / noirs, yeux bruns / noirs Coups de soleil occasionnels lors d’expositions intenses, bronze bien
    Phototype V Peau brun foncé, cheveux noirs, yeux noirs Coups de soleil rares bronze beaucoup

    Les données d’une étude cas-témoin conduite dans la population générale de 10 départements français montrent que les rayonnements UV peuvent être à l’origine de mélanomes oculaires chez les soudeurs (Guenel, 2002 ; CIRC, 2006).

    L’INCa a publié un document à destination des médecins dans le but d’identifier les facteurs de risques (présents ou passés) de cancers cutanés d’origine professionnelle.

    Certains autres facteurs de risques ont été identifiés ne concernent pas uniquement le mélanome cutané mais d’autres tumeurs cutanées.

    Ces facteurs de risques dépendent des secteurs d’activités : rayonnements UV (travail à l’extérieur, soudures des métaux), Hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) (présents dans les goudrons de houille et bitume) et arsenic (fabrication ou utilisation de pesticides en agriculture …). Ces facteurs de risques peuvent agir en synergie (INCa, 2012).

  • Dépistage du mélanome

    Les signes qui doivent vous alerter :

    • Repérez le grain de beauté diffèrent des autres
    • Apparition d’une nouvelle tâche brune sur la peau (cas le plus fréquent) ou un grain de beauté qui change d’aspect rapidement (dans sa forme, sa taille, sa couleur ou son épaisseur)
    • Règle « ABCDE »
      Pour plus d’informations, voir le site internet de l’INCa.

    Pour les personnes considérées comme à risque, en particulier avec des antécédents familiaux de cancers de la peau, il est généralement recommandé de se faire examiner par un dermatologue au moins une fois par an et de pratiquer un auto-examen tous les 3 mois.

    Chaque année en mai, le Syndicat national des dermatologues-vénérologues (SNDV) organise une Journée nationale de dépistage des cancers cutanés pour sensibiliser le public.

  • Traitements

    Le meilleur traitement du mélanome reste chirurgical. Pris à temps, le mélanome est guéri la plupart du temps par la chirurgie large.

    En cas de progression métastatique, d’importantes avancées thérapeutiques ont été faites depuis les 10 dernières années permettant de soigner bien mieux un cancer réputé comme agressif et difficilement traitable.

  • Evolutions récentes

    Au plan international, le programme INTERSUN lancé en 1993 par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) évalue la recherche sur les effets du rayonnement UV sur la santé, et diffuse aux états membres de l’OMS des informations et des recommandations de prévention des risques liés à ces expositions.

    En France, l’association Sécurité Solaire, centre collaborateur de l’OMS, diffuse aux médias les prévisions d’indice UV de Météo France.

    • Renforcement de la prévention de l’exposition aux rayonnement UV

    La prévention des expositions aux UV (naturels et artificiels) s’inscrit dans la mise en œuvre de politiques publiques de prévention des risques environnementaux et professionnels liés à l’exposition aux agents cancérogènes, mutagènes et reprotoxiques (c’est-à-dire toxiques pour la reproduction).

    Chaque année depuis 1998, une campagne nationale d’information est organisée dans le but de sensibiliser la population aux risques solaires.

    • Pour en savoir plus sur les campagnes de prévention, voir le site internet de Santé Publique France.
    • Réglementation de la vente et de la mise à disposition du public d’appareils de bronzage délivrant des rayonnements ultraviolets
      Les dispositions réglementaires actuelles encadrant l’activité du bronzage UV visent à réduire le risque de cancer associé à cette pratique. Elles ne peuvent cependant pas l’éliminer, étant donné la nature de son effet cancérogène. Ainsi, les dispositions du décret n°97-617 encadrent, en France depuis 1997, la vente et la mise à disposition du public d’appareils de bronzage utilisant des rayonnements UV pour limiter les effets délétères de ces expositions à court et à long termes. Ce décret est actuellement en cours de révision.

    Cependant, la réglementation actuelle ne permet ni de maîtriser efficacement les expositions aux UV artificiels en cabine de bronzage ni de réduire le nombre d’événements sanitaires associés à cette pratique (photosensibilisation, risques oculaires, cancers cutanés) (BEH, 2012).

    Il est à noter que, notamment depuis le classement par le CIRC des UV dans le groupe 1 des cancérogènes, de nombreux pays ont établi des réglementations pour encadrer l’utilisation des appareils de bronzage, voire même l’interdire totalement (le Brésil en 2009, la Nouvelle Galles du Sud-Australie en 2014).

    Dans un avis du 10 octobre 2018, l’ANSES demande aux pouvoirs publics de « prendre toute mesure de nature à faire cesser l’exposition de la population aux ultraviolets artificiels émis par les cabines de bronzage à des fins esthétiques ». Cette agence demande également la cessation de vente d’appareils pour les particuliers. Les auteurs du document ont épluché la littérature scientifique pour actualiser les connaissances sur le sujet. Leur conclusion est claire : « Le risque de cancer associé aux UV des appareils de bronzage artificiel est avéré» (Anses, 2018).

    En conclusion, le mélanome est un cancer rare, grave mais en grande partie évitable.

Auteur : Département Prévention Cancer Environnement, Centre Léon Bérard

Relecture : Dr Mona Amini-Adle, onco-dermatologue, Centre Léon Bérard, Lyon.

Mise à jour le 08 sept. 2022

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