Pollution de l'air

Le saviez-vous ?

La pollution de l’air peut être d'origine anthropique (du fait de l'homme) ou d'origine naturelle (volcans, feux de forêt...), c'est l’introduction, directe ou indirecte, dans l’atmosphère et les espaces clos, de substances ayant des conséquences préjudiciables de nature à mettre en danger la santé humaine, à nuire aux ressources biologiques et aux écosystèmes, à influer sur les changements climatiques, à détériorer les biens et matériels et à provoquer des nuisances olfactives excessives.

Si les risques individuels dûs à la pollution de l’air sont faibles, les risques en termes de santé publique peuvent être importants car l’exposition concerne l’ensemble de la population.

L'exposition à la pollution de l'air extérieur est classée cancérogène avéré pour l'Homme (Groupe 1) par le CIRC pour le cancer du poumon.

Certaines substances qui entrent dans la composition, de l'air, comme par exemple le benzène, le formaldéhyde ou certains HAP sont également classées cancérogènes par le CIRC.

Présentation

D’après la loi sur l’air et l’utilisation rationnelle de l’énergie du 30 décembre 1996, la pollution de l’air est « l’introduction par l’homme, directement ou indirectement, dans l’atmosphère et les espaces clos, de substances ayant des conséquences préjudiciables de nature à mettre en danger la santé humaine, à nuire aux ressources biologiques et aux écosystèmes, à influer sur les changements climatiques, à détériorer les biens et matériels et à provoquer des nuisances olfactives excessives ».

En plus des deux gaz qui le composent majoritairement (dioxygène et diazote), l’air peut contenir des polluants de différentes origines : naturelle (radon, polluants émis par les volcans…) ou produits par les activités humaines (industrielles, domestiques, agricoles, les transports…).
Les polluants de l’air peuvent être de nature physique, chimique, ou biologique. On distingue les polluants primaires des polluants secondaires :

  • les polluants primaires sont directement issus des sources de pollution (oxydes de carbone, particules, composés organiques volatils par exemple) ;
  • les polluants secondaires résultent de réactions chimiques de gaz entre eux ; ils ne sont pas rejetés directement dans l’atmosphère (ozone, dioxyde d’azote, par exemple).

On distingue l’air extérieur (pour lequel la pollution est souvent nommée « pollution atmosphérique ») de l’air intérieur, qui est l’air contenu dans les espaces clos. Ce dernier n’est pas à négliger lorsqu’on parle de la pollution de l’air, puisque nous passons en moyenne 85% de notre temps dans des espaces clos, qu’ils soient des lieux publics ou des espaces privés.

    La pollution de l'air et les conséquences sur notre santé, comment agir ?

    Source : Une vidéo du Centre Léon Bérard (expertise Delphine Praud et Thomas Coudon) avec le soutien de la région Auvergne-Rhône-Alpes

    Thomas Coudon, chercheur au Département Prévention Cancer Environnement du Centre Léon Bérard intervient lors de la soirée débat du Cancéropôle Lyon-Auvergne-Rhône-Alpes 2017 sur les risques de cancer et les polluants de l'air

    Source : Cancéropôle CLARA

  • L’impact de la pollution de l’air sur la santé : problématique

    L’évaluation de l’impact de la pollution de l’air sur la santé est rendue complexe pour plusieurs raisons (Santé Publique France, 2008) :

    • De nombreux polluants sont présents dans l’air et peuvent interagir entre eux ;
    • La composition de l’air est très variable selon le lieu, la saison, la température, les activités avoisinantes, l’humidité, etc. ;
    • L’exposition à la pollution de l’air est très variable selon les individus et dépend des lieux fréquentés et des activités pratiquées. Par exemple, dans un milieu donné, une personne qui pratique une activité physique subit une exposition plus importante aux polluants de l’air du fait d’une fréquence respiratoire plus importante.
    • L’impact de la pollution de l’air est différent pour chaque individu. Il dépend de son état de santé général et de ses antécédents, qui modifient sa sensibilité ;
    • Les maladies potentiellement dues à la pollution de l’air sont multifactorielles, c’est-à-dire que la pollution ne constitue que l’un des facteurs qui contribuent à leur apparition ; il est alors complexe d’évaluer dans quelle proportion.

    Enfin, il est important de comprendre que si les risques individuels dus à la pollution de l’air sont faibles, les risques en termes de santé publique peuvent être importants car l’exposition concerne un grand nombre de personnes (dans le cas de l’air, c’est l’ensemble de la population qui est exposé).

  • Les principaux polluants de l’air

    Tableau récapitulatif des polluants de l’air

    Particules ou poussières en suspension Impact sur la santé Sources principales Exemples de substances et de classement
    Particules ou poussières en suspension A court terme : irritation des voies respiratoires et altération de la fonction respiratoires (PM2,5), pathologies cardiovasculaires , surtout chez les plus de 65 ans, etc.
    A long terme : troubles cardiovasculaires, cancers du poumon
    Air extérieur : combustions industrielles diverses (sidérurgie, incinération), transport routier diesel, volcanisme, feux de forêts, etc.
    Air intérieur : fumée de tabac, cuisson des aliments, chauffage domestique, encens de bougies, etc.
    Particules diesel issues du trafic
    CIRC : Groupe 1
    Europe : nc*
    Composés organiques volatils A court terme : gêne olfactive, irritation des voies respiratoires, fatigue, maux de tête, nausées, vertiges, troubles du sommeil, augmentation du risque de crise d’asthme, d’allergies, etc.
    A long terme : troubles du système nerveux, respiratoire, immunitaire, rénaux, hépatiques, cancers (mais le potentiel cancérogène varie d’une substance à l’autre)
    Air extérieur : feux de forêts, éruptions volcaniques, combustions de carburants, industries chimiques, raffinage de pétrole, stockage et distribution de carburants et de solvants, etc.
    Air intérieur : désodorisants, laques, vernis, peintures, colles, parquets, solvants, cires, produits nettoyants, panneaux de bois bruts et de particules, mobilier, textiles, fumée de tabac, etc.
    Formaldéhyde 
    CIRC : Groupe 1
    Europe : 2
    Tétrachloroéthylène CIRC : Groupe 2A
    Europe : 2
    Benzène 
    CIRC : Groupe 1
    Europe : 1A
    Hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) Cancers, mais le potentiel cancérogène varie d’une substance à l’autre Combustion de matières organiques Benzoapyrène
    CIRC : Groupe 1
    Europe : 1B
    Radon Gaz cancérogène : augmentation des risques de cancer du poumon Air extérieur : irradiation naturelle des sols granitiques, combustion du charbon, exploitation de mines d’uranium et de phosphates
    Air intérieur : transfert de l’air extérieur ou des roches granitiques
    CIRC : Groupe 1
    Europe : nc*
    Métaux lourds (plomb, mercure, nickelarsenic, cadmium, etc) Troubles du système nerveux, hépatique, rénal, respiratoire.
    Cancers, mais le potentiel cancérogène varie d’une substance à l’autre
    Air extérieur : combustion de charbon, pétroles, ordures ménagères, et certains procédés industriels
    Air intérieur : peintures contenant du plomb (utilisées jusqu’en 1948), anciens thermomètres à mercure, transfert de sols contaminés, etc
    Cadmium
    CIRC : Groupe 1
    Europe : 1B
    Plomb :
    CIRC: 2B
    Europe: nc*
    Nickel :
    CIRC: 2B
    Europe: 2
    Mercure :
    CIRC: 3
    Europe: 1B
    Monoxyde de carbone (CO) Manque d’oxygénation du système nerveux, du cœur, des vaisseaux sanguins, nausées, vomissements, vertiges, fatigue, maux de tête. Peut provoquer l’asphyxie, voire la mort (exposition élevée et prolongée). Combustions incomplètes (gaz, charbon, fioul, bois) dues à des installations mal réglées
    Air extérieur : chauffage domestique, transport routier, etc
    Air intérieur : appareils de chauffage et de production d’eau chaude, tabagisme, etc
    CIRC : nc*
    Europe : nc*
    Dioxyde de soufre (SO2) Irritation des muqueuses de la peau et des voies respiratoires supérieures (toux, irritations et spasmes des bronches,…) Combustion de combustibles fossiles (fioul, charbon, gazole…) contenant du soufre.
    Ex : centrales thermiques, grandes installations industrielles, installations de chauffage individuel ou collectif
    CIRC : Groupe 3
    Europe : nc*

    Source : Fédération Atmo France, OQAIAfsset
    *nc : non classé

  • Pollution de l’air et cancer

    Après avoir examiné soigneusement les dernières données de la littérature scientifique disponibles, les principaux experts mondiaux réunis par la section des Monographies du Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC), ont conclu en octobre 2013 avec des preuves suffisantes que l’exposition à la pollution de l’air extérieur augmente le risque de cancer du poumon (Groupe 1). Ces experts ont également noté une association positive avec un risque accru de cancer de la vessie. Les particules en suspension (ou matières particulaires), une composante majeure de pollution de l’air, ont été évaluées séparément et ont également été classées comme cancérogènes pour l’Homme (Groupe 1). Cette évaluation du CIRC a montré un risque accru de cancer du poumon avec des niveaux croissants d’exposition aux particules et à la pollution de l’air. Bien que la composition de la pollution de l’air et les niveaux d’exposition peuvent varier considérablement entre les lieux, les conclusions du Groupe de travail s’appliquent à toutes les régions du monde.

    Certaines substances qui entrent dans la composition de l’air ont également fait l’objet d’une évaluation par le CIRC, comme par exemple :

    • Substances cancérogènes avérées (Groupe 1) : benzène, benzo[a]pyrène, 1,3 butadiène, formaldéhydeparticules diesel ;
    • Substances cancérogènes possibles (Groupe 2B) : benz[a]anthracène, acétaldéhyde et certains HAP.

    Les différentes fiches de la rubrique AIR détaillent le risque de cancer dû à l’exposition à des polluants particuliers de l’air : les particules en suspensionles composés organiques volatils (COV), etc.

  • Surveillance et gestion de la qualité de l’air

    Air extérieur

    En France, la surveillance de la qualité de l’air est assurée par des Associations Agrées de Surveillance de la Qualité de l’Air (AASQA). Il en existe 26 en France, réparties sur l’ensemble du territoire. Elles ont trois missions principales :

    • Mise en œuvre de la surveillance et de l’information sur la qualité de l’air ;
    • Diffusion des résultats et des prévisions ;
    • Transmission immédiate aux préfets des informations relatives aux dépassements ou prévisions de dépassements des seuils d’alerte et de recommandations.

    Santé Publique France est, de son côté, chargé de la surveillance épidémiologique des effets sur la santé de la pollution atmosphérique à court et à long termes : c’est le programme Psas (Programme de surveillance air et santé), qui a été mis en place en 1997 au sein du département santé environnement. Le programme est implanté dans 9 villes françaises (Bordeaux, Le Havre, Lille, Lyon, Marseille, Paris, Rouen, Strasbourg et Toulouse).

    Santé publique France a réalisé une nouvelle évaluation quantitative d’impact sur la santé (EQIS) de la pollution de l’air ambiant sur la mortalité en France métropolitaine afin :

    • d’estimer les conséquences sur la mortalité des baisses des niveaux de pollution de l’air ambiant, et donc de la réduction de l’exposition de la population aux particules (PM) et au NO2, observées durant le premier confinement mis en place le 16 mars 2020 en lien avec la Covid-19 ;
    • d’évaluer le poids à long terme de l’exposition de la population aux particules fines (PM2,5) et au NO2 sur la mortalité pour la période 2016 – 2019 afin d’actualiser les estimations produites pour la période 2007-2008 et publiées en 2016.

    Ces nouveaux travaux soulignent une nouvelle fois l’importance de poursuivre les efforts de réduction de la pollution atmosphérique, en agissant sur l’ensemble des sources de pollution. Pour en savoir plus, voir le site https://www.santepubliquefrance.fr/determinants-de-sante/pollution-et-sante/air/articles/pollution-atmospherique-evaluations-quantitatives-d-impact-sur-la-sante-eqis

    Air intérieur

    L’observatoire de la qualité de l’air intérieur (OQAI) a été créé en 2001 et classé action prioritaire dans le cadre du premier plan national santé environnement en 2004 (PNSE). Il est missionné par les pouvoirs publics afin de mieux connaître la pollution de l’air intérieur, notamment en mettant en place des campagnes de mesures à l’échelle nationale.

    La loi Grenelle 2 a rendu obligatoire la surveillance de la qualité de l’air intérieur dans certains établissements recevant du public sensible (lieux d’accueil d’enfants âgés de moins de 6 ans, centres de loisirs, établissements d’enseignement, établissements sanitaires et sociaux). L’entrée en vigueur de cette réglementation est progressive et sera mise en place par étapes jusqu’en 2023 (décret 2011-1728 du 2 décembre 2011). Par ailleurs, le décret 2012-14 du 5 janvier 2012 porte sur l’évaluation des moyens d’aération et à la mesure des polluants effectuées au titre de la surveillance de la qualité de l’air intérieur dans ces établissements. Il précise que le benzène, le formaldéhyde et le dioxyde de carbone doivent être mesurés tous les sept ans (sauf en cas de dépassement où une nouvelle mesure est à réaliser dans les deux ans).

    Récemment, le gouvernement a décidé de simplifier le dispositif :

    • en supprimant l’obligation de réaliser des mesures systématiques de qualité de l’air pour les établissements et collectivités qui auront mis en place des dispositions particulières de prévention de la qualité de l’air définies dans un guide de bonnes pratiques (http://www.developpement-durable.gouv.fr/Guide-pratique-pour-une-meilleure.html).
    • en supprimant l’obligation d’accréditation pour les organismes chargés de procéder à l’évaluation des systèmes d’aération.

    Par ailleurs, la mesure du perchloréthylène sera demandée pour les établissements contigus à une installation de nettoyage à sec.

    Pour permettre aux établissements et aux collectivités de mettre en œuvre le nouveau dispositif, le gouvernement a décidé le report de sa mise en application au 1er janvier 2018 pour les premiers établissements concernés (accueils collectifs d’enfants de moins de 6 ans, écoles maternelles et écoles élémentaires).
    L’ensemble des textes qui permettent ce report et la simplification du dispositif actuel seront publiés début 2015.

Auteur : Département Prévention Cancer Environnement, Centre Léon Bérard

Sources rédactionnelles : Fédération Atmo France, OQAI, CIRC, Santé Publique France, Anses

Relecture : Delphine Praud, épidémiologiste, Département Prévention Cancer Environnement, Centre Léon Bérard ; Guillaume Boulanger, Anses ; Corinne Mandin et Séverine Kirchner, Observatoire de la qualité de l'air intérieur, Centre Scientifique et Technique du Bâtiment

Mise à jour le 02 sept. 2022

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