Cancer colorectal

Le saviez-vous ?

Le cancer colorectal est, par sa fréquence et sa gravité, un problème important de santé publique dans les pays développés à population vieillissante.

Trois facteurs nutritionnels sont impliqués de façon convaincante dans la survenue d'un cancer colorectal : la consommation d'alcool, le surpoids, l'obésité et la consommation de viandes et de charcuteries.

Le tabac est classé groupe 1 par le CIRC avec des preuves convaincantes pour les cancers colorectaux.

Des études épidémiologiques montrent un lien entre l'exposition à l'amiante et l'augmentation du risque de cancer colorectal en milieu professionnel.

Les facteurs associés à une diminution de risque de cancers colorectaux sont la pratique régulière d'une activité physique (niveau de preuve convaincant) et une alimentation riche en fruits et légumes (niveau de preuve probable).

Les deux principales formes génétiques sont : la polypose adénomateuse familiale et le syndrome de Lynch. Il représente une minorité de cas (5 %).​

Depuis 2008, un programme national de dépistage organisé du cancer colorectal a été mis en place. Il concerne toutes les personnes, à partir de 50 ans appelées « à risque moyen », c'est-à-dire sans symptômes digestifs, sans antécédents personnels ou familiaux de maladie inflammatoire chronique de l’intestin, de polype ou de cancer colorectal et à l’exclusion des prédispositions héréditaires.

Présentation

Le côlon est la partie de l’intestin faisant suite à l’intestin grêle et allant du caecum au rectum. La paroi intérieure du côlon et du rectum est tapissée d’une muqueuse pouvant développer des excroissances nommées polypes.

Cancer Colorectal

Source : Société Française d’Endoscopie Digestive

Ces tumeurs bénignes sont fréquentes et sans gravité. Mais certaines d’entre elles, les adénomes, peuvent se développer et se transformer en cancer. Cette transformation est lente, en moyenne plus de 10 ans. environ 60 % des cancers colorectaux touchent le côlon et 40 % le rectum avec pour localisation principale : le sigmoïde (dernière partie du côlon).

  • Epidémiologie

    Le cancer colorectal est, par sa fréquence et sa gravité, un problème important de santé publique dans les pays développés à population vieillissante. Fréquents aussi bien chez l’homme que chez la femme, les cancers colorectaux sont en partie évitables car des facteurs de risque modifiables ont été identifiés : l’alcool, le surpoids, l’obésité, le tabac, l’alimentation, la sédentarité.

    Source : Données de Santé Publique France (2019). Infographie réalisée par Département Prévention Cancer, Centre Léon Bérard.

    En France, 43 336 nouveaux cas de cancers colorectaux ont été diagnostiqués en 2018 (54% chez l’homme) et 17 117 patients en sont décédés (54% sont des hommes) (Santé publique, 2019).

    Entre 1990 et 2018, en France, les estimations nationales de l’incidence de la mortalité suggèrent une évolution plutôt favorable chez l’homme pour le cancer colorectal avec un recul des taux d’incidence et de mortalité observé sur les années récentes. L’incidence de ce cancer est stable chez la femme tandis que la mortalité continue de diminuer progressivement (Defossez, 2019). La mise en place du dépistage organisé avec la résection de lésions précancéreuses et la détection de cancers à un stade précoce explique en partie cette diminution et celle de la mortalité.

    Néanmoins, l’absence de diminution de l’incidence du cancer colorectal chez la femme reste difficile à expliquer. Le vieillissement de la population, le dépistage et les modifications du mode de vie (augmentation de la sédentarité) ont favorisé l’augmentation de l’incidence à partir des années 80. L’incidence du cancer colorectal augmente après l’âge de 50 ans, plus rapidement chez les hommes que chez les femmes.

    Chez les jeunes adultes, aucune augmentation récente de l’incidence n’est observée contrairement aux États-Unis, au Canada, en Australie et dans certaines régions d’Asie (Sung, 2005 ; Siegel, 2009).

    La baisse de l’incidence observée en France est néanmoins plus faible chez les hommes jeunes qu’au sein des autres classes d’âge, et les taux augmentent lentement chez les femmes jeunes à partir de 2005. Les changements de comportements alimentaires chez les enfants et les jeunes adultes, la fréquence de l’obésité, le niveau d’activité physique insuffisant ainsi que l’évolution des stratégies de dépistage et de surveillance des sujets à risque élevé pourraient expliquer cette tendance.

    Dans le monde, 1 million de nouveaux cas sont estimés en 2018. Les taux d’incidence (taux standardisés) les plus élevés sont observés en Australie, en Nouvelle Zélande, en Europe et en Amérique du Nord, et les plus faibles en Amérique Centrale, dans le Sud de l’Asie centrale et en Afrique.

    En termes de mortalité, 881 000 décès par cancer colorectal sont estimés en 2018. Les taux de mortalité (taux standardisés) sont les plus élevés en Mélanésie, en Asie orientale et en Europe centrale et orientale, et les plus faibles dans le Sud de l’Asie centrale, en Afrique centrale et en Afrique de l’Ouest.

  • Facteurs de risques avérés

    Les principaux facteurs de risque de cancer colorectal sont l’âge supérieur à 50 ans, les maladies inflammatoires intestinales, un antécédent personnel ou familial d’adénome ou de cancer colorectal, une prédisposition génétique, la consommation excessive de viande rouge ou de boissons alcoolisées, le tabagisme, l’obésité.

    Les cancers colorectaux sont sporadiques dans 80 % des cas, ils surviennent dans un contexte familial dans 15 % des cas et sont liés à une prédisposition génétique dans 5 % des cas.

    Facteurs de risques individuels et facteurs génétiques

    Age

    Comme pour la plupart des cancers, l’âge est un facteur de risque important de cancer colorectal. Avant 40 ans, les cancers colorectaux sont rares. Le risque augmente à partir de 50 ans et s’accroît jusqu’à 80 ans. 94 % des cancers colorectaux se manifestent chez les personnes de plus de 50 ans.

    Le risque est également augmenté chez les personnes souffrant de maladies inflammatoires comme la maladie de Crohn et la rectocolite hémorragique en particulier si elles évoluent depuis plus de 10 ans.

    Tabac

    Des indications suffisantes de cancérogénicité chez l’homme (groupe 1 du CIRC) ont été mises en évidence entre le tabagisme et les cancers colorectaux (Liang, 2009). Les produits de dégradation du tabac constituent aussi un facteur de risque dans la survenue du cancer du côlon.

    Le lien entre tabagisme et cancer colorectal est décrit dans la littérature comme important (Botteri, 2008).

    Génétique et antécédents familiaux

    Un facteur génétique existe dans principalement deux formes de cancers colorectaux : la polypose adénomateuse familiale (mutation du gène APC) et le syndrome de Lynch (cancers colorectaux héréditaires sans polypose (HNPCC, caractérisé par des anomalies sur des gènes (MSH2, MSH6 et MLH1, PMS2 et EPCAM) codants pour les protéines de réparation de l’ADN). Ces cancers héréditaires représentent moins de 5 % de l’ensemble des cancers colorectaux et surviennent généralement avant 40 ans.

    Facteurs de risques nutritionnels

    Trois facteurs nutritionnels sont impliqués de façon convaincante dans la survenue de cancer colorectal (WCRF, 2017) :

    • La consommation d’alcool,
    • Le surpoids et l’obésité,
    • La consommation de viandes rouges et de charcuteries.

    Alcool

    La consommation de boissons alcoolisées est une cause convaincante de cancer colorectal. Ceci est basé sur des preuves de consommation supérieure à 30 grammes par jour (environ deux verres par jour) (WCRF, 2017).

    Surpoids et obésité

    Les données épidémiologiques sur le rôle de l’obésité comme facteur de risque du cancer colorectal sont concordantes. D’après une méta-analyse et des études de cohortes, le pourcentage d’augmentation de risque de cancer colorectal est estimé à 41% pour les individus présentant un Indice de Masse Corporelle (IMC) >30 kg/m², par rapport aux individus ayant un IMC < 23 kg/m². Cette association est également liée à la localisation du cancer.

    Elle est plus importante pour le cancer du côlon que pour le cancer du rectum. (Harriss, 2009 ; Ning, 2010). Un style de vie sédentaire constitue aussi un facteur de risque du cancer du côlon mais pas du cancer du rectum (CIRC, 2002).

    La relation entre surpoids, obésité et augmentation de risque de cancer est jugée convaincante pour le cancer colorectal (WCRF, 2017).

    Consommation de viande rouge ou de charcuterie (viande transformée)

    En France, un quart de la population consomme au moins 500 grammes de viande rouge par semaine, et plus d’un quart de la population au moins 50 grammes de charcuterie par jour.

    La consommation excessive de viande rouge et de charcuterie augmente le risque de cancer colorectal.

    La consommation de viande transformée est une cause convaincante de cancer colorectal.

    Facteurs protecteurs : activité physique et consommation de fruits et légumes

    L’activité physique protège de manière convaincante contre le cancer du côlon (WCRF, 2017).

    Des études montrent un effet protecteur de l’activité physique, avec une réduction du risque de 40 à 50 % avec un effet dose-réponse (Simons, 2013 ; Boyle, 2012). Cet effet bénéfique semble être lié à l’accélération du transit intestinal réduisant l’exposition de la muqueuse digestive aux cancérogènes d’origine alimentaire. De plus, l’activité physique contribue de manière probable à diminuer le risque de prise de surpoids et d’obésité, eux-mêmes facteurs de risque de cancer colorectal. A partir ces données de la littérature, l’Institut National du Cancer en France (INCa) et le Fonds mondial de recherche contre le cancer (WCRF) ont émis des recommandations pour la population générale et pour les personnes malades (WCRF, 2017).

    D’autre part, une alimentation riche en fruits et légumes est associée à une diminution du risque de cancer colorectal avec un niveau de preuve probable (WCRF, 2017).

  • Facteurs de risques professionnels

    Amiante

    En 2005, une étude montre que l’apparition de cancers du côlon est plus élevée parmi les professionnels exposés à l’amiante (Aliyu, 2005). Selon cette étude, ces ouvriers avaient 35% de risque en plus de développer un cancer colorectal par rapport au groupe témoin constitué de fumeurs non exposés à l’amiante.

    En 2011, une autre étude cas-témoins confirme le lien entre exposition à l’amiante et augmentation du risque de cancer colorectal en milieu professionnel (Fang, 2011).

    En 2015, une cohorte française (Boulanger, 2015) réalisée sur 2024 participants, professionnellement exposés à l’amiante, est en faveur d’un lien entre l’exposition de longue durée à l’amiante et le cancer colorectal. Un excès de risque significatif a été observé chez les hommes dont la durée d’exposition est supérieure à 25 ans (SIR=1,75 (1,05 à 2,73)).

    Une autre étude de cohorte aux Pays-Bas (Offermans, 2014) a étudié chez 58 279 hommes, âgés de 55 à 69 ans, l’exposition à l’amiante estimée par une matrice d’exposition professionnelle. Après 17,3 ans de suivi et 1 724 cas de cancer colorectal répertoriés, les résultats par localisation du cancer colorectal ont montré des associations statistiquement significatives entre une durée d’exposition élevée avec le cancer du côlon total et distal et l’absence d’exposition : HR 2,19 (1,04-4,62) et 2,54 (1,09-5,93) respectivement.

    Pour le cancer du rectum, les données d’exposition-réponse sont statistiquement significatives entre aucune exposition et jamais d’exposition élevée : HR 2,15 (1,23-3,77). Pour le cancer du côlon proximal, aucune des associations ou relation exposition-réponse n’était statistiquement significative.

  • Evolutions récentes

    Dépistage organisé

    Le dépistage permet d’augmenter les chances de guérison grâce à une détection et à une prise en charge du cancer à un stade précoce. Il permet également d’éviter certains cancers grâce à la détection de lésions précancéreuses.

    Pour informer le grand public sur les bénéfices de ce dépistage, l’INCa a publié 3 vidéos pédagogiques et informatives sur « Cancer colorectal : pourquoi se faire dépister ?« , « Dépistage du cancer colorectal : qui est concerné ?« , « Mode d’emploi du test de dépistage du cancer colorectal« .

    Depuis 2008, un programme national de dépistage organisé du cancer colorectal par recherche de sang occulte dans les selles (technique de l’Hémoccult II®) a été mis en place. Il concerne tous les sujets à partir de 50 ans appelés « à risque moyen », c’est-à-dire sans symptômes digestifs, sans antécédents personnels ou familiaux de maladie inflammatoire chronique de l’intestin, de polype ou de cancer colorectal et à l’exclusion des prédispositions héréditaires. Jusqu’en 2018, ce programme était coordonné au niveau départemental par une structure de gestion.

    Depuis le 1er janvier 2019, le programme est coordonné au niveau régional par les centres régionaux de coordination des dépistages des cancers (CRCDC) qui s’appuient sur les structures de gestion de leurs départements.

    Intégré en avril 2015 dans le programme national de dépistage organisé, un test immunologique de dépistage, plus performant, a démontré des performances en termes de détection du cancer colorectal et de lésions précancéreuses (INCa, 2020).

    Un taux de participation au programme de dépistage très inférieur à l’objectif européen.

    Le cahier des charges des programmes de dépistage des cancers paru au Journal Officiel le 29 septembre 2006 (Annexe au n°295) stipule que les personnes de 50 à 74 ans sont invitées à se faire dépister pour le cancer colorectal tous les deux ans.

    Sur la période allant du 1er janvier 2018 au 31 décembre 2019, la population cible du dépistage a été estimée à plus de 20 millions de personnes. Près de 5,3 millions de personnes ont réalisé un test de dépistage, ce qui représente un taux de participation total de 30,5 %, très inférieur à l’objectif européen de 45 %. Le taux de participation est plus élevé chez les femmes (31,9 %) que chez les hommes (29,1 %) et augmente avec l’âge (chez les hommes de 27,4 % pour les 50-54 ans à 34,1 % pour les 70-74 ans et chez les femmes de 29,6 % pour les plus jeunes à 34,8 % pour les plus âgées). Il varie selon les départements. Les taux les plus bas sont observés en Guyane (12,6 %), en Corse (16,2 %) et à Paris (16,9 %), et les plus élevés en Ille-et-Vilaine (43,6 %), dans le Bas-Rhin (43,9 %) et dans le Haut-Rhin (45,1%).

    Au sein de la France, les disparités régionales et départementales d’incidence du cancer colorectal sont peu marquées alors que les disparités de mortalité sont plus prononcées.

Auteur : Département Prévention Cancer Environnement, Centre Léon Bérard

Relecture : Dr Desseigne Françoise, cancérologie médicale, digestive, oncogénétique, Centre Léon Bérard, Lyon.

Mise à jour le 15 sept. 2022

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