Cancer du sein

Le saviez-vous ?

Le cancer du sein chez la femme est le cancer le plus fréquemment diagnostiqué dans le monde en 2020.

Les facteurs de risque de cancer du sein les mieux établis sont des facteurs génétiques, familiaux, hormonaux et reproductifs.

L’environnement et le mode de vie sont aussi impliqués dans le développement des cancers du sein.

Les principaux facteurs de risque sur lesquels il est possible d’agir sont l’alcool (15 % des cancers du sein seraient attribuables à la consommation d’alcool) et les facteurs nutritionnels (près de 16% des cancers du sein seraient attribuables à l’excès de poids, l’alimentation déséquilibrée et le manque d’activité physique).

Présentation

Le sein contient essentiellement des tissus glandulaires (glande mammaire), fibreux et graisseux. La glande mammaire est structurée en lobules et canaux. La majorité des cancers du sein sont développés aux dépens de ces canaux galactophores, qui conduisent le lait vers les orifices du mamelon lorsque la femme allaite.

Les canaux sont constitués de cellules épithéliales entourées par une membrane basale. Les cellules cancéreuses peuvent rester à l’intérieur des canaux ou franchir la membrane basale et infiltrer les tissus voisins.

La classification de l’Organisation Mondiale de la Santé distingue les différents types de cancer du sein en fonction (OMS, 2019) :

  • du type de cellules à partir desquelles il se développe (épithéliales = carcinome) ;
  • de la structure atteinte (canaux = canalaire, lobules = lobulaire) ;
  • du franchissement de la membrane basale (à l’intérieur = in situ, infiltrant = invasif).
Cancer canalaire in situ et infiltrant

Cancer canalaire in situ et infiltrant. Source : INCa, e-cancer.fr

  • Epidémiologie

    Le cancer du sein est la 1ère cause de cancer chez la femme, le nombre de nouveaux cas diagnostiqués en 2020 en France est estimé à 58 083 (CIRC, 2021).

    C’est un cancer de bon pronostic avec une survie à 5 ans de plus de 85 %. La mortalité diminue depuis le milieu des années 1990, grâce aux progrès thérapeutiques et au dépistage qui permet de diagnostiquer les cancers à un stade plus précoce (INCa, 2019).

    Toutefois, en raison du grand nombre de diagnostics annuels, le cancer du sein reste la 1ère cause de décès par cancer chez la femme, avec 14 183 décès recensés en France pour l’année 2020 (CIRC, 2021).

    En Europe, il y a un diagnostic de cancer du sein toutes les 2 minutes et un décès dû au cancer du sein toutes les 6 minutes (ESMO, 2018).

    Les cancers du sein les plus fréquents sont les carcinomes canalaires invasifs ou NOS [Not Otherwise Specified] (70-75 %) et les carcinomes lobulaires invasifs (12-15 %) (ESMO, 2019).

    L’origine du cancer du sein est multifactorielle et un des constats actuels est que le risque de cancer du sein augmente d’année en année. L’évolution défavorable des facteurs hormonaux et reproductifs au fil des générations explique en partie ce résultat. Mais cela suggère aussi que des facteurs de risque émergents non encore clairement établis doivent aussi être impliqués (INCa, 2019).

  • Facteurs de risque avérés

    Les facteurs de risques avérés sont ceux pour lesquels les données disponibles sont suffisantes pour conclure avec certitude à l’existence d’un lien causal avec le cancer du sein.

    Facteurs de risques individuels

    L’âge

    Comme pour la plupart des cancers, l’âge est un facteur de risque de cancer du sein : plus une femme vieillit, plus son risque augmente. Il touche généralement les femmes après la ménopause. Le risque est maximal autour de 65-74 ans et l’âge médian au diagnostic est de 63 ans (INCa, 2019).

    La génétique

    L’histoire familiale de cancer du sein représente un facteur de risque important. L’augmentation du risque associée aux antécédents familiaux peut être le fait de facteurs génétiques héréditaires mais également lié au partage d’un même mode de vie et facteurs environnementaux.

    Environ 10 % des cancers du sein surviennent dans un contexte de prédisposition génétique ou d’antécédents familiaux de cancer du sein (Loibl, 2021). Les 2 gènes les plus fréquemment retrouvés sont les gènes BRCA1 (BReast CAncer 1) et BRCA2 (BReast CAncer 2) qui jouent un rôle important dans la réparation de l’ADN et dont la transmission est autosomique dominante (c’est-à-dire qui se transmet à 50 % de la descendance). Il s’agit alors de formes familiales de cancer du sein, qui apparaissent à un âge plus précoce. Une surveillance spécifique est alors proposée. Les anomalies de ces gènes peuvent également être responsables de cancers de l’ovaire, du pancréas et de la prostate (BRCA-France).

    Les maladies du sein

    Les patientes avec une hyperplasie atypique auraient un risque 3 à 5 fois plus élevé de développer un cancer du sein (Lewin, 2020).

    Le fait d’avoir des seins denses serait aussi associé à un risque plus élevé de cancer du sein. Avoir une densité mammaire élevée n’est pas une maladie en soi, cela signifie que le sein contient peu de tissu graisseux par rapport aux tissus fibreux et glandulaires. Par rapport aux femmes avec des seins très graisseux, le risque de cancer pourrait être 3 à 5 fois plus élevé chez les femmes avec des seins denses ou très denses (McCormack, 2006).

    L’exposition aux hormones naturelles au cours de la vie

    La durée d’exposition aux hormones naturelles est définie par la période entre la ménarche et la ménopause. Le risque de cancer du sein est lié à cette durée, et augmente avec le nombre de cycles menstruels sur toute une vie. La puberté précoce et la ménopause tardive, en augmentant cette durée, sont des facteurs de risque.

    Selon une étude, le risque de développer un cancer du sein chez une femme ayant eu ses règles avant l’âge de 11 ans serait 1,19 fois plus élevé par rapport à une ménarche à 13 ans. A l’inverse, la ménopause précoce est protectrice, le risque serait environ 0,7 fois moindre en cas de ménopause entre 40 et 44 ans par rapport aux femmes ménopausées entre 50 et 54 ans (CGHFBC, 2012).

    Différents facteurs sont aussi associés à la grossesse. En permettant aux cellules mammaires d’acquérir leur maturité, la première grossesse menée à terme aurait un rôle protecteur contre le cancer du sein. D’après une étude sur environ 100 000 femmes françaises, le risque de cancer du sein est lié à l’âge que la femme a pour sa première grossesse menée à terme : après 22 ans, ce risque augmenterait d’environ 4 % par an pour le cancer du sein pré-ménopausique et de 2 % par an pour le cancer du sein post-ménopausique. Plus le nombre de cycles avant une première grossesse est grand, plus le risque de cancer du sein est élevé.

    La grossesse pourrait aussi avoir un rôle protecteur en réduisant le nombre total de cycles menstruels au cours de la vie. Cette même étude montre, qu’à âge égal pour la première grossesse, le risque de cancer du sein survenant après la ménopause diminuerait d’environ 9 % par enfant (Clavel-Chapelon, 2002).

    Concernant les grossesses qui ne sont pas menées à terme (avortement spontané ou provoqué), elles n’augmenteraient pas le risque pour une femme de développer un cancer du sein (Beral, 2004).

    Si l’allaitement est bénéfique pour le bébé, il l’est également pour la mère. Ainsi l’allaitement et de surcroit l’allaitement prolongé, réduirait d’environ 4 % le risque de cancer du sein de la mère par période de 12 mois d’allaitement (CGHFBC, 2002). En France, en 2015, 3% des cancers du sein étaient attribuables à une durée d’allaitement inférieure à 6 mois (CIRC, 2018).

    Les contraceptions œstroprogestatives

    Le Centre international de Recherche sur le Cancer a établi un lien causal entre la contraception orale combinée (composée d’œstrogènes et de progestérone) et le risque de cancer du sein (CIRC, 2012).

    Selon une large étude danoise (Mørch, 2017), évaluant les contraceptifs de formulation récente, le risque de cancer du sein serait :

    • 1,19 fois plus élevé pour les utilisatrices en cours ou récentes par rapport aux femmes n’ayant jamais utilisé de contraception hormonale ;
    • lié à la durée d’utilisation (risque 1,17 fois plus élevé pour 1 à 5 ans de prise et de 1,46 pour plus de 10 ans) ;
    • réduit après l’arrêt.

    Dans une étude plus ancienne mais regroupant les données de 25 pays différents, il est estimé que la prise d’une contraception orale pendant 5 ans de 25 à 29 ans entraînerait 4,7 cas supplémentaires de cancer du sein pour 10 000 femmes pendant la durée de la prise et pour les 10 années qui suivent (CGHFBC, 1996).

    A noter que la contraception orale, outre son rôle majeur dans le contrôle des naissances, est aussi un facteur protecteur d’autres cancers féminins. En France, en 2015, 453 cas de cancers du sein et 132 cas de cancer du col de l’utérus étaient attribuables à la contraception orale mais 1663 cas de cancer de l’endomètre et 796 cas de cancer de l’ovaire auraient été évités grâce à elle (CIRC, 2018).

    Le traitement hormonal de la ménopause (THM)

    Le CIRC a établi qu’il existe un lien causal entre le cancer du sein et la prise d’un traitement oestroprogestatif de la ménopause. Ce lien existe également avec un traitement oestrogénique, mais les données sont plus limitées. Le CIRC a établi qu’il existe un lien causal entre le traitement oestroprogestatif de la ménopause est le risque de cancer du sein. Il existe également une association avec le traitement oestrogénique mais les données sont plus limitées. A noter que le risque de cancer est d’autant plus grand que l’utilisation d’un THM est récente et prolongée au-delà de 5 ans.

    En France, en 2015, 1236 nouveaux cas de cancer du sein (soit 3 %) étaient attribuables à l’utilisation d’un THM (CIRC, 2018).

    Il est important de noter que depuis les années 2000, la prescription du THM a évolué et est maintenant bien codifiée. Une durée de prise limitée à 5 ans est recommandée, avec une réévaluation annuelle de son indication (GEMVi, 2017).

    Le diéthylstilbœstrol (DES, Distilbène®)

    Le diéthylstilbestrol est un puissant œstrogène de synthèse, prescrit en France entre 1948 et 1977 aux femmes enceintes pour réduire le risque de fausse couche. Néanmoins, ce médicament s’est avéré toxique et cancérogène (CIRC, 2012).

    En effet, il existe un lien causal établi entre le traitement des femmes enceintes au DES (« Mère DES – première génération ») et le risque de cancer du sein, augmenté d’environ 30 % par rapport aux femmes non traitées (Titus-Ernstoff, 2001).

    De plus, des résultats récents suggèrent que non seulement les filles exposées in utéro au DES (« Filles DES – deuxième génération ») ont un risque accru de développer un cancer du sein, mais que ce risque pourrait également s’étendre à leurs filles et petites-filles (Hilakivi-Clarke, 2014).

    Facteurs de risque comportementaux

    La consommation d’alcool

    En France, en 2015, 8081 nouveaux cas de cancer du sein (soit 15 %) étaient attribuables à la consommation d’alcool (CIRC, 2018).

    Il existerait une augmentation dose-dépendante du risque. Par rapport à une femme qui ne consomme pas d’alcool, une femme qui boit un verre d’alcool par jour augmenterait son risque de développer un cancer du sein d’environ 10 %, ce risque doublerait pour celle qui consomme deux verres d’alcool par jour, triplerait pour celle qui en consomme trois, et ainsi de suite (Sun, 2020).

    A noter que les risques liés à l’alcool sont généralement calculés à partir d’une consommation moyenne de 10 g/J, ce qui équivaut à un verre « standard ». Cependant aucune dose n’a été identifiée comme étant sans risque. De plus, aucun type d’alcool n’est considéré comme plus ou moins à risque qu’un autre (CIRC, 2012).

    Equivalence des verres d'alcool

    Equivalence des verres d’alcool. Source : Exposition interactive « Prendre soin de soi et prévenir les risques de cancer » © Centre Léon Bérard. https://www.expo-prendresoindesoi.fr/

    Par ailleurs, l’alcool est un facteur de risque certain pour de nombreux autres cancers (cavité buccale, œsophage, foie, colon-rectum…). En France, en 2015, 28 000 nouveaux cas de cancer étaient attribuables à la consommation d’alcool (CIRC, 2018). Les recommandations françaises conseillent de ne pas consommer plus de 10 verres standard par semaine, pas plus de 2 verres standard par jour et d’avoir des jours dans la semaine sans consommation. Une étude a estimé que près de 16 000 cancers pourraient être évités en France si la population se conformait à ces recommandations (Ren, 2021).

    Le surpoids, l’obésité

    Le surpoids et l’obésité sont généralement diagnostiqués par l’IMC :

    • Entre 25,0 et 29,9 kg/m², il existe un surpoids ;
    • Entre 30,0 et 34,9 kg/m², il s’agit d’une obésité modérée (grade 1) ;
    • Entre 35,0 et 39,9 kg/m², il s’agit d’une obésité sévère (grade 2) ;
    • Plus de 40 kg/m², il s’agit d’une obésité massive (grade 3).

    En 2015, en France, il a été estimé que 4507 cas de cancer du sein survenant après la ménopause (soit 8 % de l’ensemble des cancers du sein) seraient attribuables au surpoids et à l’obésité (CIRC, 2018).

    Le CIRC estime qu’à chaque fois que l’IMC augmente de 5 unités, le risque de développer un cancer du sein post-ménopausique serait approximativement 1,1 fois plus élevé (CIRC, 2016). Par ailleurs, plus une femme prend du poids à l’âge adulte, plus son risque de cancer du sein post-ménopausique augmente (WCRF, 2018).

    A noter cependant, qu’un IMC plus élevé chez les femmes avant la ménopause protègerait probablement contre le cancer du sein pré-ménopausique (WCRF, 2018).

    A noter, la taille élevée des femmes apparait aussi comme associée à une augmentation du risque de cancer du sein, mais ce n’est pas la taille elle-même qui est en cause. En réalité, ce sont les facteurs qui conduisent à une croissance élevée (reflétée par la taille atteinte à l’âge adulte) qui sont responsables d’une augmentation du risque de cancer du sein (WCRF, 2018).

    Facteurs de risque environnementaux

    Les rayonnements ionisants (radioactivité)

    Le CIRC a classé les rayonnements X et Gamma comme cancérogènes avérés avec un lien causal pour le cancer du sein (CIRC, 2012). Ce sont les études de suivi des personnes ayant survécu à un bombardement atomique et celles des personnes ayant reçu un traitement par radiothérapie pour un premier cancer qui ont permis d’établir ce lien.

    L’explosion des armes nucléaires entraine une exposition forte à ces rayonnements. Un surrisque de cancer, et notamment de cancer du sein, a été mis en évidence chez des femmes ayant survécu aux bombardements des villes d’Hiroshima et Nagasaki (Preston, 2007).

    Concernant l’exposition professionnelle (dans les industries nucléaires), aucune association significative n’a été mise en évidence entre l’exposition aux rayonnements ionisants et le cancer du sein (Cardis, 2007).

    Pour ce qui est de l’exposition environnementale (à proximité de zones de rejet de déchets radioactifs), une étude, menée auprès de femmes vivant le long de la rivière Techa en Russie, a constaté une augmentation significative du nombre de cancers du sein par rapport à la population générale Russe (Ostroumova, 2008). Néanmoins, un tel lien n’a pas été mis en évidence en France, et l’exposition n’est peut-être pas comparable.

    En règle générale, c’est l’exposition d’origine médicale (actes thérapeutiques et diagnostiques) qui est la plus fréquente. Le risque de cancer du sein secondaire serait augmenté (de 3 à 8 fois selon la dose reçue) chez les patientes ayant été traité par radiothérapie pour un lymphome de Hodgkin avant l’âge de 30 ans (Travis, 2003). En France, en 2015, il a été estimé qu’environ 1 % des cancers du sein étaient attribuables aux actes de radiologie (radiographies, scanners) (CIRC, 2018). Par ailleurs, les femmes à haut risque familial de cancer du sein, notamment associé aux mutations des gènes BRCA1 (BReast CAncer 1) et BRCA2 (BReast CAncer 2) présentent une radiosensibilité accrue (Millikan, 2005). Concernant le personnel travaillant dans les cabinets de radiologie, il existe peu de données en France mais de nombreuses mesures de protection sont appliquées (CHSCT, 2015).

    Le risque de développer un cancer du sein lié aux mammographies itératives réalisées dans le cadre du dépistage existe, notamment lorsque les femmes débutent le dépistage avant 50 ans, mais est faible. Il est estimé que ce risque de cancers radio-induits serait de l’ordre de 1 à 10 cas pour 100 000 femmes ayant réalisé une mammographie tous les 2 ans pendant 10 ans. Or grâce au dépistage, il serait évité un nombre largement supérieur de décès par cancer du sein (INCa).

  • Facteurs de risque suspectés

    Ce sont les facteurs de risques pour lesquels les données disponibles sont encore insuffisantes pour conclure avec certitude à l’existence d’un lien causal avec le cancer du sein.

    Facteurs de risque comportementaux

    L’alimentation

    En 2015, en France, il a été estimé que 2315 cas de cancer du sein survenant après la ménopause (soit 4 % de l’ensemble des cancers du sein) étaient attribuables à une alimentation déséquilibrée. L’estimation du CIRC a attribué l’ensemble des cas à une consommation insuffisante de fibres (CIRC, 2018).

    Les aliments riches en fibres

    Les aliments riches en fibres. Source : Réseau Nacre https://www6.inrae.fr/nacre/Prevention-primaire/Facteurs-nutritionnels/Fibres-alimentaires-et-cancer

    Le manque d’activité physique

    En 2015, en France, il a été estimé que 1620 cas de cancer du sein survenant après la ménopause (soit 3 % de l’ensemble des cancers du sein) étaient attribuables au manque d’activité physique (CIRC, 2018). Le risque de développer un cancer du sein pourrait diminuer de 12 voire 21 % chez les femmes plus actives comparées aux moins actives (McTiernan, 2019).

    Les recommandations françaises préconisent de pratiquer 30 min d’activité physique au minimum, 5 jours ou plus par semaine.

    Le tabagisme

    De nombreuses études se sont intéressées au lien entre cancer du sein et tabagisme. Mais contrairement aux autres cancers liés au tabac, les associations observées sont plus faibles et moins cohérentes pour le cancer du sein. Ainsi, en 2012, le CIRC a conclu qu’il existait des indications limitées en faveur d’un lien causal entre le tabagisme actif et le cancer du sein (CIRC, 2012).

    Une étude plus récente a retrouvé un risque 1,08 à 1,13 fois plus élevé de cancer du sein chez les femmes qui fument du tabac et en a donc conclu qu’il existait des preuves cohérentes d’une augmentation modérée du risque (Macacu, 2015).

    Concernant le tabagisme passif, il augmenterait également le risque de cancer du sein (Maracu, 2015 ; Kim, 2018).

    Facteurs de risque professionnels

    Les expositions professionnelles

    Chez les femmes, l’exposition professionnelle ayant causé le plus grand nombre de cas de cancer du sein serait le travail de nuit (avec 670 cas soit environ 1 % des cancers du sein survenus en France en 2015), bien les indications en faveur d’un lien causal entre le travail de nuit et le cancer du sein restent limitées (CIRC, 2018).

    Cette augmentation du risque serait liée aux changements de concentration de mélatonine, due à l’altération du cycle lumière-obscurité (CIRC, 2020).

    Cependant, davantage d’études sont nécessaires. Une récente analyse retrouvait un risque 1,08 fois plus élevé de cancer du sein chez les femmes ayant travaillé de nuit moins de 10 ans, mais aucune augmentation du risque n’était observée chez les femmes ayant travaillé de nuit plus de 10 ans (Manouchehri, 2021).

    L’oxyde d’éthylène, qui est un gaz utilisé dans différents secteurs industriels, pourrait augmenter le risque de cancer du sein, mais les preuves sont encore limitées.

    Facteurs de risques environnementaux

    Le dioxyde d’azote ou NO2

    Le dioxyde d’azote (NO2) est majoritairement émis par le trafic routier, ainsi l’exposition au NO2 est considérée comme un indicateur de l’exposition aux autres polluants atmosphériques liés au trafic (les « TRAP » pour trafic related air pollutant). Le NO2 est un polluant très étudié en raison de ses effets néfastes sur la santé humaine et de ses concentrations élevées en milieu urbain.

    Bien que l’association de l’exposition au NO2 dans l’air ambiant ait été largement étudiée en relation avec d’autres maladies chroniques, les preuves actuelles de son impact sur le risque de cancer du sein sont encore limitées. Une étude a estimé que 1 677 nouveaux cas de cancer du sein seraient attribuables au NO2 chaque année en France (Gabet, 2021). Dans le cadre de notre étude « XENAIR », une augmentation de 9 % du risque de cancer du sein a été montrée chez les femmes les plus exposées au NO2 (Amadou, 2023) et ces données sont en accord avec la littérature (Praud, 2023).

    Les produits chimiques

    Les produits chimiques suspectés d’être des facteurs de risque de cancer du sein appartiennent essentiellement à la famille des perturbateurs endocriniens. Ces composés interfèrent avec le fonctionnement du système hormonal, notamment avec les œstrogènes naturels pour le cancer du sein.

    D’après le CIRC, la dieldrine (pesticide) et les polychlorobiphényles (polluants organiques persistants) seraient cancérogènes pour l’homme, mais avec des indications limitées pour un lien causal avec le cancer du sein (CIRC, 2019 ; CIRC, 2015).

    Le cancer du sein pourrait aussi être la conséquence de l’exposition à de nombreux autres substances chimiques de synthèse (fabriquées avec des objectifs variés sans que l’effet sur le système hormonal ait été recherché). Depuis 2012, le Gouvernement s’engage aux côtés de l’Agence nationale de la sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses), à améliorer les connaissances sur les perturbateurs endocriniens (Ministère des Solidarités et de la Santé, 2021 ; Anses, 2021).

    En ce qui concerne les déodorants et les antitranspirants, le nombre d’études est encore insuffisant pour obtenir des résultats fiables (Allam, 2016).

    Facteurs de risque individuels

    La digoxine

    La digoxine est un médicament utilisé dans le traitement des troubles du rythme et de l’insuffisance cardiaque chronique. Par sa structure proche de celle des hormones stéroïdiennes (telles que l’œstrogène), elle pourrait augmenter les risques des cancers hormono-dépendants (comme le cancer du sein), mais les preuves sont encore limitées (CIRC, 2015).

  • Cancer du sein chez l’homme

    Même s’il est rare, il représente environ 1 % de tous les cancers du sein. Environ 1 homme sur 1000 développera un cancer du sein au cours de sa vie. La plupart des cancers du sein chez l’homme sont des carcinomes canalaires infiltrants.

    Les facteurs de risque sont similaires chez les hommes et les femmes (Giordano, 2018 ; INCa) :

    • L’âge : plus un homme vieillit, plus son risque augmente avec un âge médian au diagnostic est de 67 ans.
    • La génétique : l’histoire familiale de cancer du sein (tant chez les hommes que chez les femmes) représente un facteur de risque important. Environ 4 à 16 % des cancers du sein chez l’homme seraient dus à une prédisposition génétique : la mutation du gène BRCA2 (BReast CAncer 2). Le syndrome de Klinefelter, qui est une maladie génétique rare, abaisse le taux des hormones masculines et augmente celui d’œstrogène (hormone féminine) favorisant ainsi le développement d’un cancer du sein.
    • L’exposition aux hormones naturelles au cours de la vie : les hommes qui ont naturellement des taux d’œstrogène assez haut ont un risque jusqu’à 2,5 fois plus élevé de développer un cancer du sein comparé à ceux ayant des taux bas (Brinton, 2015). La gynécomastie, l’obésité, la cirrhose du foie et certaines anomalies testiculaires (cryptorchidie, orchidectomie) semblent aussi accroitre le risque de cancer du sein chez l’homme en augmentant le taux sanguin d’œstrogène.
    • La consommation d’alcool : comme chez les femmes, en plus d’être un facteur de risque de nombreuses maladies, l’alcool apparait comme un facteur de risque de cancer du sein chez l’homme.
    • Les rayonnements ionisants : le risque de cancer du sein est augmenté, que ce soit chez les hommes ayant survécu à un bombardement atomique ou chez ceux qui ont bénéficié d’une radiothérapie au niveau du thorax.

    La mortalité après le diagnostic de cancer du sein est plus élevée chez les hommes que chez les femmes, même en prenant en compte l’âge plus tardif de survenue du cancer du sein chez l’homme. Cela suggère que d’autres facteurs (biologiques, thérapeutiques, liés au mode de vie) doivent être identifiés pour permettre d’éliminer cette disparité (Wang, 2019).

  • Facteurs de risque de nouveau cancer du sein

    Une femme qui a déjà eu un cancer du sein aurait 2 à 6 fois plus de risque de développer un nouveau cancer du sein dans l’autre sein. Différents facteurs de risque ont été identifiés, certains communs au premier et au second cancer, d’autres spécifiques du second cancer.

    Parmi les facteurs de risque non modifiables, nous pouvons citer :

    • Le type de tumeur : un premier cancer du sein de type lobulaire semble augmenter le risque de développer un second cancer.
    • La génétique : les antécédents familiaux de cancer du sein augmenteraient le risque de développer un second cancer du sein. Lorsqu’une femme porteuse d’un gène muté (BRCA1 et BRCA2) a déjà eu un cancer du sein, le risque de développer un cancer sur l’autre sein serait 4 fois plus important qu’une femme sans mutation (BRCA-France, 2019).
    • L’âge : un jeune âge au moment du diagnostic initial est un facteur de risque de second cancer du sein.
    • L’exposition aux hormones naturelles au cours de la vie : l’âge à la ménopause, l’âge à la première grossesse, le nombre d’enfants pourraient être associés au risque de nouveau cancer du sein.

    Concernant les facteurs de risque liés au mode de vie, nous retrouvons essentiellement :

    • La consommation d’alcool : par rapport aux femmes qui n’ont jamais bu d’alcool, celles qui en consomme auraient un risque augmenté de 15% de développer un cancer au niveau de l’autre sein.
    • Le surpoids, l’obésité : par rapport aux femmes avec un IMC < 25, les femmes en surpoids ou obèses auraient un risque augmenté de 22%de développer un cancer au niveau de l’autre sein.

    (Chen, 1999 ; Akdeniz, 2020)

    Concernant le risque de récidive du cancer initial, les facteurs identifiés sont davantage liés aux caractéristiques de la première tumeur (la taille, le type, l’envahissement des ganglions, les marqueurs d’agressivité…). L’âge serait également un facteur de récidive car les cancers du sein survenant chez les femmes jeunes tendent à être plus agressifs. La présence d’une obésité à 2 ans du diagnostic augmenterait le risque de récidive de cancer du sein de 40 % (Nechuta, 2016 ; INCa). Les études suggèrent aussi une réduction du risque de récidive, notamment pour le cancer du sein grâce à la pratique d’activité physique (Cormie, 2017).

    Ainsi, que ce soit pendant ou après le traitement d’un cancer du sein, il est important de prévenir la prise de poids et de prendre en charge la surcharge pondérale afin de limiter le risque à la fois de nouveau cancer du sein mais aussi de récidive.

  • Evolutions actuelles et prévention

    Environ 4 cancers du sein sur 10 seraient attribuables au mode de vie, aux expositions professionnelles et à l’environnement en France métropolitaine, avec en tête l’alcool (CIRC, 2018). Ainsi, un des enjeux majeurs de santé publique est de lutter contre la consommation d’alcool. En 2020, au niveau Européen, l’Organisation Mondiale de la Santé a lancé un appel pour une meilleure prévention afin de réduire le nombre de cancers imputables à l’alcool (OMS, 2020).

    D’une façon générale, il est possible de réduire son risque de cancer du sein, en suivant des mesures simples et applicables au quotidien :

    Recommandations prévention cancer du sein

    Recommandations prévention cancer du sein

    Par ailleurs, en France, un programme de dépistage organisé du cancer du sein existe afin de le détecter à un stade précoce et d’augmenter les chances de guérison. Il cible les femmes âgées de 50 à 74 ans et consiste à réaliser une mammographie tous les 2 ans (INCa).

    Depistage du cancer du sein - Le parcours de mammographie

    Depistage du cancer du sein – Le parcours de mammographie. Source : Dépistage Cancer Aura

Auteur : Département Prévention Cancer Environnement, Centre Léon Bérard

Sources rédactionnelles : Anses ; CIRC ; INCa ; OMS ; Santé Publique France

Relecture : Dr Pauline Vidican, gynécologue et médecin en prévention, Centre Léon Bérard.

Mise à jour le 02 nove. 2023

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