Naphtalène

Le saviez-vous ?

Le naphtalène est un hydrocarbure aromatique polycyclique très volatil principalement émis dans l’environnement lors de la combustion incomplète du bois.

Le CIRC a classé le naphtalène comme cancérogène possible pour l'Homme en 2002 (Groupe 2B).

L’habitat intérieur est le principal milieu d’exposition au naphtalène et l’inhalation est la principale voie d’exposition.

Le naphtalène est principalement utilisé dans l’industrie comme intermédiaire de synthèse des phtalates, plastifiants, résines et teintures.

Le naphtalène a longtemps été présent dans des répulsifs pour insectes mais en 2009 l’Union Européenne a interdit la présence de ce produit dans tous les biocides fabriqué en Europe.

La valeur guide de qualité de l’air intérieur pour le naphtalène a été fixée à 10 µg/m3 par plusieurs organisations sanitaires dont l’Anses. Le naphtalène fait partie des substances prioritaires dans le domaine de l’eau et différentes réglementations visent à limiter notamment les rejets dans les différents milieux eau, air et sols et les déchets.

Présentation

Le naphtalène est un hydrocarbure aromatique polycyclique (HAP) produit à partir de goudrons, d’houille ou de pétrole. Il se présente sous plusieurs formes solides (cristaux, poudres, aiguilles ou écailles), mais se trouve être un produit très volatil à température ambiante. Il est classé dans la catégorie des composés organiques semi-volatils (COSV).

Il est principalement utilisé dans l’industrie comme intermédiaire de synthèse des phtalates, plastifiants, résines et teintures.

Le naphtalène a longtemps été utilisé dans la synthèse de répulsifs pour insectes, surtout des antimites, mais cette utilisation est interdite par la commission européenne depuis 2009 (interdiction d’utilisation dans les biocides).

Il est possible de le retrouver de manière plus marginale dans de nombreux autres procédés industriels.

  • Le naphtalène dans l'environnement

    Le naphtalène étant un produit très volatil, se retrouve principalement dans l’air.

    Le naphtalène peut toutefois se retrouver dans d’autres milieux via les phénomènes de pluie (dépôts à la surface des sols ou de l’eau) ou des pollutions industrielles (eau/sols/sédiments). Il retourne rapidement dans l’air ou bien est dégradé par des phénomènes physico-chimiques. Le naphtalène est très peu soluble dans l’eau.

    En 2011, l’Ineris estimait, sur des données antérieures, que 89 % du naphtalène présent dans l’environnement provenait de la sublimation du naphtalène dans les répulsifs pour insectes (biocides), du tabac (principalement en habitat clos), des moteurs diesels, et surtout de la combustion incomplète du bois (chauffages domestiques au bois et feux de forêt).

    L’utilisation du naphtalène en tant que biocide ayant été interdite en 2009, les prochaines études sur le naphtalène devraient donc montrer une baisse significative des concentrations dans l’environnement.

    La production et la distillation du charbon seraient responsables de 10% des rejets dans l’environnement. Le 1% restant proviendrait de pertes industrielles.

  • Quelle est l'exposition de l'Homme au naphtalène ?

    L’Homme est principalement exposé au naphtalène par inhalation. En effet, selon plusieurs études, la dose d’exposition moyenne par inhalation serait d’environ 19 µg par jour et entre 0,002 et 4 µg/jour maximum pour l’ingestion (OMS, 2010 ; HCSP, 2012).

    L’exposition par voie cutanée est très peu probable. Toutefois, avant 2009, il était possible d’être exposé au naphtalène par cette voie (surtout les enfants en bas âge) en raison des « boules antimites » pouvant être laissées directement dans les draps ou le linge.

    Les concentrations de naphtalène retrouvées dans l’air extérieur et dans les transports, ainsi que le temps passé dans ces environnements permettent de considérer l’air intérieur comme principal milieu d’exposition de la population générale à ce composé (OMS, 2010). Les habitats de fumeurs ont les taux de naphtalène les plus élevés (Agency for Toxic Substances and Disease Registry – ATSDR, 2005).

    Concernant les expositions professionnelles, elles sont surtout liées à des accidents. Ces accidents peuvent entrainer une exposition aiguë au naphtalène par inhalation, ingestion ou par contact cutané. Toutefois, une exposition chronique au naphtalène est possible par inhalation en cas de fuites non contrôlées, mais ces situations sont exceptionnelles.

  • Quelle est la toxicité du naphtalène sur l'Homme ?

    Il existe très peu de données sur l’exposition de l’Homme au naphtalène, surtout pour la toxicité chronique.

    Effets cancérogènes

    Les quelques études menées chez l’Homme ne permettent pas de conclure quant à un lien possible entre exposition au naphtalène et risques de cancer.

    Chez l’animal, l’exposition au naphtalène par inhalation peut être liée au développement de cancers : hémangiosarcomes, adénomes de l’épithélium respiratoire nasal et neuroblastomes de l’épithélium olfactif.

    Sur la base des effets chez l’animal, le naphtalène est classé cancérogène possible pour l’Homme (Groupe 2B) par le CIRC depuis 2002 ; également classé cancérogène possible pour l’Homme par l’US-EPA depuis 1998 (groupe C), et en catégorie 2 par l’Union européenne, c’est-à-dire en tant que substance préoccupante pour l’Homme.

    Notons que l’Union européenne a étudié le caractère génotoxique et reprotoxique du naphtalène mais que les résultats non concordants ne permettent pas de classer cette substance.

    Autres toxicités

    De manière générale, le naphtalène est peu ou pas irritant (INRS, 2007). Dans de très rares cas d’exposition aiguë à de très fortes doses (par ingestion ou inhalation), surtout constatée lors de suicides, les conséquences peuvent alors être très graves (Ineris, 2011).

    Le principal effet d’une exposition aigue au naphtalène observé chez l’Homme (toutes voies d’exposition confondues) est une anémie hémolytique. Cet effet apparait surtout chez les individus présentant une déficience en enzyme G6PD (glucose-6-phosphate déshydrogénase). Chez les animaux, les mêmes effets ainsi que des effets pulmonaires ont pu être été observés.

    Pour les autres effets (digestifs notamment), se rapporter à la fiche toxicologique de l’Ineris.

    Pour la toxicité chronique, les rares données humaines (inhalation et contact cutané uniquement) ainsi que les données animales montrent des effets similaires à l’intoxication aiguë :

    • anémies hémolytiques et cataractes,
    • effets pulmonaires en plus chez l’animal.
  • Evaluation du risque lié au naphtalène

    Le risque sanitaire encouru par une population exposée au naphtalène peut être calculé par des experts en comparant les doses d’exposition de la population donnée avec une valeur toxicologique de référence (VTR). Différentes VTR peuvent exister en fonction de la voie et de la durée d’exposition (exemples : exposition chronique par voie orale / exposition aigue par ingestion) ainsi que le type d’effet attendu (effets apparaissant au-dessus d’un seuil d’exposition ou bien effets cancérogènes).

    Les VTR proposées par les différentes agences sanitaires internationales ou étrangères sont récapitulées dans la fiche toxicologique de l’Ineris (2011).

    En France, l’Anses a proposé en 2013, deux VTRs par inhalation construites à partir d’études animales. La VTR chronique pour les effets à seuil (non cancérogènes) est de 37 µg/m3 (microgramme par mètre cube); les lésions de l’épithélium respiratoire et olfactif  chez le rat ayant été considérés comme effet critique (NTP, 2000). Une exposition à long terme à des concentrations inférieures est donc considérée comme sans danger pour l’Homme.

    La VTR chronique pour les effets sans seuil (cancérogènes) est de 5,6.10-3  (mg/m3)-1. Elle permet de dire que le risque de développer un cancer (neuroblastomes de l’épithélium olfactif choisi comme effet critique) serait d’une chance sur 100 000 si l’on est exposé toute sa vie à 1,8 µg/m3 de naphtalène. Rappelons que le développement de cancer suite à une exposition au naphtalène n’a pas été mis en évidence scientifiquement.

  • Gestion du risque lié au naphtalène

    Il n’existe pas de valeur guide spécifique au naphtalène mais un excès de risque unitaire pour un mélange de HAP (Hydocarbures Aromatiques Polycycliques).

    En 2010, l’OMS a publié une valeur guide pour la qualité de l’air intérieur de 10 µg de naphtalène par m3 (moyenne annuelle) pour la protection de la santé de la population générale pour une exposition à long terme (à l’exception des personnes déficientes en enzyme G6PD).
    Cette valeur a été retenue comme valeur repère et la valeur de 50 µg de naphtalène par mcomme valeur d’action par le Haut Comité de Santé Publique (HCSP). L’Union européenne en 2005 et l’Anses en 2009 avaient déjà proposé la même valeur guide (non contraignante réglementairement).

    D’autres valeurs guides existent dans d’autres pays. Elles se situent entre 2 et 20 µg/m3. (HCSP, 2012)

    Pour l’exposition professionnelle au naphtalène, plusieurs niveaux de réglementation existent, notamment la valeur limite d’exposition professionnelle fixée à 50 mg/m3 sur une journée de 8 heures (INRS, 2007).

Auteur : Département Prévention Cancer Environnement, Centre Léon Bérard

Sources rédactionnelles : Anses, HCSP, INERIS, OMS, ATSDR

Relecture : Michèle Bisson, toxicologue, Unité d'Expertise Toxicologique et Ecotoxicologique des Substances chimiques (ETES) VIVA – DRC, Institut National de l'Environnement Industriel et des Risques (Ineris).

Mise à jour le 26 juil. 2022

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