Lymphome et prothèse mammaire

Le saviez-vous ?

Le lymphome anaplasique à grandes cellules (LAGC) est une complication très rare qui peut survenir après l’implantation d’une prothèse mammaire.

Le LAGC associé à un implant mammaire (LAGC-AIM) survient en moyenne 7 à 15 ans après la pose de l’implant.

Le LAGC-AIM est plus fréquent après la pose d’implants mammaires à surface texturée, comparé à ceux à surface lisse.

Avant la pose d'un implant mammaire, les femmes doivent être informées du risque de LAGC-AIM et des signes cliniques qui doivent les inciter à consulter, notamment des changements inhabituels au niveau de la poitrine.

Un suivi médical régulier est recommandé pour les femmes porteuses d'implants mammaires.

En absence de symptômes et de signes cliniques ou radiologiques évoquant un LAGC-AIM, le retrait des implants mammaires n’est pas recommandé.

Le LAGC-AIM, dans la grande majorité des cas, est de bon pronostic. Le retrait chirurgical de l’implant et l’ablation de la capsule cicatricielle, sont efficaces et curatifs.

Présentation

Le lymphome anaplasique à grandes cellules (LAGC) est une complication très rare qui peut survenir après l’implantation d’une prothèse mammaire, utilisée en chirurgie plastique, notamment après une mastectomie, ou à visée esthétique.

Les données disponibles provenant des études publiées et des autorités réglementaires indiquent une augmentation du risque de lymphome anaplasique à grandes cellules (LAGC) chez les femmes porteuses d’implants mammaires. Il s’agit d’une forme très rare de lymphomes non hodgkiniens (LNH), des cancers du système lymphatique.

Le LAGC associé à un implant mammaire (LAGC-AIM) survient en moyenne 7 à 15 ans après la pose de l’implant, le plus souvent au-delà de 10 ans. Le LAGC-AIM est plus fréquent après la pose d’implants mammaires à surface texturée, notamment « macro-texturée » comparé à ceux à surface lisse.

Plus de 600 cas de LAGC-AIM ont été recensés dans le monde à ce jour. En France, 56 cas de LAGC-AIM ont été déclarés à l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) et confirmés sur le plan anatomopathologique par le réseau LYMPHOPATH. L’augmentation du nombre de cas au cours des 3 à 4 dernières années est probablement influencée par une prise de conscience accrue et un diagnostic plus précoce de LAGC-AIM.

Si le risque de LAGC-AIM chez les porteuses d’implants mammaires a été confirmé, il est néanmoins très faible. D’après les études internationales, le taux de LAGC-AIM est estimé à 29 cas pour un million d’implants avant l’âge de 50 ans et de 82 cas pour un million d’implants à 70 ans.

Plusieurs mécanismes ont été suggérés pour expliquer le lien causal, direct ou indirect, de l’implant mammaire dans le développement d’un LAGC-AIM, notamment une réaction inflammatoire et une réponse auto-immune. Une augmentation du risque de polyarthrite rhumatoïde, de syndrome de Sjögren et de syndrome de Raynaud associé à des implants en silicone a été rapportée.

Les données disponibles et la rareté du LAGC-AIM, ne permettent pas de déterminer à ce jour si certains groupes de femmes présentent un risque accru de développer un LAGC-AIM lorsqu’elles sont porteuses d’implants mammaires.  En revanche, les données disponibles ne montrent pas de risque accru de cancer du sein (adénocarcinome) chez les femmes porteuses d’implants mammaires par rapport à la population.

  • Information et surveillance

    Depuis l’affaire des prothèses mammaires PIP en 2010, les prothèses mammaires, considérées comme des dispositifs médicaux à risque, font l’objet d’une surveillance accrue par l’ANSM, et les pouvoirs publics ont renforcé le suivi des femmes porteuses d’implants mammaires.

    La décision de la pose d’un implant mammaire, après une mastectomie ou pour des raisons esthétiques, nécessite une information éclairée au préalable, sur les risques liés à l’intervention chirurgicale et les évènements indésirables liés à l’implant. Les femmes doivent être informées avant la pose d’un implant mammaire, du risque de LAGC-AIM et des signes cliniques qui doivent les inciter à consulter, notamment des changements inhabituels au niveau de la poitrine.

    Pour les femmes qui ont eu une mastectomie, les techniques de reconstruction peuvent être une alternative aux implants mammaires.

    Le chirurgien doit remettre aux femmes une fiche d’information, incluant les effets indésirables et les recommandations médicales appropriées, ainsi qu’une « carte d’identité de l’implant », sur laquelle figurent la marque et la référence des prothèses.

    Les femmes porteuses de prothèses mammaires de la marque PIP et à qui on n’a pas retiré l’implant, doivent bénéficier d’un examen clinique et d’une échographie annuelle (sein et aires axillaires) pour vérifier que leur implant est en bon état.

    Pour les femmes porteuses d’implants d’autres marques, un suivi régulier est recommandé, même en l’absence de symptôme particulier, afin notamment de vérifier que l’implant ne se dégrade pas.

    Les principaux signes cliniques de LAGC-AIM sont un épanchement autour de la prothèse, une augmentation du volume du sein ou une douleur dans le sein Le LAGC peut également se manifester par une asymétrie mammaire, une contracture capsulaire (rétrécissement de la capsule cicatricielle qui entoure l’implant pouvant conduire au durcissement et/ou à une forme irrégulière de l’implant), de changements au niveau de la peau, une ulcération au niveau du sein ou une hypertrophie d’un ou de plusieurs ganglions lymphatiques régionaux (lymphadénopathie). Les signes cliniques peuvent être similaires à celle d’une infection simple (douleur, rougeur, endolorissement et enflure).

  • Prise en charge

    En absence de symptômes et de signes cliniques ou radiologiques évoquant un LAGC-AIM, le retrait des implants mammaires n’est pas recommandé.

    En cas de signes cliniques et/ou radiologiques évoquant une dégradation de l’implant mammaire, le retrait de l’implant est proposé.

    Le LAGC-AIM, dans la grande majorité des cas, se limite à la capsule qui s’est formée autour de l’implant et est de bon pronostic. Les résultats obtenus à ce jour indiquent que le retrait chirurgical de l’implant et l’ablation de la capsule cicatricielle, sont efficaces et curatifs. Rarement, le LAGC-AIM peut infiltrer la capsule et se propager aux ganglions lymphatiques, nécessitant alors une chimiothérapie et/ou une radiothérapie.

    L’Institut National du Cancer a publié début mars 2019 l’actualisation des conduites à tenir dans un avis d’experts (INCa, 2019).

  • Les fiches sur ce thème

Auteur : Département Prévention Cancer Environnement, Centre Léon Bérard

Relecture : Pr Béatrice Fervers, médecin oncologue, Centre Léon Bérard, Lyon ; Dr Elisabeth Luporsi, médecin oncologue, Hôpital de Mercy - CHR Metz Thionville.

Mise à jour le 18 juil. 2022

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