Vitamine D et cancer

Le saviez-vous ?

Le terme « vitamine D » regroupe deux formes : la vitamine D2 (ergocalciférol) apportée par l’alimentation et la vitamine D3 (cholécalciférol) fabriquée par la peau grâce au soleil.

La vitamine D agit comme une hormone, elle a deux rôles principaux : elle aide l’intestin à mieux absorber le calcium et le phosphore, et elle mobilise le calcium osseux quand nécessaire.

En France, la plupart des personnes ne consomment pas assez de vitamine D, par rapport aux recommandations.

La vitamine D ne prévient pas à elle seule l’apparition des cancers, mais un taux sanguin optimal pourrait aider à réduire le risque de développer ou de décéder d’un cancer.

Présentation

La vitamine D n’est pas véritablement une vitamine. Il s’agit d’une pro-hormone liposoluble.

Différentes formes de vitamine D

Deux formes de vitamine D sont importantes pour l’homme : la vitamine D2, ou ergocalciférol, et la vitamine D3, ou cholécalciférol.

  • La vitamine D2 est synthétisée naturellement par les plantes.
  • La vitamine D3 est synthétisée par l’organisme lorsque la peau est exposée aux rayonnements ultraviolets (principalement aux rayons UVB) du soleil.

Les vitamines D2 et D3 peuvent être produites chimiquement et utilisées comme suppléments. Une fois dans l’organisme, la vitamine D2 comme la vitamine D3 sont converties en sa forme active pour exercer ses effets (Nair, 2012).

Fonctions de la vitamine D

La vitamine D intervient dans un certain nombre de processus essentiels pour une bonne santé en :

  • renforçant la force musculaire et le système immunitaire,
  • réduisant les inflammations,
  • favorisant l’absorption du calcium par l’intestin grêle et le maintien d’ un taux sanguin adéquat de calcium et de phosphate,
  • contribuant à la formation, la croissance et la réparation des os en assurant une minéralisation optimale des os tout au long de la vie (Inserm, 2024).
  • Sources : où trouver la vitamine D ?

    La vitamine D peut être obtenue de deux façons.

    Exposition à la lumière du soleil

    Lorsqu’on s’expose au soleil, les rayons UV stimulent la production de vitamine D directement dans la peau (synthèse endogène). Cette vitamine fabriquée par notre peau est ensuite stockée dans le foie, les muscles et les graisses (Inserm, 2024), pour être utilisée par le corps lorsqu’il y a moins de soleil, comme l’hiver. La quantité de vitamine D que notre corps produit dépend de plusieurs facteurs, comme la saison, l’heure à laquelle on s’expose au soleil et l’endroit où l’on vit (Bikle, 2025).

    Alimentation

    L’alimentation fournit entre 15-30% de nos besoins en vitamine D. Les principales sources sont (Anses, 2022) :

    • Les poissons gras (comme le saumon, le maquereau ou les sardines),
    • Produits laitiers enrichis en vitamine D,
    • Les œufs, particulièrement le jaune d’œuf
    • Les abats, notamment le foie

    Retrouvez la liste des aliments riches en vitamine D sur le site de la table CIQUAL

  • Apports recommandés et statut nutritionnel

    Apports Nutritionnels Conseillés (ANC)

    Les besoins nutritionnels quotidiens conseillés en vitamine D augmentent en fonction de l’âge, allant de 10 µg chez les nourrissons à 20 µg chez les personnes âgées (National Institutes of Health, 2025).

    Tableau 1. Besoins quotidiens en vitamine D selon l’âge (National Institutes of Health, 2025).

    Groupe d’âge ANC en µg ANC en UI
    0-12 mois 10 µg 400 UI
    1-70 ans 15 µg 600 UI
    Plus de 70 ans 20 µg 800 UI

    Populations à risque

    Selon les Dietary Guidelines for Americans, il est suggéré que certaines populations pourraient bénéficier d’un apport supplémentaire en vitamine D, notamment :

    • Les nourrissons allaités ;
    • Les personnes âgées ;
    • Les personnes à peau foncée ;
    • Et toute personne peu exposée au soleil (NIH, 2025).

    Cette supplémentation peut être envisagée via des aliments enrichis ou des compléments alimentaires, sous réserve d’un avis médical ou d’un suivi approprié.

    Apports moyens en vitamine D en France

    En France, les apports alimentaires en vitamine D restent généralement inférieurs aux recommandations (INCa, 2017) :

    • Enfants (1-3 ans) : 5,2 µg/j
    • Enfants (4-10 ans) : 2,6 µg/j
    • Adolescents (11-17ans) : environ 2,9 µg/j
    • Adultes (18-79 ans) : 3,1 µg /j

    A noter : Les hommes ont en moyenne des apports plus élevés que les femmes.

  • Risque de déficience et d’excès d’apport

    Le niveau sanguin de 25-hydroxyvitamine D (25(OH) D) est le meilleur marqueur du statut en vitamine D (Vidal, 2023).

    Tableau 2. Interprétation des taux sanguins de vitamine D.

    Statut en vitamine D Taux vitamine D sanguin (25(OH)D)
    Statut optimal Supérieur à 20 µg /L
    Statut insuffisant 10-20 µg /L
    Statut carence Inférieur à 10 µg /L (ou 25 nmol/L)

    * Néanmoins, ces seuils sont encore débattus par les experts.

    Signes cliniques de carence

    Les signes cliniques de carence en vitamine D peuvent inclure (Inserm, 2024) :

    • des douleurs osseuses
    • une faiblesse musculaire
    • des crises de tétanie (contractures musculaires)
    • des convulsions dues à un manque de calcium dans le sang (hypocalcémie)
    • et parfois de l’anémie.

    Dans les cas les plus graves, elle peut entraîner un trouble osseux (rachitisme chez les enfants et ostéomalacie chez les adultes).

    Populations à risque de déficience en vitamine D

    Certaines populations sont particulièrement susceptibles d’avoir une carence en vitamine D, notamment :

    • les nouveau-nés et les nourrissons,
    • les femmes enceintes,
    • et les personnes âgées qui s’exposent peu au soleil et/ou ont des besoins accrus en vitamine D.

    Avec l’âge, la capacité de l’organisme à absorber ou à synthétiser la vitamine D diminue. Chez les personnes âgées, un faible apport en vitamine D peut favoriser la perte de masse osseuse et entraîner de l’ostéoporose (Anses, 2022).

    Facteurs augmentant le risque de carence

    D’autres facteurs peuvent contribuer à une carence en vitamine D :

    • une peau foncée,
    • des régimes alimentaires spécifiques (qui excluent les aliments riches en vitamine D (viande, poisson, œufs, produits laitiers),
    • des pathologies intestinales qui affectent l’absorption des nutriments (Anses, 2022).

    Risques liés à une surconsommation de vitamine D

    La vitamine D étant liposoluble, elle peut s’accumuler dans l’organisme. Une consommation excessive de vitamine D, notamment par des suppléments, peut provoquer une hypercalcémie.

    Les symptômes possibles incluent (Anses, 2022) :

    • Maux de tête,
    • Nausées et vomissements,
    • Perte de poids,
    • Une fatigue intense .
  • Les mécanismes d’action de la vitamine D

    Absorption de la vitamine D dans l’alimentation

    La vitamine D qu’on retrouve dans les aliments (comme les poissons, les œufs…) est d’abord absorbée dans l’intestin grêle, là où elle se lie à des molécules (micelles mixtes) qui l’aident à passer dans la circulation sanguine. Ce processus est en grande partie passif, mais des récentes recherches ont montré que certains transporteurs de cholestérol aident également dans l’absorption de la vitamine D (Silva, 2018).

    Métabolisme de la vitamine D

    Les deux formes principales de vitamine D que l’on trouve dans l’alimentation, D2 et D3, sont métabolisées de manière similaire chez l’homme.

    Sous l’effet des rayons UV du soleil, la peau produit une forme de vitamine D appelée cholécalciférol. Ce cholécalciférol est ensuite transporté vers le foie, où il est transformé en un intermédiaire, le 25-hydroxycholécalciférol (25(OH)D).

    Ensuite, il est transporté jusqu’aux reins, où il prendra sa forme active, le 1,25 dihydroxycholecalciférol (1,25(OH)2D) (Holick, 2023).

    Métabolisme de la vitamine D_Synthèse, stockage et activation. Source : anneguillot.com

    Métabolisme de la vitamine D_Synthèse, stockage et activation. Source : anneguillot.com

    Rôle de la forme active de la vitamine D

    Cette forme active de la vitamine D, le 1,25 dihydroxycholecalciférol (1,25(OH)2D), a plusieurs effets importants sur notre corps, notamment en aidant à réguler la croissance et le développement des cellules.

    Les deux modes d’action principaux

    Effets génomiques

    La vitamine D agit directement sur l’ADN en activant certains gènes grâce à un récepteur spécifique appelé récepteur de la vitamine D (VDR). Ce processus modifie l’activité des gènes dans les cellules, influençant leur comportement et leurs fonctions (Voltan, 2023).

    Effets non-génomiques 

    Ces effets se produisent plus rapidement et n’impliquent pas de changements directs sur la séquence génétique. La vitamine D régule certaines fonctions corporelles sans toucher à l’ADN lui-même (Dallavalasa, 2024). Plus précisément, la vitamine D influence l’expression des enzymes appelées histone méthylases et ADN méthyltransférases. Ces enzymes jouent un rôle clé dans la méthylation des histones et des îlots CpG. Ces modifications épigénétiques jouent un rôle important dans la régulation de l’activité des gènes.

  • Vitamine D et cancer

    La vitamine D est reconnue pour son rôle dans le renforcement des os et la régulation du calcium dans le corps. Cependant, elle intervient également dans le fonctionnement de nombreuses cellules, y compris les cellules cancéreuses (Spina, 2006).

    Des recherches montrent que les cellules cancéreuses possèdent des récepteurs à la vitamine D et cette vitamine D agit sur plus de 200 gènes, dont certains sont impliqués dans le développement du cancer.

    Mécanismes anticancéreux potentiels de la vitamine D

    La vitamine D pourrait agir de plusieurs façons pour limiter le développement des cancers (NIH, 2025) :

    • En ralentissant la multiplication des cellules cancéreuses,
    • En réduisant la formation de vaisseaux sanguins qui alimentent les cellules cancéreuses,
    • En limitant la transformation des cellules précancéreuses en cellules cancéreuses,
    • En favorisant la mort programmée (apoptose) de certaines cellules cancéreuses.

    Incidence totale du cancer et mortalité

    Certaines études observationnelles ont mis en évidence une association entre un faible taux de 25(OH)D et une augmentation du risque de développer un cancer, ainsi qu’une hausse de la mortalité liée au cancer.

    Une méta-analyse regroupant 16 études sur la mortalité et 8 sur l’incidence de cancer a montré que chaque augmentation de 20 nmol/L du taux de vitamine D dans le sang était associée à :

    • Une diminution de 7% du risque de développer un cancer,
    • Et une réduction de 2% du risque de décès par cancer.

    Cependant, il est important de noter que toutes les études observationnelles n’ont pas mis en évidence cette association. Les résultats varient selon les populations étudiées, les pathologies prises en compte, et les méthodes de mesure du taux de vitamine D.

    Concernant les études cliniques, deux études importantes ont été menés pour observés les effets de suppléments de vitamine D sur le cancer.

    L’essai clinique américain VITAL a étudié les effets de la supplémentation en vitamine D sur la prévention primaire du cancer dans la population générale.

    • Les participants ont reçu soit 50 mcg de vitamine D3 par jour, soit un placebo, pendant 5 ans.
    • Les résultats n’ont pas montré de différence significative dans le nombre de cas de cancer du sein, de la prostate ou du côlon entre les deux groupes (Manson, 2019).

    De manière similaire, l’étude Women’s Health Initiative (WHI) a observé les effets d’une supplémentation quotidienne en vitamine D3 de 10 mcg associée à 1000 mg de calcium par rapport au placebo, chez plus de 36000 femmes ménopausées.

    • Après 7 ans de suivi, aucune différence significative n’a été observée concernant l’incidence ou la mortalité liée au cancer.
    • Cependant, une analyse à long terme (sur un peu plus de 22 ans) a montré une réduction d’environ 7% de la mortalité par cancer chez les femmes ayant reçu la supplémentation, sans impact sur l’incidence des cancers (Thomson, 2024).

    Cancer du sein

    Une étude française menée à l’Inserm à Gustave Roussy, sur près de 2 000 femmes, a montré que les femmes ayant un taux élevé de vitamine D (supérieur à 30ng/mL) avaient un risque réduit de 27 % de développer un cancer du sein par rapport aux femmes ayant un taux faible (inférieur à 20 ng/mL). Ils concluent à une association entre la vitamine D et le risque de cancer sein et recommandent aux femmes de veiller à maintenir un taux suffisant de vitamine D (Engel, 2010).

    L’effet protecteur de vitamine D dans le sang semble particulièrement marqué chez les femmes préménopausées (Estébanez ; 2018).

    Les essais cliniques évaluant la supplémentation de vitamine D n’ont pas apporté de preuve significative d’une réduction du risque de cancer du sein (Li, 2021).

    Cancer colorectal 

    Une grande étude cas-témoins a inclus 5706 personnes ayant développé un cancer colorectal et 7105 témoins.

    • Les taux de vitamine D ont été mesurés en moyenne 5,5 ans avant le diagnostic.
    • Les résultats indiquent qu’un taux de vitamine D inférieur à 30 nmol/L était associé à un risque de cancer colorectal augmenté de 31%.
    • Tandis que les taux plus élevés étaient associés à un risque plus faible de cancer colorectal.
    • Cette association était plus forte chez les femmes (McCullough, 2019).

    Dans l’étude clinique Women’s Health Initiative, la supplémentation en vitamine et calcium n’a pas modifié le taux de cancer colorectal (Wactawski-Wende, 2006).

    D’autres part une étude menée sur 2 259 personnes âgées ayant eu un ou plusieurs polypes sillonnés (lésions précancéreuses) retirés.

    • Les participants avaient reçu des doses quotidiennes de vitamine D3 ou de calcium ou les deux ou un placebo pendant 3 à 5 ans, suivi d’une observation de 3 à 5 ans après l’arrêt du traitement (6 à 10 ans au total).
    • La vitamine D seule n’a pas significativement modifié le développement de nouveaux polypes sillonnés.
    • En revanche, la combinaison de vitamine D et calcium a multiplié par presque 4 le risque de nouveaux polypes (Crockett, 2019).

    L’essai clinique VITAL n’a trouvé aucune association entre la supplémentation en vitamine D et le risque de cancer colorectal (Song, 2020).

    Cancer de la prostate 

    Les résultats sont partagés quant au lien entre les taux de vitamine D et le risque de cancer de la prostate.

    Une méta-analyse de 21 études (11 941 cas et 13 870 témoins) a montré un risque accru de 17% chez les hommes ayant des taux élevés de vitamine D (Xu, 2014).

    Une autre étude sur 4 733 hommes a observé un risque plus faible de cancer de la prostate chez ceux avec un taux de vitamine D entre 45 et 70 nmol/l comparé à ceux avec un taux plus élevé ou plus faible. Cette observation était d’autant plus importante pour les formes plus agressives de cancer (Kristal, 2014).

    Enfin, une autre étude avec 1 695 cas et 1 682 témoins n’a trouvé aucune relation entre les taux de vitamine D et le risque global de cancer de la prostate (Schenk, 2014).

    Des études plus récentes, dont une méta-analyse de 19 études, n’ont trouvé aucun lien clair entre :

    • Une carence en vitamine D et le risque accru de cancer
    • Des taux plus élevés de vitamine D et un risque réduit (Travis, 2020).

    De manière similaire, une étude menée chez 1 119 hommes suivis sur 5 à 9 ans après diagnostic n’a montré aucun lien entre les taux de vitamine D et

    • Le risque de décès par cancer de la prostate
    • Le risque de décès toutes causes confondues (Nair-Shalliker, 2020)

    Cependant, une méta-analyse de 7 études sur 7 808 hommes atteints a révélé que des taux plus élevés de vitamine D étaient associés à

    • Une réduction de 9% de la mortalité par cancer de la prostate
    • Une réduction de 9% de la mortalité toutes causes confondues (Song, 2018).

    Les analogues de la vitamine D

    Des travaux sont en cours sur des formes modifiées de la Vitamine D, appelées analogues, qui viserait à conserver ou renforcer les effets anticancéreux tout en limitant les effets secondaires, notamment l’hypercalcémie (Dallavalasa, 2024). Ces composés montrent un potentiel intéressant in vitro et dans certains modèles animaux, où ils peuvent prévenir le développement du cancer. Cependant, leurs effets dans les essais cliniques restent encore à confirmer (Giammanco, 2014).

  • En résumé

    Les preuves actuelles ne montrent pas que la vitamine D (seule ou avec calcium) prévient le développement des cancers.

    Toutefois, avoir un taux sanguin optimal de vitamine D pourrait aider à réduire la mortalité liée au cancer.

    Il est essentiel de poursuivre les recherches pour déterminer :

    • Si un manque de vitamine D augmente le risque de cancer,
    • Quels niveaux seraient optimaux,
    • Quels groupes de personnes pourraient bénéficier de supplémentation,
    • Et si la vitamine D pourrait jouer un rôle dans des traitements complémentaires.

Auteur : Département Prévention Cancer Environnement, Centre Léon Bérard

Sources rédactionnelles : Anses ; INCa ; Inserm ; National Institutes of Health

Relecture : Alice Moyne, cheffe de projet en prévention santé, Centre Léon Bérard

Mise à jour le 30 octo. 2025

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