Alimentation et cancer

Le saviez-vous ?

5,4% des cancers seraient dus à une alimentation déséquilibrée, soit près de 19 000 nouveaux cas de cancers qui pourraient être évités chaque année par l’adoption de meilleures habitudes alimentaires.

Certains facteurs liés à l’alimentation peuvent augmenter le risque de cancer : l’alcool, la consommation excessive de viande rouge, de charcuterie et de sel.

Il n’existe pas d’aliment « anti-cancer » mais certains aliments ou habitudes alimentaires peuvent réduire le risque de cancer : la consommation de fibres, de fruits et légumes, de céréales complètes, de produits laitiers, de café.

Une alimentation équilibrée joue aussi un rôle important dans la prévention du surpoids et de l’obésité, facteurs de risque établis pour plusieurs cancers.

L’alimentation n’est pas le seul facteur nutritionnel pouvant influencer le risque de cancer : le surpoids et l’obésité, l’activité physique, ou encore l’allaitement jouent aussi un rôle.

Le 26 octobre 2015, le CIRC a classé la consommation de viandes rouges comme probablement cancérogène pour l’homme (Groupe 2A) et la consommation de viandes transformées cancérogène pour l’homme (Groupe 1).

Présentation

L’alimentation est un facteur sur lequel nous pouvons agir collectivement et individuellement pour améliorer la prévention des cancers.

En France, 5,4% des cancers sont dus à une alimentation déséquilibrée soit près de 19 000 nouveaux cas de cancers qui pourraient être évités chaque année par l’adoption d’une meilleure alimentation (CIRC, 2018).

De nombreux rapports d’experts ont évalué les liens entre facteurs nutritionnels et risque de cancer en passant en revue de manière systématique l’ensemble des études scientifiques existantes (Réseau NACRe, 2018) et en évaluant les niveaux de preuves associés. Il a ainsi été établi que certains facteurs nutritionnels diminuent ou augmentent le risque de cancer (INCa, 2019) avec un niveau de preuve élevé (convaincant ou probable). Seuls ces facteurs peuvent conduire à l’élaboration de recommandations de santé publique.

Plusieurs recommandations nutritionnelles en prévention des cancers ont été formulées en France et à l’international. Ces recommandations portent sur l’alimentation et l’alcool, mais incluent également d’autres facteurs très liés comme le surpoids et l’obésité, l’activité physique, ou encore l’allaitement.

Principaux facteurs de risque de cancer

Figure 1. Principaux facteurs de risque de cancer. Infographie réalisée par nos soins. Source : CIRC, 2018.

Suivre ces recommandations nutritionnelles dans leur ensemble (alimentation, alcool, activité physique, surpoids et obésité) serait associé à une diminution du risque de cancer. Par exemple, une étude française (Nutrinet) a montré que l’adhésion à l’ensemble des recommandations nutritionnelles établies par World Cancer Research Fund/American Institute for Cancer Research (WCRF/AICR) est associée à une réduction de 12% du risque global de cancer (14% pour le cancer du sein, 12% pour le cancer de la prostate) (Lavalette, 2018). Une méta-analyse récente qui porte sur la version mise à jour en 2018 des recommandations du WCRF confirme que l’adhésion aux recommandations est associée à un risque diminué des cancers du sein, colorectal et des poumons (Malcomson, 2023).

Panneau Alimentation. Extrait de l'exposition interactive Prendre soin de soi et prévenir les risques de cancer.

Figure 2. Panneau Alimentation. Extrait de l’exposition interactive Prendre soin de soi et prévenir les risques de cancer. © Centre Léon Bérard & Comité du Rhône de la Ligue contre le Cancer.

  • Alimentation et prévention primaire des cancers

    Facteurs de risques et connaissances

    Il n’y a pas d’ « aliment anticancer » qui à lui seul pourrait protéger ou soigner le cancer. En revanche, la consommation de certains aliments ou composés de notre alimentation a été associée avec un niveau de preuve élevé à un risque accru ou diminué de développer certains cancers pour les personnes en bonne santé.

    Les facteurs alimentaires associés à une réduction du risque de cancer :

    • Les fibres → cancer du côlon-rectum
    • Les fruits et légumes → cancers aérodigestifs
    • Les céréales complètes → cancer du côlon-rectum
    • Les produits laitiers → cancer du côlon-rectum
    • Le café → cancers du foie et endomètre

     Les facteurs alimentaires associés à une augmentation du risque de cancer :

    • Alcool → cancers aérodigestifs supérieurs, sein avant et après la ménopause, foie, estomac et côlon-rectum
    • Charcuterie, viande rouge → cancer du côlon-rectum
    • Sel et aliments conservés par le sel → cancer de l’estomac

     Cependant, l’alimentation ne constitue qu’un des aspects de la prévention nutritionnelle des cancers. D’autres facteurs liés à la nutrition influencent le risque de cancer :

    • Le surpoids et l’obésité (surcharge pondérale) sont associés à l’augmentation du risque de cancer pour plus de 13 localisations (aérodigestifs, sein, foie, vésicule biliaire, pancréas, reins, ovaires, endomètre, prostate…) (WCRF ; AICR, 2018). Certains aliments ou types d’aliments favorisent la surcharge pondérale de façon avérée (ex : boissons sucrées, fast food et aliments ultra transformés) tandis que d’autres diminuent ce risque (ex : alimentation riche en fibres, légumes, fruits, légumineuses) (WCRF).
    • L’activité physique est associée à une réduction des risques de cancers notamment côlon, endomètre et sein.
    • La supplémentation en béta carotène est associée à une augmentation du risque de cancer du poumon (chez les fumeurs et ex-fumeurs).

    D’autres facteurs n’apparaissent pas dans cette liste, car leur influence sur le risque de cancer n’est pas avérée. En particulier, il n’y a pas de preuve chez l’homme d’un effet protecteur du jeûne et des régimes restrictifs pour prévenir les cancers (Réseau NACRe, 2017).

    Les cancers les plus fréquents liés aux facteurs nutritionnels (alcool, surpoids obésité, alimentation, activité physique) sont ceux du côlon-rectum et du sein.

    Pour en savoir plus sur les facteurs nutritionnels, leur niveau de preuve scientifique en lien avec le cancer et leurs mécanismes, retrouvez des fiches détaillées pour chaque facteur nutritionnel sur le site du Réseau NACRe : https://www6.inrae.fr/NACRe/Prevention-primaire/Facteurs-nutritionnels

    Figure 3. Les facteurs nutritionnels en lien avec le cancer. Source : Réseau NACRe.

    Figure 3. Les facteurs nutritionnels en lien avec le cancer. Source : Réseau NACRe.

    Les recommandations nutritionnelles

    Les 10 recommandations de l’INCa (basée sur celles du World Cancer Research Fund) préconisent comme celles du Code Européen contre le Cancer de favoriser les aliments diminuant les risques de cancer :

    • Privilégier une alimentation équilibrée avec un apport élevé en aliments d’origine végétale riches en fibres (céréales complètes, légumes secs, fruits et légumes).
    • Eviter la viande rouge et charcuteries et les aliments riches en sel.
    • Limiter la consommation d’aliments très caloriques (riches en sucre ou en matières grasses) et éviter les boissons sucrées.

    Ces recommandations visent à réduire le risque de cancer en limitant les facteurs nutritionnels augmentant les risques de cancers (surcharge pondérale, viande rouge, charcuteries, sel, alcool, compléments alimentaires à base de carotène) et les facteurs augmentant le risque de surpoids et d’obésité (boissons sucrées, fast food ou aliments très caloriques).

    Figure 4. Recommandations nutritionnelles pour la prévention des cancers. Source : INCa, 2019.

    Figure 4. Recommandations nutritionnelles pour la prévention des cancers. Source : INCa, 2019.

  • Alimentation pendant et après cancer

    Lien alimentation et cancer : survie, récidive et qualité de vie

    La compréhension du rôle des facteurs nutritionnels chez les patients atteints de cancer, que ce soit pendant ou après les traitements, présente plusieurs spécificités par rapport à l’identification de facteurs en prévention primaire. A ce jour, moins d’études épidémiologiques ont évalué l’impact des facteurs nutritionnels sur la survie, la récidive ou la qualité de vie de patients atteints de cancer et ils sont plus complexes à analyser du fait de la diversité des situations rencontrées : stade, localisation des tumeurs, traitements, effets secondaires… (INCa, Réseau NACRe, 2020).

    L’INCa, en partenariat avec le Réseau NACRe, a mis en place une expertise collective sur les facteurs nutritionnels pendant et après cancer pour mettre à jour l’état des lieux de l’American Cancer Society (ACS) publié en 2012 soulignant les bénéfices d’une alimentation riche en produits végétaux et céréales complètes, du maintien d’un poids de forme et de la pratique d’une activité physique (INCa, Réseau NACRe, 2020).

    Les conclusions montrent notamment :

    • L’impact négatif du surpoids/l’obésité dans les cancers du sein, côlon-rectum et rein (niveaux de preuve convaincant ou probable).
    • L’impact négatif de la consommation d’alcool pour le risque de second cancer des voies aérodigestives supérieures (niveau de preuve probable).
    • L’impact positif des facteurs alimentaires pour le cancer du sein, avec une association protectrice entre une alimentation riche en fibres ou pauvres en graisses et la survie (niveau de preuve probable).

    Pour le cancer du sein, une évaluation plus récente du WCRF/AICR parue en 2022 n’a pas permis de mettre en évidence d’association avec un niveau de preuve probable ou convaincant pour les facteurs alimentaires ((Becerra-Tomas 2022), mais confirme l’impact de l’obésité (niveau de preuve probable).

    Il est aussi important de souligner que selon le type de cancer concerné et le moment (pendant/après les traitements) de l’évaluation des facteurs étudiés, les associations entre certains facteurs (comme la surcharge pondérale) et le pronostic peuvent être très différents.

    Aucun régime alimentaire n’a montré la preuve de son efficacité sur le traitement ou l’évolution du cancer (Ligibel, 2022).

    Il n’y a pas de preuve d’efficacité du jeûne sur l’évolution du cancer (Réseau NACRe, 2017).

    Les recommandations nutritionnelles

    Selon l’INCA et le WCRF mais aussi l’American Cancer Society (ACS) et le National Comprehensive Cancer Network (NCCN), en cas de diagnostic de cancer, il est conseillé de suivre les mêmes recommandations nutritionnelles que pour la prévention des cancers (INCa, Réseau NACRe, 2020).

    • Atteindre et maintenir un poids de forme.
    • Avoir une alimentation riche en céréales complètes, légumes secs et fruits et légumes.
    • Limiter la consommation d’aliments riches en matières grasses ou sucres.
    • Limiter la consommation de viandes et charcuteries.
    • Limiter la consommation d’alcool.
    • Ne pas recourir aux compléments alimentaires en l’absence d’indication médicale.
    • Promouvoir une activité physique adaptée régulière.

    Le rapport conjoint INCa/Réseau NACRe précise qu’il est recommandé pendant les traitements de :

    • Evaluer l’état nutritionnel des patients tout au long du parcours et déclencher la mise en place d’un accompagnement nutritionnel si nécessaire.
    • Ne pas faire perdre du poids aux patients présentant une surcharge pondérale du fait du risque associé de perte de masse musculaire et de dénutrition. Le retour à un poids normal ne peut être envisagé que chez les patients après traitement.
    • Ne pas pratiquer le jeûne thérapeutique ou un régime restrictif.
    • Eviter la prise de compléments alimentaires en l’absence d’indication médicale.
    • Ne pas recourir aux extraits et décoctions de champignons et plantes médicinaux chinois.

    Pamplemousse et thé vert pendant les traitements d’un cancer

    Le pamplemousse contient des substances appelées « furanocoumarines » situées dans la partie blanche sous l’écorce qui peuvent provoquer des interactions toxiques avec certains médicaments. En effet, les furanocoumarines augmentent les taux sanguins de certains médicaments pouvant provoquer parfois des surdosages toxiques (en neutralisant une enzyme qui dégrade les médicaments dans le corps).

    Pour en savoir plus : https://www.sante.fr/decryptage/nos-reponses/faut-il-vraiment-eviter-le-pamplemousse-lorsquon-prend-des-medicaments

    De même, il est recommandé d’éviter la consommation de thé vert le jour du traitement ainsi que les deux jours qui le précèdent et qui le suivent. En effet, le thé vert peut augmenter la toxicité des traitements de chimiothérapie et réduire l’efficacité de la chimiothérapie ou de la radiothérapie (Réseau NACRe, 2019). Il n’existe actuellement pas de preuve montrant l’effet bénéfique du thé vert pendant le traitement du cancer. Il est aussi important de rappeler que les boissons trop chaudes (>65°C) peuvent augmenter le risque de cancer de l’œsophage.

    Pour en savoir plus : https://www6.inrae.fr/nacre/Zoom-sur/decrypter-comprendre-the-vert-cancer

  • Qui établit les recommandations nutritionnelles en prévention des cancers ?

    A l’international

    Les recommandations pour un contexte mondial ou européen sont établies par le World Cancer Research Fund (WCRF) et l’American Institute for Cancer Research (AICR) qui ont publié leurs recommandations en 1997, 2007 et mises à jour en 2018.

    Ces recommandations se retrouvent dans le Code Européen Contre le Cancer avec la 4ème version sortie en 2016 (retrouvez les 12 façons de réduire le risque des cancers).

    En France

    Les recommandations pour un contexte national sont établies par l’Institut National du Cancer (INCa) a publié en collaboration avec le Réseau NACRe un rapport d’expertise collective en 2009 puis 2015 et des fiches repères nutrition et prévention en 2019.

    Pour en savoir plus sur les expertises collectives évaluant les facteurs de risques ou déterminant les recommandations : https://www6.inrae.fr/nacre/Prevention-primaire/Vous-informer-sur/Conclusions-pour-la-population-francaise-des-expertises-scientifiques-collectives

  • Questions fréquentes - Alimentation et cancer

    Pourquoi faut-il manger des aliments riches en fibre pour prévenir les cancers ?

    Les fibres sont des glucides complexes que l’on ne peut pas digérer, ni absorber via l’intestin grêle. On les retrouve dans les céréales complètes, les légumes secs ou légumineuses (lentilles, pois chiche, haricots…) ainsi que les fruits et légumes.

    Divers mécanismes permettent d’expliquer le rôle des fibres dans la réduction des risques de cancers aérodigestifs :

    • Régulation de la glycémie : ralentissement de l’absorption des sucres
    • Régulation du transit et de l’exposition aux cancérogènes présents dans la lumière colique
    • Effet satiétogène : limitent les grignotages et luttent ainsi contre l’obésité
    • Favorisent un microbiote diversifié : rôle dans la régulation du poids et de l’inflammation

    Pour en savoir plus → https://www6.inrae.fr/NACRe/Prevention-primaire/Facteurs-nutritionnels/Fibres-alimentaires-et-cancer

    Manger bio réduit-il le risque de cancer ?

    Il n’y a pas de causalité établie spécifiquement pour l’alimentation biologique et l’effet bénéfique des fruits et légumes a été constaté quelle que soit leur provenance (agriculture conventionnelle ou biologique). Une étude française sur la Cohorte NutriNet-Santé (Baudry, 2018) rapporte une association entre consommation régulière de produits bio et la diminution du risque global de cancer de 25% mais d’autres études sont nécessaires pour établir un lien de causalité (INCa, 2019).

    Le plus important est d’augmenter sa consommation de fruits et légumes.

    Pour en savoir plus → Réseau NACRe https://www6.inrae.fr/NACRe/Prevention-primaire/Facteurs-nutritionnels/Fruits-legumes-et-cancer

    Lien entre viande rouge, charcuteries et cancer : est-ce seulement les nitrites ?

    Depuis 2010, les nitrites et nitrates sont reconnus comme probablement cancérogènes par le CIRC (Groupe 2A). En effet, lors de la consommation de charcuterie avec des sels nitrités, il y a production de composés N-Nitrosés qui sont génotoxiques pour l’homme c’est-à-dire qui entrainent des altérations de l’ADN.

    Cependant pour la viande rouge, deux autres mécanismes sont en jeu :

    • Un chauffage excessif (par exemple au barbecue ou au grill) entraine la création d’amines hétérocycliques (AHC) ou d’hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) qui sont aussi reconnus comme probablement cancérogènes.
    • Le fer héminique contenu dans l’hémoglobine très abondante de la viande rouge, entraine des radicaux libres et des cytokines pro-inflammatoires.

    C’est pourquoi il est important de privilégier les viandes blanches, les cuissons douces et les produits sans nitrites.

    Pour en savoir plus → https://www6.inrae.fr/NACRe/Prevention-primaire/Facteurs-nutritionnels/Viandes-rouges-charcuteries-et-cancer

Auteur : Département Prévention Cancer Environnement, Centre Léon Bérard

Sources rédactionnelles : CIRC ; INCa ; Réseau NACRe ; WCRF

Relecture : Mathilde His, Chercheure en épidémiologie, Centre Léon Bérard ; Mathilde Lyczinski, diététicienne, Centre Léon Bérard ; Réseau NACRe

Mise à jour le 17 nove. 2023

Mais aussi...

Une question, un avis ?

Ce formulaire vous permet de contacter le Département Prévention Cancer Environnement. Nous veillerons à vous répondre dans les meilleurs délais.

Contactez-nous !

Ce contenu vous a été utile ?