Particules dans l'air et risque de cancer

Particules fines (PM2.5) et autres particules en suspension dans l’air (PM)

Le saviez-vous ?

Plus les particules sont fines, plus elles pénètrent profondément dans les voies respiratoires et peuvent être néfastes pour la santé. On considère que les particules dont le diamètre aérodynamique est inférieur à 2,5 µm (PM2.5) sont capables d’atteindre les alvéoles pulmonaires. Certaines, notamment celles qui ont un diamètre plus petit, peuvent même passer à travers les vaisseaux et se retrouver dans la circulation sanguine.

Le secteur résidentiel (avec notamment le chauffage au bois) et le transport routier constituent les deux principales sources d’émission des particules PM2.5 et PM10 en France, mais leur contribution est variable selon la saison.

En 2013, le Centre international de Recherche sur le Cancer (CIRC) a classé la pollution de l’air extérieur comme cancérogènes certains pour l’Homme. Les PM2.5 un des principaux polluants atmosphériques ont été associées au cancer, entre autres à un risque accru de 8 % de développer un cancer du poumon (pour chaque augmentation de 10 µg/m3 de la concentration en PM2.5).

La dernière étude d’impact sanitaire réalisée par Santé Publique France en 2021 a estimé à 40 000 le nombre de décès annuels attribuables à l’exposition aux PM2.5 et à 1500 le nombre de cas de cancer du poumon annuels attribuables à l’exposition aux PM2.5. De plus, elle a évalué à environ 15 mois la baisse de l’espérance de vie à 30 ans dans les villes de plus de 100 000 habitants.

Les émissions de PM2.5 et de PM10 ont diminué/baissé depuis les années 1990. Cela s’explique par plusieurs choses : 1. La mise en place de nouvelles réglementations (véhicules routiers, installations de combustion, certifications ou labels)... 2. L’amélioration de certaines performances (techniques de dépoussiérage dans de nombreux secteurs de l’industrie manufacturière et dans les véhicules routiers à moteur thermique). 3. L’utilisation de combustibles générant moins de particules. 4. L'amélioration des technologies pour la combustion de la biomasse et le remplacement progressif d’installations anciennes par de plus récentes.

Définition

Les particules correspondent à un mélange de particules solides et liquides, organiques et minérales, en suspension dans l’air (Environmental Protection Agency). Elles sont composées, entre autres, de carbone de suie, de benzo(a)pyrène (BaP) et autres hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP), de métaux lourds, de poussières minérales, de pollens, de moisissures et d’autres biocontaminants. Elles sont considérées comme un indicateur de la pollution globale (Monographie du CIRC – Volume 109, 2013).

Les particules peuvent être soit des polluants primaires, lorsqu’elles sont directement émises par des sources naturelles ou anthropiques, soit des polluants secondaires, lorsqu’elles se forment par réaction chimique, à partir de gaz et de composés organiques déjà présents dans l’air (ATMO Auvergne Rhône-Alpes).

Classification

Les particules sont le plus souvent caractérisées à partir de leur taille. En effet, leur taille permet de déterminer leur zone de dépôt dans l’arbre respiratoire (Rorat, 2020). On parle en général de « PM » pour désigner les particules, de l’anglais « Particulate Matter », en accolant la taille à PM. Quatre catégorisations sont ainsi le plus souvent considérées :

  • PM10 : particules dont le diamètre est inférieur à 10 µm
  • PM2.5 ou particules fines : particules dont le diamètre est inférieur à 2.5 µm
  • PM1 : particules fines dont le diamètre est inférieur à 1 µm
  • PM0.1 ou particules ultrafines : particules dont le diamètre est inférieur à 0.1 µm

La figure ci-dessous permet d’avoir une estimation de l’ordre de grandeur de la taille de ces différentes particules (Figure 1).

Figure 1. Taille des particules : échelle et ordre de grandeur. Source : (Rapport SECTEN, Citepa, 2022)

Figure 1. Taille des particules : échelle et ordre de grandeur. Source : Rapport SECTEN, Citepa, 2022

Plus les particules sont petites et plus leur surface d’échange avec les tissus biologiques est importante (Slama, 2022). Généralement, on considère que les particules ayant un diamètre inférieur à 2,5 µm, notamment celles qui ont un diamètre plus petit, peuvent pénétrer dans les ramifications profondes des voies respiratoires (au niveau des alvéoles pulmonaires), et même atteindre la circulation sanguine (Santé Publique France, 2022) (Figure 2).

Figure 2. Pénétration des particules en suspension dans l’air ambiant dans l’organisme. Schéma réalisé sur la base d'un dessin du Dr J. Harkema. Source : Santé Publique France, 2022

Figure 2. Pénétration des particules en suspension dans l’air ambiant dans l’organisme. Schéma réalisé sur la base d’un dessin du Dr J. Harkema. Source : Santé Publique France, 2022

Néanmoins, la taille n’est probablement pas le seul critère pertinent à prendre en compte lorsque l’on s’intéresse aux effets sanitaires des PM. Leur composition chimique, en partie déterminée par les secteurs qui les émettent, pourrait également jouer un rôle important (Daellenbach, 2020). Récemment, on s’intéresse de plus en plus au nombre de particules, notamment dans le cas des particules ultrafines dont la masse est infime, mais le nombre élevé.

  • Sources et évolution des émissions de particules

    Sources d’émission

    La majorité des émissions en France est d’origine anthropique. Le secteur résidentiel, avec notamment le chauffage à combustion et particulièrement le chauffage au bois, constitue la première source d’émission, suivi du trafic routier, contribuant, à elles deux, aux trois quarts des émissions (Airparif ; Citepa) (Figure 3). Les autres sources sont l’industrie, l’agriculture et les origines naturelles. Néanmoins, la contribution de chacune de ces sources est différente selon la taille des particules (Figure 3). Le secteur résidentiel et le trafic routier sont davantage contributeurs aux émissions de PM2.5 et de PM1 que de PM10, les particules les plus fines étant majoritairement issues de la combustion dans ces secteurs (notamment chauffage et carburants routiers). A l’inverse, les chantiers et l’agriculture génèrent davantage de grosses particules plutôt de l’ordre de quelques µm (Airparif). Il est à noter que les fortes émissions associées au chauffage au bois sont dues à l’utilisation d’appareils de chauffage vétustes. L’utilisation d’appareils aux dernières normes réduit drastiquement les émissions de particules fines (Rapport ADEME, 2016).

    Il existe actuellement des solutions visant à réduire les émissions d’origine résidentielle et agricole. Concernant le volet résidentiel, des primes à la conversion pour remplacer les chauffages au bois non performants ont, entre autres, été mises en place (Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie, 2023). Concernant le volet agricole, il existe également plusieurs leviers d’action tels que l’optimisation de l’alimentation animale, le travail réduit du sol ou encore la couverture hivernale des terres (Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie, 2012). Pour plus de détails, voir fiche  « Pollution de l’air ».

    Figure 3. Répartition des émissions par secteur de PM2.5 (à gauche) et PM10 (à droite). Source : Rapport SECTEN, Citepa, 2020

    Figure 3. Répartition des émissions par secteur de PM2.5 (à gauche) et PM10 (à droite). Source : Rapport SECTEN, Citepa, 2020

    Evolution des émissions de particules

    De plus, certains secteurs voient leurs émissions varier de manière considérable selon les saisons. Par exemple, les émissions issues du secteur résidentiel présentent un ratio hiver/été supérieur à 40, principalement expliquée par les variations des émissions issues du chauffage au bois.

    Les graphiques ci-dessous résument l’évolution des émissions en PM2.5 et PM10 par secteur, en France, sur la période 1990-2018 (Figure 4). Depuis 1990, on observe une diminution des émissions de PM2.5 et de PM10 de 73 % et de 65 % respectivement.

    Ce sont surtout les émissions issues du secteur résidentiel/tertiaire qui ont, en proportion, le plus baissé (rapport SECTEN, Citepa, 2022). Cette diminution s’explique, notamment, par l’augmentation des consommations de gaz naturel en remplacement des combustibles minéraux solides et combustibles liquides fossiles ainsi que les améliorations des performances des équipements fonctionnant au bois, et le renouvellement de ces derniers. Depuis 2004, l’usage croissant des granulés de bois, moins émissifs que le bois bûche, ont également contribué à cette baisse.

    Figure 4. Evolution des émissions de PM2.5 (à gauche) et de PM10 (à droite), en France, entre 1990 et 2018. Source : (Citepa, 2022).

    Figure 4. Evolution des émissions de PM2.5 (à gauche) et de PM10 (à droite), en France, entre 1990 et 2018. Source : (Citepa, 2022).

  • Exposition aux particules

    Voies d’exposition

    La voie respiratoire constitue la principale voie d’exposition. La voie digestive via l’alimentation et la voie dermique constituent d’autres voies à explorer.

    Expositions aux particules

    A l’échelle européenne, les travaux menés par l’Ineris en utilisant le modèle de dispersion CHIMERE ont mis en évidence une baisse en moyenne de 30 à 45 % de la concentration en PM2.5 et PM10 sur la période 2000-2019 (Institut National de l’Environnement Industriel et des Risques, 2020). Cette évolution positive cache des situations d’expositions très disparates sur le territoire métropolitain français. En milieu urbain dense, les concentrations annuelles de PM2.5 sont comprises entre 10 et 15 µg/m3 tandis que les PM10 sont comprises entre 15 et 20 µg/m3. Pour ces deux polluants, les concentrations les plus extrêmes sont relevées à proximité des grands axes routiers ou dans des secteurs particulièrement dotés d’installations de chauffage au bois peu performantes, lors de situations météorologiques très stables. Il est à noter que des épisodes ponctuels de pollution intense aux PM10 surviennent encore régulièrement, entrainant la mise en place d’actions par les pouvoirs publics (circulation alternée, etc.) dès lors qu’il y a risque ou dépassement avéré du seuil d’information et de recommandation pour les particules PM10 (50 µg/m3), voire du seuil d’alerte (80 µg/m3). Les PM2.5 ne sont actuellement pas des « déclencheurs d’épisodes de pollution » au même titre que les PM10, mais une évolution de la réglementation française sur ce point est étudiée par les pouvoirs publics.

    En milieu rural, les concentrations annuelles de PM2.5 sont généralement entre 5 et 10 µg/m3 tandis que les concentrations annuelles de PM10 sont comprises entre 10 et 15 µg/m3.

    Ces concentrations sont supérieures aux recommandations de l’OMS (5 µg/m3 pour les PM2.5 et 15µg/m3 pour les PM10), qui ont été abaissées en 2021. En considérant ces nouveaux seuils, la très grande majorité des Français se trouve actuellement dans une situation de surexposition aux particules pouvant être impactante pour la santé. La Commission Européenne a d’ailleurs proposé en octobre 2022 une révision de la directive sur la qualité de l’air ambiant s’inscrivant dans l’ambition « zéro pollution » du pacte vert européen. Pour plus de détails, voir paragraphe Règlementations.

  • Impacts sanitaires des particules en suspension dans l’air (PM)

    Historiquement, les premières preuves des effets délétères de la pollution atmosphérique et notamment des particules sur la santé portaient essentiellement sur la mortalité prématurée induite par une exposition à court-terme à des niveaux élevés de pollution (Slama, 2022). L’épisode de SMOG (contraction de « fog » signifiant « brouillard » et de « smoke » signifiant « fumée ») survenu à Londres en 1952, en est un parfait exemple. La conjonction d’une vague de froid (entrainant une consommation importante de charbon pour se chauffer, notamment du charbon de qualité médiocre comportant une concentration élevée en soufre), de conditions anticycloniques (absence de vent et inversion de température limitant la dispersion des polluants) ont favorisé la concentration des polluants à l’origine de l’épaisse couche de SMOG qui a recouvert Londres à cette période. Ce pic de pollution atmosphérique a très vite entraîné une hausse des hospitalisations et de la mortalité pour des causes cardiovasculaires et respiratoires (Samet, 2016).

    Désormais, les études s’intéressent, de plus en plus, aux effets sanitaires engendrés par une exposition chronique à de faibles doses de PM (Amadou, 2020; Dominici, 2019; Pope, 2004). En raison de leur capacité à atteindre la circulation sanguine et donc à diffuser dans d’autres tissus et organes, ces effets ne se limitent pas à ceux touchant la fonction respiratoire. Les PM contribuent également au développement de maladies telles que le diabète de type 2, les maladies neurodégénératives, la morbi-mortalité cardiovasculaire et affectent la santé de l’enfant depuis son plus jeune âge (Li, 2017; Santé Publique France, 2022).

    Au vu de leurs nombreux effets sanitaires, les PM constituent une des principales causes de décès prématurés et sont associées à une perte considérable d’espérance de vie (Santé Publique France, 2021). En France, le rapport d’évaluation quantitative d’impact sur la santé (EQIS) de 2021 soulignait que 40 000 décès annuels et 1 500 cas de cancer du poumon étaient attribuables à l’exposition aux PM2.5 (Kulhánová, 2018; Medina, 2021). Ce nombre est probablement sous-estimé car les études d’impact prennent en compte uniquement les pathologies dont le lien de causalité est clairement établi. A titre d’exemple, une récente méta-analyse semble indiquée un lien entre les particules fines et le risque de cancer colorectal (Fu, 2023). Or, cette pathologie n’a pas été prise en compte dans la dernière étude d’impact de Santé Publique France.

    Particules et cancer

    La pollution de l’air extérieur est classée cancérogène certain (groupe 1) par le Centre international de Recherche sur le Cancer (CIRC). Certaines substances qui entrent dans la composition de l’air, comme par exemple, les PM, les gaz d’échappement des moteurs diesels, le benzène sont également classées cancérogènes par le CIRC (Monographie du CIRC – Volume 109, 2013). Les particules fines sont notamment associées à une augmentation du risque de cancer du poumon (Pope, 2002; Chen, 2020; Brunekreef, 2021). Très récemment, une étude menée par une équipe britannique, a permis d’identifier le mécanisme d’action à l’origine de ce lien. L’exposition aux particules fines crée un terrain inflammatoire et favorise la prolifération des cellules porteuses de certaines mutations, dont la mutation EGFR (« Epithelial Growth Factor Receptor »), ce qui pourrait conduire à la survenue de cancer du poumon (Swanton, 2022).

    Par ailleurs, selon le rapport du Global Burden of Disease (GBD) de 2019, les particules en suspension dans l’air constituent le second facteur de risque de décès par cancer de la trachée, des bronches et du poumon. Elles sont responsables de 15,1 % (IC 95% : 11,3 % – 18,9%) des décès par cancer de la trachée, des bronches et du poumon dans le monde (Global Burden of Disease, 2019). En revanche, en l’état actuel des connaissances, les preuves sont limitées pour le cancer du sein (Gabet, 2021).

    Les connaissances actuelles concernant l’association avec d’autres expositions moins courantes et le risque de cancer sont résumées dans le tableau 1.

    Tableau 1. Etat des connaissances concernant l’association entre certaines substances entrant dans la composition des particules et le risque de cancer (Monographie du CIRC – Volume 109, 2013)

    Agent Indications suffisantes chez l’Homme Indications limitées chez l’Homme
    Combustion domestique de charbon Poumon
    Gaz d’échappement moteurs diesel Poumon Vessie
    Dioxine Tous types de cancer confondus Poumon, sarcome TM, Lymphome non hodgkinien
    Benzène Leucémie aigüe lymphoblastique Hémopathie maligne (leucémies non lymphoblastiques, leucémie lymphoïde chronique, myélome multiple, lymphome non hogkinien)

    A l’issue de l’ensemble de ces études, deux constats ont été faits quant à l’impact des particules en suspension sur la santé :

    • Aucun seuil n’a été constaté en deçà duquel il n’y aurait pas d’effet sanitaire (Dominici, 2019). L’exposition à long-terme à de faibles doses de PM induit des effets sanitaires plus importants (Santé Publique France, 2022).
    • La nécessité de prendre en compte en priorité l’exposition chronique aux particules (et non uniquement les pics de pollution) dans les politiques de santé publique afin de réduire leur impact sur la santé.
  • Réglementation

    Les PM font l’objet d’une règlementation à l’échelle nationale, européenne et internationale.

    En France, les PM font l’objet d’une surveillance par les Associations Agrées Surveillance Qualité de l’Air (AASQA). Celles-ci calculent quotidiennement un indice de la qualité de l’air, appelé indice ATMO, tenant compte notamment de la concentration en PM2.5 et PM10.

    L’Agence Européenne de l’Environnement a la responsabilité de développer et de coordonner les activités du réseau européen d’information et d’observation pour l’environnement (EIONET), comprenant le volet qualité de l’air et donc notamment la surveillance des particules à l’échelle du continent européen.

    Sur la base des dernières publications scientifiques et de l’avis d’un panel d’experts internationaux, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), qui propose des seuils liés à la santé à l’échelle internationale, a abaissé à 15 µg/m3, la concentration moyenne annuelle (hors pics de pollution) en PM10 et à 5 µg/m3 celle en PM2.5 en septembre 2021 (contre respectivement 20 µg/m3 et 10 µg/m3 depuis 2005) (Organisation Mondiale de la Santé, 2006 ; Organisation Mondiale de la Santé, 2021) (Tableau 2). Cette révision fait suite à la mise en évidence de l’absence de seuil en dessous duquel il n’y aurait pas d’effets sur la santé (Dominici, 2019).

    Tableau 2. Seuils de référence OMS recommandés en 2021 par rapport à ceux figurant dans les lignes directrices sur la qualité de l’air de 2005 (Sources : WHO 2006, Air quality guidelines : Global update 2005 ; WHO 2021, Air quality guidelines : Global update 2021)

    Polluant Durée retenue pour le calcul des moyennes Seuils de référence OMS 2005 – Concentrations Seuils de référence OMS 2021 – Concentrations
    PM2.5 (µg/m3) Année 10 5
    24 heuresa 25 15
    PM10 (µg/m3) Année 20 15
    24 heuresa 50 45

    a 99ème percentile (3 à 4 jours de dépassement par an)

    Remarque : L’exposition annuelle est une exposition à long terme tandis que l’exposition pendant 24 h est une exposition à court terme.

    Le 26 octobre 2022, la Commission européenne a publié sa proposition de texte pour la révision de la directive sur la qualité de l’air ambiant. La révision fixera à l’horizon 2030 des normes de l’Union européenne et des objectifs en matière de qualité de l’air.

    La Commission n’a pas aligné sa proposition sur les lignes directrices de l’OMS pour 2030 mais a pour objectif d’atteindre une pollution zéro de l’air d’ici à 2050 au plus tard (Atmo France, 2022).

  • Evolutions récentes

    L’application mobile Air To Go, lancée par l’observatoire ATMO Auvergne-Rhône-Alpes en 2017, permet à chacun de vérifier l’état de la qualité de l’air ambiant à l’endroit où il se trouve et en tous points du territoire régional.

    Ce service dispose de nombreuses fonctionnalités au service de l’utilisateur. Par exemple, l’application repère les lieux à proximité de l’usager les zones les moins exposés à la pollution et l’alerte lorsqu’il pénètre dans une zone à risque ou concernée par un épisode de pollution.

  • Pour aller plus loin…

    Projets de recherche en cours

    De nombreux projets de recherche, développés au sein du département Prévention Cancer Environnement du Centre Léon Bérard, ont investigué l’association entre la pollution atmosphérique et le risque de cancer du sein.

    Tout d’abord, le projet XENAIR, financé par l’ARC, s’est intéressé au lien entre l’exposition chronique à de faibles doses, à l’adresse résidentielle, à huit polluants dont les PM2.5 et PM10, ayant pour certains des propriétés de xénoœstrogènes et le risque de cancer du sein (Amadou, 2020). Ce projet a ouvert de nouvelles perspectives de recherche et à mis en évidence la nécessité de surmonter plusieurs limites :

    • La nécessité de tenir compte de l’exposition à l’adresse professionnelle et lors des trajets domicile-travail. En effet, actuellement, la plupart des études épidémiologiques, menées à ce jour, ont considéré uniquement l’exposition sur le lieu de résidence. Bien que les trajets domicile-travail représentent, en moyenne, seulement 4 % du temps quotidien, ils peuvent représenter jusqu’à 35 % de la dose totale inhalée (Dons et al., 2012).
    • La nécessité de comprendre les potentiels effets synergiques des expositions atmosphériques et le lien avec le risque de cancer du sein. L’effet des polluants est généralement étudié de façon indépendante des autres polluants. Or, nous sommes, en permanence, exposés à de multiples polluants dont les effets néfastes sont très probablement synergiques (c’est ce que l’on appelle « effet cocktail »).
    • La nécessité de mieux tenir compte de la composition chimique des polluants, dont les PM. Il est très probable que seuls certains composants des PM, tels que le benzène, soient associés à une augmentation du risque de cancer du sein. Plusieurs facteurs pourraient être à l’origine de la variabilité de la composition chimique des PM. Les résultats des études hétérogènes, voire contradictoires, selon la zone géographique de l’étude, suggèrent une variabilité géographique des composants des PM (Gabet, 2021). De plus, la composition chimique des PM pourrait être influencée par les secteurs qui les émettent.

     Plusieurs projets ont ainsi été développés dans la continuité de l’étude XENAIR afin de pallier à ces limites :

    • Le projet APoPCo (« Assessment of global air pollution and breast cancer risk in the E3N cohort with consideration of physical activity related to commute »), financé par l’Anses et la ligue contre le cancer, a pour objectif de quantifier l’impact de la prise en compte de ces expositions supplémentaires sur la relation dose réponse entre l’exposition à la pollution de l’air (incluant les PM5 et les PM10) et le risque de cancer du sein (Ramel-Delobel, 2022).
    • Le projet EMAPS, financé par l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (ADEME), vise à mieux comprendre les potentiels effets synergiques des expositions atmosphériques et le lien avec le risque de cancer du sein (Amadou, 2022).
    • Le projet CLEOPART, financé par l’Agence Nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation de l’environnement et du travail (ANSES) et la ligue contre le cancer, s’intéresse à la composition chimique des particules en suspension dans l’air et au lien entre ces différents composants (tels que le carbone de suie, les dioxines, ) avec le risque de cancer du sein.

    Approches utilisées pour estimer l’exposition à la pollution atmosphérique dans les études épidémiologiques

    La caractérisation de l’exposition aux polluants atmosphériques, à l’échelle individuelle, constitue un enjeu méthodologique afin d’estimer au mieux la relation dose-réponse. En effet, l’utilisation des données issues des stations de mesure, qui constitue l’approche la plus intuitive, est perfectible. L’ensemble des individus affectés à une même station de mesure se voient ainsi attribuer la même exposition. Or, la plupart des polluants atmosphériques, dont les PM, présentent une forte variabilité spatiale, surtout en milieu urbain, ayant pour conséquence d’atténuer les contrastes d’exposition inter-individuels (Ren, 2008 ; Hoek,2017). De plus, elles présentent une répartition spatiale inégale car ces stations sont majoritairement situées en milieu urbain.

    Ainsi, les études épidémiologiques souhaitant améliorer la précision des expositions (par rapport aux données issues des stations de mesure) utilisent des modèles d’estimation spécifiques (Jerrett, 2005 ; Gulliver, 2016). Ces derniers peuvent être classés en deux grandes catégories :

    • Les approches statistiques, telles que les modèles de Land Use Regression (LUR), cherchent à prédire la concentration en polluants en un site donné, à partir de nombreux prédicteurs tels que des caractéristiques géographiques (topographie, largeur des rues, rue canyon, etc.) ou liées aux sources d’émissions (volume de trafic, utilisation des sols, densité industrielle, etc.) (Coudon, 2022 ; Ryan, 2007).
    • Les approches déterministes, telles que les modèles de dispersion, estiment les concentrations en résolvant des équations de mécanique des fluides (Coudon, 2021 ; Soulhac, 2011). Ces modèles utilisent des données sur les sources d’émission (automobiles, industrielles, résidentielles), les facteurs influençant la dispersion des polluants tels que les données météorologiques (température, vitesse et direction du vent) mais prennent également en compte les propriétés physico-chimiques des polluants (taille, poids, etc.).

    Plus récemment, l’essor de micro-capteurs moins couteux et plus fiables a permis de mesurer l’exposition individuelle à la pollution atmosphérique (Sesé, 2023). Cependant, cette approche ne peut pas être utilisée dans les études portant sur un nombre élevé de sujets et/ou sur des temps longs.

Auteur : Département Prévention Cancer Environnement, Centre Léon Bérard

Sources rédactionnelles : Ademe, Ineris, OMS, Santé Publique France

Relecture : Nicolas Vigier, Référent connaissances, Atmo Auverge Rhône-Alpes ; Thomas Bourdrel, Médecin radiologue et chercheur associé, Laboratoire Icube Université de Strasbourg ; Jean-Baptiste Renard, Directeur de recherche, CNRS d'Orléans, laboratoire LPC2E (laboratoire de physique et de chimie, de l'environnement et de l'espace) ; Isabella Annesi-Maesano, Professeure en épidémiologie environnementale, Directrice de recherche à l’INSERM, Directrice adjointe de l’Institut Desbrest d’Épidémiologie et de Santé Publique, Département des maladies allergiques et respiratoires.

Mise à jour le 10 mars. 2023

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