Cadmium et ses composés

Le saviez-vous ?

Les principales sources de rejet du cadmium dans l’environnement sont les activités industrielles.

L’ingestion d’eau et surtout d’aliments contaminés (notamment riz, végétaux à feuillage vert) constitue la principale voie d’exposition au cadmium pour la population générale.

En milieu professionnel, l’inhalation est la principale voie d’exposition au cadmium.

Le cadmium est considéré comme cancérogène certain pour l'homme par le CIRC (Groupe 1). Les cancers associés sont ceux des voies respiratoires, notamment du poumon.

Le cadmium est toutefois suspecté d’être cancérogène pour le cancer de la prostate et le cancer du rein.

Sa concentration dans « l’eau à destination de consommation humaine » ne doit pas excéder 3 à 5 µg/L selon différents organismes.

Concernant les personnes ayant été exposées lors de leur activité professionnelle, la recherche d’une part, et la prise en charge médicale d’autre part, constituent des enjeux de santé publique : la Haute Autorité de Santé a émis en 2010 des éléments d’orientation pour le suivi post-professionnel, l’information, et les relevés d’expositions de ces personnes.

Présentation

Le cadmium (Cd) est un métal blanc-bleuâtre, mou et très malléable. Il appartient à la famille des métaux de transition. Il n’existe pas à l’état natif mais est obtenu industriellement comme sous-produit de la métallurgie du zinc, mais est aussi présent dans des minerais de plomb et de cuivre.
Il se retrouve principalement sous forme de chlorure, d’oxyde, de sulfate, de nitrate ou de sulfure. Il est utilisé dans de nombreux procédés industriels comme par exemple la fabrication des accumulateurs électriques, la production de pigments, les écrans de télévision, la photographie, la métallisation des surfaces, etc.

Ses propriétés physico-chimiques, proches de celles du calcium, lui permettent de traverser les barrières biologiques et de s’accumuler dans les tissus. Le cadmium est aussi présent dans la fumée de cigarette sous forme de très fines particules d’oxyde de cadmium.

  • Où trouve t-on le cadmium ?

    Dans les sols

    Sources naturelles : le cadmium (stable) est un élément relativement rare présent dans l’écorce terrestre à des concentrations faibles (0,1 à 1 mg/kg). Toutefois, certains types de sols peuvent présenter des concentrations largement supérieures (2 à 10 mg/kg).
    Sources anthropiques : les concentrations de cadmium dans les sols peuvent atteindre des valeurs supérieures à 150 mg/kg dans les horizons supérieurs des sols sur certains sites pollués, suite par exemple à l’épandage de boues contaminées. Certains engrais phosphatés sont également une source de contamination des sols au cadmium.

    Dans l’air

    Sources naturelles : mise en suspension à partir des sols ou suite à des éruptions volcaniques.
    Sources anthropiques : raffinage de métaux non ferreux, combustion du charbon et des produits pétroliers, incinérateurs d’ordures ménagères, métallurgie, de l’acier, etc.

    Dans l’eau

    Sources naturelles : suite à l’altération des matériaux composant la croûte terrestre, l’érosion des sols et des retombées atmosphériques.
    Sources anthropiques : décharges industrielles, engrais du sol, eaux usées, retombées atmosphériques d’activités industrielles…..

    Dans les aliments

    Les aliments constituent la source principale d’exposition au cadmium pour la population générale des non-fumeurs. Le groupe scientifique de l’EFSA a évaluer en 2009 les risques associés au cadmium dans les aliments. Il a établi une dose hebdomadaire tolérable (DHT) de 2,5 microgrammes par kilo de poids corporel (µg/kg pc) (EFSA, 2012).

  • Exposition de l'homme au cadmium

    Exposition de la population générale

    La population française est principalement exposée par voie orale, principalement par l’alimentation mais aussi par l’eau de boisson.
    Les aliments qui contribuent le plus à l’exposition au cadmium sont les pains et produits de panification sèche, les pommes de terre et dérivés, les légumes, les mollusques et crustacés (aliments les plus contaminés), les végétaux à feuillage vert (salades, choux, épinards,…), les céréales (blé) ou encore le riz.

    Les fumeurs sont également exposés au cadmium par voie respiratoire dans la mesure où une cigarette contient environ 2 µg de cadmium. L’exposition  se fait sous forme de fines particules d’oxyde de cadmium qui peuvent se déposer au niveau des alvéoles pulmonaires.

    Exposition professionnelle

    La voie respiratoire est la principale voie d’exposition professionnelle au cadmium. En effet, les personnes travaillant dans les industries de la métallurgie du zinc, de la production de pigments, de la fabrication d’accumulateurs, du décapage de peintures…, sont susceptibles d’être exposées au cadmium par voie respiratoire par l’intermédiaires de fumées ou poussières issues des procédés industriels.

  • Toxicité du cadmium chez l'homme

    L’exposition aiguë à de fortes doses peut provoquer de sévères complications qui ne seront pas traitées dans le cadre de la présente fiche.
    En revanche, une exposition prolongée au cadmium chez l’Homme peut induire une atteinte rénale, une fragilité osseuse, des effets sur l’appareil respiratoire, des troubles de la reproduction ainsi qu’un risque accru de cancer. Il est aussi suspecté d’entrainer des effets sur le foie, le sang et le système immunitaire.

    Effets cancérogènes

    • Exposition par inhalation

    Le cadmium est classé dans le groupe 1 par le CIRC depuis 1993. Les cancers  associés sont ceux de l’appareil respiratoire. En  milieu respiratoire, les résultats d’études de cohortes ont établi in lien entre l’exposition au cadmium et la survenue de cancers pulmonaires (Kazantzis, 1988). Le cancer bronchique provoqué par l’inhalation de poussières ou de fumées de cadmium est pris en charge au titre de maladie professionnelle (Tableau n° 61bis RG). En 2006 une étude menée en population générale au voisinage de sites industriels, générant une exposition au cadmium, a confirmé un risque accru de cancer du poumon avec des concentrations urinaires de cadmium élevées (Nawrot, 2006).

    • Exposition par voie orale

    L’exposition au cadmium par voie orale peut induire l’apparition d’autres cancers. Une méta-analyse réalisée en 2013 suggère une association positive (RR=1,15; IC 95%: 1,08-1,23) entre la consommation de cadmium d’origine alimentaire et le risque de cancer dans les pays occidentaux, en particulier certains cancers hormonodépendants tels que la prostate, le sein et les cancers de l’endomètre (Cho, 2013).

    De plus une étude cas-témoin menée aux Etats-Unis en 2006, sur une population de 246 femmes âgées de 20 à 69 ans des niveaux de cadmium urinaire élevés a présenté un risque deux fois supérieur de développer un cancer du sein (OR=2,29, IC95% 1,3-4,2) comparativement à celles présentant des niveaux de cadmium urinaires faibles après ajustement avec certains facteurs de risque tels que des expositions à d’autres métaux en particulier l’arsenic (McElroy, 2006). Une autre étude prospective sur une population de 32 210 femmes suédoises ménopausées a également mis  en évidence une association entre exposition au cadmium via l’alimentation et l’incidence sur le développement de cancer de l’endomètre (Akesson, 2008). En 2014 l’équipe de Jancic et al a établi un lien entre la survenue de cancer de la thyroïde et une exposition chronique au cadmium.

  • Réglementation liée au cadmium

    En France, le deuxième Plan National Santé Environnement (2009-2013) avait inscrit dans ses objectifs une réduction des émissions atmosphériques industrielles de cadmium, plomb, benzène, dioxine et chlorure de vinyle monomère comprise entre 50 et 85 %.
    La France réglemente en 2012 les rejets de polluants dans les milieux par les activités industrielles (Arrêté du 31 janvier 2008 relatif au registre et à la déclaration annuelle des émissions et des transferts de polluants et des déchets, modifié par arrêté du 26 décembre 2012) :

    Dans l’air

    (kg/an)

    Dans l’eau

    (kg /an)

    Dans les sols

    (kg /an)

    Cadmium et composés 10 1 5

    Au-delà des réductions des émissions, le risque peut être géré en proposant des valeurs limites à ne pas dépasser dans les milieux (eau, air, aliments, sols). La population générale et la population de travailleurs n’étant pas exposées de la même façon, les valeurs limites ne sont pas les mêmes pour ces deux populations.

     Population Générale

    Les valeurs guides sanitaires de l’OMS :

    • Concentration de Cd dans l’air 0,003 mg/ litre
    • Concentration de Cd dans l’eau : 3µg/L

    En Europe la réglementation propose une valeur seuil équivalente à 5µg/L ( Transposition de la directive en droit français par le décret n° 2001-1220 du 20 décembre 2001)

    Population Professionnelle

    En France les valeurs pour la surveillance des expositions professionnelles sont réglementées.

    •   Pour une exposition 15 minutes maximum  à l’oxyde de cadmium la VLEP est de 0.05 mg/ m3
    • Pour une exposition chronique de 8h par jour pour les autres composés du cadmium la VLEP est de 0.05 mg/m3.

Auteur : Département Prévention Cancer Environnement, Centre Léon Bérard

Sources rédactionnelles : CIRC, US EPA, INRS, Anses, INERIS

Relecture : Nathalie Bonvallot, EHESP, Rennes

Mise à jour le 16 août. 2022

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