Les nitrates sont des composés chimiques naturellement présents à faible concentration dans l’environnement, en particulier dans les eaux souterraines, les eaux superficielles et les sols. Ils sont également présents dans l’alimentation. Ils résultent de la fixation de l’azote atmosphérique par les végétaux, puis de la décomposition des matières organiques. Les composés azotés alors présents dans le sol sont entraînés par les eaux de pluie vers les rivières, les lacs, le littoral, ou les nappes souterraines. Les nitrites, même s’ils peuvent être présents dans l’eau à faible concentration, ou dans l’alimentation, sont généralement le résultat d’un processus de métabolisation des nitrates dans l’organisme.
Les nitrates présents dans l’eau ingérée et les nitrites, produits de leur métabolisme, sont classés comme « cancérogènes probables » pour l’homme (groupe 2A) par le CIRC. Les données épidémiologiques pertinentes sur le risque de cancer lié aux nitrates dans l’eau sont très rares et ne permettent pas d’évaluer ce risque avec précision (INCa, 2009). A ce jour, bien que certaines études retrouvent une association entre la consommation d’une eau de boisson riche en nitrates et la survenue de cancers, celle-ci n’est pas encore établie en population générale (Ward, 2009 ; ORS, 2007).
En revanche, les nitrates en trop forte concentration peuvent être responsables d’une intoxication aigüe appelée la méthémoglobinémie (fixation des nitrites sur l’hémoglobine entraînant un défaut d’oxygénation). Ce risque concerne principalement les nourrissons.
Les niveaux de nitrates observés ces dernières décennies dans les sols et les eaux souterraines sont en augmentation. Celle-ci résulte principalement d’activités humaines, et notamment de l’utilisation croissante d’engrais azotés en pratique agricole intensive. Chez l’homme, les apports en nitrates proviennent en moyenne à 70-80% de l’alimentation, et à 20-30% de l’eau (OPESCT, 2003). Néanmoins, le bilan des analyses de nitrates en France et les niveaux mesurés ne justifient pas la mise en place d’une surveillance épidémiologique spécifique aux effets des nitrates sur la santé des consommateurs d’eau du robinet (InVS, 2008).
La concentration maximale de nitrates dans l’eau recommandée par l’OMS est de 50 mg/L. En France, pour les nitrates, la limite de qualité est de 50 mg/L pour les eaux de consommation et les eaux superficielles, et de 100 mg/L pour les eaux souterraines destinées à la production d’eau de consommation (décret n°2001-1220, 2001).
Plus spécifiquement, la commission européenne a adopté, en 1991, la directive 91/6/6/CEE, dite directive « nitrates », qui vise à réduire la pollution de toutes les eaux (souterraines, rivières, lacs) par les nitrates provenant de sources agricoles (CE, 1991). Cette directive a donné lieu à l’identification de zones vulnérables (18 860 communes classées en 2012), grâce à des mesures de concentrations en nitrates.
Un bilan sur la qualité de l’eau du robinet du consommateur vis-à-vis des nitrates pour l’année 2012, a été publié par le Ministère de la santé (Ministère de la Santé, décembre 2013).