Cancers professionnels

Présentation

Près de 20 000 cancers par an en France (5%) sont d’origine professionnelle, mais moins de 1% sont reconnus chaque année en maladie professionnelle. Près de 10% des salariés en France sont exposés à un ou plusieurs agents cancérogènes reconnus au cours de leur activité professionnelle.

Chez les ouvriers, la part des cancers imputables à l’activité professionnelle atteindrait près de 20 %. A noter qu’une étude de l’INED a confirmé que les ouvriers vivaient moins longtemps que les cadres et qu’ils passaient plus de temps qu’eux avec des incapacités et des handicaps (Cambois, 2008).

    Les cancers liés au travail avec Pr Thierry Philip

    Source : Institut national du Cancer

    De nombreux agents cancérogènes peuvent être présents dans l’environnement de travail. Plusieurs types de cancers sont concernés, avec de larges variations de la part attribuable à l’activité professionnelle en fonction de la localisation du cancer. Certaines régions du corps, notamment le poumon, la plèvre et les voies aérodigestives supérieures, sont particulièrement concernés. Certains cancers sont étroitement associés à une exposition professionnelle : par exemple, mésothéliome et amiante, cancer des fosses nasales et poussières de bois, sarcome du foie et mono chlorure de vinyle. Les cancers liées à l’exposition à l’amiante, au benzène, aux rayonnements ionisants et aux poussières de bois couvrent à eux seuls 98 % des cancers d’origines professionnelles indemnisés en maladie professionnelle.

    Compte tenu de la diversité des expositions professionnelles et des multiples facteurs impliqués dans le développement des cancers (tabac, alcool, alimentation déséquilibrée, sédentarité, prédispositions génétiques…), la preuve du lien entre le cancer et l’activité professionnelle est parfois difficile à établir.

  • L'origine professionnelle des cancers reste encore largement sous diagnostiquée

    La diversité des expositions professionnelles, l’origine plurifactorielle des cancers et le délai parfois long (il peut s’écouler parfois 30 ans) entre la période d’exposition et l’apparition de la maladie, expliquent la complexité de la mise en évidence d’une origine professionnelle, notamment lorsque le cancer survient après la cessation d’activité. A cela s’ajoute la méconnaissance de l’univers professionnel par les médecins et du lien possible entre travail et cancer par les patients. Ceci renforce les inégalités face aux expositions professionnelles à des substances cancérogènes.

    Jusqu’à présent, la recherche de l’origine professionnelle d’un cancer se heurte à une traçabilité incomplète des expositions au cours de la vie professionnelle. Dans la plupart des cas, attribuer l’origine d’un cancer à des causes professionnelles relève d’un travail d’investigation complexe qui nécessite de pouvoir retracer l’historique des expositions de chaque salarié.

  • Prévention du risque cancérogène en milieu professionnel : l’obligation de substitution

    En matière de prévention du risque cancérogène en milieu professionnel, la France dispose d’un arsenal juridique complet. La stratégie de protection des travailleurs est fondée, en premier lieu, sur l’obligation de substitution particulièrement stricte s’agissant du risque chimique des produits Cancérogènes, Mutagènes ou toxiques pour la Reproduction (on parle aussi de substances CMR). En cas d’impossibilité technique, les expositions aux agents cancérogènes doivent être réduites au minimum par la mise en œuvre de protections adaptées.

    Pour améliorer la connaissance des usages et des propriétés dangereuses des substances chimiques fabriquées ou importées dans l’Union Européenne, et d’en améliorer la gestion des risques, un règlement européen est entré en vigueur le 1er octobre 2007 : le règlement REACH.

    La réduction des expositions professionnelles à des produits cancérogènes est une priorité en matière de santé au travail. Son efficacité repose notamment sur l’évaluation systématique des risques. Tous les secteurs d’activité sont potentiellement concernés par un risque d’exposition à des substances chimiques, dont certaines cancérogènes. Mais certains secteurs d’activité le sont plus que d’autres, tels que le secteur du bâtiment et des travaux publics (BTP), la construction ferroviaire et navale, la métallurgie, l’industrie du verre et des métaux, l’industrie chimique, pharmaceutique, l’industrie du cuir et du caoutchouc, l’industrie pétrolière, l’industrie du bois, l’agriculture, les laboratoires de recherche…

  • Des mesures au niveau national et régional

    La loi du 3 août 2009 concernant la mise en œuvre des décisions du Grenelle de l’environnement prévoit, dans son article 39, la mise en place d’un dispositif expérimental de traçabilité des expositions professionnelles aux substances CMR.

    Un dispositif visant à assurer un meilleur suivi des salariés aux expositions professionnelles des substances CMR de catégories 1 et 2 a été expérimenté en concertation avec les partenaires sociaux dans des secteurs professionnels ou zones géographiques déterminés. 

    Il existe dans toute la France des consultations hospitalières spécialisées sur les pathologies professionnelles et facteurs environnementaux. Ces consultations aident au diagnostic médical et au traitement des maladies secondaires aux expositions professionnelles des patients adressés par les médecins généralistes et spécialistes et les médecins du travail. Leurs missions s’étendent à la prise en charge médico-sociale de ces patients par la présence d’assistantes sociales spécialisées, à leur insertion professionnelle et à l’orientation professionnelle des jeunes travailleurs.

    Afin d’améliorer le diagnostic des cancers professionnels et apporter une aide aux patients, le Centre Léon Bérard et son Département Prévention Cancer Environnement a mis en place depuis 2009, une consultation spécialisée Cancers professionnels, avec le Pr Béatrice Fervers, en collaboration avec le Pr Barbara Charbotel du Centre de consultation des pathologies professionnelles des Hospices Civils de Lyon. Cette consultation a un double objectif :

    • améliorer le repérage des expositions professionnelles des cancers indemnisables en maladie professionnelle, et particulièrement auprès des patients atteints de cancer du poumon, de mésothéliome et de cancers ORL ; 
    • répondre de façon adaptée aux besoins d’information des patients et de leurs proches concernant des liens entre expositions professionnelles et risque de cancer.

    Plus d’informations sur le consultation « cancers professionnels » du Centre Léon Bérard sur le site internet du Centre Léon Bérard.

    Conjointement à l’amélioration des mesures de prévention des expositions professionnelles et de la mise en place d’une meilleure traçabilité des expositions, les mesures des différents plans nationaux de santé publique (plans cancer, plans santé environnement, plans santé au travail) ont pour objectifs d’améliorer le diagnostic des cancers d’origine professionnelle et leur déclaration en tant que maladie professionnelle.

Auteur : Département Prévention Cancer Environnement, Centre Léon Bérard

Sources rédactionnelles : Anses ; CNAMTS ; INCa ; Santé Publique France

Mise à jour le 08 juil. 2022

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