Cancer du pancréas

Le saviez-vous ?

Le cancer du pancréas est un cancer relativement rare (1,8 % des cancers en France) avec un nombre de nouveaux cas de cancer du pancréas en 2018, de 7301 chez les hommes et de 6883 chez les femmes (6ème cancer le plus fréquent).

Le nombre de nouveaux cas de cancers du pancréas est en augmentation régulière depuis plusieurs années en France et dans le monde.

Le tabagisme est le principal facteur de risque environnemental reconnu pour le cancer du pancréas (Groupe 1 du CIRC).

D’autres facteurs de risque sont identifiés tels que le surpoids, l’obésité et le diabète.

Seuls 5 à 10% des cas de cancer du pancréas seraient expliqués par des prédispositions génétiques familiales.

En 2012, l’alcool a été reconnu par le CIRC comme facteur de risque de survenue de cancer du pancréas. Les preuves d'une association entre la consommation d'alcool et le risque de cancer du pancréas sont limitées (WCRF/AICR, 2018).

A ce jour de nouvelles études montrent que la consommation d'alcool (y compris bières et spiritueux) augmente le risque de cancer du pancréas d'au moins 15 % chez les buveurs consommant plus de 25 g/jour par rapport aux buveurs légers dont la consommation d'alcool est inférieure à 12 g/jour.

Présentation

Le pancréas est une glande située derrière l’estomac. Le pancréas contient deux types de cellules qui exercent deux fonctions différentes :

  • les cellules exocrines produisent plusieurs enzymes et des sucs digestifs qui participent de façon clef à la digestion des aliments ; ils sont déversés directement dans l’intestin via les canaux pancréatiques.
  • les cellules endocrines produisent des hormones qui agissent « à distance ». Il existe un type de cellule endocrine pour chaque type d’hormone pancréatique (insuline, glucagon…).

Le cancer du pancréas ou adénocarcinome canalaire pancréatique (qui se développe à partir des cellules exocrines devenues anormales) représente 90 % des formes de ce cancer. Les 10 % restants sont constitués par de nombreux types histologiques qui sont plus rares comme les ampullomes, les tumeurs neuroendocrines, les tumeurs kystiques…

  • Epidémiologie

    Le nombre de nouveaux cas de cancer du pancréas en 2018 était de 7301 chez les hommes et de 6883 chez les femmes. Le nombre de décès est estimé à environ 11 500 tous sexes confondus.

    Au niveau mondial, en 2020 le nombre de cas de cancer du pancréas est estimé à 495 773, tous âge et sexe confondus, avec un nombre de décès de 466 003 par an. Le cancer du pancréas est classé au 12ème rang des cancers les plus fréquents et au 7ème rang des causes de mortalité par cancer dans le monde (Globocan, 2020).

    En France, entre 1990 et 2018, le taux d’incidence des cancers du pancréas a augmenté selon un rythme moyen de 2,7% par an chez les hommes et, de manière plus importante, de 3,8% chez les femmes (INCa, 2019). La maladie touche essentiellement des personnes de plus de 55 ans. Le diagnostic est posé en moyenne à 73 ans pour les femmes et 70 ans pour les hommes, généralement à un stade évolué, ce qui explique le mauvais pronostic de la maladie.

    L’incidence du cancer du pancréas, ne cesse de croître. Le pronostic d’un cancer du pancréas reste très mauvais avec une survie nette sur cinq ans inférieurs à 10 % (Drouillard, 2018). Diagnostiqué tardivement, le pronostic du cancer du pancréas reste sombre et la mortalité très élevée. L’adénocarcinome pancréatique pourrait devenir la seconde cause de mortalité par cancer dans les années 2030-2040 (Rahib, 2014).

  • Facteurs de risques avérés

    Tabac

    Le tabac a été reconnu comme un facteur de risque avéré du cancer du pancréas. En effet, des indications suffisantes de cancérogénicité chez l’Homme (groupe 1 du CIRC) ont été mises en évidence entre tabagisme et cancer du pancréas (CIRC, 2009).

    Le tabagisme est impliqué dans le développement du cancer du pancréas dans 20 à 30 % des cas. Le risque de cancer du pancréas augmente avec la consommation de tabac : 2% pour une cigarette fumée par jour et 62% pour 20 cigarettes fumées par jour. La durée du tabagisme accroît aussi le risque, 1% par année de tabagisme et 16% après 10 ans de consommation (Vrieling, 2010). Une étude cas-témoins réalisée à partir de la cohorte EPIC (European Prospective Investigation into Cancer and Nutrition) montre que le taux plasmatique de cotinine, utilisée comme biomarqueur de l’exposition au tabac, est retrouvé en concentration élevée chez les patients atteints de cancer du pancréas (Leenders, 2012).

    La consommation de tabac non fumé (chique de bétel et de noix d’arec), classée comme cancérogène certain (Groupe 1) par le CIRC en 2009, augmente également le risque de cancer du pancréas (CIRC, 2009). La consommation de chique de bétel et de noix d’arec est une pratique très répandue en Asie. Elle se compose de feuilles de bétel (de la pipéracée grimpante Piper betle), de noix d’arec (de l’aréquier Areca catechu) et de chaux éteinte (essentiellement de l’hydroxyde de calcium), mélange auquel on ajoute souvent du tabac.

    Surpoids et obésité

    Le surpoids ou l’obésité augmentent le risque de développer un cancer du pancréas. Le surpoids et l’obésité sont définis médicalement par l’Indice de Masse Corporelle (IMC). Des études récentes ont révélé que l’obésité et le cancer du pancréas sont fortement associés. Par exemple, un IMC supérieur à 35 est l’un des facteurs de risque de cancer du pancréas chez les hommes et les femmes (Pothuraju, 2018).

    La surcharge pondérale est aussi associée à une augmentation de risque du cancer du pancréas.
    Pour une augmentation de l’IMC de 5 kg/m², l’augmentation de risque de cancer pancréatique est estimée à environ 14 % (RR Hommes=1,13, IC 95% (1,04-1,22) ; RR femmes=1,10-IC95% (1,04-1,16)) (Aune, 2012).

    L’augmentation de risque associée au surpoids et à l’obésité est jugée convaincante pour le cancer du pancréas (WCRF/AICR, 2018).

    Formes familiales et prédispositions génétiques

    Plusieurs facteurs héréditaires et génétiques ont été identifiés comme cause possible du cancer du pancréas. Le cancer du pancréas qui survient chez des personnes qui ne sont pas porteuses d’une mutation génétique à haut risque, appelé cancer du pancréas sporadique, représente 90 % des cas. Seule une petite proportion (environ 5-10%) s’expliquerait par des formes héréditaires comme les agrégations familiales et les syndromes génétiques à haut risque ce qui inclut la pancréatite héréditaire, les syndromes génétiques héréditaires et les antécédents familiaux de cancer du pancréas.

    Peu de mutations ont été identifiées : celle du gène STK11 (retrouvée chez les personnes atteintes du syndrome de Peutz-Jeghers), de BRCA2 (dans les formes familiales du cancer du sein et/ou de l’ovaire) ou du gène CDKN2A (qui prédispose aux mélanomes multiples de la peau).

    Les patients présentant des facteurs de risque familiaux ont un risque neuf fois plus élevé de développer un cancer du pancréas que ceux qui n’ont pas d’antécédents familiaux (Hruban, 2010). On estime que 90 % des gènes de prédisposition impliqués dans le développement de cancers du pancréas sont encore à identifier (Chen, 2017).

    Diabète et cancer du pancréas

    Les hommes et les femmes atteints de diabète de type 1 ont également un plus grand risque de développer un cancer du pancréas (53% pour les hommes, 25% pour les femmes).

    Le diabète de type 2 est un facteur de risque majeur pour plusieurs cancers, dont celui du pancréas. Des études épidémiologiques indiquent que les patients atteints de diabète de type 2 ont un risque 1,8 fois plus élevé de développer un cancer du pancréas. Au moment du diagnostic de cancer du pancréas, un diabète est présent chez 40 à 60% des patients. Les chercheurs se demandent donc s’il existe un lien entre les deux maladies et si le diabète est une cause ou une conséquence de cancer du pancréas. S’il est ancien (>2 ans), il peut constituer la cause du cancer. En revanche, s’il est découvert de façon concomitante au diagnostic de la tumeur, il est souvent causé par le cancer qui secrète des substances gênant l’action de l’insuline (Mizuno, 2013 ; Pothuraju, 2018).

  • Facteurs de risque limités

    D’autres facteurs de risque sont suspectés d’être en lien avec le risque de cancer du pancréas, mais les données scientifiques disponibles sont insuffisantes pour conclure. Il s’agit de facteurs nutritionnels et professionnels.

    Facteurs nutritionnels

    Alcool

    En 2012, bien que la consommation d’alcool ait été reconnue comme un agent cancérigène de type 1 par la monographie du CIRC, les preuves d’une association entre la consommation d’alcool et le risque de cancer du pancréas sont considérées comme suggestives et limitées par les groupes d’experts internationaux (CIRC, 2012).

    Depuis, des études ont monté que la consommation excessive d’alcool est un facteur de risque de pancréatite chronique, cette condition est impliquée dans les mécanismes sous-jacents du cancer du pancréas (Dard, 2015). Sur la base de ces études, des méta-analyses récentes confirment que la consommation d’alcool augmente le risque de cancer du pancréas d’au moins 15 % chez les buveurs consommant plus de 25 g/jour par rapport aux buveurs légers dont la consommation d’alcool est inférieure à 12 g/jour (Bagnardi, 2015 ; Wang, 2016).

    Plus récemment, l’étude de Gaudin et al. a observé une augmentation modérée mais statistiquement significative du risque de cancer du pancréas en cas de consommation élevée d’alcool, quelle que soit la période de consommation dans la vie, et plus particulièrement la bière et les spiritueux. Ces résultats fournissent des preuves épidémiologiques du rôle de la consommation d’alcool en tant que carcinogène potentiel du pancréas (Gaudin, 2018).

    Viande rouge

    De nombreuses études se sont intéressées au lien entre cancer du pancréas et consommation de viande rouge. Les résultats sont contradictoires et les études ne sont pas unanimes sur l’existence d’un lien entre un régime riche en viande rouge et le développement d’un cancer du pancréas (Larsson, 2006).

    Alimentation supplémentée en folate

    Le rôle des folates dans la synthèse et la réparation d’ADN est démontré. Une récente méta-analyse s’appuyant sur 6 études de cohortes et 4 études cas-témoins soutient l’hypothèse que l’apport alimentaire en folates peut jouer un rôle protecteur dans le développement du cancer du pancréas (Lin, 2013).

    Café

    Une relation avec la consommation de café, autrefois débattue, est considérée comme peu probable en l’état actuel des connaissances (WCRF/AICR, 2007).

    Activité physique

    En régulant le poids corporel et en diminuant la résistance à l’insuline ainsi que l’inflammation chronique, l’activité physique semblerait être un facteur impliqué dans la prévention primaire du cancer du pancréas.

    Néanmoins les preuves d’une association entre l’activité physique et le risque de cancer du pancréas sont considérées comme limitées et non concluantes en 2018 par le groupe d’experts du WCRF/AICR.

    Facteurs professionnels

    Rayons X et rayonnements Gamma (y)

    Des études ont montré une association positive entre l’exposition aux rayons X et rayonnements Gamma (y) et le cancer du pancréas (Preston, 2007). Mais aucune indication significative d’une relation dose-réponse ne permet l’établissement de preuves suffisantes (CIRC, 2012).

    Pesticides

    Concernant les pesticides, des résultats contradictoires ont été obtenus dans des populations agricoles. Une seule étude a mis en évidence des associations positives entre expositions aux pesticides et cancer du pancréas (Bassil, 2007).

    Mais ces résultats restent controversés et d’autres études sont nécessaires pour les valider (Andreotti, 2009). L’expertise collective de l’Inserm de juin 2013 constate le peu de résultats expérimentaux disponibles mais souligne qu’une attention particulière doit être portée aux pesticides susceptibles d’activer les voies oestrogéniques au niveau pancréatique (Inserm, 2013). En 2015, une vaste étude cas-témoins n’a pas permis d’établir un lien entre l’exposition professionnelle aux N-nitrosamines ou l’utilisation de pesticides et le risque de cancer du pancréas (Fritschi, 2015).

    Autres sources d’exposition professionnelle

    Divers facteurs professionnels sont suspectés de jouer un rôle dans la survenue de cancer du pancréas exocrine, tels que des solvants, des métaux comme le nickel ou le chrome, la silice ou des insecticides organochlorés, ou encore l’amiante et les radiations ionisantes (Alguacil, 2000 ; Ji, 2001 ; Ojajarvi 2000 ; Seilkop 2001).

    Le rôle des amines aromatiques a également été suggéré à travers les risques associés au tabac, à la consommation de viande, et à certaines expositions professionnelles (Huguet, 2010). Tous ces résultats nécessitent d’être confirmés par des études complémentaires.

  • Evolutions récentes

    Cancer du pancréas : un traitement personnalisé grâce à une signature moléculaire

    Une avancée récente devrait permettre de déterminer le traitement le plus efficace pour chaque malade atteint de cancer pancréatique. Les équipes du Centre de recherche en cancérologie de Marseille (CRCM – AMU/IPC/CNRS/Inserm), ont identifié une signature moléculaire hautement prédictive de la survie du patient.

    Cette signature appelée « gradient moléculaire du cancer pancréatique » permet de préciser le grade d’agressivité de la tumeur mais aussi de prédire la réponse au protocole de chimiothérapie habituellement utilisé (Nicolle, 2020).

Auteur : Département Prévention Cancer Environnement, Centre Léon Bérard

Relecture : Dr Anne CATEY-JAVOUHEY, gastro-entérologue et hépatologue, Centre Léon Bérard, Lyon.

Mise à jour le 13 sept. 2022

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