Pollution de l'air en région Auvergne-Rhône-Alpes

Présentation

Cette fiche additionnelle reprend la thématique de la pollution atmosphérique en l’illustrant par les données, les publications, les projets et plans d’action lancés en région Auvergne-Rhône-Alpes.

  • Evaluation de la pollution atmosphérique en région Auvergne-Rhône-Alpes

    Identification et caractérisation des polluants atmosphériques

    ATMO Auvergne-Rhône-Alpes est chargé de la surveillance des polluants en Auvergne Rhône-Alpes. Le spectre des polluants à surveiller doit être conforme aux directives européennes :

    Chacun de ses polluants possède des particularités et des effets différents sur l’environnement et la santé humaine. Quatre d’entre eux (PM10, benzo(a)pyrene, oxydes d’azote et l’ozone) sont particulièrement surveillés en Auvergne-Rhône-Alpes, compte tenu des dépassements.

    Sources des polluants atmosphériques en Auvergne-Rhône-Alpes

    La pollution atmosphérique provient de différents secteurs d’activités (transports, industriels, tertiaire, résidentiel et agriculture) (ATMO Auvergne-Rhône-Alpes, 2017).

    Le bilan ATMO 2016 rapporte que le secteur des transports demeure le principal émetteur d’oxydes d’azote (responsable de 60% des émissions totales) dont plus de 90% des émissions sont imputables aux véhicules Diesel. C’est également le secteur responsable de plus d’un tiers des émissions de gaz à effet de serre (GES) et d’un quart des émissions de dioxines.

    Le chauffage individuel au bois est l’émetteur majoritaire de particules puisqu’il représente environ 40% des émissions régionales de PM10 et la moitié pour les PM2,5. Il participe aussi significativement aux émissions de Composés Organiques Volatiles Non Méthaniques (COVNM) (un quart du bilan régional) et de dioxines (14%).

    Le secteur de l’industrie-énergie-déchets demeure le principal émetteur de SO2 avec 83% des émissions et de COVNM avec 45%. Deuxième émetteur d’oxydes d’azote et de particules PM10, il contribue dans une moindre mesure aux émissions de dioxines, grâce à la mise aux normes des incinérateurs.

    Figure 1 Contribution des secteurs d’activités dans les émissions de polluants en Rhône-Alpes de 2000 à 2014

    Le bilan de la qualité de l’air en Rhône Alpes suggère une amélioration globale de la qualité de l’air depuis 10 ans (figure 2). Cependant, cette diminution des concentrations dans l’air est plus ou moins prononcée pour chaque polluant en raison de l’application des mesures opérées au sein des différents secteurs émetteurs de polluants (renouvellement du parc automobile et diminution de 34% des PM10 sont liées par exemple alors que les concentrations d’ozone ne diminuent pas depuis 2007). Les dioxines non représentées sur la figure 2, sont produites en partie par le trafic routier. Ces émissions aux niveaux nationales ont diminué de plus de 99.8% entre 1994 et 2014.

    Figure 2 Evolution des moyennes annuelles des polluants principaux depuis 10 ans (écart des concentrations en pourcentage par rapport à 2007)

  • Exposition de la population et risques sanitaires

    La population générale est exposée aux polluants atmosphériques par inhalation principalement mais aussi par ingestion (c’est le cas pour les dioxines par exemple).

    Si l’ensemble des communes réussissait à atteindre les niveaux de PM2.5 observés dans les 5 % des communes les moins polluées de la même classe d’urbanisation, 34 000 décès pourraient être évités chaque année (gain moyen de 9 mois d’espérance de vie) (Santé Publique France, 2016).

    Disparités dans l’exposition de la population Auvergne-Rhône-Alpes

    La population de la région Auvergne-Rhône-Alpes est exposée à la population atmosphérique de manière disparate.

    De grandes agglomérations telles que Lyon, Grenoble, Clermont-Ferrand et Saint-Etienne sont particulièrement concernées par la pollution atmosphérique en raison du trafic routier concentrer dans l’hyper centre et sur les voies rapides. Les valeurs règlementaires fixées par l’OMS sont souvent dépassées. Des données de mesures sont accessibles pour différents polluants pour les différentes régions (Air Rhones Alpes, 2017).

    D’autres territoires sont également impactés par la pollution atmosphérique à cause du trafic routier mais aussi d’une présence d’industriel en fond de vallée et des conditions météorologiques favorisant l’accumulation de polluants.

    Inversement, les zones de plaines, les zones d’altitude situées à plus de 1000 mètres et les parcs naturels régionaux sont peu touchés par la pollution atmosphérique. Cela s’explique par une faible urbanisation et une topographie facilitant la dispersion des polluants.

  • Effets sanitaires chroniques

    Près de 5 à 7 mois d’espérance de vie pourraient être gagnés pour les résidents des grandes agglomérations françaises si les niveaux moyens de pollution étaient abaissés aux seuils fixés par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). La pollution atmosphérique entraine des troubles cardio-vasculaires et respiratoires et serait associé à une augmentation de risque du cancer du poumon (ATMO Auvergne-Rhône-Alpes, 2017 ; Voir Particules dans l’air et risque de cancer).

    Réduction des capacités pulmonaires

    Les Systèmes d’Informations Géographiques (SIG) permettent de caractériser et spatialiser des expositions environnementales.

    La précision de quatre méthodes SIG a été évaluée lors d’une étude d’exposition. Les capacités pulmonaires ont été évaluées chez plus de 300 habitants de Grenoble et les concentrations de PM10 et de NO2 ont été mesurés à l’adresse de chaque participant.  Il a été conclu que ces méthodes surévaluaient l’exposition comparées à un modèle de dispersion de fine précision (Jacquemin, 2013).

    Une autre étude grenobloise a montré qu’une exposition chronique aux polluants atmosphériques pouvait avoir des effets délétères sur les niveaux de fonctions pulmonaires des personnes ayant reçu une transplantation pulmonaire (Benmerad, 2016).

    Développement de cancers

    L’équipe d’épidémiologie environnementale de l’Institut pour l’avancée des biosciences (IAB) de l’université Grenoble Alpes a mené une étude quantifiant le risque sanitaire (mortalité, cancer du poumon, faible poids de naissance à terme) associé à l’exposition aux particules fines en suspension dans l’atmosphère à Grenoble et Lyon, en prenant également en compte l’exclusion sociale comme facteur de risque. La mortalité, l’incidence du cancer du poumon et du faible poids des enfants à la naissance ont été mesurés. Les résultats montrent que 3 à 7 % des décès et que 3 à 10% des nouveaux cas de cancers du poumon, survenant dans l’agglomération de Grenoble, seraient dus aux effets de la pollution atmosphérique. Dans l’agglomération de Lyon, le risque de mortalité associé à la pollution atmosphérique serait entre 4 et 8 %. Quant au faible poids des enfants à la naissance, 9 à 42% seraient attribuables à la pollution atmosphérique (Morelli, 2016).

    Ces résultats ont montrées l’impact de la pollution atmosphérique sur le risque de cancer. De manière similaire, le Département Cancer et Environnement du Centre Léon Bérard mène actuellement une grande étude au niveau nationale en collaboration avec l’Ineris, l’école centrale de Lyon et l’impérial College London. L’étude XENAIR étudie le lien entre expositions à une sélection de polluant atmosphérique (PM10, PM2.5, No2, O3, Dioxine, Cadmium, PCB et BaP) et risque de cancer du sein.

  • Surveillance et règlementation des polluants atmosphériques

    Les normes et valeurs règlementaires des polluants atmosphériques peuvent être retrouvés sur le site ATMO (air-rhonealpes).

    Dix-huit stations fixes permettent d’évaluer la concentration des polluants cibles. Les données sont accessibles au grand public via cet interface. Ces données permettent de savoir si les normes nationales et européennes sont respectées. Il est également possible d’anticiper un maximum les pics de pollution par des outils de modélisation et de prévision.

    Malgré une baisse globale des concentrations des polluants en 2016 en Région Rhône Alpes, 4 polluants continuent à dépasser les valeurs réglementaires : les particules PM10, le dioxyde d’azote, l’ozone et le benzo(a)pyrène.

    Un arrêté préfectoral gère les épisodes de pollution par différentes mesures qui ont pour objectif de limiter l’exposition de la population aux polluants atmosphériques. Ces mesures viennent en complément du Plan de Protection de l’Atmosphère (PPA). Un PPA est développé dans les agglomérations de plus de 250 000 habitants et pour les zones où les valeurs limites issues de la transposition des directives sont dépassées ou risquent de l’être (air-rhonealpes).

    La région Rhône-Alpes compte 4 Plans de Protection de l’Atmosphère, qui concernent les 3 grandes agglomérations de LyonSt-Etienne et Grenoble ainsi que la Vallée de l’Arve.

    A titre d’illustration, dans le Puy de Dôme, l’impact de l’activité de l’usine Rockwool sur la qualité de l’air a été évalué. Suite aux résultats, son activité n’aurait pas d’influence sur la qualité de l’air (Atmo-Auvergne, 2015). Ce genre d’initiative est essentiel pour la surveillance et la qualité de l’air en Auvergne-Rhône-Alpes.

    L’application mobile Air To Go, lancée par l’observatoire Atmo Auvergne-Rhône-Alpes en 2017, permet à chacun de vérifier l’état de la qualité de l’air ambiant à l’endroit où il se trouve et en tous points du territoire régional.Ce service dispose de nombreuses commandes au service de l’utilisateur. Par exemple, l’application repère les lieux à proximité de l’usager les zones les moins exposés à la pollution et l’alerte lorsqu’il pénètre dans une zone à risque ou concernée par un épisode de pollution.

  • Evolutions récentes

    De nombreuses études scientifiques sont menées au sein de la région Auvergne-Rhône-Alpes (Air-Rhône-Alpes, Atmo-Auvergne, 2015).

    GEO3N-XENAIR

    Lancé en septembre 2016, le projet GEO3N-XENAIR réponds aux limites du projet GEO3N en étudiant l’association entre l’exposition chronique à faible dose à de multiples polluants atmosphériques avec un focus spécifique sur les polluants ayant des propriétés xénoestrogènes (HAP, dioxines, BaP, PCB, cadmium) et le risque de cancer du sein. La modélisation des polluants atmosphériques à différentes résolutions spatiales et temporelles et un Système d’Information Géographique permettront d’obtenir une simulation des expositions à long terme de 1990 à 2011 des femmes inclues dans le projet GEO3N.

    Cette étude est coordonnée au Centre Léon Bérard par le Département Prévention Cancer et Environnement, sous la direction du Pr. Béatrice Fervers. De nombreux partenaires tels que l’INERIS, l’Imperial College à Londres et de l’Ecole Centrale à Lyon (modèle SIRANE) participeront à l’estimation des expositions et Systèmes d’information géographique. Les unités INSERM de Paris-Villejuif (Gustave Roussy) et Bordeaux (Isped) collaborent sur le volet épidémiologique.

    Le projet XENAIR est financé par la Fondation ARC pour la recherche sur le cancer.

    SEPAGE

    L’étude SEPAGE (Suivi de l’Exposition aux Polluants Atmosphériques durant la Grossesse et l’Enfance et Santé) s’intéresse à l’impact de la pollution atmosphérique et de certains polluants chimiques (essentiellement la grande famille des perturbateurs endocriniens) sur la grossesse, le développement de l’enfant, sa santé respiratoire ainsi que son neurodéveloppement. Le rôle des mécanismes immunologiques et épigénétiques dans l’effet des facteurs environnementaux sera aussi étudié.

    Des outils innovants sont utilisés pour caractériser l’exposition des femmes enceintes et des nouveau-nés, et en particulier des dosimètres personnels (particules en suspension, benzène, oxyde d’azote).

    La cohorte a été mise en place dans la région grenobloise. Elle est coordonnée par l’équipe de recherche en épidémiologie environnementale de l’IAB (Institut pour l’Avancée des Biosciences, Grenoble) de l’Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale) et de l’Université Grenoble-Alpes, avec le soutien du CHU de Grenoble et des quatre maternités de l’agglomération grenobloise.

    Au total, environ 480 trios couple-enfant ont été inclus dans l’étude entre 2014 et 2017. Le suivi des enfants est en cours (Inserm, 2015).

    La mise en place de la cohorte a été principalement soutenue par l’European Research Center (ERC), l’ANR et l’Inserm. La cohorte SEPAGES inclut de nombreux partenaires et notamment différentes équipes de l’IAB, le CHU, l’ensemble des maternités de Grenoble, le Babylab (CNRS/UGA), Atmo Auvergne-Rhône-Alpes… Une expérimentation toxicologique sur des lapines gestantes exposées à des émissions de moteur Diesel a été réalisée en parallèle et a permis de générer des hypothèses concernant les effets à court et long terme des émissions Diesel sur la santé (Valentino S et coll., Part Fib Toxicol, 2016).

    PACT’AIR

    De nombreux projets sont lancés au sein de la région Auvergne-Rhône-Alpes mais aussi en collaboration avec les territoires avoisinants.

    Par exemple, le programme d’Actions Transfrontalier pour la qualité de l’air du Grand Genève PACT’AIR, lancé en juillet 2016, a pour objectif principal. La collaboration de plusieurs structures transfrontalières a abouti à la création de la plateforme G²AME (Grand Genève Air Modèle Emissions), outil performant de cartographie de la qualité de l’air. Ainsi l’objectif principal de PACT’AIR est d’évaluer les émissions polluantes afin de prévoir les pics de pollution et de mieux protéger la population par l’outil G²AME (Grand-Geneve.org).

Auteur : Département Prévention Cancer Environnement, Centre Léon Bérard

Relecture : Thomas Coudon, Docteur en expologie environnementale, Département Prévention Cancer Environnement, Centre Léon Bérard, Lyon

Mise à jour le 25 août. 2022

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