Cancer du nasopharynx

Le saviez-vous ?

Le cancer du nasopharynx (rhinopharynx ou cavum) est un cancer d’origine épithéliale qui se développe dans les cellules de la partie supérieure du pharynx (en arrière du nez en haut de la gorge).

Le cancer du nasopharynx est rare en France avec moins d'un cas pour 100 000 habitants. Sa distribution est bimodale et touche les adolescents et les patients âgés de 50 ans.

Plusieurs facteurs environnementaux et comportementaux sont avérés cancérogènes pour l’homme en lien avec le cancer du nasopharynx : l’exposition au virus d’Epstein-Barr, l’exposition au formaldéhyde et à la poussière de bois, la consommation de poisson salé (de style chinois), le tabagisme.

Le cancer du nasopharynx en lien avec une exposition au formaldéhyde peut être reconnu comme cancer d’origine professionnelle et indemnisé au titre des maladies professionnelles depuis 2009 pour les salariés du régime général et depuis 2012 pour les salariés et exploitants agricoles.

D’autres facteurs de risque de cancer du nasopharynx sont suspectés en l’état actuel des connaissances : le tabagisme passif, la consommation d’alcool, la consommation de viande rouge ou transformée… Un facteur de risque génétique est également relevé par certaines études.

Présentation

Le cancer du nasopharynx (rhinopharynx ou cavum) est un cancer d’origine épithéliale qui se développe dans les cellules de la partie supérieure du pharynx.

Le pharynx, appelé couramment gorge, fait partie des appareils digestif et respiratoire. Il est divisé en trois parties : le nasopharynx forme le haut du pharynx, derrière le nez ; l’oropharynx est la partie centrale du pharynx et l’hypopharynx forme le bas du pharynx. Plus précisément, le nasopharynx est la cavité aérienne située derrière les fosses nasales et le voile du palais.

Cancer du nasopharynx

Source : Wikimedia Commons

Les tumeurs épithéliales du nasopharynx ont fait l’objet d’une classification par l’Organisation mondiale de la santé basée sur le degré de différenciation des cellules malignes (OMS, 2003) :

  • Type I : carcinome  épidermoïde différencié kératinisant.
  • Type II : carcinome épidermoïde différencié non kératinisant.
  • Type III : carcinome indifférencié de type nasopharyngé (UCNT : Undifferenciated Carcinoma of Nasopharyngeal Type).

Les carcinomes non kératinisants et indifférenciés sont souvent associés à l’infection par le virus d’Epstein-Barr et sont fréquents dans des zones géographiques définies, à risque élevé et intermédiaire. D’autres formes histologiques plus rares peuvent se rencontrer : lymphomes et sarcomes, certaines tumeurs des glandes salivaires accessoires peuvent également s’y développer.

  • Epidémiologie

    Le cancer du nasopharynx est un cancer rare en France avec moins d’un cas pour 100 000 habitants.

    Dans le monde, 86 691 nouveaux cas de cancers du nasopharynx ont été estimés. Le taux d’incidence standardisé sur la population mondiale est de 1,7 pour 100 000 chez l’homme et de 0,7 pour 100 000 chez la femme. On estime à 50 831 le nombre de décès par cancer du nasopharynx. Le taux de mortalité standardisé sur la population mondiale est de 1,0 pour 100 000 chez l’homme et de 0,4 pour 100 000 chez la femme.
    Le cancer du nasopharynx est environ deux fois plus fréquent chez l’homme que chez la femme. Par ailleurs, une augmentation progressive du risque de cancer du nasopharynx avec l’âge est observée (INCa, 2017).

    L’incidence du cancer du nasopharynx est très variable selon les régions du monde :

    • Les zones à risque élevé sont l’Asie du Sud-Est (Sud de la Chine notamment) et le Nord-Est de l’Inde.
    • Les zones à risque intermédiaire sont le Maghreb (Algérie notamment), l’Afrique du Sud, le Groenland et l’Alaska.
    • Les zones à risque faible sont représentées par le reste du monde.

    La majorité des cancers du nasopharynx dans les régions à risque élevé et intermédiaire sont de type histologique non kératinisant et indifférencié (type II et III). Tandis que dans les zones à risque faible, 30 à 50 % des cancers sont des carcinomes épidermoïdes kératinisants (type I).

  • Facteurs de risque avérés

    Facteurs de risque infectieux

    Le virus d’Epstein-Barr

    Le virus d’Epstein-Barr est un facteur de risque avéré du cancer du nasopharynx (CIRC, 2012).

    Ce virus de la famille de l’herpès infecte les lymphocytes du système immunitaire et certaines cellules de la muqueuse de la bouche et du pharynx. L’infection a habituellement lieu pendant l’enfance et peut se manifester par une infection des voies respiratoires ou par une mononucléose infectieuse. Plus de 90% des personnes du monde entier ont été infectées par ce virus, mais il est généralement inoffensif. En effet, les personnes atteintes du virus d’Epstein-Barr ne développent pas toutes un cancer du nasopharynx.

    Facteurs de risque comportementaux

    Le poisson salé de style chinois

    La consommation de poisson salé de style chinois est un facteur de risque avéré du cancer du nasopharynx (CIRC, 2012). Il s’agit d’un poisson conservé ou préparé dans le sel. Ce mode de conservation ou de préparation s’effectue dans plusieurs régions du monde, et notamment en Asie du Sud-Est.

    Toutefois, le mécanisme liant ce type d’aliment à la formation du cancer du nasopharynx n’est pas encore clairement établi. Deux hypothèses sont avancées : la formation de nitrosamines et la réactivation du virus d’Epstein-Barr.

    Le tabagisme

    Le tabagisme est un facteur de risque avéré du cancer du nasopharynx (CIRC, 2012) dans sa forme différenciée (type I et II). Le risque augmente en fonction de la quantité et de la durée de consommation de tabac.

    Facteurs de risque professionnels

    Le formaldéhyde

    En 2004, le formaldéhyde a été classé comme substance cancérogène avérée chez l’homme pour le cancer du nasopharynx (CIRC, 2006). Le formaldéhyde est une substance chimique qui se présente à température ambiante sous forme d’un gaz incolore suffocant et inflammable. Il est souvent commercialisé sous forme liquide (appelée couramment formol).

    Les expositions au formaldéhyde se produisent dans plus d’une centaine de milieux professionnels et une grande diversité de secteurs d’activités : vétérinaire, cosmétique, médical, industries, agriculture etc. Pour en savoir plus sur cette substance, voir la fiche d’information Composés Organiques Volatils (COVs) – Formaldéhyde.

    La poussière de bois

    L’exposition à la poussière de bois est un facteur de risque avéré du cancer du nasopharynx (CIRC,  2012).

    Les poussières de bois sont émises lors d’opérations de transformation du bois (abattage, sciage, broyage), de l’usinage de bois bruts ou de panneaux de bois reconstitué, du transport de copeaux et sciures issus de ces transformations, de la finition de meubles (égrenage). Ces poussières de bois peuvent être inhalées, notamment par les personnes exposées dans le cadre de leur travail.

  • Facteurs de risque suspectés

    Facteurs de risque environnementaux

    Le tabagisme passif

    Il existe une association causale probable entre le tabagisme passif et le cancer du nasopharynx (CIRC, 2004).

    Le tabagisme involontaire (ou passif) est l’exposition à la fumée de tabac ambiante, à savoir un mélange de la fumée exhalée par un fumeur et de celle dégagée par sa cigarette (cigare, pipe, etc.) en combustion, diluée dans l’atmosphère. Le tabagisme involontaire entraine l’inhalation d’éléments cancérogènes et d’autres éléments toxiques contenus dans la fumée de tabac ambiante (CIRC, 2002).

    Facteurs de risque comportementaux

    La consommation d’alcool

    Un risque accru de cancer du nasopharynx a été associé à une forte consommation d’alcool (>21 verres par semaine) mais seulement concernant les carcinomes épidermoïdes différenciés (types n°I et n°II) (CIRC, 2012).

    Facteurs de risques nutritionnels

    Plusieurs facteurs de risques suspectés d’être en lien avec le cancer du nasopharynx concernent la nutrition (WCRF, 2018) :

    • la consommation de viande rouge. Il est fait référence à la consommation de bœuf, veau, porc, agneau, mouton, cheval et chèvre ;
    • la consommation de viande transformée, c’est-à-dire le salage, la fermentation, le fumage ou autres procédés visant à améliorer le goût et la conservation ;
    • la consommation de légumes non féculents conservés.

    Facteurs de risque génétiques

    Une association causale a été relevée entre certains sous types du gène HLA (human leukocyte antigen) et le risque de cancer du nasopharynx (CIRC, 2005). Des études ont montré que les populations migrantes originaires de Chine ou d’Afrique du Nord semblent conserver leur risque élevé, de même que leurs enfants nés dans un nouveau pays d’accueil (CIRC, 2005).

  • Evolutions récentes

    En France, un arrêté de la Direction générale du travail en date du 13 juillet 2006 a ajouté les travaux exposant au formaldéhyde à la liste des activités à risque cancérogène en droit du travail. La mise en application de cet arrêté est effective depuis le 1er janvier 2007 et implique des mesures de substitution du formaldéhyde. Ainsi les entreprises ont, dès lors, l’obligation de justifier d’actions visant à substituer son usage à un produit non nocif pour la santé ou à en protéger les travailleurs.

    Depuis 2009, le cancer du nasopharynx est reconnu comme maladie professionnelle pour les salariés du régime général (tableau 43 bis relatif aux affections cancéreuses provoquées par l’aldéhyde formique), sous certaines conditions :

    • Une exposition pendant 5 ans liée à certains travaux : préparation du formol, utilisation dans certains laboratoires, vernissage de parquets, etc.
    • Le délai de prise en charge de 40 ans. Ce délai correspond au délai maximum entre la date à laquelle la victime a cessé d’être exposée au risque et l’apparition de l’affection.

    En 2012, le cancer du nasopharynx est reconnu comme maladie professionnelle pour les salariés et exploitants agricoles (tableau 28 bis relatif aux affections cancéreuses provoquées par l’aldéhyde formique et ses polymères). La liste des travaux est également limitative : opérations de désinfection, préparation des couches dans les champignonnières, travaux dans les laboratoires, etc.  ; le délai de prise en charge est de 40 ans. Cependant, il est à noter que la durée d’exposition de 5 ans n’est pas exigée.

    Au niveau européen, le Règlement (UE) n°605/2014 de la Commission du 5 juin 2014 a classé le formaldéhyde en tant que cancérogène de catégorie 1B et mutagène de catégorie 2. Ce changement fait suite à un avis de l’Agence européenne des produits chimiques (European chemicals agency, ECHA) de novembre 2012 et à la proposition de révision de la classification du formaldéhyde déposé en 2011 par l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses).

Auteur : Département Prévention Cancer Environnement, Centre Léon Bérard

Relecture : Dr Sophie Deneuve, médecin ORL et chirurgie cervico-faciale, Centre Léon Bérard, Lyon.

Mise à jour le 18 juil. 2022

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