Le jeûne et certains régimes restrictifs font aujourd’hui l’objet de nombreuses recherches en cancérologie. L’objectif est d’évaluer leur capacité à améliorer l’efficacité des traitements classiques (chimiothérapie, radiothérapie) tout en réduisant leurs effets secondaires.
Traitements et effets secondaires
Des études expérimentales menées chez l’animal ont montré que le jeûne à court terme ou la restriction calorique :
- pouvaient augmenter la sensibilité des cellules cancéreuses aux traitements,
- tout en protégeant les cellules saines des effets toxiques.
Par exemple, des souris ayant jeûné avant une chimiothérapie à haute dose présentaient moins de dommages collatéraux que celles nourries normalement (ARTE, 2025). Des expériences précliniques soutiennent également l’hypothèse que le jeûne à court terme et la restriction calorique améliorent l’efficacité de la radiothérapie (Icard, 2020). Toutefois, bien que certaines études expérimentales sur animaux suggèrent une potentialisation de l’effet de la chimiothérapie par le jeûne ou les régimes restrictifs, d’autres montrent une absence d’effet, voire une réduction de l’efficacité de la chimiothérapie (Féliu, 2017).
Réduction de la toxicité
Du côté des études cliniques chez l’humain, les résultats sont encore limités mais encourageants.
- Certaines études ont observé une réduction de la fatigue, de la faiblesse ou des nausées lorsque des patients suivaient un jeûne intermittent autour de leurs cycles de chimiothérapie, notamment dans les cancers du sein ou de l’ovaire (Féliu, 2017).
- D’autres travaux rapportent une baisse de la toxicité des traitements, avec moins d’effets secondaires graves (toxicité de grade III/IV).
Evolution de la maladie
Bien que les résultats soient variables, certaines études chez l’animal et chez l’humain ont montré une stabilisation de la maladie, voire une rémission partielle chez certains patients, en particulier avec le régime cétogène. Ces approches cherchent à imiter les effets du jeûne prolongé sans suppression totale de l’alimentation, tout en agissant sur le métabolisme des cellules cancéreuses (Féliu, 2017 ; Salvadori, 2021).
Essais cliniques récents
Le Réseau Nacre a publié une revue systématique des interactions du jeûne et des traitements du cancer avec des tableaux récapitulatifs (Réseau Nacre, 2017).
En 2018, une étude pilote menée à Berlin (Bauersfeld, 2018) a évalué l’impact du jeûne sur la qualité de vie de patientes atteintes de cancer du sein ou de l’ovaire pendant la chimiothérapie.
- Résultat : amélioration significative du bien-être et réduction de la fatigue dans le groupe ayant jeûné.
- Limites : petite taille de l’échantillon (34 patientes), biais méthodologiques, absence de données sur l’efficacité du traitement.
Une revue systématique (Martin-McGill, 2018) sur les régimes cétogènes chez les patients atteints de gliomes n’a pas montré d’effet thérapeutique concluant. Elle souligne le besoin d’essais comparatifs randomisés et d’évaluations économiques.
En 2018, une équipe a mis en avant les risques de jeûner pour des patients atteints de cancer : la malnutrition et la sarcopénie (fonte musculaire). Les auteurs soulignent également la désinformation autour d’aliments « anti-cancer » ou de compléments alimentaires pour « soigner le cancer ». Ils rappellent que des effets protecteurs n’ont été observés que dans des études animales et sur culture de cellules en laboratoire et ne sont pas transposables à l’humain en absence d’études humaines (Caccialanza, 2018).
Ces résultats sont préliminaires, souvent issus de petits échantillons, et ne permettent pas à ce jour de recommander ces pratiques dans la prise en charge standard du cancer.
En France, le jeûne est actuellement contre-indiqué pendant les traitements comme la chimiothérapie, en raison :
- du risque de dénutrition et de sarcopénie
- du manque de preuves robustes (Kalecinski, 2022).
Enfin, les rares essais encadrant ces pratiques soulignent l’importance :
- d’un accompagnement médical strict et rigoureux,
- d’un suivi nutritionnel personnalisé adapté
- des conditions bien définies (fréquence, durée, encadrement).
Toute expérimentation hors protocole présente un risque réel pour la santé et doit faire l’objet d’une discussion avec l’équipe soignante.
Les effets potentiels du jeûne à long terme, et sa compatibilité avec d’autres traitements, restent des champs de recherche active.