Alcool et cancer

Consommation d'alcool et risques de cancers

Le saviez-vous ?

L’alcool est classé comme cancérogène avéré pour l’humain (Groupe 1) depuis 1988 par le Centre international de Recherche sur le Cancer (CIRC).

En 2020, 741 000 nouveaux cas de cancers dans le monde étaient liés à la consommation d’alcool, soit environ 4 % de l’ensemble des cancers.

Contrairement aux idées reçues, il n’existe pas de consommation « sans risque » : toute ingestion d’alcool, même modérée, peut impacter la santé.

L’alcool et le tabac forment un duo particulièrement toxique : une consommation excessive des deux multiplie le risque de cancer de la bouche par 36 et celui du larynx par 39.

Les recommandations en France sont de ne pas dépasser 2 verres par jour et pas tous les jours.

Présentation

L’alcool (éthanol/alcool éthylique) est issu de la transformation des sucres contenus dans les fruits (raisin pour le vin), les légumes (pomme de terre pour vodka) ou les plantes (houblon, orge, blé pour les bières). Même consommé avec modération, l’alcool produit des effets immédiats et à long terme sur le comportement et la santé des individus.

Quel que soit le type d’alcool, un « verre standard » contient environ 10 grammes d’alcool pur, cela correspond donc aussi bien à un verre de bière (25 cl), à un verre de whisky à 45° (2,5 cl) ou encore à un verre de vin (10 cl).

Les verres standards - Exposition « Prendre soin de soi et prévenir les risques de cancer » du Centre Léon Bérard

Les verres standards – Exposition « Prendre soin de soi et prévenir les risques de cancer » du Centre Léon Bérard

En moyenne, chaque verre augmente l’alcoolémie (taux d’alcool dans le sang) de 0,25 g.

En France, il est interdit de conduire avec une alcoolémie supérieure ou égale à 0,5 g/l : ce qui correspond à 0,25 mg/l d’air expiré détecté dans les éthylotests. On considère que ce taux correspond à 1 verre chez la femme et 2 verres chez l’homme.

A l’échelle mondiale, la consommation d’alcool est responsable de 5,3 % des décès et de 5,1 % des maladies et accidents (Global Burden of Disease Study, 2019). En France métropolitaine, c’est aussi la deuxième cause de cancers évitable après le tabac (Baromètre santé, 2021).

  • Consommation d’alcool en France et dans le monde

    Dans le monde

    D’après les données de 2019 (Global Burden of Disease Study, 2019) :

    • La mortalité liée à l’alcool a nettement diminué depuis 2010 (-20,2 % de décès imputables à l’alcool pour 100 000 personnes, entre 2010 et 2019),
    • 13% des décès attribuables à l’alcool concernaient des jeunes (20-39 ans),
    • 400 millions de personnes (âgées de 15 ans et plus) vivaient avec des troubles liés à la consommation d’alcool.

    En France métropolitaine

    D’après les données de 2021 (Baromètre santé, 2021) :

    • La consommation d’alcool est en baisse depuis les années 60 (moyenne annuelle de 26L d’alcool pur par habitant de 15 ans et plus en 1961, contre 10,5L en 2021).
    • 13,5% des adultes ont indiqué ne jamais consommer d’alcool, et 8% en consommer quotidiennement, avec une disparité notable entre les sexes (12,6% chez les hommes, contre 3,8% chez les femmes).
    • 4,7% des français de 18-75 ans s’exposent à une alcoolisation ponctuelle importante (API) par semaine.
  • Métabolisme de l'alcool

    Le métabolisme de l’alcool - Infographie du Centre Léon Bérard

    Le métabolisme de l’alcool – Infographie du Centre Léon Bérard

    L’alcool étant plus soluble dans l’eau que dans la graisse, sa concentration dans le sang dépend également de la quantité d’eau contenue dans le corps. Les femmes, qui ont une proportion de masse grasse plus élevée que les hommes, ont donc une alcoolémie plus importante pour une même dose consommée. L’alcoolémie varie également avec l’âge, l’état de santé, le fonctionnement du foie (qui dépend également de facteurs génétiques), la fatigue ou encore le stress.

  • Alcool et risques pour la santé

    « La consommation d’alcool n’est jamais sans danger pour la santé, quelle que soit la quantité consommée » (OMS)

    Effets à court terme

    En fonction de la dose ingérée, l’alcool peut avoir différents effets sur le comportement :

    • Alcoolémie ≤ 0,50 g/l : effet stimulant de l’alcool, désinhibition, perte des réflexes, réduction du champ visuel ;
    • Alcoolémie > 0,50 g/l : effet sédatif, perturbation des fonctions motrices, élocution troublée, perte de mémoire ;
    • Alcoolémie ~ 3 g/l : coma éthylique (pouvant entrainer la mort si non pris en charge).

    Entre 2020 et 2022, en France métropolitaine, 31 % des accidents mortels concernaient un conducteur au-delà du taux légal d’alcool (0,5 g/L) et 42 % un conducteur sous influence d’alcool et/ou de stupéfiants (ONISR, 2022).

    Effets à long terme

    La dépendance à l’alcool, souvent appelée alcoolisme, est définie comme un besoin compulsif de boire malgré les conséquences négatives sur la vie du consommateur, et implique également une souffrance psychique et physique en cas de manque. Chez les jeunes, et jusqu’à 25 ans, la consommation chronique d’alcool peut :

    • altérer le développement cérébral
    • augmenter le risque de dépendance.

    Testez votre dépendance grâce à l’auto-questionnaire en ligne de Addict’AIDE : ALCOOL / Questionnaire AUDIT : testez votre risque d’addiction à l’alcool – Addict Aide – Le village des addictions

    Pathologies associées à la consommation d’alcool - Exposition « Prendre soin de soi et prévenir les risques de cancer » du Centre Léon Bérard

    Pathologies associées à la consommation d’alcool – Exposition « Prendre soin de soi et prévenir les risques de cancer » du Centre Léon Bérard

    À l’échelle mondiale, l’alcool est considéré comme le 3ème facteur de risque de morbidité, après l’hypertension et le tabac. En effet, quelle que soit sa consommation, il peut favoriser le développement de nombreuses pathologies : cancers, maladies cardiovasculaires et digestives, maladies du système nerveux et des troubles psychiques.

    > Une partie dédiée de la fiche traite des liens entre alcool et cancers (voir ci-dessous).

    Alcool, grossesse et exposition fœtale

    En traversant librement la barrière placentaire durant la grossesse, l’alcool peut provoquer une fausse couche ou un accouchement prématuré, mais aussi générer chez l’enfant des pathologies sévères du développement. Le syndrome d’alcoolisation fœtale (SAF) regroupe l’ensemble de ces pathologies chez le nouveau né : malformation du crâne et du visage, retard de croissance, handicaps comportementaux et cognitifs, atteintes de différents organes. L’alcoolisation fœtale est d’ailleurs la première cause de handicap non génétique en France.

    Recommandation « 0 alcool pendant la grossesse »

    Il est également recommandé de ne pas boire d’alcool durant l’allaitement. Toutefois, en cas de consommation, attendre entre 2 et 3 heures avant d’allaiter.

    De nombreuses recherches suggèrent que la consommation d’alcool avant la conception, tant par la mère que par le père, pourrait perturber le développement de l’enfant à naître (Carito, 2019).

    Pour en savoir plus : Zéro alcool pendant la grossesse (santepubliquefrance.fr)

  • Alcool et cancers

    Depuis 1988, l’alcool est classé comme cancérogène avéré (Groupe 1) par le Centre international de Recherche sur le Cancer (CIRC). L’acétaldéhyde, parfois déjà présent dans certaines boissons alcoolisées, et celui issu de la dégradation de l’éthanol, a été classé comme probablement cancérogène en 2010 (Groupe 2A). L’alcool est la deuxième cause évitable de mortalité par cancer après le tabac.

    • Dans le monde : en 2020, 741 000 nouveaux cas de cancers (environ 4%) ont été associés à la consommation d’alcool (Rumgay, 2021), et un quart concernaient des cas européens.
    • En France : en 2018, on estime que 28 000 nouveaux cas de cancers étaient attribuables à l’alcool, soit 8% des cas incidents de cancers (11% chez les hommes et 4,5% chez les femmes).

    Le risque de développer certains cancers augmente à partir d’un seul verre d’alcool standard quotidien (10 g). De plus, en 2020, plus de la moitié des cancers attribuables à l’alcool dans le monde concernaient une consommation d’alcool inférieure à 2 verres par jour (13.9 %) et entre 2 et 6 verres par jour (39,4 %) (CIRC, 2021).

    De nombreuses études ont mis en évidence une réduction du risque de cancer suite à la diminution voire à l’arrêt de la consommation de l’alcool, notamment pour le cancer de l’œsophage et de la bouche, mais aussi, avec moins de certitude, pour les cancers du larynx, du colon, du sein (Rumgay, 2021 ; Schwarzinger, 2024).

    Part des cancers attribuables à la consommation d’alcool dans le monde en 2020. Source CIRC (Globocan)

    Part des cancers attribuables à la consommation d’alcool dans le monde en 2020. Source CIRC (Globocan)

    Cancer de l’œsophage

    Plus de la moitié des cancers attribuables à l’alcool touchent l’œsophage (31% dans le monde en 2020, CIRC). Sa consommation serait principalement responsable des cancers épidermoïdes (lien vers fiche), le type histologique le plus courant de cancer œsophagien dans le monde. Le tabagisme et la consommation d’alcool ont des effets synergiques sur le risque de développer un cancer de l’œsophage (Peng, 2016).

    Cancer de la tête et du cou : bouche, pharynx, larynx

    La consommation d’alcool et de tabac est responsable de carcinomes épidermoïdes au niveau de la tête et du cou (sphère ORL). Depuis quelques années, les cas de cancers ORL chez les femmes sont en augmentation, notamment en raison de l’augmentation de la consommation de tabac et d’alcool depuis la fin des années 70 (INCa, 2018).

    L’alcool et le tabac participent synergiquement au risque de développer un cancer de la tête et du cou. Chez un individu qui boit et fume beaucoup, ce risque est multiplié par 36 pour le cancer de la bouche, et par 39 pour le cancer du larynx (Jun, 2024).

    Cancer du foie (hépatocarcinome)

    Si la consommation d’alcool est un facteur de risque direct du cancer des voies hépato biliaires en raison de son effet toxique, il contribue également au développement de la cirrhose hépatique, précurseur du cancer hépatique (Xie, 2023).

    Cancer colorectal

    La consommation d’un verre d’alcool par jour est associée à une augmentation du risque de cancer colorectal de 7%. Au-delà de deux verres, le risque de cancer colorectal continue d’augmenter (WCRF, 2021).

    Cancer du sein

    En 2020, l’alcool a été responsable de 40 000 nouveaux cas de cancer du sein dans une partie de l’Europe (CIRC, 2020). Même une faible consommation quotidienne d’alcool augmente le risque de cancer du sein, et ce risque s’accroît avec une consommation plus importante (Zhou, 2022).

    Autres cancers

    De plus en plus de preuves suggèrent également une association entre la consommation d’alcool et d’autres cancers, tels que le cancer du pancréas, du rein, de la prostate et le mélanome (Bagnardi, 2015).

    Principaux mécanismes biologiques

    • Le métabolisme de l’éthanol génère de l’acétaldéhyde et des radicaux libres qui peuvent se fixer à l’ADN et générer des mutations (Vijayraghavan, 2022).
    • Les dérivés de l’éthanol peuvent aussi altérer le fonctionnement des mitochondries (Chen, 2023).
    • L’acétaldéhyde peut modifier l’action des protéines, en particulier celles impliquées dans le système immunitaire (Malherbe, 2022).
    • L’éthanol irrite les muqueuses avec lesquelles il est en contact, les rendant plus perméables à d’autres cancérogènes, notamment les toxines du tabac ou les toxines bactériennes (Hoes, 2023).
    • L’éthanol provoque des lésions tissulaires, en particulier une cirrhose hépatique, qui constitue un terrain favorable au cancer du foie (Patidar, 2024).
    • La consommation d’alcool perturbe le microbiote intestinal lui-même impliqué dans les processus de cancérisation (Goradel, 2018).
    • L’alcool dérégule les taux d’hormones stéroïdiennes impliquées dans le développement de certains cancers hormono-dépendants comme le cancer du sein et de l’endomètre (Tin Tin, 2021).

    Alcool et traitements

    La consommation d’alcool interfère avec la prise des traitements anti-cancéreux :

    • en modifiant son efficacité ;
    • en aggravant les effets indésirables ;
    • en augmentant le risque de complications, et notamment d’infections.
  • Recommandations

    Les autorités sanitaires préconisent de limiter la consommation d’alcool afin de réduire le risque de cancer. En France, les recommandations sont (chiffres de 2017) :

    « Maximum 2 verres par jour, et pas tous les jours », Santé publique France

    • ne pas consommer plus de 10 verres d’alcool par semaine
    • ne pas consommer plus de 2 verres par jour
    • au moins 2 jours par semaine sans alcool

    Ces repères s’appliquent aux adultes, hommes et femmes. En revanche, aucun seuil de consommation n’est établi pour les plus jeunes, chez qui toute consommation peut être nocive. Rester en dessous de ces limites réduit le risque d’effets toxiques liés à l’alcool, mais ne l’élimine pas complètement !

    Ma consommation est-elle à risque ? Faites le test : Alcoomètre (alcoometre.fr)

  • Trouver de l’aide

    Parler à un professionnel de santé

    L’ensemble des professionnels de santé sont en mesure d’écouter, conseiller et orienter vers un spécialiste. Voici une liste non exhaustive des professionnels qui peuvent être sollicités :

    • Médecins généralistes : après avoir évalué la consommation, ils peuvent proposer une orientation vers des spécialistes (addictologues, structures spécialisées) ;
    • Médecins addictologues : ils peuvent diagnostiquer une dépendance, assurer un suivi et proposer une prise en charge y compris médicamenteuse ;
    • Psychiatre et psychologues : ils aident à comprendre les raisons de la consommation, et proposent des psychothérapies pour accompagner un sevrage ;
    • Diététiciens : ils proposent des stratégies personnalisées liées à l’équilibrage alimentaire, pour réduire la consommation d’alcool.

    Les structures spécialisées

    • Les Centres de Soins, d’Accompagnement et de Prévention en Addictologie (CSAPA) : ces centres, gratuits et confidentiels, offrent un accompagnement médical, psychologique et social ;
    • L’Association Addictions France (AAF), anciennement ANPAA : elle propose des conseils, des consultations et des actions de prévention ;
    • Les Alcooliques Anonymes (AA) : cette association propose des groupes de parole anonymes, un parrainage et un accompagnement pour les personnes alcooliques.

    Les ressources en ligne et numéros utiles

    • Alcool Info Service (www.alcool-info-service.fr) : apporte des informations, conseils et une possibilité de discuter avec des professionnels.
    • Numéro d’écoute Alcool Info Service (0 980 980 930) : centre d’écoute téléphonique anonyme et non surtaxé, ouvert 7j/7, de 8H à 2H.
    • Applications mobiles : certaines applications mobiles comme « Try Dry », « mydéfi », ou encore « I Am Sober » permettent de suivre sa consommation et de se fixer des objectifs.

    Dry January – Le défi de Janvier

    Le Dry January, ou Défi de Janvier, est un mouvement international qui encourage les participants à ne pas consommer d’alcool pendant tout le mois de janvier. Initié en 2013 par l’organisation britannique Alcohol Change UK, ce défi a depuis été adopté dans plusieurs pays, dont la France.

    Comment participer ?

    • Se fixer comme objectif de ne pas consommer d’alcool durant tout le mois de janvier,
    • Trouver du soutien via des applications, des groupes en ligne ou des proches participants également au défi,
    • Expérimenter des alternatives sans alcool (mocktails, boissons fermentées, etc.),
    • Observer et noter les effets ressentis sur le corps et l’esprit…

    Participer au Dry January ne signifie pas nécessairement arrêter définitivement l’alcool, mais permet de repenser sa consommation et d’adopter une relation plus consciente avec celle-ci.

  • Ce qu’il faut retenir

    La consommation d’alcool régulière ou en excès est toujours un risque pour la santé, même à faible dose. L’éthanol et son produit de décomposition (l’acétaldéhyde) ont été reconnus comme des facteurs de risque de plusieurs cancers, notamment de l’œsophage, du foie, du sein et du côlon. Il s’agit aujourd’hui de la 2ème cause de mortalité par cancer après le tabac. Ces deux facteurs ont d’ailleurs un effet synergique sur le développement de certains cancers. L’alcool altère également l’efficacité des traitements anticancéreux et augmente leurs effets indésirables.

    En France, on recommande « maximum 2 verres par jour, et pas tous les jours ». Des ressources existent pour accompagner ceux qui souhaitent réduire ou arrêter leur consommation.

Auteur : Département Prévention Cancer Environnement, Centre Léon Bérard

Sources rédactionnelles : CIRC ; OMS ; INCa ; NACRe ; Santé Publique France

Relecture : Philippe Marijnen, Médecin du sport, référent programme prévention-activité physique-nutrition, Centre Léon Bérard

Mise à jour le 28 juil. 2025

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