Tabac

Tabagisme et risques de cancer

Le saviez-vous ?

Le tabac est le 1er facteur de risque de cancer dans le monde.

Il est impliqué dans le développement de plus de 17 cancers différents.

Une cigarette contient plus de 4000 substances dont 250 classées dangereuses et plus de 70 identifiées comme cancérogènes.

Le tabac est le premier facteur de risque de cancer du poumon et de cancer de la vessie.

L’exposition à la fumée de tabac dans l’environnement (tabagisme passif) augmente de 20 à 30% le risque de cancer du poumon.

Présentation

Chaque année, le tabagisme tue plus de 8 millions de personnes dans le monde dont 7 millions de fumeurs actifs ou anciens fumeurs et, environ, 1,2 millions de non-fumeurs exposés aux fumées du tabac (OMS, 2021).

En France, en 2020, près d’un tiers des personnes entre 18 et 75 ans déclarait fumer (31,8 %, dont 36,2 % chez les hommes et 27,7% chez les femmes) et un quart déclarait fumer quotidiennement (25,5 %, dont 29,1% chez les hommes et 22,0% chez les femmes) (Santé Publique France, 2021). Dans la tranche d’âge des 18-34 ans, près d’une personne sur deux déclarait fumer.

Chaque année, 75 000 décès sont attribuables au tabac (soit 13% de l’ensemble des décès survenus en France), dont 45 000 décès par cancers. Le tabac constitue, ainsi, le premier facteur de risque évitable de cancers (SPF, 2021).

La consommation de tabac est principalement sous forme de cigarettes. Cependant, d’autres formes existent (tabac pour pipe à eau, produits de tabac sans fumée, cigares, tabac à rouler, pipe, bidis…) et toutes sont nocives pour la santé, sans seuil minimal sous lequel la consommation serait sans danger.

  • Tabac et risques de cancer

    On estime à environ 4 000 le nombre de substances chimiques identifiées à ce jour dans la fumée de tabac. Parmi elles, plus de 250 sont classées dangereuses pour la santé et au moins 70 sont identifiées comme cancérogènes chez l’être humain et l’animal.

    La composition exacte de la fumée de tabac est influencée par plusieurs facteurs comme le type de produit, les propriétés du mélange de tabac, les additifs chimiques, le papier, le filtre utilisé, et la manière dont le fumeur fume.

    Le risque de développer un cancer lié au tabac dépend de 3 facteurs (INCa, 2011) :

    • la consommation moyenne de tabac,
    • la durée du tabagisme,
    • et l’âge de début du tabagisme.

    En 2015, chez les adultes âgés de 30 ans et plus, plus de 68 000 cas de cancers étaient attribuables au tabac, dont plus de 54 000 chez les hommes (28,5% de l’ensemble des nouveaux cancers) et plus de 14 000 chez les femmes (9,3% des nouveaux cancers) (CIRC, 2018).

    Le tabac constitue ainsi le 1er facteur de risque de cancer et est estimé responsable de 19,8% de l’ensemble des nouveaux cas de cancers chaque année.

    Le tabagisme est classé comme cancérogène certain (Groupe 1) par le CIRC pour les cancers :

    • du poumon
    • du larynx
    • de la cavité buccale
    • du pharynx
    • du sinus paranasal
    • de l’œsophage
    • de l’estomac
    • du côlon
    • du rectum
    • du pancréas
    • du foie
    • du rein
    • de l’urètre
    • de la vessie
    • du col de l’utérus
    • de l’ovaire (tumeurs mucineuses)
    • et de la moelle osseuse (leucémie myéloïde aigüe)

    Le tabac : 1er facteur de risque de cancer du poumon et de cancer de la vessie

    Le tabagisme est le premier facteur de risque de cancer du poumon, responsable de 9 cancers sur 10 chez les hommes et de 7 cancers sur 10 chez les femmes (CIRC, 2018). Fumer multiplie par plus de 10 le risque de développer un cancer du poumon par rapport à un non-fumeur (Pesch, 2012). Ce risque diminue lorsqu’on arrête de fumer mais reste élevé par rapport aux personnes n’ayant jamais fumé.

    Le tabagisme actif est, également, le premier facteur de risque du cancer de la vessie . En 2015, il serait responsable de 39,3% des nouveaux cas de cancers de la vessie chez les hommes et de 12,8% des nouveaux cas de cancers chez les femmes (CIRC, 2018). L’augmentation du tabagisme chez les femmes conduit à penser que cette proportion pourrait s’accroitre.

  • Tabagisme passif

    La fumée de tabac est un mélange complexe, formé de milliers de produits chimiques sous forme gazeuse ou particulaire, qui résulte de la combustion complète ou incomplète du tabac. Le tabagisme passif ou involontaire se définit comme l’exposition à la fumée du tabac dans l’environnement (INCa, 2020).

    En France, le tabagisme passif est estimé responsable de près de 1 100 décès par an (Tabac-info-service.fr).

    De nombreuses études épidémiologiques ont évalué les effets du tabagisme passif dans les lieux de vie et le milieu professionnel sur la santé et ont observé de façon constante pour l’adulte une augmentation des risques de cancer du poumon, d’infarctus, d’accidents vasculaires cérébraux et de maladies respiratoires chroniques (Santé Publique France, 2020). Sur la base de ces données, l’association tabagisme passif et cancer du poumon a ainsi été classée cancérogène avéré pour l’homme (Groupe 1 du CIRC).

    L’exposition au tabagisme passif est, également, soupçonnée de jouer un rôle dans le développement des cancers des voies aériennes supérieures (larynx et pharynx). Ainsi, il est estimé que le risque de développer un cancer des voies aérodigestives supérieures est multiplié par 1,6 après 15 ans d’exposition (HAS, 2014).

    Étant donné que la fumée secondaire contient la plupart des constituants de la fumée principale, elle peut aussi être associée à d’autres localisations de cancer.

    Le tabagisme parental, en pré- et post-natal, est à l’origine de complications de la grossesse pour la femme, de faibles poids à la naissance, malformations, retard de croissance, retard de développement intellectuel et augmente le risque de mort subite du nourrisson. Il est également suspecté d’être à l’origine d’un surrisque de cancer chez les enfants exposés, dont l’hépatoblastome et la leucémie.

    Pour le jeune enfant, les risques du tabagisme passif peuvent être également des rhinopharyngites et otites, l’apparition d’asthme et d’infections respiratoires. (SPF, 2020)

    Le tabagisme de 3ème main

    Le tabagisme de 3ème main provient de la production de composés volatiles toxiques par réaction des composants de la fumée de cigarette avec les supports (plastique, tissu, cire, vernis…) de notre environnement. Ces éléments de la fumée de tabac sont 6 à 12 fois plus toxiques que la fumée du tabac et sont relargués pendant plusieurs mois (jusqu’à 6 mois) après la dernière cigarette. (Matt, 2016)

    Ces éléments de la fumée de tabac déposés, éventuellement transformés et réémis dans l’air, peuvent entrer en contact avec la peau et être ingérés tandis que les substances réémises sont inhalées. Les effets sur la santé de ce tabagisme passif de longue durée restent à évaluer. (Bertholon, 2013)

  • Consommation de tabac non fumé

    De nombreux types de tabac non fumé sont commercialisés pour une utilisation par voie orale ou nasale. Tous contiennent de la nicotine et les nitrosamines spécifiques au tabac, y compris la NNN (N’-nitrosonornicotine) et le NNK (Nitrosométhylamino-4 (pyridyl-3)-1 butanone-1). Des centaines de millions de personnes consomment du tabac non fumé, principalement en Inde, en Asie du Sud, en Méditerranée orientale, ainsi qu’en Suède et aux USA.

    En Inde et en Asie du Sud, on estime qu’environ 600 millions de personnes mâchent de la chique de bétel, qui se compose de noix d’arec, de feuilles de bétel, de cachou et de chaux éteinte, et du tabac y est fréquemment ajouté. La consommation de la chique de bétel, avec ou sans tabac, est classée cancérogène pour l’homme (groupe 1 du CIRC) pour les cancers de la cavité buccale et du pharynx tandis que la consommation de la chique de bétel sans tabac est associée au cancer de l’œsophage et au cancer du foie (indications limitées).

    De plus, la consommation de tabac non fumé est également à l’origine d’un risque augmenté de cancer du pancréas.

  • Les politiques de lutte contre le tabac

    Programme national de lutte contre le tabac 2018-2022

    Le programme national de lutte contre le tabac 2018-2022, également décliné au niveau régional, a pour objectif d’abaisser la part des fumeurs quotidiens chez les 18-75 ans à moins de 24% d’ici 2020, à moins de 22% d’ici 2022 et à moins de 16% d’ici 2027. L’objectif final de ce programme, fixé en 2032, est d’aboutir à la première génération d’adultes, enfants nés depuis 2014, non-fumeurs.  Pour se faire, le programme se décline en 4 axes majeurs :

    • Protéger nos enfants et éviter l’entrée dans le tabagisme
    • Encourager et accompagner les fumeurs pour aller vers le sevrage
    • Agir sur l’économie du tabac pour protéger la santé publique
    • Surveiller, évaluer, chercher et diffuser les connaissances relatives au tabac

    Stratégie décennale de lutte contre les cancers 2021-2030

    La lutte contre les cancers liés au tabac figure dans les objectifs prioritaires de la nouvelle stratégie décennale de lutte contre les cancers 2021-2030 et complète le programme national de lutte contre le tabac. L’objectif fixé est de supprimer l’exposition de la population au tabac et ainsi éviter 60 000 cas de cancer à l’horizon de 2040. Cette nouvelle stratégie poursuit et renforce les actions déjà menées dans la lutte contre le tabac :

    • Poursuivre la mobilisation du levier du prix pour limiter l’accès aux produits du tabac
    • Etendre les espaces sans tabac et faire respecter les interdictions de fumer et de vente aux mineurs
    • Garantir l’interdiction de vente aux mineurs par des dispositifs de contrôle
    • Dénormaliser l’image du tabac
    • Renouveler le Programme national de lutte contre le tabac en mobilisant l’ensemble des leviers
    • Impliquer l’ensemble des professionnels de santé, sociaux et médico-sociaux à l’accompagnement de l’arrêt du tabac
    • Renforcer l’accompagnement des fumeurs en développant la communication et le marketing social
    • Favoriser la prise en charge des personnes qui fument dans l’arrêt du tabac.

    31 mai : journée mondiale sans tabac

    L’OMS a institué la Journée mondiale sans tabac en 1987 pour faire mieux connaître, partout dans le monde, l’épidémie de tabagisme et ses effets mortels. Le tabagisme est la plus importante épidémie évitable à laquelle les soignants sont confrontés. Cette journée, organisée chaque année le 31 mai est axée autour des dangers du tabac pour la santé et de l’action antitabac de l’OMS.

    Moi(s) sans tabac

    Le principe de cette campagne, lancée en octobre 2016 et renouvelée chaque année, est d’inciter un maximum de fumeurs à arrêter leur consommation pendant au moins 30 jours et, ce, à partir du 1er novembre. Une initiative toujours gagnante, quand on sait qu’un mois sans tabac multiplie par 5 les chances d’arrêter de fumer définitivement. Tout au long de l’opération, les participants bénéficient d’un accompagnement sur mesure. Et pour motiver encore plus de fumeurs, une campagne de communication massive est déployée chaque année (https://mois-sans-tabac.tabac-info-service.fr/)

  • Les bénéfices de l’arrêt du tabac en cas de cancer

    L’arrêt du tabac faite partie du traitement du cancer. Cet accompagnement à l’arrêt du tabac doit être commencé le plus précocement possible.

    En effet, le tabagisme augmente le risque de complications per et postopératoires. Et la poursuite du tabagisme après le diagnostic d’un cancer détériore la qualité de vie. Le tabagisme augmente certaines toxicités liées aux traitements anticancéreux et favoriserait, sur une tumeur existante, la progression tumorale et pourrait être à l’origine de résistance à certains traitements. Les risques de moindre efficacité et de majoration de la toxicité de certains traitements sont majeurs en particulier pour la radiothérapie.

    L’arrêt du tabac améliore le pronostic des patients et réduit les risques de seconds cancers primitifs. (INCa 2016)

    Quel que soit son cancer, il est recommandé d’arrêter de fumer, et ce, le plus tôt possible. Il n’est pas facile d’arrêter de fumer seul. Parlez-en avec votre équipe soignante (cancérologue, tabacologue, infirmiers, pharmaciens) et votre médecin traitant.

    Se faire aider dans l’arrêt du tabac

    L’addiction à la nicotine rend difficile l’arrêt du tabac ; il ne s’agit pas que d’une question de volonté. Peut-être avez-vous déjà essayé sans y arriver. Fumer n’est pas une fatalité. Il n’est jamais trop tard pour arrêter de fumer ! Les bénéfices à l’arrêt du tabac interviennent presque immédiatement.

    Parmi les bénéfices à l’arrêt du tabac, on peut citer :

    • Des économies
    • Meilleur goût et odorat
    • Meilleur souffle et meilleure capacité d’endurance
    • Dents plus saines et meilleure haleine
    • Peau plus belle
    • Voix plus claire
    • Pas d’odeur de tabac dans les cheveux et vêtements
    • Pression sanguine et pulsations cardiaques normales

    Il est important que vous soyez aidé et soutenu pour arrêter de fumer. Parlez-en à l’équipe soignante qui vous suit ou à votre médecin traitant qui pourra vous accompagner durablement dans l’arrêt. Avec l’aide d’un professionnel de santé, vos chances d’arrêter augmentent de 80% !

    Des tabacologues sont à votre disposition par téléphone : Tabac Info Service 39 89 (appel non surtaxé du lundi au samedi de 8 h à 20 h) ; voir aussi le site internet www.tabacinfoservice.fr et l’appli. Des consultations jeunes consommateurs existent : plus d’informations au 0 800 23 13 13.

  • Evolutions récentes

    La dernière enquête du Baromètre santé de Santé Publique France en 2020 (enquête téléphonique représentative de la population de France métropolitaine âgée de 18 à 75 ans), menée auprès de plus de 14 873 individus, a montré une baisse du tabagisme en France entre 2014 et 2019 avec une stabilisation de la prévalence en 2020. Cependant, des disparités sont à noter dans cette évolution avec une augmentation du nombre de fumeurs quotidiens pour les catégories socio-professionnelles les plus précaires, populations les plus impactées par les différentes crises de ces dernières années (économique, sociale et sanitaire) (SPF, 2021).

    Concernant le lien entre tabac et cancer du poumon, une étude récente menée par le CIRC et le Centre national de recherche médicale en oncologie de l’Académie russe des sciences médicales, s’est intéressée à l’impact de l’arrêt du tabac sur la survie de 500 patients atteints d’un cancer bronchopulmonaire non à petites cellules, à un stade précoce, et fumeurs actifs au moment du diagnostic. L’étude observe une amélioration significative de la survie globale et de la survie sans progression de la maladie chez les patients ayant arrêté leur consommation tabagique dans les suites du diagnostic de cancer (CIRC, 2021).

Auteur : Département Prévention Cancer Environnement, Centre Léon Bérard

Sources rédactionnelles : Sources rédactionnelles : CIRC ; INCa ; Santé Publique France

Relecture : Dominique Triviaux, médecin tabacologue au Centre Léon Bérard, Lyon

Mise à jour le 08 juin. 2023

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