Cancer de l'ovaire

Le saviez-vous ?

En France, le cancer de l’ovaire est peu fréquent mais représente la 1ère cause de décès par cancer gynécologique (hors cancer du sein).

Les facteurs de risques de cancer ovarien les mieux établis sont des facteurs génétiques, familiaux, hormonaux et reproductifs.

L’environnement et le mode de vie sont aussi impliqués dans le développement des cancers de l’ovaire.

Le tabac, l’amiante, le traitement oestrogénique de la ménopause ont été classés comme des facteurs de risques avérés.

Le surpoids et l’obésité, le manque d’activité physique, l’alimentation déséquilibrée, les rayons X sont des facteurs de risque suspectés.

Présentation

L’ovaire est un organe plein constitué de différents tissus :

  • l’épithélium : qui recouvre les ovaires,
  • les follicules ovariens (cellules germinales) : à partir desquels sont fabriqués les ovules,
  • le stroma : qui constitue à la fois le corps de l’ovaire et le tissu de soutien des cordons sexuels.
Coupe transversale ovaire

Source : INCa, e-cancer.fr

Les cancers ovariens peuvent se développer à partir de chacun de ces tissus, ce qui a été repris dans la dernière classification de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS, 2020).

Sont donc distinguées :

  • les tumeurs épithéliales
  • les tumeurs à cellules germinales
  • les tumeurs du mésenchyme des cordons sexuel.
  • Epidémiologie

    Le cancer de l’ovaire est la 9ème cause de cancer chez la femme, le nombre de nouveaux cas diagnostiqués en 2020 en France est estimé à 5320. Les 3935 décès recensés pour l’année 2020 en font, en France, la 5ème cause de mortalité par cancer (CIRC, 2021). Leur diagnostic étant souvent tardif, cela explique leur pronostic souvent défavorable.

    Les tumeurs ovariennes les plus fréquentes (90 %) sont les tumeurs épithéliales, ou adénocarcinomes (ESMO, 2013).

    Les variations géographiques des taux d’incidence des tumeurs ovariennes dans le monde suggèrent un rôle du mode de vie dans l’apparition de la maladie (INCa, 2019).

  • Facteurs de risque avérés

    Le Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC) s’est intéressé à l’identification des expositions environnementales, professionnelles ou comportementales cancérogènes. Cette classification n’inclut pas certains facteurs individuels tels que l’histoire familiale, la génétique, le statut hormonal et reproducteur qui ont souvent un rôle majeur.

    Les facteurs de risques avérés sont ceux pour lesquels les données disponibles sont suffisantes pour conclure avec certitude à l’existence d’un lien avec le cancer de l’ovaire.

    Facteurs de risque individuels

    L’âge

    Comme pour la plupart des cancers, l’âge est un facteur de risque important de cancer ovarien : plus une femme vieillit, plus son risque augmente. Le risque est maximal autour de 75-79 ans et l’âge médian au diagnostic est de 68 ans (INCa, 2019).

    La génétique

    L’histoire familiale de cancer du sein et/ou de l’ovaire représente le principal facteur de risque, par transmission de gènes de prédisposition. Les 2 gènes les plus fréquemment retrouvés sont les gènes BRCA1 [BReast CAncer 1] et BRCA2 [BReast CAncer 2] qui jouent un rôle important dans la réparation de l’ADN et dont la transmission est autosomique dominante (c’est-à-dire qui se transmet à 50 % de la descendance).

    Environ 10 % des cancers de l’ovaire surviennent dans un contexte de prédisposition génétique (HAS, 2010). Il s’agit alors de formes familiales de tumeur de l’ovaire, qui apparaissent à un âge plus précoce (avant 60 ans). L’antécédent personnel de cancer du sein est également un facteur de risque.

    Même si l’histoire familiale n’est pas toujours présente (notamment dans les familles peu nombreuses), toutes les patientes qui ont un diagnostic de cancer de l’ovaire sont adressées à un onco-généticien, qui peut éventuellement prescrire des analyses génétiques.

    Si une mutation est mise en évidence, un test de dépistage peut être proposé à l’entourage. La détection de ces mutations peut aussi amener à la prescription d’un traitement spécifique et personnalisé. Les anomalies des gènes BRCA1 ou BRCA2 peuvent également être responsables de cancers du sein, du pancréas et de la prostate (BRCA-France).

    L’exposition aux hormones naturelles au cours de la vie

    La durée d’exposition aux hormones naturelles est définie par la période entre la ménarche (première fois qu’une femme a ses règles) et la ménopause. En allongeant cette durée et en augmentant le nombre d’ovulations au cours de la vie, la puberté précoce, la ménopause tardive et la nulliparité sont des facteurs de risque.

    A contrario, la grossesse (même non menée à terme) et de surcroit la multiparité, l’allaitement, la prise d’une contraception orale sont protecteurs (Schüler, 2013).

    Les études convergent aussi pour établir une association positive entre l’endométriose et le risque de tumeur épithéliale de l’ovaire, en particulier pour les formes endométrioïdes et à cellules claires (Wang, 2016).

    Le traitement hormonal de la ménopause (THM)

    Le CIRC a classé le traitement oestrogénique de la ménopause comme cancérogène avéré pour l’ovaire (CIRC, 1999). En France, en 2015, 31 nouveaux cas de cancer de l’ovaire (soit 0.7 %) seraient attribuables à l’utilisation d’un THM (CIRC, 2018). Il est important de noter que depuis les années 2000, la prescription du THM a évolué et est maintenant bien codifiée.

    Une durée de prise limitée à 5 ans est recommandée, avec une réévaluation annuelle de son indication. Le surrisque est évalué à 1 cas supplémentaire pour 10 000 femmes par année de traitement et ce surrisque semble diminuer à l’arrêt du traitement (GEMVI, 2017 ; La Vecchia, 2017).

    Facteurs de risque comportementaux

    Le tabagisme

    En 2009, le CIRC a conclu qu’il existait des indications suffisantes en faveur d’un lien causal entre le tabagisme actif et un type spécifique de cancer épithélial de l’ovaire : les tumeurs mucineuses (CIRC, 2012).

    Les études récentes montrent que les femmes fumeuses auraient environ 1.5 fois plus de risque de développer une tumeur mucineuse que les femmes non fumeuses.  Cependant, le tabagisme ne semble pas être un facteur de risque de cancer de l’ovaire en général, il serait même légèrement protecteur pour certains types rares de cancer ovarien (Collaborative Group on Epidemiological Studies of Ovarian Cancer, 2012 ; Santucci, 2019).

    Facteurs de risque professionnels

    L’amiante

    Depuis 2009, l’amiante est reconnue comme cancérogène certain pour l’ovaire (CIRC, 2012). Nombreux sont les états dans le monde qui ont interdit l’utilisation de l’amiante. Mais même dans ces pays, le poids des pathologies liées à l’amiante est toujours en augmentation, du fait des longues périodes de latence entre l’exposition et la déclaration de ces maladies (OMS, 2014). Par ailleurs, l’amiante continue d’être exploitée dans certains pays d’Asie, du Moyen-Orient, d’Amérique du Sud et de l’ex-Union soviétique (USGS, 2003).

    En France, l’usage de l’amiante est proscrit depuis 1997, mais peu de données sont disponibles pour les femmes sur la prévalence de leur exposition aux fibres d’amiante, les études concernant généralement les hommes retraités (SPF, 2010). Une étude est actuellement en cours pour évaluer la fréquence de l’exposition aux fibres d’amiante chez des femmes atteintes de cancer de l’ovaire (Vidican, 2022).

    L’exposition professionnelle à l’amiante a changé à travers les années. A partir des années 1950, l’industrie a utilisé massivement des matériaux à base d’amiante exposant de plus en plus leurs ouvriers. A partir des années 1980, c’est le secteur de la construction et du bâtiment qui a été largement concerné. Outre l’extraction des mines d’amiante, les expositions les plus courantes surviennent lors de l’utilisation de l’amiante-ciment, des matériaux d’isolation (construction, maintenance ou destruction des bâtiments) ou des plaquettes de frein (Goldberg, 2000).

    Chez les femmes, il est classique de distinguer trois formes d’exposition (Heller, 1996) :

    • l’exposition professionnelle (essentiellement liée au fait qu’elles travaillent dans un environnement amianté),
    • l’exposition environnementale,
    • l’exposition indirecte par l’intermédiaire des membres de leur famille qui travaillent dans un environnement amianté et rapportent dans le foyer des vêtements contenant des fibres.

    A noter que depuis les années 1980, le rôle de l’utilisation de talc sur les zones génitales est débattu dans l’augmentation du risque de cancer ovarien (Berge, 2018). Du fait de son association faible mais quasiment constante dans les études et de son mécanisme d’interaction encore que partiellement connu (mais probablement liée au fait que dans le passé le talc contenait de l’amiante), le CIRC a classé le talc comme possiblement cancérogène pour l’ovaire (CIRC, 2010).

  • Facteurs de risque suspectés

    Ce sont les facteurs de risques pour lesquels les données disponibles sont encore insuffisantes pour conclure avec certitude à l’existence d’un lien avec le cancer de l’ovaire.

    Facteurs de risque comportementaux

    Le surpoids, l’obésité

    Le surpoids, l’obésité sont généralement diagnostiqués par l’IMC (Indice de Masse Corporelle) :

    • Entre 25,0 et 29,9 kg/m², il existe un surpoids ;
    • Entre 30,0 et 34,9 kg/m², il s’agit d’une obésité modérée (grade 1) ;
    • Entre 35,0 et 39,9 kg/m², il s’agit d’une obésité sévère (grade 2) ;
    • Plus de 40 kg/m², il s’agit d’une obésité massive (grade 3).

    En 2015, en France, il a été estimé que 5 % des cas de cancer de l’ovaire seraient attribuables au surpoids et à l’obésité (CIRC, 2018).

    Le CIRC estime qu’à chaque fois que l’IMC augmente de 5 unités, le risque de développer un cancer de l’ovaire serait approximativement 1,1 fois plus élevé (CIRC, 2016). Ce risque serait surtout lié à certaines tumeurs épithéliales (séreuses de bas grade, endométrioïdes et à cellules claires) (Dixon, 2016).

    La taille élevée des femmes apparait aussi comme associée à une augmentation du risque de tumeur de l’ovaire, mais ce n’est pas la taille elle-même qui est en cause. En réalité, ce sont les facteurs qui conduisent à une croissance élevée (reflétée par la taille atteinte à l’âge adulte) qui sont responsables d’une augmentation du risque de cancer ovarien (WCRF, 2014 ; Dixon, 2018).

    Le manque d’activité physique

    Les études qui se sont intéressées à l’influence de l’activité physique sur le risque de tumeur ovarienne, semblent montrer un effet protecteur de l’activité physique, mais ces données restent insuffisantes pour établir avec certitude une causalité (Inserm, 2008 ; Cannioto, 2016).

    L’alimentation

    L’alimentation a fait l’objet de nombreuses études sans pouvoir identifier de facteurs significativement associés au risque de cancer ovarien (WRCF, 2014).

    Facteurs de risque professionnels

    Les expositions professionnelles

    Plusieurs études ont été réalisées pour de nombreux métiers, afin d’identifier d’éventuels facteurs de risque professionnels de cancer de l’ovaire. Une revue comprenant 16 études a décrit un excès de risque pour différentes professions (enseignantes, employées administratives, infirmières, religieuses) et divers secteurs d’activité (recherche biomédicale, téléphonie, coiffure et esthétique, imprimerie…), mais les résultats sont discordants.

    De plus dans ces études, l’analyse ne prend pas toujours en compte les autres facteurs de risque individuels connus (nombre de grossesse notamment) pour les tumeurs de l’ovaire ce qui engendre un biais de confusion rendant les conclusions peu robustes (Bounin, 2014).

    Selon le rapport du CIRC, 1,3 % des cancers de l’ovaire seraient attribuables aux expositions professionnelles, mais essentiellement en lien avec l’amiante (CIRC, 2018).

    Facteurs de risques environnementaux

    Les produits chimiques

    Les pesticides, hydrocarbures aromatiques polycycliques, polychlorobiphényles, et solvants ont été étudiés, mais aucune étude n’a conclu à une augmentation du risque de tumeur ovarienne due à l’exposition à un de ces facteurs (Inserm, 2008).

    A noter que l’exposition (notamment dans le cadre professionnel) à la poussière de silice, aux gaz d’échappement diesel et aux solvants organiques, augmente considérablement le risque de cancer de l’ovaire, cependant, les preuves sont rares (Charbotel, 2014).

    Les rayonnements ionisants (radioactivité)

    Actuellement, il existe des preuves limitées pour un lien causal entre les rayonnements X et Gamma et le cancer de l’ovaire (CIRC, 2012).

    Ce sont surtout les études sur les personnes ayant survécu à un bombardement atomique qui ont permis d’établir ce lien. En effet, l’explosion des armes nucléaires entraine une exposition forte à ces rayonnements. Un surrisque de cancer, et notamment de cancer de l’ovaire, a été mis en évidence chez des femmes ayant survécu aux bombardements des villes d’Hiroshima et Nagasaki (Preston, 2007).

    Mais en règle générale, c’est l’exposition d’origine médicale (actes thérapeutiques et diagnostiques) qui est la plus fréquente. En France, en 2015, il a été estimé que moins de 1 % des cancers de l’ovaire seraient attribuables aux actes de radiologie (radiographies, scanners) (CIRC, 2018). Concernant le personnel travaillant dans les cabinets de radiologie, il existe peu de données en France mais de nombreuses mesures de protection sont appliquées (CHSCT, 2015).

  • Evolutions récentes

    Selon le rapport du CIRC, 8.9 % des cancers de l’ovaire recensés en 2015 seraient attribuables au mode de vie, aux expositions professionnelles et à l’environnement en France métropolitaine (CIRC, 2018).

    En France, le cancer de l’ovaire ne figure pas dans le tableau des maladies professionnelles. Mais quelques cas ont tout de même été reconnus comme résultant d’une exposition professionnelle à l’amiante.

Auteur : Département Prévention Cancer Environnement, Centre Léon Bérard

Relecture : Dr Charles André Philip, Praticien Hospitalier en Gynéco-Obstétrique aux HCL, Lyon ; Dr Lauriane Eberst, Assistante Chef de Clinique au Centre Léon Bérard, Lyon.

Mise à jour le 12 sept. 2022

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